Les récits (originaux) :

  • roman (1989 à 1995)
  • monologue ancien (début 1990)
  • histoires en forme de mythe (19 févr. 1995)

roman (récit initial)

(divers textes manuscrits - écrits entre 1989 et 1995)

—> 5. « ajoutements », récits antérieurs, primitifs, oubliés :
—> divers textes sous le titre original « roman »

—> transcrit et ajouté le 28 mars 2016 à 13h25 à 1. « İl », prolegomena, studium : 27. son roman sans cesse médité

J’occupais mon corps avec de la nourriture, pour qu’il ne pense point ni n’agisse avec trop d’entrain, sur des besognes autres que celles du travail si prenant. J’attendais le moment qui, je le savais, viendrait comme un boulet de canon. Patience me disait l’esprit et les fatigues du ventre, les amers rots ou les précipitations de l’estomac engorgé, n’avait de cesse à encombrer ce crâne, cette cervelle ; puis le geste lascif des mets que l’on entasse dans sa besace jusqu’à plus soif, jusqu’au renvoi toujours évité un moment, le temps d’un pet libérateur, ou d’une crampe de la vessie.

Que dire de ces repas si facilement acquis pour quelques sous, où un gros pourcentage de mes salaires s’entassait en plats de subsistances à la nourriture surabondante. Il me devait d’essayer l’émergence des graisses, la lourdeur des soirs, le sommeil obligé, dans des sueurs digestives et des malaises aigres de la bile trop activée. Alors, devenait nécessaire de vivre une pareille existence si pesante et puante aussi. La pièce de mes engorgements sentait si fort souvent, qu’une femme même bébête n’y pourrait tenir. Ainsi, dès lors, ma « douce » compagnie évitée au charme de leurs appâts, les belles m’étaient interdites par simple et pure précaution. Un impératif, épuiser ce corps, l’engraisser, l’ankyloser, le rendre malade, si je pouvais. Mais l’esprit si vif toujours gardait une maîtrise infaillible sur lui ; elle contrôlait inlassablement le processus de mes fientes, autant je l’engorgeais, autant qu’elle le sauvegardait. Si bien que je ne fus jamais souffrant ! Et puis, le but n’étant pas de l’être, mais de détourner l’esprit, lui permettre d’attendre, l’épuiser. « Ne pas penser ! » devenait le maître mot.

La nourriture et les charmes des mouvements du poignet sur mon sexe désœuvré, à de vulgaires pisses ou des jets de spermes vite refroidis dans l’air pollué de ma chambre ; encombrée autant à l’excès de papier et de livres tous à moitié lue, tous si peu vu. Oh n’y voyez aucun méfait, pas de drame, ni de malheur, mais seulement l’espérance d’un je-ne-sais-quoi de soudain, voire même de surhumain. Mais je m’imaginais que rien n’arrive dans ses attentes naïves ; elles passent et vieillissent le corps pour ne lui laisser qu’une vie pauvre et vide, après la mort banale.
La conscience se posait des questions de cet ordre et les bouffes quotidiennes n’arrivaient pas à l’en empêcher. Voilà le drame du moment, si cela en était un. Je suis né fort de l’âme et du corps, seulement l’esprit un peu tourmenté par un doute autant pénible qu’étrange à l’animal humain que j’étais. Fallait-il la vivre ainsi, cette vie à peine voulue, comme condamné dans la grande cité, bien que je puisse partir à tout moment sans plus attendre ; mais voilà, une sorte de voix intérieure me disait reste ! Reste ! Patiente encore un peu, cela arrive.

Elle progresse lentement certes, mais sûrement. Et puis, tu ne fais pas qu’attendre, tu vis une aventure, « la vie », une expérience de nourriture, de solitude et de travail bien gagné. Tu sais te vendre. Tu es au fait du coût ta personne et ses compétences toujours voulues chèrement payées. La vie t’imprègne et te prend une partie de ta sève ; ne le regrette pas, elle t’apprendra assidûment chaque jour un peu plus de choses et ce temps n’est pas perdu.
L’attente, la besogne, les soirs, les repos endormis, voilà les mots de cette époque. Résumant si vite, une vie hâtive dans la cité enfiévrée et excitée de bruit, d’odeurs si enivrantes par tout ce qu’elle te donne de ses attraits.

