« les jours z’à bout mi-nu »
(écrits de villes et d’ailleurs)
(textes manuscrits – 1980 à 1987) (morceaux choisis)

—> 5. « ajoutements », récits antérieurs, primitifs, oubliés :

Sommaire original

(les récits sélectionnés sont surlignés en jaune)

PROLOGUE

  • Avertissement
  • Le néant a pour apôtres…
  • un bruit sourd et loin…
  • Les bruits s’ordonnent…

PREMIÈRE HISTOIRE

  • M’sieurs dames écoutez-moi…
  • La foule l’a suivie…

DEUXIEME HISTOIRE

  • DUREE… NON DETERMINEE… (scénario d’une histoire)

TROISIEME HISTOIRE

  • Toi le monde (une vision du monde semble…)

QUATRIEME HISTOIRE

  • Histoire de la vie

CINQUIEMES HISTOIRES
HISTOIRE DE MER (MERE, MAIRE)

  • Dans la paleur de la nuit…
  • Les gens sont méchants et la vie a plus d’un amant…
  • la vie c’est comme ça
  • Dans un monde sauvage
  • la vie internationale

SIXIEME HISTOIRE

  • En voulant trop y croire

HORREURS & PLAISIRS SALOPS

  • Puis vint le jour…
  • Plaisirs salops !
  • Horreur !
  • Oh chère amie sens-tu venir…
  • PAUVRES ENFANTS
  • PAPA N’A PLUS SON CHAR

BLUES A… HISTOIRE

  • Blues dans mon crâne
  • Salut les drogués !…
  • P… D…, Dans un coin d’A…

SEPTIEMES HISTOIRES

  • Snobisme citadin – La vie sauvage !
  • Cité – Voyage
  • EPOQUE EN A…
  • CONTINENT A…

HUITIEMES HISTOIRES

  • Histoire du poil de cul d’éléphant
  • DANS LE SABLE, ACCROCHEE A UN CRABE…
  • Bonjour monsieur !
  • MUSIQUE
  • ENTRE DEUX BOUTEILLES DE FLIP ET DE BOUE

NEUVIEME CHANTABLE

  • J’me prends pas pour une merde !
  • Il est des gens
  • A… a trouvé, oh merveille !
  • Je suis le boudoir de mademoiselle…
  • j’ai écris cette chanson…
  • La tendresse
  • UN JEUNE CADRE DYNAMITE…
  • Faites gaffe ch’suis un homme…

DIXIEMES VIEILLES HISTOIRES

  • Il était un roi
  • Paroles d’Argotine
  • MECHANTS PROPOS….

ONZIEME HISTOIRE
(PROPOS DANGEREUX TRES NAIVEMENT DIT)

  • J’ai vu des cœurs déchirés…
  • SLOGANS REVOLUTIONNAIRES
  • REVOLTE

BLA BLA

  • Des lambeaux comme qui dirait des chiures de mots…
  • Je mourrai (mourirai) de trop d’imagination…
  • Cette folle aventure des hommes…
  • OCCIDENTALE, La vie actuelle me fait éprouver…
  • Mon corps a les senteurs de l’asphalte…
  • Eh ! toi l’homme rustre…
  • Dans la cité…
  • Laisse toi aller au penchant…
  • La vie est aride…
  • Y’ a de la musique…
  • C’est pas qu’j’ai pas d’cœur
  • Les gens que l’on z’aime
  • Choses que n’ont pas arrivés à faire…
  • Oui je compte…

HOMMES DEGAINES PASSIONS ETC…

  • Il faut à tout prix parler tous les langages de la langue…
  • Cet homme qui crie…
  • JEU

DOUZIEMES HISTOIRES

  • HISTOIRE DE BOMBE – Faut pas faire joujou avec les bombes Atomiques
  • Pour arriver à quelque chose…
  • Mon amour est pur, tâché de vomissures…
  • Disait un mec…
  • Avant, il regardait toujours par terre
  • Le plus embêtant avec les hommes…

TREIZIEMES HISTOIRES SCANDALES PORNO

  • SCANDALE AU BISTROT – Et c’est là qu’il se lève…
  • Elle le regarde le trouvant des plus cons…
  • Cette femme a deux mille ans
  • C’EST UNE FILLE DE GRANDE ENJAMBEE
  • L’affreux sentiment de n’avoir rien dit…
  • écono tes larmo chou

TROISIEME HISTOIRE

—> voir version transposée : 1. « İl », peregrinatio, livre 2, 89. tout ressentir

Toi le monde

Une vision du monde semble obtenir
tout l’accord de chacune de mes vertèbres
et mes molécules assemblées unissent
calmes mes pensées avec cervelle et années.

Ainsi je retrouve la connaissance de mes vertes
années laissées hier le long de quelques
randonnées.
Aujourd’hui je vois je vois… un ciel, un ciel
bleu m’appeler, me prendre, me pardonner,
la vie, la vie trop ratée. J’ai pour mission
de m’élever, la tête dans les étoiles.
Un rayon la nuit, ne cesse de m’appeler,
comme j’ai envie de m’y accrocher !

