(texte (??) - 10 août 2016 à 14h56)

Sachez, Monsieur, que je n’ai jamais eu besoin de drogues pour rêver, pour m’élever ; je battais des bras suffisamment, puis c’est avec un je ne sais où, que je m’amenais comme ça l’air de rien. Il suffisait de le désirer, voler, ce n’est rien qu’un mouvement, imaginez-vous avoir des ailes (d’elle), puis une pulsion de votre sang encore chaud qui s’imprègnent en vous dans un soubresaut, une vague chaleur qui vous monte à la tête des petits bonheurs, des raretés de l’été. Oui, j’ai abusé de rêves fous que le monde m’envie, à peine dévoilée ; c’est ce que je vous donne maintenant ici devant vous, votre air désolé n’y pourra rien, juste une mine de papier mâché, juste un hymne à cette joie retrouvée, un refrain que j’avais oublié.

Sachez, jeune idiot, que je n’usai d’aucune stupéfiante seringue contenant des produits frelatés ; pour m’exalter les neurones puis lever des haltères avec la burette de mes dépits, j’ai couché mille fois (peut-être plus) avec les esprits les plus austères et j’ai divagué autant pour m’échapper de ce monde, un temps, celui que je pus additionner à mes reliques du bout de la jetée, cela à la limite de mes idées.

Sachez, jeune femme, que j’ai enlacé une quantité invraisemblable de corps féminins ; aux vertus impalpables, j’en conviens, que je ne pus tout aussi définir, comme d’une volupté sans égal, une fable, des sens et des élans du cœur ; cette barre indolente qui vous monte à la cervelle des relents indécents, mon imaginaire en arrive à ce point ; il devient tel qu’il façonne une réalité véritablement imbriquée en moi avec tant de ferveur, qu’il suffit à humer vos senteurs, humecter un regard, voler un sourire, une tristesse en vous, graver cela dans ma mémoire et m’en exalter les soirs pendant mes sommeils transitoires.

Sachez, Madame, que si vous me jugez et mettez en prison, ce ne sera qu’un corps vidé qui y sera ; je l’aurais déjà quitté, délaissé, mon esprit divaguera de gens en gens, peut-être en vous ; j’userai de mes penchants pour vous montrer la beauté du monde, ses chutes, ses cascades, l’horizon d’un banal soleil couchant, le cri de l’éléphant dans la savane et des élans au bout du cœur, comme des aimants. Vous interrompre tout le temps dès que naît une étoile qui scintillera dans le ciel dans dix mille ans. J’atteindrais l’ivresse d’un désarçonné, endeuiller à la moindre perte d’une eau salie qui aurait pu dessoiffer un insecte tout rabougri. J’aurais l’audace d’endosser un moment, toutes les sensations possibles, en même temps, et exploser d’aise après ces sentiments, sitôt exaltés, sitôt renvoyés pour un partage imminent.

Souriez ! Et montrez-moi toutes vos dents.