Je calmais ainsi la révolte qui rôdait dans mes pensées, celle quand on a vingt ans. Le temps vous change ! Et c’est vrai, il insiste et vous brise à la réflexion, le corps, les projets, ses propres créations, comme un édifice, combien ont résisté à sont assaut incessant. C’est un ami fidèle.
Comme j’ai hâte de devenir vieux parfois, je pense à cela et l’idée n’est pas neuve ; je l’ai toujours souhaité, la vieillesse et puis enfin, la mort libératrice.
Je n’ai pas peur d’elle. Je la croise quand un proche nous quitte, ou lorsque les cimetières passent sous ma fenêtre. Je refuse le culte des morts ; ni aucun autre culte d’ailleurs, ni croyance, ni pitié, ma cervelle reste froide à tout cela. C’est de l’histoire des hommes maintes fois répétée et je ne veux pas encore redire le passé pour le bon plaisir de quelques-uns, amis, parents ou étrangers. Rien ne peut convaincre un esprit aussi épris du doute que moi. Je ferai peur à leurs dieux.
Sur un ton austère, je décris tout ceci, car la cérémonie de mes écritures devient presque funèbre. C’est un amusement propre à ma nature, concevoir une sorte de sérieuse pensée, élaborée pour donner ce style qui va bien, au grand comédien de la vie que je suis. La farce est ainsi dévoilée, peut-être pauvre et n’égalant pas le génie littéraire, la certaine manière qui convient, du genre publiable. Des mots, des mots sans importance, guidés par un simple réflexe, d’écrire des lignes, des lignes mêmes pour ne rien dire. La plaisanterie est connue maintenant, on pourrait cesser de noircir la page, mais !… La plume, elle ! Ne veut pas, la main trace ! C’est bien ? Je ferme l’éventuelle parenthèse et continue la pensée ; adviennent toutes sortes de sottises d’hommes. Je tiens à dire « qui se croit » un grand écrivain, cela va de soi. Dans ses manuscrits, on pourrait y lire la vie, donnant, un style certain est très travaillé, précisant le moindre mot un peu trop flou. Mais non, je laisse comme un délassement ma main faire de l’écriture…

On marque une pause et je retrouve une pensée du début du récit. Je parlais à reculons, une manière de passer à l’imparfait, histoire de manier encore le style d’une sorte de roman ingrat et puant. Mais l’idée du moment a cessé de courir dans ma tête et je cherche une ou deux sottises pour terminer la phrase.

Un jour, c’était décidé, « ne plus souffrir », je parle des souffrances de l’âme et du corps ; suffisait de penser à l’envers, suffisait de se laisser aller à ne plus se tordre de douleur ni désirer le martyr, aux dires : la plainte. Suffisait de se laisser aller, oui.
Je me souviens, racontant cette histoire un jour, que je parlais bien, m’en suis « fièrtement » vanté, c’est si simple, comme de vouloir : l’insouffrance.
Un jour, je me suis parlé, à moi-même, en douce ; j’avais cessé de jouer à cette comédie, j’en repris une autre, pour essayer tous les tempéraments de la terre, tous les savoirs de vivre. Pour cela, justement, j’avais offert à mes désirs, toute une vie, tout un destin. Et c’est là assurément, après les souffrances expérimentées, m’en vient à tenter le doute de l’esprit qui ne se fixe ni sur un préjugé, ni sur une vérité d’époque, ni sur l’orgueil ; j’ai déjà essayé, cela dur un temps, comme passe une existence. J’avais promis de les vivre toutes, comme l’étincelle d’une poudre s’envole en fumée, pour se disperser.