La vie, la vie sans cesse recommencée et
conscience, conscience la vie ne cesse de me
donner. J’apprends, j’apprends du fruit de
mes vertes années.
Le monde, le monde qui m’a formé, ah !
ce monde… je veux le cerner le croquer, l’avaler, le brasser,
le dénuder absorbé… que je suis
Un soir sans soleil ni pluie dans mes pensées…

Toi le monde
tes algues vertes tes plantes offertes
tes vagues alertes et la mer si nette
en dehors des grands vents
le gros éléphant
un dalhia bleu
une mouche dans le feu
un bruit d’adieu
une heure pour naître
un enfant qui rend heureux
le noir des profondeurs et le cauchemar d’une vie

Tout ce qui vient dans mon fort intérieur
est grand et fort sur la table du bistro
de bois en plaque dure sur pied forgé
et sol de marbre azur
je dis je dis un peu tout
ce que l’on croit et refuse comme
mettre une croix, interdire
et mener la vie comme une ruse

Une crevette qui crie
un nid d’oiseaux pieux
et l’envol des merles gris
le ver de terre qui s’enfuit
un pied d’homme qui s’écrase avec bruit
sur le sol d’un opéra en ruine
une mouette en feu
le volcan crache tout ce qu’il peut
la fuite du temps et une femme qui dort
un matin blème et j’écris
j’écris encore…

Le facteur un peu trop vieux
qui clamse sous un pneu
l’homme d’affaire affairé
mémoire en forme de chiffre
en surnombre et gras

Des femmes divorcées
dans le bar du soir gueulant
gueulant sur leur mari absent et illusoire

Une puce a sauté d’un wagon
sur une file de soldats creux
mémoire et ventre à feu et à sang

Merci, merci sur un ticket de caisse blanc
des lettres bleues dessus
cigare au bec j’inscris sur la vitre
« c’est la vie » la fumée pique mes yeux

Dans les poches de l’homme plat qui ronge
ronge le désordre dans sa tête
une horde de carnes claires
c’est le bruit de sa chair
dans les poches pas un sous rien !
seulement des trous
le bus de trois heures un quart arrive en retard
ou
Dachau un homme se souvient
la femme du gardien sort avec le curé
et le fils du paroissien
ragots mémères et bar des racontars

    Une piaule une fenêtre hôtel des bêbêtes
    cafard en tête
    dans le lit une femme dort
    avec un rêve en tête
    ah !
    j’entends son souffle

Pologne ! c’est la guerre une ville en colère
enfants sur terre de grève
soldats qui pètent et crèvent

A trois mille années lumières
couchant de Sirius sur une planète inconnue
un lutin de pluie couleur de suie
court sur la falaise d’en face – couleur de glace
ils meurent en courant là-bas
et naissent par grand vent

Panne d’ordinateur sur terre
on se marre – la machine qui claque
des rêves qui ratent
un matin clair à Nouméa
38 ° centigrades ? déjà – on gueule dans la radio
« préparez vos paravents, tempête et grand vent tout à l’heure »
attention ! et maintenant
sur la fleur sans vergogne
une cigogne passe et chie
moustiques et guêpes réunis encerclent
une cahute toute pourrie
Afrique et colonies – grand-père songe à sa vie

    Une femme qui s’ennuie dort et songe à lui
    une enfant près de lui cet homme
    au cœur d’envie qui pleure dans la nuit

Entends écoute…    Entends écoute…

Sur le toit il ne pleut goutte
un givre innocent fait glisser une souris
elle se casse les dents sur le zinc
un rire de rat aux alentours

La vie porte de drôles de drames
et des sortes d’amour
avec comme son dérisoire des livres
des livres romans de tous les jours
la vie – la vie sans cesse recommencée

Ah !
un verrre tombe et se casse
une orange pourrie sous un soleil de plomb
en fait autant
splach !
Dans la poêle du cuistot une truite
dans le bar le bistrot un gars qui a pris une cuite
ça vide dur ce soir ! au café de la ritournelle

Banc de saumons en vue
chalutier russe en crue « on vide la mer de son revenu »
la pêche – une industrie !
A Brest une grève en vue

Oui les dinosaures ont disparu
la vie en cherche lumière
n’en est plus à cette entrevue

Dehors il neige
et à Pékin on a vu un oiseau de rien
piocher dans la tombe de Mao quelques graines
qu’un vent poussa de la plaine

Dans la grand’ville
autos et avenues éclairées
bruits de nuit et rêves agités

Je vois oh ! très loin de là
un cormoran plonger et remonter
la gueule empoissonnée
Oh ! là-bas un soleil de feu agite toute l’Afrique
et des bancs de sauterelles
qui s’agitent sur les plantations

Je vois la mer endiablée du voyage
et un frère sur un bateau au large
Les filles de Tahiti danser le tamouré
et la flûte du Pérou s’étendre harmonieuse
sur un flanc des Andes
ou
un Kangourou mettre à jour son petit
encore une larve
le vent dans les ramiers sauvages
et les feuilles d’automne qui s’en vont
un réverbère sous ma fenêtre
et une femme qui dort
le tic tac du réveil
une chambre en désordre
et des sentiments qui s’égarent on ne sait où
la vie amourachée et les pleines du cœurs
qui vous font rester

Mes yeux levés ver le ciel
et la joie dérobée au silence…
… Pendant des heures je n’ai cessé d’écrire
d’écrire ce poème de la vie ou les couleurs
de mon appétit.
Pourquoi ? je n’en sais rien, pour une petite fille
sans doute, une histoire à endormir ? je n’en sais rien.

J’entends ton souffle tranquille ça te va bien
cette nuit où tu dors, j’aimerais te dire… heu… heu
mais peut-être j’en ai trop dit.. oui c’est ça, c’est ça…

CINQUIEMES HISTOIRES
HISTOIRE DE MER

la vie c’est comme ça

un cormoran de fer
plongeant dans une mer d’étain
sous un soleil de plomb
et
ressortant rétamé
prêt à briller
de son vol alourdi et mou

la vie c’est comme ça
attention bras de fer
des fois que la folie
te rouille aussi
oui on sait tu as la peau dure
mais ça fait rien
ici on rouille pour rien
le temps finit toujours
par t’oxyder
avec l’âge

la vie c’est comme ça
même si on repeint
on a jamais l’air d’un saint
sur la mer d’étain
sous un soleil de plomb
on a beau être de fer
le temps remet tout d’aplomb
c’est dit dans la chanson.

Dans un monde sauvage

Après vent
Après les idées sauvages
on a comme une envie
de prendre le large
Après tout un ordre établi
et la vie coutumière accomplie
que viennent les vents d’orage
et j’attends de pied ferme
la connerie systématique

Après tout
Après qu’en disiez-vous
du temps qui mène au large
quand la vie sans dessus dessous
traîne le putois et le sauvage
Après qu’un soleil
en marge des hommes
vous attend en nage
en somme

vous resterez sage
les pieds dans les nuages
et vous aurez perdu la pomme
ni d’Adam ni d’Eve
mais qu’un entourage de cervelles
grisées d’alcool et de rêves
la tête perdue pour une bagatelle.

