(version – 16 sept. 2017 à 18h35)
—> 1. « İl », intermède… : 47. [Y af] prise de tête
Il se pourrait bien
que ceci ne relève
d’aucune littérature
prise de tête
Me voilà bien embarrassé, entre lui qui ne cesse de me fuir et vous, à qui j’ai promis de dire son histoire ? Posez-vous la question, lecteur, de mon entêtement, c’est commun ; comment j’en arrive à dire ce que je raconte et ce qui me vient en tête, pourquoi donc je me mets à parler de ces choses-là, qui m’apparaissent obscures, absolument, ni prouvables, ni… C’est une perception que je vous donne, liée à mon imaginaire, mais je ne trouve pas d’où elle provient, et ce qui me force à la rapporter ; je sens au plus profond de moi que je dois l’exprimer pour avancer dans l’histoire que je veux relater ; il se pourrait bien que je devienne fou ou le sois déjà, vous devriez vous méfier de ce qui va se produire… maintenant que vous êtes informés ; et j’ignore si celle que je vais réciter à cet instant, cette histoire-là, se révélera authentique ou inventée, je n’en sais fichtrement rien et de cela, nous pourrions nous en foutre royalement, je le comprends aisément ; mais elle se manigance au-dedans de moi, et je me dois de la dire… Chuut, des oreilles écoutent… Toutefois, le processus humain, appelé abusivement « de création », dépend de ce mécanisme-là, me voilà bien technique ; on essaye de concevoir, mais on ne crée jamais rien ; on n’innove que dans un procédé de pensées qui nous arrivent, on ne maîtrise guère trop d’où elles viennent, des combinaisons de ce que nous sommes, façonnent les mots ainsi engendrés ; je n’ai aucune certitude qu’ils sortent de moi-même, qu’ils interagissent avec la perception que je ressens du monde (vous voyez où j’en suis ?) ; ce qui me permet d’exprimer ce que je dis là et me donne à élaborer ce que je vous raconte, à travers cet ouvrage, d’une manière totalement indéfinissable, mais qui peut devenir intéressant à communiquer aux autres, je n’en comprends plus mes phrases ! Et si j’ai eu cette sensation, la nécessité de décrire ce que je concrétise, comme le peintre a l’impérieux besoin de réaliser une toile, moi j’éprouve un désir à mettre des mots sur des choses qui ne représentent aucune perspective à priori… sereine, mais s’immiscent comme une petite musique dans ma tête, qui me rappelle que je dois parler de ces choses-là, comme je l’expose actuellement ; et que je ne détiens aucun élément qui m’autorise à prouver quoi que ce soit, mais dans le fonctionnement de mon cerveau, il se trouve un questionnement qui se déroule et tente de décortiquer une sorte d’écheveau, du monde où nous sommes, l’univers que l’on essaye d’appréhender. Et l’aventure racontée de cette manière découle de cette logique où tout demeure « intermélangé », à la fois l’histoire et des comportements qu’elle absorbe ; cet esprit, qui n’est pas İpanadrega, mais qui inclut son récit, là où il y apparaît, va aborder cet univers dans sa globalité, elle intègre l’auteur qui récite les mots que vous entendez en ce moment, elle agglomère tout le perçu localement ou non ; tous ces éléments rajoutés de la sorte sont gardés à travers cette entité qui va emmagasiner l’information (sortie de ma carcasse), qui s’additionne, entre autres, à toutes celles qui existent déjà et les mémorisent. Alors, elle ne sera pas forcément conservée à l’identique partout où elle subsistera, une partie, une trace en est laissée et c’est cette trace divulguée ainsi qui restera ; que le monde s’avère extraordinaire puisqu’il m’amène à parler, il me pousse à exprimer ce que je dis ; je ne sais vraiment pas pourquoi je déblatère cela, comme je ne comprends pas pourquoi je suis créé, et pourquoi j’ai ces idées-là, qui me traversent l’esprit ; mais persiste la nécessité impérieuse de les clamer malgré tout. Posez-vous cette question lecteur, tout ce qui vous vient en tête au-dedans de votre cerveau en est doublement concerné, et c’est une véritable interrogation. Voilà, ça va beaucoup mieux… Merci.
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Tous ces salamalecs pour vous faire percevoir ce bouillonnement intérieur et dépeindre du mieux que je peux le calvaire interrogatif qui m’assaille, de laisser ce qui suit, comme le petit message de mes intuitivités incomprises, voir maladives ; il est toujours temps de fuir ce récit…
Le discours que vous lirez ci-après est né d’un rêve ; comme je vous l’avouais précédemment, je ne sais pourquoi, il s’est imposé à moi. Alors pourquoi donc ces tisanes et ces quatre personnages, puisque İpanadrega semble y avoir pris part et cela ajoute de vastes questions sans réponse ; mais il ne m’a rien précisé, lui qui doit s’en aller, loin, très loin, par tous les chemins ? Il faut en convenir, il le met où, son avenir ? Vraiment, je demeure insatisfait, je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi ce texte doit rester là et une voix intérieure, indécelable, indistincte, me dit de faire ainsi, il y manque des mots, une clé, des explications sereines que je ne pourrais décrire avec enthousiasme, mais ici, dans l’alerte, aucune raison discriminante ne me pousse à le démettre. Excusez donc cette parenthèse malvenue, je m’interroge sur des profondeurs inaccessibles à mon entendement, j’en rajoute peut-être trop, illusion bête de rêves probablement inracontables. D’aucune manière, je ne saurais dépeindre la sensation infime qui s’éternise au fond de mon imaginaire, peut-être une idée non perçue…