(texte ⁇ - 10 août 2016 à 13h47)

On ne devrait pas donner d’armes aux gens qui s’ennuient.

Un jour, on lui donne un fusil : « va donc à la chasse, et rapporte-nous un peu de gibier à mettre dans ta besace. »
Ah ! Tiens donc ? Il faut que je tue autre que moi, un animal à deux, trois, quatre et plus de pattes, un échassier, un qui vole et qui m’épate !
Est-ce bien mon affaire, je reste dans un profond embarras, abattre n’est pas ma manière ; pour quelle raison ai-je dû me taire ?
C’était dans une savane d’un pays très humide et chaud, de hautes herbes me masquaient les furies alentour, et ne distinguaient que la cime des arbres et tous les volatiles qui y séjournaient ; j’ai vu sur une branche un peu désolée, un grand Ibis perché nonchalant me regarda lui tirer dessus pour rien ; qu’aurais-je à y gagner d’un échassier mort ? La bêtise planait sur moi ce jour-là ; je ne l’ai pas atteint, et c’était tant mieux ; pas une seule autre fois je n’appuyai sur la gâchette ; pourquoi donc ai-je accepté de prendre ce fusil, par désœuvrement, je suppose ; on ne devrait pas donner des armes aux gens pendant leur ennui, cela ajoute trop de cadavres à la cacophonie de la vie.