SIXIEME HISTOIRE

—> voir version : 1. « İl », prolegomena, studium, 24. à force de trop y croire

En voulant trop y croire

je me suis planté un couteau
dans le cœur par distraction.
J’ai eu très mal, très mal au cœur
et le sang a craché un peu partout,
c’était dégoutant, vraiment j’ai eu peur
de salir la moquette… mais on est désarmé
quand il vous arrive ces choses-là
et on se débat un peu n’importe comment…
La moquette, elle a passé un sale moment,
son bleu faisait un joli mauve vinasse-sang…

(C’était un couteau à dents, vous savez ! ? pour couper le pain ou de la viande. La lame en inox inaltérable a bien traversé, je n’ai pas eu à me plaindre, c’est une bonne marque de couteau qui n’a pas plié sur les os… une côte y est passée, vraiment ! un bon outil à recommander…)

J’ai crié un peu n’importe quoi,
j’avais vraiment mal, remarquez !
et le sang coulant on voyait bien
que ce n’était pas une farce…
Remarquez aussi, il faut avoir de l’audace
pour faire de telles surprises aux gens…
Ce qui est embêtant, c’est de voir ces gens
s’affoler pour cela, il y a eu pire comme état !…
le propriétaire n’aurait pas été content,
le sang y’a pas à dire c’est tachant…

Enfin ! cela m’apprendra… être si distrait…
chaque outil a un usage bien particulier,
ce couteau n’était pas un poignard
c’était idiot de se l’enfoncer dans le lard
j’aurais pu mourir et laisser là mon art…

Je ne pensais pas au suicide
ni à un meurtre facile,
je jouais la comédie, simplement !
ne songez pas à plus dégoutant :
un prince qui se trucide,
et comme j’ai tendance à toujours vouloir faire vrai,
je me laissai prendre au fait,
l’histoire me prenait droit au cœur…
il faut avouer, j’ai bien visé et ne me suis pas raté…

La comédie est parfois dangereuse
et il me semble qu’il ne faut pas trop
s’y laisser distraire, un accident est si vite arrivé…
Bien sûr, on ne sait plus comment faire
quand la scène est jouée plus vraie que vraie…
Si vous n’en faites pas assez, la fois suivante
on risquera de vous trouver mauvais
et la chose serait navrante,
surtout pour un comédien plein de talent
tout cela deviendrait bien embêtant…
Il y a un juste milieu entre le trop
et le pas assez
il y a qu’il ne faut pas trop rêvasser.

Dans la vie, il faut bien se reposer
et avoir tous ses esprits
pour affronter la comédie
car de trop se laisser distraire des aléas de la vie
on finit par refaire le drame de la comédie
et le spectacle n’est plus une réjouissance
mais un lourd fardeau fait d’idées qui traînent
venant d’on ne sait où.
Ne cherchons pas à trop les imiter quand même
et gardons notre sens critique
explorons plutôt les idées qui nous viennent
sans trop en faire toutefois.

C’est ainsi que je forge ma foi
à mon allure à ma voie (x)
n’y prenez pas trop modèle
si un jour d’un coup d’aile
il me prenait de vous faire rêver d’elle
je serais cet horrible orateur
qui n’est ni plus ni moins qu’un dictateur
et raison vous aurez de m’accaparer
me mettre en prison
et m’accuser de trahison
comme je n’accepterai pas
que sur moi
on édicte des lois
ou limite mes horizons
là ! moi j’aurai aussi ma raison
de ne pas suivre la chanson…

Mais revenons au fait :
je me suis planté un couteau
dans le cœur, par distraction
et je suis finalement mort, sans faire attention.
La scène avait des allures de foire
et me cachait ses coulisses.

J’étais un de ces princes sans espoir
accusé de trahison
et un poignard à la main
il me reste qu’un geste à faire
et je l’ai fait.

Les mouches en spectatrices dans la pièce
virent une tragédie des plus réalistes qui soit.
La scène a eu quelques éclats, j’en conviens,
un peu tachante peut-être
mais certainement très réussie
sur les tréteaux d’un vrai théâtre
où la comédie est irréelle

où la comédie n’est qu’une ritournelle
à côté de la vie
de notre vie pas toujours drôle.
Où les distraits finissent souvent
au fond d’un caveau, d’une taule
voire un asile pour les pas conformes
à ce qu’on voudrait bien qu’ils soient…

Enfin ! vous voyez ce que je veux dire
moi qui suis mort distraitement,
dans ma tombe je vous dis prudemment :
ne nous laissons pas trop prendre au jeu
des plus habiles, des plus heureux
pense-t-on !
car enfin, c’est eux les moins négligeant
et ils n’oublient guère
de faire de vous, leurs agents
et des autres individus contrôlables, leurs indigents.

Moi qui suis mort pour rien
rien qu’un geste malheureux
la vie m’a dit « adieu » ! …
À la dernière goutte de sang,
je ne me sentis pas bien…
vraiment…

… vraiment.

HORREURS & PLAISIRS SALOPS

(disait un ogre)

Puis vint le jour
où je pus raconter
les histoires, car
j’avais un enfant
dans la demeure
et depuis ce temps
l’enfant avait besoin
de connaître la vie
alors m’en vint
à lui raconter
bien belles histoires
en la demeure
le temps jadis
me les a rapportées
quelque peu transformées
de la sorte commença
mon enseignement
que la vie m’apporta
ma parole s’arrête là.

—> 1. « İl », peregrinatio, livre 3, 93. de la cruauté

Plaisirs salops !

