(premier récit primitif électronisé du 15 sept. 2012 à 2h27)
—> Cette narration s’avèrera plus tard erronée, İpanadrega n’est ni un nom ni une personne !
—> Dans la version finale, İpanadrega devient « İl »
—> à la fin du récit, les premières esquisses des futurs racontements de « peregrinatio »
– 1 —
Ipanadrega était un enfant irréaliste, né de la conception de son maître, improbable et sans émotion.
Du jour au lendemain, il devint un de ces monstres d’envie que le monde redoute et son créateur n’eut de reste, qu’un désir, le voir détruire le château de sable de ses démons.
Ipanadrega n’avait de puissance, qu’un frêle esquif, à peine cette force des muscles qui vous fait casser de ces vitrines où les masques tombes. C’était un idolâtre, un vent futile sans émoi, une figure de style, une arabesque sans bons sentiments, une vague aubaine…
Jadis, dans les contrées du bout du monde, il se racontait qu’un étrange être eut ravagé les terres australes à coups de bottes et de chagrins, les poseurs disaient de lui et de ses méfaits, « ce sont de viles digressions faites de gestes impromptus », précieux mots inattendus qui ne vous donnent pas le moral…
C’est que, d’inconnues engeances en ont gardé mémoire, à travers des romans alarmants, écrits tout le long des vastes hivers où les dits, enfin, portent une parole rocailleuse, faite de rien, faite de peu, venue du tréfonds de la terre, une parole qui n’est pas très claire allume le vaste monde et l’ennuie, vous pouvez en rire, ah !
Ipanadrega à vue tout cela, il n’en tire aucune fierté, car c’est un enfant au cœur rejeté qui voudrait vivre, ne serait-ce qu’un été, la mine réjouie des innocences claires où brillent des fontaines de « flots bleus », se voir dire « c’est merveilleux ! » et tout son tralala. Qu’il soit bête, non, niait certainement, un peu.
C’est qu’il aime ces mots sirupeux au romantisme bidon qui vous donne des « allures », d’ailleurs il a un rêve ou deux au fond de son placard, une horrible cachette qu’il protège fiévreusement, la main sur la gâchette. Faites donc attention à ce que vous lui dites.
D’ailleurs, il regrette les anciennes vacheries des semaines passées à s’agacer de jour en jour, en de vint propos, sur la limande étroite de ses entrefaites, c’est qu’il a les idées plates, un autre de ses méfaits, des plus déplorables, des plus indécollables…
– 2 —
Ipanadrega a fait des rêves de son regret. La tristesse l’inonde quand se pavanent tout autour, ces cœurs de l’ennui, alors qu’il voudrait tant chanter, avoir une envolée lyrique ! Décoller enfin, chavirer son frêle esquif…
Il est né d’une rumeur d’estomac, celle de son géniteur, et du tourment fait des chants du crâne que le cerveau dessert quand dans la nuit vient d’apparaître le début d’une insomnie, une rumeur de plus, une autre goutte de pluie, un ciel humide et un mal qui ronge comme la fuite douce et continue d’un univers dépenaillé, sans cendre ni reflets, une musique continue, un souffle prenant et discret à la fois, la misère du soir jusqu’au matin, essoufflé…
Des ondes métaphysiques l’inondent, un regard rouge et des pommettes luisantes, il rêve d’une femme, comme d’une figure de l’amour et des envies qui passe bien vite hélas, navrée. Il a réussi à choper, malgré tout, une émotion ou deux, son remède à l’ennui systématique, c’est en cela que vous le trouverez très enchanté aujourd’hui, comme certains jours, il a passé une nuit sans colique…
Certes, Ipanadrega, n’a pas connu le regard de l’ingénue, cet idéal magique, ni ses souffles, ni son sein, ni ses reins, ni la besogne des envies et de l’instinct. Ce n’était pas qu’il était vierge, mais sa raideur ne l’inspire plus et les mouvements de chairs, ces remuements frénétiques, le répugne… les embrassades aussi l’incommode, le mélange des haleines, la sueur érotique des matins froids, n’a plus le même rêve narcotique qu’à ses vingt ans, en faite, il trouve que sa vie, c’est de la merde !
Sa verge sent le moisi et ne s’engorge que des humeurs de pisse, à la fin des digestions lascives du bout du jour, des pertes d’eau sale… C’est ce qu’il nous dit des restes de sa vie…
Oh ne vous moquez pas de lui, n’apportez aucune médisance, aucun défit, hé sinon qu’arriverait-il ? Une humeur inappropriée, un geste qu’un instinct très offensif lui ferait regretter.
Alors, au lieu de le quereller, faite s’abattre de doux chants, montrez-lui de belles images à ses yeux enfin réjouis, qu’alors il musarde sont regard esseulé sur la chaude nuit d’été, un verre à la main, la mine alanguie, le front enrubanné des idées du jour, à la recherche de quelque chose d’extraordinaire.