Comme c’était facile, de vivre une manière de l’homme et de ses subsistances.
Apprendre la colère, la honte, le plaisir, j’hésite pourtant pour la haine, le meurtre, la vengeance. J’ai envié longtemps les moments de la vie sainte, d’un être bon. Une histoire raconte-t-elle, et peut-être d’autres, pareilles existences ? Celles qui persistent et furent vécues jadis, il manque la nécessité d’expérimenter tout cela tout un temps…

Je pourrais dire : vous allez me rendre fou !
Les hommes du monde moderne me donnent ce trouble !
Non ! La folie, la vraie, celle du cerveau qui se disperse et perd de son harmonie m’est trop présente et si proche. Encore non ! La folie elle se choisit, ne serait-ce que pour une mascarade, un jeu décidé, adopté très consciemment, histoire de voir la tête de mes semblables. Ce serait une aliénation morale, volontaire, salutaire, façon de sauver mon esprit des marasmes du monde moderne.

À lire les journaux, il n’y a que drame sur terre, où sont les bonnes choses, où sont les ivresses d’un entourage meilleur. Quelle est donc cette vie, quel jeu mène-t-elle ? devrais-je dire. Mais c’est bien simple, la folie reste commune, c’est la normalité des mondes, le massacre, les bombes, les désaccords et les grèves deviennent les usages courants de notre petit landernau humain. Que disent d’autres, les journaux, la TV et le reste ?
Le pauvre isolé, dedans la grande ville, n’a pas le choix. Le stress, le fric, ou l’abandon. La chance n’existe pas, l’optimisme et le pessimisme ne sont pas de mise ; la vie, cette maline, elle te mène là où elle veut. C’est une salope ! La combattre sans cesse est de mise ici… je pourrais dire beaucoup de mots encore, mais, etc., etc. convient mieux.

Mais parler des mêmes choses avec un autre langage, celui du désespoir, du regard pessimiste et triste, n’est pas de mise chez certains ; donnons-leur une nouvelle lecture de ces mots, avec un style (toujours le style), celui-là très ciblé, de l’art de dire : de la façon qui épate, faire usage de talent. On peut être génial avec médiocrité et sans intérêt avec génie, ou avoir du talent dans la nullité.
Alors tu vois mec ! La vie, ben c’est comme ça : tu cognes, tu casses et ça passe, parfois on te chope, mais y’a toujours moyen de s’arranger…
style très mec, celui du dur des durs, ça m’amuse, sans plus… voyons voir autre chose ?
Le monde se démène, Toto doit du fric, sinon on va lui faire la nique, Toto est un « démerdard », il cache son magot, on ne le trouvera pas de sitôt. Toto est un rigolo, il sait jouer au loto, mais, à force, râle le public, c’est un peu que ça rapporte, c’est trop peu pour Toto. C’est un homme qui travaille dur dedans la maison de son boss, il casse des coques qui fendent la noix.
Roule ta bosse ! Reste que ça de mieux à faire… dorénavant, il contrôle la casse des coques et des bonshommes il leur magne le cul, à ceux qui tapent sous ses grognes, son dire de maintenant, du chef qui ne tend plus la pogne, gradé qu’il est, fier et maître de besogne ; il rosse les gueules et crânes aux réunions du pat qu’est pas con, mieux qu’un étron.

Errance.
J’ai tout vu des hommes et j’en ai même vécu de la folie, de la résonance, moi, dans mes jeux, la fripouille vulgaire et l’hypocrite j’ai joué. Pourquoi donc tout cela, est-ce la question d’un bonhomme ? J’ai fui l’étude et les conforts un peu trop moelleux. J’ai fui la bonne parole de l’honnête chrétien et des aveugles voyants, fui la justice, les lois, les paperasses et la vie des grandes villes. J’ai tout quitté pour ainsi me reposer et ne plus m’endormir sous le froid amer et dur des sortes de monde absurde que fondent les hommes de ce siècle. Et pourtant, il y a de l’attente au-dedans, une espérance de vivre, etc., etc. j’en dirais tant et tant. La fatigue me gagne, je suis pris au piège de la vie non souhaitée et que nécessairement j’assume, oubliant un peu. Je vais partir au travail, dans quelques instants. Je ne crois pas que cette vie-là durera encore longtemps. L’instant proche d’une fin de scène, un livre s’achève, une autre histoire s’apprête, un nouvel ouvrage s’amène, j’aurai trente et un printemps bientôt, d’après les registres.