Lui fendre la nuque et cracher dessus
le pendre et écarteler ses jambes nues
lui dire : ton amie est crevée, la balle au dos
lui arracher un bras, une jambe et les os…

Découvrir son front et raser sa tête mure
prendre ses yeux et jouer avec comme billes
prendre un tison et lui enfourner au cul, contre un mur
tirer ses tripes, le ventre ouvert, voir le sang qui brille…

Lui faire vomir toute une corde de souvenir
et lui tirer chaque dent, à chaque mensonge
lui dire que la mort lui pend au nez et va venir
enfin, pour en finir, lui dire merci
                    avec le bras qu’on allonge.

—> 1. « İl », peregrinatio, livre 3, 93. de la cruauté

Horreur !

Un homme vient, surgit !
Et ravit mon âme
au sommet de ma flamme
un cœur pointu gratte mon pauvre crâne
je sais je meurs, oh qu’une béquille frappe mes cannes
et que j’aille à terre rejoindre ma mère, en rampant, grattant…
j’irais jusqu’au bout de l’enfer, dire à un enfant
je suis ton grand-père, moi papi d’un gosse
ce gosse si petit me supplie et dit :
oh grand-papa, achète-moi un pays, je t’en prie
ce pays-là, est si joli…
Alors, au sommet de ma flamme
je gravirai l’obstacle pour devenir dictateur
et ainsi donner à cet enfant un bonheur…

Et dans le pays les gens ont peur
pour un enfant, le malheur
la frayeur
à toutes
heures.

—> 1. « İl », peregrinatio, livre 3, 93. de la cruauté

Leurs oraisons funèbres étaient les prétextes à d’immenses tueries ou des vacheries ineptes nécessaires au fond de leur crâne, pour qu’ensuite il les réalise avec des aplombs intenables si vous êtes un être normal.

Oh chère amie sens-tu venir
les douces gaietés de l’ombre
au noir sombre
quand sur ta peau lisse
venait glisser mes ongles
d’un bruit de chair tendre
fraîchement découverte
donnait un ton austère à la scène
morbleu ! j’y songe encore
le bruit de ta chair qu’on tripote
avec acharnement
sentir au doigt une veine
pleine de sang – et quelle joie
d’entendre tout cela, dans la douce
clarté d’une ombre gisaient mes ongles
sur ta peau nue, ta chair mise à nue
aussi, dans le délire qui me damne
j’ai emporté ton cœur de mes mains
dans ta chair ingénue je l’ai pris…
ton corps mutilé d’un amour si fort
égoïstement j’ai gardé ce cœur… hi hi hi…

PAUVRES ENFANTS
QUI ATTENDENT À TABLE
BIEN SAGEMENT
DES DENTS D’OGRE
DANS LEUR GUEULE
AU PIED DE LEUR CHAISE
UN CARTABLE BOURRE
DE COUP DE POING ET DE BROUILLONS
PAPA N’EST PLUS LA
ET MAMAN BOIT
CAR PAPA S’EN VA À TOUT JAMAIS
ET LAISSE LÀ SES MÔMES
SA FEMME QUI VIT UN DRAME
PAUVRE FEMME QUI DE DÉSESPOIR
VA SE DONNER TOUTE CRUE
À SES ENFANTS
BRAVE FEMME
QUI LES VOIT MANGER
EN MOURANT

PAPA N’A PLUS SON CHAR
ET MAMAN PLUS SA BASSINOIRE
PAPA A ROUÉ DE COUPS
SON CHAT
ET MAMAN SE REGARDE
DANS LE MIROIR
PAPA EST PLUS FORT QU’UNE SAUTERELLE
QU’UNE SAUTERELLE
ET MAMAN SAIT RECOUDRE LA VAISSELLE
LA VAISSELLE
COMMENT COMMENT
VOULEZ-VOUS MANGER À TABLE
SI PAPA NE TRAVAILLE PAS
ET MAMAN NE CUISINE PAS
PAS DE SOUS POUR LES ALIMENTS
DU TRAVAIL POUR PAPA
Y EN A PAS
ALORS PAS DE VIVRES POUR MAMAN
ELLE NE PEUT CUISINER
PAUVRE MAMAN

SEPTIEMES HISTOIRES

—> voir version : 1. « İl », peregrinatio, livre 4, 142. choses féminines

SNOBISME CITADIN

La vie sauvage !

cela exprime quelque chose
d’érotique
    et de primitif

La vie sauvage !

ce sont les choses de l’instinct
et ce qui est le plus vivace en nous
prenant naissance dans les couches
douillettes de peaux de bêtes
de nos ancêtres, l’amour en nous –

J’ai rêvé, l’autre nuit, de ces âges
et comment l’on pouvait être
en ces temps-là
– vêtus de peaux de bêtes
– et l’esprit encore bête
– le somme-nous encore, bête ?

J’ai rêvé, savez-vous
d’une autre vie, dans l’été
des jours sans pluie.

La vie sauvage

loin de tout, loin de nous
loin de la ville en somme
trouvant tout atroce
la lumière du feu la nuit
et la peur de l’inconnu
et comme ça, étendu
à demi nu, sur un sol
de sable et de roche dure
avec des insectes sur la peau
moustiques de minuit –
trouvant d’une chierie ! cette vie
de chasse sinon d’agonie
avec la faim journalière et la maladie
des saisons inhospitalières

Et puis Et puis, seul
avec une amitié particulière
pour une femme de hasard
la compagne familière
alors deux
sur un coin de terre
portant sans gêne, le pagne
et les seins à l’air
la vie menée avec hargne
loin de toutes frontières
sinon celle d’une mer
loin des frontières imaginaires
nées d’un esprit d’homme…

Enfin le calme ! sinon le coyote
hurlant au soir sans te voir
tu serais contre moi, dans ta peur
agrippée à mon corps, très fortement
j’aurais l’œil alerte
prêt à mordre dans un noir
inquiétant…

J’imagine l’histoire qu’aurait
apporté un vent de guerre
brisant tout en somme
laissant à nos deux vies
une chance encore
sur un sol au décor délabré
une nature mal fichue
comme seul trésor
seule nourriture, sans voiture
sans boîte à image tu vois ! ?
ni radio ondes, plus de bombes
plus de honte – un paradis dans l’enfer
où tout est à refaire – quelle misère !