D’ailleurs pourquoi faudrait-il toujours faire des récits de haine et de violence, alors que se pavanent d’idylliques propos au creux de vos vilains mots, il aura toujours une tirade d’avance… Voyez-le, il soliloque avec son verre devenu une vasque aux mille propos, ce n’est pas un dé à coudre dans sa main, mais son idéal enfin trouvé, devenu l’ivresse des doux soirs allongés. À cet instant, un vent frêle a instillé comme une sorte de température épatante, le sourire d’une muse qui veut faire mumuse…
Ipanadrega ne tuera point, n’en faites pas un assassin. Il s’ingénie à imiter les gestes d’une femme, y retrouver toute la grâce, la volupté et les sentiments qui vont avec. Ne criez pas son nom, cela le ferait fuir, inonderait les commodités de la rue, il vous ferait escalader les fenêtres des rudes immeubles à la texture froide des cités d’aujourd’hui, ce serait bien d’inutiles tracas…
Laissez donc le mouvement libre à ses membres anodins, pour une fois, qu’il parade, si cela l’amuse, ne vous en offusquez pas, ce serait idiot, pas bien malin, ce n’est qu’un songe, un être imaginaire, qui ne fait que vous croiser !
– 3 —
Aujourd’hui, Ipanadrega a vu « l’Aurore de Murnau » et cela l’a réjoui. C’est alors, estimant s’être instruit plus qu’il n’en faut, il eut un désir de doux homme, à moins que ce ne soit, d’un doux somme… mais qu’importe, puisqu’il n’est que ce rêve, laissé au mois de juillet, sur la plage arrière d’un auto mal garé et que par la vitre cassée s’en est égarée…
« Ta métaphore est ta physique ! » lui hurle un idolâtre, un sophiste de plus à son chapelet d’aubaines, les plus saoules cette fois. On veut profiter de lui, il est la risée des tourments et des punaises, sa voix déchire les cœurs les plus douteux, on a brisé sa mélancolie, il enrage !
Vous parler des peines et des désastres, lui n’abordait que le cœur de son envie et le rêve qui allait avec, il n’a pas osé monter sur le pont de ce navire en perdition, pour faire le brave capitaine sauveur de vies et frimer enfin, avec les galons de sa veste d’apparat.
« J’ai su toute de suite ce que sera ma délivrance et je n’ai cherché qu’à l’atteindre » disait-il au témoin de son drame. Car il y en avait bien une, cette petite dérive de l’inconnue, cette peur des découvertes, des déconvenues. Sauter d’un train, quand il est à l’arrêt, n’est pas bien difficile. C’est quand il avance, à vive allure, que cela pose un problème de survivance, à celui qui se jette au-dehors avec l’idée, peut-être, d’un éventuel suicide. Mais pourquoi donc se laisser tomber, alors qu’il suffit de voler ? C’est tout de même effarant de ne pas y avoir pensé plus tôt, c’est comme perdre l’équilibre sur la rambarde du pont, idiote raison. Écarte donc les bras, tu es un oiseau, même si ton vol ne dur qu’un instant de raison, « la délivrance des airs est une ivresse incommensurable », pense-t-il avec l’amusement d’une enfance retrouvée…
Si vous interrogez sa mémoire, il vous dira sûrement toutes les histoires qu’il a engrangées, la magnifique aventure des déserts de sable, au fond du gobi, ou, la douce pente d’un bleu profond, d’une vague immense, se finissant en déchirure, sur la falaise du rire idiot de ce mercenaire abruti par les massacres de vies qu’il a monnayés l’autre nuit. Il vous en dirait tant et tant, sa parlotte est l’esclave servile de son imaginaire. Mais rien ne vaut le souffle du vent dans le vide aérien d’un vol plané interminable, glissant paisiblement avec insouciance, rien…
Ne lui parlez pas des dimanches, où retiré de tous, ayant acquis les plus profonds rêves qu’un être puise atteindre, il dort pour se reposer des hommes. Il s’engorge des délires divins que sa mémoire vous délivrera peut-être plus tard, un soir illuné et magique du beau mois de mai, comme une bonne fortune, sous la printanière feuillaison des arbres du jardin, tous assis, l’écoutant vous raconter cet éternel recommencement, à chaque fois reprit et augmenté par des savoirs accumulés de siècle en siècle, ce qu’on appelle « la légende éternelle ».
Et pourtant, Ipanadrega vous dira « je suis vide », sa carcasse est absente, il n’est rien, cela n’a pas de sens. Il est traversé de toute part, de tous les mots du monde, qu’il lui faut rassembler et disperser encore, dans un ordre nouveau.
Il rumine mille fois une thèse peu ordinaire, faite de tracas et de chambardements, du terrible au meilleur avec de l’incertain aussi, c’est un jongleur, un illusionniste, mais ne le lui dites pas, il s’évaporerait aussitôt comme une eau qui bouille.
Vous dites, la voix de son être me pèse, mais personne ne l’a entendue
Vous dites, la vue de son être me peine, mais personne ne l’a vue
Vous dites, la sueur de son être me lèse, mais personne ne l’a senti
Vous dites, la peau de son être est saine, mais personne ne l’a touchée
Ipanadrega a croisé, un jour, un être « vivant de lumière », ne se nourrissant que d’eau et de quelques autres liquides cachés, c’est ce qu’il disait, il avait le teint blafard comme s’il allait s’éteindre incessamment. Il puait la mort malgré son étincelle de vie. Pourquoi donc renier ce que nous donne la nature, ses fruits, ses blés… étrange être que celui-là…
Ipanadrega a rencontré un errant, un pèlerin, vivant de croyance et de pêcher…
Ipanadrega visita une cité en guerre d’où s’élevaient des fumées innombrables et des bruits d’enfer…