(parole en marchant – 26 sept. 2017 à 20h13)

—> 3. « singes savants », philosophia vitae :

Étude poétique et profonde du vivant, point de vue critique en face à ajouter :

(version)

Et quid de la vie dans tout ça ? Vous discutiez l’autre jour, avec ce vieux savant que l’on dit fou, des manières qu’adopte la vie pour engendrer, comme de se disperser, comment elle embrasse les choses, sans cesse cherche à découvrir, se prolonge, parfois abandonne, mais toujours se multiplie sans répit… Qu’en reste-t-il de ce récit ? Vous ne parliez que des hommes jusqu’à maintenant, à aucun moment vous ne les mettiez en relation avec les existences qui les entourent sur cette planète ; alors que vaut votre discours s’il prétend amener des résolutions et qu’il ne le réalise pas ? C’est pas banal ce discours-là, il est comme bien d’autres, frauduleux !

Oh ! Vous avez peut-être raison… mais dans le fond, vous avez tort tout de même, car j’allais y venir adroitement, je l’espère, petitement, mais certainement, peu à peu, je parviendrais à produire qu’ils s’immiscent, qu’ils s’immiscent… les éléments du vivant, autre que celui des hommes ; mais le souci c’est que l’on discute malgré tout avec les hommes seulement, et que nous devrons bien parler leur dialecte (pour qu’ils comprennent) et que les mots n’ont de sens qu’entre nous ; quand on s’adresse à un chat, à une puce, à une mouche, ou à une plante quelconque, le langage n’apparaît plus le même ; alors certes, on pourrait philosopher sur la manière de correspondre, et les petits courriers, les petits messages que l’on échangerait adroitement… adroitement entre toutes les entités ; mais ce n’est pas si simple, puisque l’être que nous représentons, avec tous les débordements qui émanent de lui, montre que nous nous situons au-dedans du vivant, nous sommes partis de lui, quoi que nous produisions ; nous nous interpellerons toujours, même si ce ne sont pas nos semblables, nous nous réprimandons ou nous dialoguons, de vie à vie, de gré à gré, de désaccord en désaccord… On ne parle guère à une pierre, on ne parle au vivant d’en face que pour percevoir sa réplique ; et cet identique vivant que vous avez en face de vous, il possède en lui une multitude, d’autres êtres mêlés à lui ; comme vous-même, nous sommes imprégnés de toutes sortes de vies microscopiques, des acariens aux bactéries des plus variées, des petites bestioles qui sévissent un peu partout, qui permettent que l’on digère (à compléter) ; et quelque part, il se pourrait bien que ce soit elles qui régissent le monde, elles sont, le savant fou nous l’a dit, des précurseurs, elles subsistaient là avant nous, avant la conception de notre espèce, et notre montage propre ne se peut que parce qu’elles y perdurent ; si elles n’existaient pas, ici, pas d’hommes ni de singes ni de mammifères ni de vertébrés, tous ces eucaryotes n’auraient pu évoluer, au bout du compte, ils représentent à peine une tierce partie du règne vivant, ils n’apparaissent pas les plus prépondérants ; la persistance de la vie s’est établie il y a des milliards d’années, probablement au fond des eaux ou dans des marigots, et elle a permis l’essor de formes plus vastes d’organisations, de constitutions d’entité unique, mais qui en fait ne correspond qu’à des assemblages de sortes de chimères d’êtres multiples qui s’agrègent et forment un ensemble qui s’anime ; voilà ce que nous sommes, nous ne représentons guère plus.

