(parole en marchant – 16 août 2016 à 20h17)
—> 3. « singes savants », les cours du savant fou : « appartenance »
Et vous croyez que la terre vous appartient ? Elle ne peut vous « appartenir » puisqu’elle vous est donnée, vous êtes un de ses fruits ; le monde nous est offert à la vue, à nos sens ; ou plutôt, renversons le principe, il nous porte tous et laisse à notre disposition son air, son haut, son sable, pas plus à l’un qu’à l’autre, il ne décide rien, il reste à la disponibilité de tous par la force des loirs naturels, sans plus de loi, que m’importe de le voir aussi réglementé et partagé entre vous ; une chose vous est acquise, la durée de votre vie, parce que « vous avez décidé » de vous l’approprier, ou que des règles établies entre hommes vous les octroyèrent ; après cette idée se dissipe, ou alors ce sont des descendances éventuelles qui reprennent cette acquisition à leur compte, mais cela n’a pas vraiment de sens ; d’ailleurs, ces partages sont fondés sur la raison du plus fort, du plus puissant, bien trop souvent ; vous croyez que le monde vous appartient ? Mais vous divaguez ! vous vous trompez amèrement, cela ne veut rien dire, c’est un leurre, une vue de l’esprit, une notion de conviction forte envers ce désir de posséder, un monde offert ne peut s’appréhender ainsi, vous restez en son dedans, vous ne venez pas de l’extérieur ; et qu’alors, même si vous arriviez d’une autre planète, oseriez-vous décider que celle-ci, du fait que personne ne vous la conteste, devienne votre possession ? Ce n’est pas le cas, vous subsistez à l’intérieur d’un monde et vous n’en détenez pas les clés ni ne pouvez en réclamer la propriété, car cela ne relève d’aucune réalité ni de sens ; vous demeurez dans un lieu où vous devez collaborer avec autrui, où vous devez savoir à partager ; comme le berger, dois aussi apprendre à vivre avec le loup, en éduquant ces chiens de garde, en pratiquant correctement son métier, comme cela s’est fait depuis des milliers d’années et ne pas les tuer inutilement ; la terre appartient autant à lui qu’aux hommes, ou au renard qu’à la poule, non moins à la fourmi qu’aux cloportes, pareillement pour l’oiseau et la carpe ; le territoire que vous délimitez ne demeure que temporaire et abstrait, momentané, incertain, en concurrence avec d’autres, et cela toujours régulièrement tant que vous le concevrez à travers l’idée du combat, de l’affrontement et de l’acquisition, à travers des victoires, des renoncements de l’autre ; non, vous vous égarez ! vous vous trompez ! Qu’avez-vous donc à prouver sinon votre égoïsme forcené, il faudra bien vivre un jour, avec cette nouvelle capacité que vous devrez acquérir, a évolué de cette conception de l’appartenance ; je vais bientôt disparaitre pour ne plus exister, ma coucherie reste temporaire et je ne demande qu’un confort minimum ; celui qui me croise avec sa grosse voiture, aux broums broums audacieux, la queue à l’air, montrant un contentement d’une croyance supérieure et prouver au monde qu’il rupine d’aise, m’indiffère au plus haut point ; ces gens demeurent des égarés, d’ailleurs la plupart d’entre nous se sont fourvoyé dans ces illusions venues du passé, ces gloires et ces conquêtes, des notions devenues arriérées, qu’un jour vous devrez tempérer, casser, détruire, pour reconstruire dans une conception moins stupide.