Mais mon amour sera dans cette
vie sauvage, loin de toutes barrières
et mauvais présages – Il aura ton
beau visage, perlé d’eau auprès
d’une rivière sage – survivant d’une colère
imbécile, celle des hommes, futiles !
et accrochée à ton cil, la sueur d’une eau docile.

Alors je rêve, c’est bien pour apprendre
cette vie ! sans attendre qu’il soit trop tard…

Que les années me laissent les instants
de vivre ne serait-ce qu’un temps
dix jours, à nous deux, cette vie
loin de nous, loin de tout, en amoureux.

HUITIEMES HISTOIRES

DANS LE SABLE, ACCROCHÉE A UN CRABE
UNE RADIO AGONISANTE NE DIT PLUS RIEN
LA SOURCE DE SON CŒUR ÉLECTRONIQUE
A SUBI BEAUCOUP D’USURES

LA WONDER QUI NE SERT QUE SI L’ON EN USE
VA BIENTÔT NE PLUS SERVIR A RIEN – ET BIEN !

UNE PILE DANS LA NUIT QUI PLEURE
A N’EN PLUS FINIR, DIT L’HABITANT DU COIN
CE CRABE MALFAISANT…

IL A COURT-CIRCUITE SANS GÈNE AUCUNE
LES FILS CHANTANT
DANS LA CHALEUR DE LA NUIT
IL N’EN RESTE A PEU PRÈS RIEN
DE CE SON RADIOPHONIQUE
SEULEMENT DES BRUITS D’AGONIE…

RADIOPHONIQUEMENT PARLANT – SOIT DIT EN PASSANT
USUEL EST LE TEMPS ET TERRIBLEMENT CHIANTE
LA PILE S’USANT VINGT FOIS PAS AN
CE POSTE QUI LA SUCE ASSIDÛMENT
ASSEZ ! DIT LE TEMPS…

AVEZ-VOUS DÉJÀ PRÊTE L’OREILLE AUX ONDES RADIO
LES MULTIPLES QUI PASSENT DANS L’AIR, L’AIR DE RIEN !

IL S’EN PASSE DU TEMPS
PRÉLASSE – ARGENTE – DÉSARGENTÉ – ENLUMINE – INSIGNIFIANT
TERRIFIANT ! ET PUIS QUOI ENCORE ?

UNE ASSEMBLÉE HUMAINE POURRAIT EN PARLER, DISCUTER
CAUSER SACREMENT DES HEURES ET DES HEURES DURANT
EXPRIMER PLEINEMENT DES TAS D’ARGUMENTS LONGTEMPS
TOUTE LA DÉRIVE DU TEMPS
DÉLIRE QUE NOUS POSSÉDONS, LIBREMENT, ASSIDÛMENT
J’EN DIRAIS TANT, TEMPS, TAON…

Bonjour monsieur !

il était une fois un petit monsieur
tout rabougri qui matin et soir
allait et venait
toujours d’ici à là-bas
un sac à la main
un chapeau sur la tête
il marche vers son destin
inlassablement
ses pas marquent le même refrain
d’hier vers demain
il salue les marchands de la rue
en soulevant son chapeau
d’un sourire bien tenu
c’était un petit monsieur
qui marchait dans la rue…
    … le temps l’a perdu de vue !

ENTRE DEUX BOUTEILLES DE FLIPPE ET DE BOUE

Entre deux bouteilles de flippe et de boue
il y a l’hirondelle des beaux jours
que m’en souvienne à cet âge
où dans le pays j’étais
la soif m’a monté droit au nez
et c’est au café que j’ai régalé
après je suis allé me faire sauter la caboche
dans une boîte à miousique
c’était chouette c’était rock c’était slow…

Ensuite ? et bien je suis allé me coucher
ivre de sons ivre de sensations
dans les bras de Marie-Lou me suis empêtré
c’était comment vous dire ? comme un verre à pied
j’étais dans le coup
et l’idée me vint de l’embêter, Lou…
Toute la nuit on a travaillé l’idée
c’était vraiment le verre à pied.
Elle m’a appris la pratique du dé à coudre
et du genou plié…
Sur la table il n’y avait rien
et sur la chaise tous mes biens.
Elle aussi n’avait rien, seulement
une bague au doigt, on était bien
vraiment vraiment tout pour un soir
pour une fois, ce fut superbe…
J’en garde encore mémoire
ces temps on n’oublie pas surtout pas…

Ensuite ! le jour s’est levé
et le ciel m’a pris par le veston
j’étais en train de m’habiller
comme le font tous les gens bien élevés
dans nos régions…
Le jour m’a interpellé et dit, à toi :
bonjour salut, je suis le jour, tu m’as vu
aujourd’hui c’est un jour de veine dis-donc
comment te sens-tu ? Légèrement flou
mais je tiens à deux pieds debout, c’est bon
c’est bien, c’est tout…
Alors là vous me croirez si vous voulez
mais ce jour me fut d’un grand amour
les anges ne sont pas fou, ils prévoient tout
et ce jour me fut d’un grand secours…

Amarrez-vous à ma pensée et écoutez
le ciel n’a rien à rejeter et c’est tant mieux
un crâne de moins à briser…
Je dirais tout et le monde s’en fout
tant mieux… Écoute, je vais tout dire :

Un soldat creux est venu au matin
me prendre et me mener où je ne veux pas aller
je lui ai dit, je l’ai convaincu
et il m’a offert un pot
depuis, il n’est plus un salop, c’est beau non ? …

J’ai marché dans la ville, très anonyme
avec un cure-dent entre les dents
j’avais dîner avant voilà tout…
Et le long des rues, des personnes m’ont vu
je les ai vues aussi, nous étions quittes
et chacun allait où il devait aller…
j’ai croisé un accident classique, entre deux autos
un gosse la gueule enfarinée, le reste n’est pas à dire…

Plus loin, j’ai croisé une fille superbe
l’envie de sourire m’a pris, elle aussi
mais cela n’a pas été plus loin, dommage !…
mais reprenons notre chemin

un deux trois j’ai peur de rien
un deux trois je croise un chien
un deux trois je traverse et bien
un deux trois de l’autre côté tiens !

