(texte manuscrit - 26 déc. 2016 à 18h48)

Alors comme İl n’eut que des amours ratées à raconter, il s’en inventa un, idéalisé pour qu’il devienne une réalité dans son rêve indistinct, il possédait toutes les ressources nécessaires à mettre en œuvre pour son éveil et sa demeure. Il le conçut guidé par l’instinct, par ce qu’il a de plus profond que puisse donner un être, ce qu’il a d’honnête, sans travestir toutes les formes, ce récit très intime en fait de nous des voyeurs, encore une fois et j’avoue ma honte à le transposer ici ; mais des adorations comme cela, elles méritent un spectacle, et qu’on les observe dans leur relecture après la prose écrite — à l’insu de celui qui en devint la source — pour ajouter une trace, à ces parcours atypiques qui, au-delà du deuil, apportent un serment à une vie toujours possible et vous redonne un peu de cœur à l’ouvrage ; ce le fut pour moi, que ce le soit pour vous, mes semblables ; sans vouloir vous influencer, sans ignorer tout reproche, lisez donc sa flamme.

C’était un soir où je m’ennuyais fort, écoutant une radio dans le noir ; cela me donna l’idée d’aller vivre dans la grande ville pour me détacher de mes déboires puisqu’ils se frelataient trop tout autour de moi.
Ce fut une rencontre bizarre sans bons sentiments, puisqu’elle devait choisir, entre lui ou moi, c’était sous-jacent, ce n’était pas encore dit, et admettre, une première fois, un rival, idée farfelue de mon exaspération comme un intrus.
Et puisqu’elle m’avait adopté ce soir-là, je n’y croyais guère à cet entrelacs, je devais comparer, ce que m’offre ma mémoire et ce qu’il me donne, ce moment-là ; comme elle restait indécise, ma jeunesse, pour des idées pas très précises, à l’état d’ébauche, ce fut encore un instant manqué, une absence de réponse de ma part, un égarement ; l’histoire ne se déroulerait pas de manière idéale, qu’on y trouve trop d’aspérités, cela allait finir mal.

Plus tard avec une autre, ce fut un signe, un geste et un dernier mot, « je voudrais te revoir ? », auquel je ne sus répondre, malgré l’admiration que je ressentais envers celle-ci, mais elle vivait déjà en couple et me donnait là comme un interdit ; envisageait-elle de le quitter ?

Séduite par ma voix, une voulut bien me revoir, mais qu’avait-elle donc cette voix qui résonnait en elle ? Puis ce fut un regard où l’on tombe amoureux pour un rien, un geste, un élan, une bonté d’âme…

Après toutes ces expériences en permanence avortée, je compris que mon sort ne résidait pas dans l’attachement, ni mes instincts, et leurs nuisances, m’empêchaient tout cela, je devais y voir comme une révolution de ma condition et trouver ici où je n’irai pas plus loin.

On ne peut décrire que ce que l’on a vécu et je ne connais que des histoires bâclées par ce manque d’attachement là, maintenant, je le vois bien, je ne fais que passer et ne dépeint que mon périple (voyage) rien de plus.

Et puis je ne trouvai jamais d’aise à chercher la séduction, ni ce goût de plaire, j’y voyais là comme une hypocrisie manifeste, la drague ! Mais pourquoi donc ? Combat des sentiments au-delà de mes forces, j’y rencontrais toujours au bout cette sensation « d’inutiles » ; ce n’était pas pour moi et n’y produisaient que des dégâts. Quand malgré tout je m’y essayais, je ne sus jamais cacher ou masquer ma véritable émotion…

Recomposerons le mot amour, ou du moins, n’en excusons pas toujours ces instants auquel on ne peut résister. Son exclusivité m’a perpétuellement gênée et appréhendait de ne pas avoir à choisir et combattre pour un jour « posséder ! », pouah ! Cette horreur du sentiment, bas instinct duquel il veut s’y opposer, ne plus y succomber sans en établir un idéalisme indéniable, il n’y croit plus, voilà tout ! L’attirance compassionnelle lui devient plus salvatrice, l’empêche de choisir son petit bonheur personnel, un salut à son « ego » attrape-tout passionnel qu’il veut casser.
« Mon amour de toi ne s’aime pas ! Je ne m’aimais pas, de t’aimer. » (Journal de Franck Kafka.)

Oui, recomposons-le donc ce mot, son exclusivité l’a toujours gênée, comme de comment ne pas devoir tout le temps choisir ?

(variante : recomposons le mot amour. L’amour exclusif m’a toujours gêné — ne pas avoir à choisir —)

Il se dit « voilà le véritable amour que l’on devrait éprouver ! », quand, seul en haut d’une montagne, il voyait tout un horizon s’enlacer tout autour de lui, le soleil en point de lumière pour voyeuriser le tout ?
« Ah ! ma terre, ma planète tout entière, aucun pays, aucun peuple préféré, ma boule je l’adore, elle tourne tout autour de lui, l’astre géniteur de nos vies. » Quoi donc aimer de plus fort ? Sinon de se laisser dévorer par cet instinct exclusif, aveugle et prédestinant, pouah ! quelle horreur.

Puis, un jour, ce fut comme une fulgurance, il rencontra ce qu’ils n’attendaient plus depuis longtemps, une personne surgit de la foule, ou si vous préférez le lyrisme, surgis de la nuit, avec des empoignades viriles pour dire que l’on deviendrait bien ami. Le discours de chacun, très banal, dura tout le long du soir jusqu’au matin, pour apprendre à se connaître, mais ils se sont déjà rencontrés, depuis une éternité, sans le savoir, leurs songes se sont rejoints ; une brève histoire, d’un temps éphémère, à raconter l’instant d’un geste malheureux, maintenant défait, peu importe de parler de leurs âges, ils ont vécu chacun à leur manière un bout du chemin des hommes et laissèrent une trace partout là où ils accomplirent un somme. Oui, nous savons, nous le connaissons tous, le temps a fait son affaire, mais n’allons pas trop vite ; ce récit, on vient juste de me le rapporter, pour que je puisse vous le raconter et comme il faut bien vous le dire, je ne sais par où commencer.

Tout débuta il y a presque soixante ans au beau milieu d’un pays « magique ! »

—> à raccorder avec le texte « imparfait »