Faut-il prendre son mal en patience, l’existence nous conduit à de drôles de vies… Et sans cesse ces interminables questions… ne réfléchissez pas de trop, ne vous torturez point ainsi l’esprit, laissez-vous vivre, voilà tout. Mais ce n’est pas si simple. Vous ne vous en tirerez pas à si bon compte ; suivons le grand scaphandrier et descendons, il a à nous montrer bien des profondeurs dans cet immense vide, notre vague histoire.

Ne jurons pas de par le mal et le bien, découpons notre façon de vivre et d’être, ne développons pas de théories ni de philosophies inutiles. Vivons dans le vif du sujet, la terre réaliste autant qu’il soit. Vivons au vif du sujet parmi nos actes, qui seuls comptes et note la trace de notre histoire.
La parole est bien bonne, sans le mouvement de la main et des bras, elle ne vaut rien. Elle cause et l’esprit écoute. Elle cause et la vie s’écoule. Elle pause et l’esprit s’en va dormir un temps. La pause des grands parleurs et avant eux le vide, semble-t-il ? Pendant leur existence, l’éblouissement après, la mort venue, là à l’éminente leçon, beaucoup y méditent des façons. Puis, en viennent d’autres, avec des idées à la peau neuve.

Pendant ce temps, dans le pays, les hommes « peuples » ajoutent au monde, de grandes cités qui sans cesse s’agrandissent d’une quantité perpétuellement insatisfaite ; le béton coule et forme l’éphémère, la platitude du moment.
Est-il nécessaire de voyager pour aller dix siècles plus avant, voir la mine des ouvrages ? Quelle gueule aurait-elle ma tombe ? Je crois que le temps et son univers avancent semblablement, sauf que chaque atome sera comme un peu moins vieux jeu et que l’être que nous sommes sera épanoui différemment et plus éclairé en somme ; l’énergie, son intensité devenue éblouissante de clarté, ira, dans un monde de lumière, flirter avec l’éternité. Le mythe à peine commencé s’arrête à ta porte aujourd’hui, une force morose me dit à nouveau « stoppe tes ardeurs », inutile de le réveiller à cette heure.

Je sais que je vais mourir très prochainement d’une leucémie, un truc quelque chose comme ça et je reste gai. On pourrait être triste, mais je ne le suis pas, « on est si peu de choses » et je le sens bien, mon incroyable insignifiance et mes dires trop « douteux ». Je voulais parler du doute de mes mots et de la vie comme elle est.

J’attendais ce moment plein de certitude et que je puisse entendre cette voix me dire : « il y a bien une fin en toute chose ». Et je me vois partir l’esprit loin de toute tristesse, mais bien gai comme jamais je ne l’est été, de cette sorte d’existence, ma vie ancienne trop morose, un peu trop loupée. Sans désespoir ! J’y tiens, je m’en vais mourir serein des pensées plein les mains, de mots devenus inutiles, mais j’écris comme un témoignage afin d’assister, après mon trépas, aux lectures de ma gloire ; si j’avais eu une vanité d’homme ! J’aurais souhaité tout connaître, avoir une expérience de grand-père, c’était un rêve. Mais enfin, puisqu’on nous dit, tu dois partir un jour là-bas où l’on ne sait plus quoi déjà ? Je demanderais une mort sans douleur, celle de ma mère cancéreuse totale m’a suffi ; je veux de la mort propre, sans taches, l’arrêt du cœur avant que la vermine apporte de terribles souffrances aux nerfs. Je veux de cette mort facile prise au bout d’une seringue ou d’un médicament tranquillement avalé. Je veux un travail net, sans bavure, une euthanasie impeccable que j’aurais décidée au moment opportun.

Puis vint le jour où je n’eus plus faim, et le corps s’en contenta bien. La mangeaille cessa enfin. Ce jour arriva paisiblement au hasard du temps. Maintenant, laissons l’esprit reprendre le dessus, et mettre une parole et des actes… ce ne fut guère un combat, cela allait de soi, c’était évident, l’évidence même. Les expériences du moment cédant la place à de nouvelles. L’enfance dorénavant disparue, un grand voyage s’annonçait, pour changer tout, peu à peu, du regard de dire et de l’agir, ajouter différemment !