Je croise la manifestation du jour
propos mondains aux alentours
le quartier n’abrite pas n’importe quoi
des gens ont du bien ici, l’endroit craint
les coffres sont pleins…
enfin enfin, pour une fois je ne dis rien
et passe mon chemin, l’air de rien…

un deux trois encore une fois, j’arrive sur la place
place des glaces, chaud dehors, vanille framboise
je lèche, j’adore ! trois francs, je paye sans retard…

Maintenant je peux dire, le spectacle commence
ouvrez les oreilles et déridez les yeux…

(Tu parles ! les gens sont sourds, il faudra crier fort totor !)

NEUVIEME CHANTABLE

Il est des gens
qui n’ont de raison
que leur parole remise au lendemain

il est des gens
qui rêvent en chanson
de leurs seuls plaisirs souverains

il est des gens
dont la fatigue princière
excuse la promesse de venir

il est des gens
même avec prière
ne comprennent pas ce qu’on veut leur dire

il est de ces gens
quant don les aime
font tout pour casser de la chaîne un maillon

il est de ces gens
qu’on affole pour un rien
ils ont peur de perdre tout à la fin

il est de ces gens
qui ne disent rien
quand vous leur demandez chemin

il est des gens
qu’on ne sait aborder
sans de vous faire un crétin

il est des gens
même si vous êtes un de ces déportés
de la malchance, vous cassent les reins

il est de ces gens !
et n’en savent rien…
ils vous font mal pour ne pas avoir mal

il est de ces gens
égoïstes pour vivre bien
qui n’hésitent pas à vous mettre au linge sale

il est des gens
qui vous piquent le cœur
avec un pieu à deux mains

il est de ces gens
quand vous leur demandez
même peu de choses qui écrivent déjà leur testament

il est de ces gens
qui passent avec le temps
dont je ne comprends pas l’esprit…
                          … je ne sais pourquoi ?

Je suis le boudoir
de mademoiselle
la coupe à confidence
le repose pensée
de mademoiselle
je me dois à son existence

au service
de mademoiselle
je suis son
humble larbin
tous ses besoins
je dois les combler
sans rechigner

ma vie n’est
pas un enfer
même pas une
une misère
et pas à pas
je me sens venir
une envie à n’y plus tenir

oh mademoiselle
je me vis
à votre perchoir
auprès de vous
pouvant m’y asseoir
et pour vous dire
que je suis bien avec vous

mais mon rang
m’y interdit
je suis larbin
et c’est tout
même si je suis
amoureux de vous
mes atouts sont petits.

j’ai écris cette chanson
dans un soir funèbre
où j’ai vu mourir
un petit chat mignon
et depuis j’ai comme
une image qui traîne
dans la tête
celle de cet enfant chaton
mort à l’abandon
cette image qui traîne
dans sa mémoire blême
à cause de cette femme
qui sans façon
m’a donné l’enfant
déjà mort dans sa raison

Puisque c’est l’histoire
qui veut ça
moi je n’y peux rien
c’est comme ça

puisqu’il faut
mourir un jour
pourquoi ne pas
mourir ce jour
au lieu de remettre ça
sans cesse à l’autre jour
celui-là qui sera le bon
pour mourir d’amour

alors

puisque c’est l’histoire
qui veut ça
moi je n’y peux rien
c’est comme ça

puisqu’il faut
mourir un jour
pourquoi ne pas
mourir ce jour-là
qui est bien le bon
d’un mal d’amour
pas si dur que ça.

La tendresse
a des mœurs
bien bizarres
ce n’est pas
sa moindre tare
pour une fois
que j’y jette
un regard
de bonne foi
il me reste
les miettes d’un soir
quelle histoire !

La tendresse
est une nurse
permise aux grands
qui vous montre
les fesses en grand
quand sans honte
il n’y a pas
autre chose
à montrer, et voit
sa porte close
quand elle regarde
presser les cons
qui oublient son nom

La tendresse
vous caresse
ah le cœur
et puis le reste
même si ce n’est
pas l’heure
vous fait la fête
et sûr ! elle plaît
moi je sais bien
que vous lui offrez
des couplets entiers
en y pensant.

La tendresse
une paresse ?
une vaurien ?
on ne sait pas bien
qui se prostitue
comme ça
au coin des rues
et elle vous a plu
y’a pas qu’aux rois
qu’elle dévoile ses vertus
même au son
d’un accordéon
quand elle veut baiser
au fond
qui dirait non ?

DIXIEMES

VIEILLES HISTOIRES

– Il était un roi :

– le roi fit faire un château
le temps d’exil n’était pas
il inonda de sa présence ses badauds
il était venu d’on ne sait pas !

– Sa robe représentait son esprit
riche d’idées dignes d’un roi
fier il montrait son pays
le temps pourtant changea sa foi
        
        il était le roi régnant
        le temps d’exil n’était pas
        il était venu d’on ne sait pas !

– Il devint de ces hommes qui ont trahi
on eut assez de sa présence
on lui donna le choix convenu
de partir ou changer de sens
il était têtu il advint ce qu’il fallut

        il était toujours le roi régnant
        le temps d’exil arrive pourtant    
        il était venu d’on en sait pas !

