(parole en marchant - 9 mai 2017 à 19h23)
(corrigé le 07 avril 2018 à 1h18)
En fait, tous ces écrits représentent plus qu’un testament, le terme s’avère même inapproprié, en réalité ; non ! c’est plutôt un rapport, un compte rendu très détaillé de son passage sur cette planète et de tout ce qu’il éprouva de sa naissance, jusqu’à sa partance, il décrit tout cela d’une manière très aléatoire en essayant de tout aborder, de ne rien oublier…
Non ! c’est plus qu’un testament, le terme reste impropre, c’est un rapport qu’il conçoit, pour qui, à lui-même, aux autres hommes, il ne sait… il ne sait même plus vraiment ce qu’il est, qui il fut, ou ce qu’il deviendra demain ; cela n’a pas beaucoup d’importance, il laisse une trace, c’est cela l’ambiance ; un exposé presque administratif, avec des numéros de page, avec des descriptions et des références à n’en plus finir sur les manières qu’ont les hommes de faire et défaire, s’aimer ou s’entre-tuer ; le croiriez-vous ? Mais non, c’est bien au-delà, du vivant qui s’interroge tout au plus…
Oui, bien plus qu’un testament, c’est un rapport, un compte rendu qu’il produit de son passage, sans aucune relation avec tout malentendu, évidemment, n’en élaborez pas des histoires… Alors de la littérature, en fait, il s’en fout un peu, il s’en moque, il s’en amuse, à quoi bon… surfer sur ces vagues éditrices où l’on désire une quelconque renommée ? Lui n’y pense même plus, même au-delà de sa nécrologie qu’il rédigea avec humour, pour lui, où il s’inventa maintes façons de partir, à s’amuser de ce trépas-là qui viendra tôt ou tard…
Non ! bien plus qu’un testament, c’est un rapport, un compte rendu qu’il réalise de sa vie, de tout ce qu’il a entrevu, du moindre dialogue qu’il aurait entretenu (au-delà même) de la plus infime vision qu’il aurait aperçue, tout ce qui nécessite une narration, un résumé de la sensation perçue, voilà ! ce n’est plus autre chose, cela ne peut pas devenir autre chose, un rapport administratif fait à l’éternité, son mandala, car il ne sait pas si au bout il le détruira celui-ci, au nom des hommes, pour s’épater lui-même, qu’il en serait capable de ne pas laisser de traces et de tout brûler, de tout éteindre, il se pose des questions au-dedans de sa « pomme », de sa carcasse, il élabore consciencieusement ce rapport avec plus d’une audace, un pied de nez fait à son existence, à tous les êtres qui sévissent sur cette planète, à l’oiseau qui passe, le bel oiseau qui plane, magnifique objet céleste, son rêve ultime, son regret de ne point savoir voler comme lui…
Non ! il n’a pas d’autres appétits, ce monde le lui rend bien, c’est peut-être un petit peu aussi de sa folie…
(Cet écrivain, un écrivaillon inconnu, n’est que son nègre maigrement entretenu, il ne fait que raconter toute sa folle vie, où tout est dit…)