Donc, quoi que nous concoctions, quoi que nous disions, quoi que montre la chose dont nous parlions, c’est toujours de la vie qui échange et transmet de l’information à autrui, quoi que nous élaborions ! C’est certain, c’est palpable, c’est évident, comprenons-le bien ainsi ; pourquoi ne le comprendriez-vous pas ? Cette évidence aveugle quand on étudie la façon dont nous sommes construits, alors, si vous l’acceptez cette évidence que vous avez deux bras, deux narines, deux oreilles, deux yeux, deux jambes et un seul cœur. Eh bien ! Le reste peut être appréhendé de la même manière ; ce qui se passe au creux de nous, tout ne nous est pas expliqué, à nous, la forme qui s’anime ; à propos de ces entités, celles qui nous habitent et quelque part nous conduisent ou nous abreuvent, je demeure à peu près certain qu’elles nous font bouger en expérimentant l’être que nous sommes ; j’arrive bien à parler, les mots qui s’égrènent du dedans de moi et que j’ajoute là ils me viennent comme ça, je ne sais trop pourquoi, ça serait bien eux, elles me disent de mettre ainsi les choses aux claires ? Qui invente, mystifie, nous bluffe, qui nous leurre, et nous laisse clamer que la vie est une garce ! Par moments, elle se rit de nous, et nos actions souvent stupides, quand nous nous battons entre nous, sont peut-être des amusements que se concoctent les bactéries, histoire de ne pas s’ennuyer ; de toute façon, elles ne risquent pas grand-chose, elles savent tellement bien se multiplier, se persévérer, échanger des petites informations génétiques entre elles, un bienfait comme un mauvais, quelques maladies des plus divers… Alors ! Le mettre dans la narration (tout ça), je peux bien vous le dire, ce n’est pas ce que nous croyons ; les « grands » chefs, les grands dominateurs que certains prétendent devenir, sont leurrés, à la solde d’infimes minuscules êtres, en tout point sont nos précurseurs, et nous domestiquent, quitte à nous remplacer peu à peu par des machines, peut-être plus habiles dans certaines tâches ; que l’on se rebiffe, c’est illusoire à mon avis, nous sommes pris de toutes parts, quoique nous trafiquions, une petite mécanique viendra bien changer notre mode opératoire ; nous sommes robots nous-mêmes ; quelque part aussi, ce que nous construisons, que nous croyons construire pour notre propre usage, n’est que celui que la vie instrumente en nous ; nous formons un puits d’instruments (imparfait à améliorer), un jardinier de la nature à inventer, c’est notre accomplissement ; il doit ou elle doit devenir humble, parce que je le pense bien, de tout cela nous n’y pouvons rien, les choses s’avèrent ainsi ; à quoi bon se rebeller ? Où avez-vous vu des histoires de robotes s’insurger ? Nous venons juste de les élaborer ! Vous observez réellement des robotes qui se révoltent contre nous, dans la vraie vie ? Vous confondez « l’erreur », le « dysfonctionnement », avec la conscience de soi et les romans d’anticipation ; ça, l’homme ne sait pas ajouter cette logique dans leurs programmations ! Mais le robote s’est-il déjà mutiné contre la vie elle-même, non ! La vie expérimente et nous faisons partie de son expérimentation, nous ne sommes pas terminés, nous ne sommes pas achevés, admettons de le dire ainsi ; nous représentons un continuum du vivant en perpétuelle évolution et tous les êtres que constitue le vivant demeurent pareillement dans ce cas, sauf peut-être les formes les plus ultimes, au niveau bactérien, peut-être atomique ; circule des informations dont nous méconnaissons tout ; de la plus infime particule, peut-être n’avons-nous pas encore compris en fait de quoi relève le vivant en nous ; et que j’en sois à me poser cette question, c’est bien qu’elle suscite une interrogation ; un mystère dont nous ignorons… nous ignorons tout ! Voilà la chose qu’on devrait se dire !

Alors ! Toutes ces interprétations, apportées par les sciences des hommes, ne semblent qu’illusoires. De preuves ? Elles existent en quantité suffisamment pour confirmer d’une manière ou d’une autre ce que je viens de raconter ; reste donc humble « petit homme », tu n’apparais que petit ; et la vie te submerge ; c’est certain ! Regarde l’arbre, cette symbiose du vivant qui abrite bien plus d’êtres que nous-mêmes ; à propos des plus beaux arbres, voyez leurs branches montées au firmament pour se multiplier dans les airs et s’étaler dans l’espace, vous observerez, s’il n’est pas maltraité, une harmonie se former ; c’est ça, la magnificence du vivant ; et nous, dans tout ça, que nous devrions concevoir ? Serait-ce des jardins pas trop ordonnancés, organiser de manière innée la vie comme elle souhaite que nous fassions, pas comme nous, nous le souhaiterions autoritairement (à nos seules fins), car les choses nous semblent in-si-nuées ? Cela se devait d’être dit, plus affirmé qu’auparavant, « l’inspiration », oui, représente une in-si-nua-tion du vivant !
Vous voilà bien péremptoire ?

J’en suis, en vieillissant, de plus en plus persuadé ; cela apparaît comme ça, ne vous en apeurez pas, ce n’est pas bien grave, on en a vu d’autres. Oui ! La nature se montre ainsi, c’est une façon de dire, on pourrait varier les raisonnements, ce n’est pas bien grave ; les mots se rapportent à des concepts, des formes de simplification, pour appréhender le monde ; on pourrait le décrire de mille et une autres manières, pour au bout du compte, en arriver à un résultat similaire, comprenez-vous ? Alors, ne vous inquiétez pas, les choses produiront, nous ne représentons qu’une expérimentation et laissez donc s’exprimer ce qui s’insinue en vous ; n’ayez pas peur, chut ! Tout doux… Ce n’est pas bien grave, on termine systématiquement dans le même embarras, finalement, en terre c’est toujours là qu’on finira, c’est certain !