– Une fête fut elle devint tradition
et toujours il y a roi sur d’autres gens
et toujours le temps le temps de raison
empêchera les personnages gênants
de tourner en rond de vivre bon !

        il était du temps des rois
        le temps d’exil emporte les imposteurs
        ils étaient venus d’on ne sait pas…

Paroles d’Argotine

        Il y avait aux soirs
        sous les rayons infimes
        une couleur en florentine
        de pétales et feuilles rares

        Une sorte de vieille brume
        un rostre, chien de garde
        au poste le tient, il regarde
        sans peine, il assume…

ARGOTINE :

Dans ma royauté, au pays né
j’ai perdu ma loyauté, au fil des années.
Les bourgeois m’ont ôté le sou
les larbins du roi m’ont dépouillé de tout.

        Il y avait dans le noir
        sous des haillons déteints
        un ouvrage en florentin
        de feuilles en talle d’art

        Une sorte d’œuvre austère
        cerclée d’Arrar et couverte de fer
        supporte les règles du temple
        et décrit le règne des disciples.

ARGOTINE :

L’ouvrage préservé des infidèles
sous l’œil vigilant du gardien
s’engorge de poussière et déteint
sous les lueurs rayonnantes du soleil.

        Les disciples m’ont promis
        de hautes valeurs, sans frayeur
        ils fusaient d’esprit
        fiers, sérieux comme les bayeurs

        ces orateurs du temps à venir
        conteurs ultimes épris d’audace !
        Je devais à leurs dires
        croire en leur vérité sans menace.

ARGOTINE :

Dans la royauté, au pays ailé
soumis aux valeurs de l’ouvrage florentin
j’ai trouvé des roues à l’allure pressée
qui m’ont porté au-dehors de ce pays zélé…

ONZIEME HISTOIRE

PROPOS DANGEREUX TRES NAIVEMENT DIT

J’ai vu des cœurs déchirés
s’effondrer dans la nuit, épuisés !
leurs mains disparaître sous leurs eaux
de larmes et de sueurs brisées par la faux
libérant ces désespoirs qu’on ne comprend pas
et pire qu’une outre submergent vos pas
et même sous le vent ne s’assèchent pas…
à trop les voir mon cœur n’en pouvait plus
Et quoi faire quand sous mes yeux ils passent dans la rue
une loque sur le dos se souvent les pieds nus
dans la rue de mes pensées ils crèvent à la faim !
vous souvenez-vous enfin de ces temps très malins
où le froid et la guerre gelaient vos mains
croupis dans un coin de terre à l’abri de l’enfer…
vous vivez encore parents d’avant-hier et d’hier
témoins rescapés des deux grandes guerres
car savez-vous de ces moments de colères
il en reste sur terre, présents à leur manière
et font piteux des sortes de mondes effarés
que vous étiez hier sans cesse égarés par une bombe
ils acceptent encore en criant à la vie dépravée
le fric qui rend fou, comme pour vous, c’est toute une vie
une carotte tendue toute au long de l’existence…

J’ai vu des cœurs déchirés
s’effondrer dans la nuit, épuisés !
qu’on ramasse au matin sans pleur et sans rien
pour les mettre au tombeau commun où personne ne vient
emmenés dans une charrette de sapin croisant au loin
la rolls d’un riche assassin faisant une croix sur son calepin
« encore un de moins à nourrir pour rien »
dit-il d’un air serein ce matin…
car ne nous leurrons pas si nous allons en guerre
sur l’ordre d’un de ces malins
c’est pour épuiser les stocks de munitions
qu’ils nous ont fait construire à deux mains
et s’enrichir pour demain, heureux du butin
gagné dans les ventes d’armes faites sur nos reins…
incapables de nous unir pour rosser ces coquins
nous les laissons violer nos filles, de peur q’un de leurs larbins
homme de loi, agent ou soldat vienne nous casser les reins
plus encore que le travail de demain…
mais quand donc cessera cet affront ! ?
ils savent nous prendre nos révolutions
l’histoire nous donna cette leçon
car nous crions de rage sans trop d’union…

HOMMES DEGAINES PASSIONS SCANDALES PORNO ETC…

Cet homme qui crie
qui ment qui pleure
et qui bois…
il n’accepte par l’erreur, la faille
il n’accepte pas autre que sa pensée
un chou est un chou
c’est un râle, c’est un mâle
criard, aux abois, le client est roi !
je n’accepte pas que l’on souille cette loi
il hausse la voix, monte le ton
le thon au naturel
perlin pin pin et ribambelle

la voix forte se veut autoritaire
cet homme qui crie
qui ment qui pleure
il n’accepte pas l’erreur, la faille
il vit d’absolu
d’absolument impérativement
comme il faut, ce doit être fait
il vit la guerre, sa menace, être le chef
c’est ainsi, faite ceci, je le veux !
stop ! c’est tout, un verre d’alcool sur la table.

Litanie pour un verre
d’alcool pas encore bu
mais qui le sera bientôt
c’est déjà trop en dire
Aujourd’hui je me…

JEU
Jeu de la vie
jeu à la mort
jeu sans espoir
tu me prends pour
une poire

jeu à la vie
jeu de la mort
jeu du plus fou
jeu partout partout
jeu z’a tout tout
tout et tout

jeu jeu je dis jeu
jeu c’est tout vous ça
jeu d’amour
vous fait la cour
jeu paisible et terrible
tout autour de la vie

jeu jeu à n’en plus finir
je ne veux pas
être dupe
jeu du plus fort
    du plus fou
    du plus mieux
histoire d’être dans le ton
d’un ton très naturel
tra la la et ritournelle

jeu au-delà du réel
il pleure sous d’autres yeux
et l’on fait la sourde oreille
jeu de l’animal qui dit :
c’est comme ça
le plus fort gagne
à tous les coups

jeu de l’homme certain
homme convaincu
assuré de son destin
et veut gagner
ce grand gagneur !
tapi dans l’ombre
jeu de malin
jeu de couillon
l’est certain
ce jeu de crétin

jeu ?
n’en a que faire
le temps
à force…
de l’homme
con
vaincu…

                LA REGLE DU JEU
                JEU
                LA MORT POUR LA VIE
                DE LA VIE A LA MORT
                T’AS PAS TORT TOTOR !

