(texte manuscrit - début 2016)

Voyage officiel des autorités de la zone géographique, 1948

(modifié le texte dans le sens d’un langage administratif
écrit par un fonctionnaire)

Et puis, qui donc connaissait leur existence, très peu d’entre nous ? On savait vaguement qu’il existait quelques peuplades arriérées probablement à cet endroit… Sans en être sûr véritablement.

Du plus lointain qu’on se souvienne ce peuple fut toujours innommé, car aller là-bas n’était d’aucun attrait, ne suscitait nul désir, sinon la peur d’un retour impossible, un aller simple vers son tombeau.

Les terres en ces contrées étaient si maigres et si désolée qu’on n’y traça aucune frontière ni ne décida une appartenance à qui que ce soit vraiment certaine. Aucune richesse ici ne suscitait le désir pour que l’on s’y étripe à la manière des hommes, ou pour y grappiller un quelconque bout de terre ; au plein milieu du vaste désert si inhospitalier, à quoi bon… L’impensable même était l’oubli des géographes qui comme par magie négligèrent d’achever un quelconque tracé de ce lieu improbable, ils l’ignoraient. Sur les cartes d’état-major, il n’y avait que l’indication vague de rocailles et de sables communs à tout désert, au bord d’un fleuve éphémère, sans eau ou presque les saisons chaudes et majestueuses aux saisons pluvieuses ; mais ça, c’était encore ignoré.

Au fil des siècles, l’endroit se trouva inclus au gré des cartes et de leur précision chez l’un ou chez l’autre sans que l’on y attache une importance décisive ni précipita le soupçon d’une moindre guerre pour une appartenance ou une autre. Et puis bien peu savaient qu’à un certain endroit se trouvait un peuple sur lequel gouverner…

Il y eut bien, au début de l’ère moderne où les moyens de transport permirent des déplacements plus aisés, une délégation de cartographe voulant affinés leurs cartes imprécises en ces lieux, qui furent surpris d’y trouver la une peuplade sans nom. Surprise indéniable qui leur fit oublier toute dénomination. L’insignifiance apparente les inclure dans le pays du moment, ce fut à peu près tout.

Au temps des aéroplanes, un avion put se poser tout près, car un bout de terre y était plat et propice aux atterrissages. Une équipe d’administrateurs vinrent vérifier s’il n’y avait pas là moyen d’y établir un bureau de l’État, qui servirait à l’administration des taxes et impôts divers. Mais, voyant qu’ici, aucune monnaie n’y était consommée, la pauvreté leur parut telle que faire des frais pour un bureau et un fonctionnaire serait coûteux et sans gain possible. Là encore, ils furent oubliés.

Ce n’est qu’à l’approche du XXIe siècle, entre les deux grandes guerres, à la lecture de quelques aventuriers égarés qui y séjournèrent au moment des crues saisonnières, avait laissez des écrits assez édifiants pour que l’on s’y arrête un moment. C’étaient quelques lettres est un ou deux livres écrits entre les guerres napoléoniennes et le début du Xxe siècle.

Errant écharpé
On n’y trouvait d’abord, le texte manuscrit d’un errant écharper arriver là par hasard au bord de l’agonie. Échaudé par le désert et sa survie incertaine, et ces gens improbables le marqua suffisamment pour qu’il écrive cette aventure.

Les prophètes
Puis vint le temps des prophètes : l’un priait à l’endroit et un autre ensuite priant à l’envers du précédent, ce qui fit naître des sarcasmes à son endroit.
Ils disaient tous « je vais vous sauver ! »

L’affairiste
Il y eut ensuite cet affairiste venu des lointaines Amériques, curieux et calculateur, peut-être un peu fou, ayant parcouru les écrits précédents, découverts dans un héritage décevant, qu’il trouva au fond d’une malle, les carnets de notes de son aïeul si mécréant de Dieu. Lui n’ayant qu’une seule croyance : celle des « affairages » et des gains financiers.
Au début, il décida de tenter la richesse ici…

Ce qu’il y avait d’étranges et cela tous les visiteurs l’avaient relaté chacun à leur manière, c’est qu’en ce lieu de décrépitude, chaque passage imprégnait les lieux et les habitants d’une bien curieuse manière.
À chaque passage, en effet, se faisait d’un enseignement rapace et voleur allant du voyageur vers les habitants. Il captait tout ce qu’il pouvait prendre de l’esprit et des dires de l’arrivant. C’en était à tel point qu’on n’en sortait épuiser, le cerveau comme vidé, avec un grand sommeil avant le départ inévitable après.
Comme l’on s’ennuyait en dehors des crues, les visiteurs suscitaient fatalement un attroupement et sans les voler de tous leurs biens, aucunement, jamais ! C’était curieux, comme un vol d’esprit.

Peu à peu, toutes ces histoires, finir par éveiller les instances politiques du pays possédant du moment, ces rives Attunamech.
Cette publicité « dangereuse » maintenant qu’il existe radio et télévision, propager des rumeurs suffisamment vite pour que cela tracasse.
On inspecta donc que les lieux, peu à peu discrètement d’abord, puis avec moins de prudence ensuite ; on fit comprendre aux gens des rives Attunamech, qu’ils faisaient partie d’un grand pays, ce qui les fit bien rire, eux qui n’avait jamais appartenu à quiconque ni intéressé naguère. Il n’avait même pas de l’amertume chez eux, ni regrets, cela faisait tant de siècles qu’ils étaient seuls. « Appartenir » sans avoir été consulté auparavant leur apparaissait comme incongru voire blessant, et puis quelle idée d’appartenir enfin…
On voulut évidemment, maintenant que le lieu suscitait un intérêt, y installer une véritable administration, des écoles, des commerces, de la modernité. Ce n’était pas sans se soucier de la réaction étonnée des habitants qui commencèrent à réagir à tous ces changements si subis, eux qui vivait cacher auparavant, décidèrent de stopper cette effervescence qui ne leur convenait pas. Le temps d’une adaptation était trop court « et quel empressement, tout le jour, à vouloir autant nous réglementer » disait-il.