Comme ce corps se composait en deux manières, l’une banale et consciente de peu, l’autre étrange, consciente de tout, prenait maîtrise sur la première. Tout cela se fit en quelques ans. Il n’avait qu’à suivre et se taire, des douleurs de l’âge et du passé, de seulement s’y résigner. L’esprit fit un coup d’État, une mainmise sur la souffrance, les désirs et les instincts. Le corps se laissa capturé, emprisoner sans être révolté, simplement un peu mis de côté ; sans violence, elle lui donna l’énergie, la force essentielle au déplacement des pas et du maniement des objets ou de toute chose qui nécessitent du corps, la main, le geste, l’aplomb du réflexe et des mouvements bien appris.
La mutation, quoique lente, obligea un changement de vie très nette. Une libération des contraintes inutiles et réductrices. L’intelligence donnera les moyens de subsistance à la plus juste mesure, la nourriture sobre et minimum et des biens limités au nécessaire le plus précis.

C’était un jour un certain… et puis non, peut-être une aube, les jours ne valaient plus rien de toute façon. On ne comptait plus, il n’y avait plus aucun système, la mer s’étendait toujours et les paysages calmes soudain depuis quelques ans reprenaient de l’ampleur. Le monde toujours beau, le vent parfois proche de l’opaque, des sortes de sable laissait dans ses tourbillons des amas au long des collines et des monts. Et le temps lourd, peu à peu, fit place aux éclaircies. Quelques siècles obscurs dit-on, s’abandonnèrent ainsi à une nouvelle parure. Le monde n’apparaissait pas neuf, mais comme lavé de quelques crasses… il n’y avait ni beau ni laid, en faite seulement, un semblant d’indifférence ; ces valeurs n’auguraient rien d’essentiel.

La manière de vivre est devenue « un genre », aux dires des rumeurs. La parole simple, depuis cette époque a laissé une empreinte une odeur. Il fallait en discuter… un vent est passé par là et sans cesse fait vieillir et mourir, naitre et disparaître, enfin, l’affirmer est bien banal. On raconte un peu partout cette histoire, du naguère des autrefois, et cela soulève un rire les enfants. Les plus anciens parlent de ces temps avec comme du mépris. On cause d’une aube, des reproches et de la passion. C’était des époques enivrantes.

La vie, la nature, le monde, l’univers qui bouge constamment en a voulu autrement. De mémoire de civilisation on n’avait pas connu un aussi grand bouleversement en si peu d’ans, ou de tour de terre autour de l’étoile soleil.

Autant que les mémoires de toutes sortes se souviennent, le changement commença peu à peu à prendre sur les habitudes comme une moisissure. Ce qui, en quelques dizaines d’années, provoqua des clans, une avant-garde, des classes sociales, c’était le terme approprié, tout nouveau. On parla comme d’une épidémie venue du cœur des origines des hommes. Dans les pays d’Afrique, une sorte de lèpre, un virus, un cancer soudain nait. Une fatalité pour certains, un prétexte pour d’autres, tout sentait bon, favorable à la moindre suspicion.

monologue ancien

(parole du soir – débuts années 1990)

—> extrait retrouvé d’une parole ancienne sur un vidéogramme
—> durée originale : 5’06 ; durée après retouches : 3’15

De mes yeux…
Sachez que je ne recommencerai pas !
Ça marche, tout va, c’est bien ?
Il convient maintenant d’être sérieux ! Un grand drame se passe actuellement dans l’humanité, car l’humanité vit sérieusement, très sérieusement, une situation dramatique, et c’est pas parce que j’ai fait de l’ironie, que j’ai fait des essais de paroles, de regards et d’atmosphères, que je n’en parlerai pas ; nous sommes des gens drôles et bizarres, c’est vrai et il n’y a là rien de comique, simplement une affirmation. Eh, dans cette affirmation je puis dire que j’ai comme un tracas ! Comment vous dire tout ce que j’aurais bien à vous dire, et que je n’ose dire, voui voui voui voui… Psst ! on perd du temps, je le sais ! On perd énormément de temps ; alors il faut trouver une façon d’exprimer des choses… plus petites… enfin, ce n’est pas parce que je suis sérieux maintenant que je déciderai d’arrêter ! Car quand on a commencé, il faut continuer.
Je m’adresse à vous ! à vous ! à vous ! à moi ! à tous ! au ciel ! au-dessous, partout ! à l’univers… (il indique symboliquement de la main chaque endroit)
Je m’adresse aux hommes, à l’homme, à moi, à tous…
On s’entête… C’est bon, parfois de se répéter, vous savez ?
Une idée de l’idée qu’on se fait de l’idée qu’on pourrait avoir des idées ? L’idée par exemple, de… de solutions à tous nos maux ; eh, que si je parle lentement et cherche mes mots, premièrement !… Enfin, premièrement : je ne fais pas de « euh… euh, euh, euh » en cherchant mes mots, et j’abuse de la lenteur, car actuellement une chose est énervante à la télé, à la radio, partout, les professionnels de ce genre d’endroit ah ah ah ! journalistes, comédiens, etc., etc., etc., parlent très très vite ! Je m’imagine… même je ne m’imagine pas, je vois des vieilles personnes peiner à entendre cet amoncellement de musiques et de mots dits à une vitesse incroyable ! On déteste le mot « lent ! » on déteste les blancs, les moments de si-len-ce ! c’est terrible !

histoires en forme de mythe

(texte (??) – 19 févr. 1995 à 15h40)

Contexte : texte primitif

—> 5. « ajoutements », récits antérieurs, primitifs, oubliés :
– > Voir « Sur les mythes, la mythologie »

C’est celle du regard, des yeux et de l’entendement
D’abord, trouver des mots… admettre le monde comme il est… et faire avec…
des autres ils sont se qu’ils sont, et puis après… admettre ! et faire avec…
mais ne pas renoncer, au-delà du doute…
peu importe l’ordre des choses pour qu’ensuite l’on puisse et bien, bâtir tout un Avenir
Dire !…
Histoire de Dire quelque chose…  
 
D’abord, trouver des sens… admettre le monde comme il est… et faire avec… Des autres ils sont se qu’ils sont, et puis après… admettre ! et faire avec…
Histoire
D’abord, trouver des sens… admettre le monde comme il est… et faire avec… Des autres ils sont se qu’ils sont, et puis après… admettre ! et faire avec… ; mais ne pas renoncer, au-delà du Doute, sans Moral stupide, t ni valeur accordée simplement. Vivre et comprendre, Vivre et Apprendre, peu importe l’ordre des choses pour qu’ensuite, l’on puisse eh bien, bâtir tout un Avenir…  

C’est pas une œuvre !
C’est un livre ouvert, la fin n’est pas une fin, c’est une parole qui s’arrête là ne pas Voir plus loin, l’éditeur n’avait plus de papier ni d’argent à y mettre dans ce bouquin… ce n’est que du papier…

C’est pas une œuvre ! C’est des mots, une vague idée, ce que l’on me dit de mettre ? Une habile mystification ? Un aspect d’une vérité, ou Réalité à peine démasquée… malgré tout, c’est moi qui ajoute, je ne suis pas dupe, je sais bien qui agit, qui me dit de mettre, qui me dit d’être, une stupide raison qui vous éjecte de la folie… nous sommes deux êtres ou plutôt deux façons d’être le premier être et le second : le plus terrible, le plus puissant, au-delà du conscient, et qui me dit…. à vous aussi « ne vous laissez pas impressionner… »
C’est une œuvre ! C’est pas des mots, pas une vague idée, ce que l’on ne me dit pas de mettre, pas de mystification !, la vérité ou la Réalité pleinement démasquée… malgré tout, c’est moi qui ajoute, serais-je dupe ? Qui agit en mon nom ? C’est moi qui mets « qui me dit d’être ? » Ce n’est pas de la folie… nous sommes deux êtres ou plutôt deux façons d’être le premier être et le second : le plus terrible, le plus puissant, au-delà du conscient, et qui vous dit…. vous aussi : « laissez-vous impressionner ! »