DOUZIEMES HISTOIRES

HISTOIRE DE BOMBE

Malgré ce qu’on peut leur dire
ils n’écoutent pas.

Faut pas faire joujou avec
les bombes Atomiques
ça donne la colique
ça rend excentrique
et puis ça pique !
ça donne des tiques…

Mais non ! ne l’écoutez pas
il dit des n’importe quoi
une bombe c’est méchant
ça tue les gens
ça a du tranchant
ça se prend avec des gants
avec soin
et puis on laisse tomber
et puis on attend
et puis ça fait boum !
et tout est détruit…
la bombe c’est méchant !

Cet abruti prétend que je dis
des n’importe quoi
mais il se prend pour le roi !
ses arguments n’ont pas de poids
écoutez-moi plutôt
c’est moi l’ héros
qui sait ce qu’il faut :
la bombe, d’abord, c’est gros
ça sert à tuer les salops
ça n’a qu’un argument
« tais-toi ou j’éclate ! »
et cela fait réfléchir devant…

Et des fois que ça rate ? !

L’argument ?

Oui l’argument, justement là ! hein
ah j’vous tiens là hein…

Y’aurait comme un défaut
à ce moment-là
et d’la force de dissuasion
y’en aura plus
y’faudra r’prendre le sac des combats
se battre comme autrefois
si nous sommes encore là
en avant ! pour une nouvelle fois…

Mais y’en aura bien une
qui ira en l’air
pour faire pif paf
r’tombée par terre… hé hé

Dans les ménages
y’a des ravages
du genre commérages…

Des fois qu’elle pète
quant même !
c’est lourd ces engins-là
ça s’manie pas comme les lois
on leur fait pas dire c’qu’on veut
ça n’a qu’une idée c’truc-là
c’est boum ! voilà…

Allons messieurs, du calme !
comment pouvez-vous imaginer
un seul instant
qu’on la fasse tomber
soyons raisonnables dans nos arguments
l’homme a toujours voulu la paix
seulement voilà, il n’a jamais été d’accord
sur le choix d’une paix
du moins, la paix des autres
gênait à certains
d’où les bombes pour changer la paix
à tour de mains…
Aujourd’hui, dieu nous garde
les paix sont à armes égales
entre les uns et les autres.
Et puis enfin quoi, la bombe
si grand puisse être son H
raisonne l’esprit
et lui dit de prendre bien garde contre l’ennemi
l’ampleur des dégâts envisagés par la bombe
donne à réfléchir
c’est bien ce que nous faisons
nous faisons attention
voilà tout ! tout est dit !

Oui mais !…

Ah bien sûr, avec des oui mais
on peut en dire et redire des choses.
Il ne faut s’en tenir qu’à une seule chose
et c’est bien la chose que je viens de vous exprimer
voilà, c’est terminé…
Oui mais !… Ah non !! …

Laissez-moi parler enfin !!!
mais voyons, enfin quoi… des fois que…
on ne sait jamais
y’en a tellement
qu’faudra bien qu’ça tombe
un jour ou deux…

Pourquoi deux ?     J’en sais rien !
                y’en a tellement…

dis ! tu sais toi là-haut ?

Alors, ils tournent tous leur regard vers le ciel
le regard interrogateur
le regard appuyé sur un détonateur…

Moralité

Bref, les mots servent à exprimer un peu toutes sortes
de choses, n’importe quoi, et ce que l’on veut bien
leur faire dire par-dessus ce que l’on voudrait bien taire :
le bruit de la chute !…

TREIZIEMES HISTOIRES

Elle le regarde le trouvant
des plus cons cet homme la fixant
de ses yeux ronds tous rouges de sang
il bande nom de nom et pense à son sexe
cette fille au coin d’un porte
prostituée de midi qui se vend
en quelque sorte, obsédant cet homme
tout bouillonnant, la gueule bonne à faire peur
qui de la foule s’est détaché
passant s’arrêtant devant cette fille
aux jambes nues…
l’homme n’y tenait plus
va-t-il se l’offrir cette femme qui se prostitue
dans un coin de la rue, en plein jour
un homme l’a vu…
qui parle d’amour quand les instincts s’ingénient
à coup de fric, à coup de filles nues
de posséder l’esprit d’un homme qui sue
la sueur des orgasmes imprévus
comme un chien sautant sur une chienne
une chienne monnaye cette entrevue
avec l’obsédé qui n’en pouvait plus…
le sexe se vend dans la rue, au plus offrant

Écoutez le passant qui s’arrête dans la rue
c’est un taureau qui souffle, il voit l’objet de ses désirs
les plus intimes… est-il ému ?, probablement
voyez comme il souffle, il sue et bande déjà
dans son froc qui pue la chair amère de l’âge
cet homme ruminant, aux yeux très entreprenants
battant, criant : la salope, la salope, la salope !

Cette femme a deux mille ans
malgré ses vingt ans
elle endosse la couleur du temps
d’une façon admirable
et c’est son règne
intransigeant
qui sur la rive
d’un moment
m’a donné un
coup de vent
passant très fort
entre les cheveux
du corps
un frisson
alors
m’a
ouvert
les yeux…

Cette femme
à bien cet âge
deux mille ans d’humanité
et qu’elle surnage avec insouciance
et courage…
Dès ses premiers yeux
entrevus
je n’eus qu’un
respect à sa
vue.

C’EST UNE FILLE DE GRANDE ENJAMBEE
JE VEUX DIRE PAR LA SA GRANDEUR
ET SON ESPRIT QUI COURE SANS S’ARRETER
ET QUE SON CHARME LUI AMENE TANT D’AMANTS
QU’IL DEVIENT INUTILDE DE LES DENOMBRER
C’EST QU’ELLE LES ATTIRENT DANS SA TOILE
COMME UNE ARAIGNE SA PROIE SES ADORES
ELLE LES EMBAUMENT ET LES TENTENT
ET RIEN N’EST PRELATE
ALORS IMAGINEZ QUE DE CETTE VIE LA
SOUDAIN IL N’EN RESTE PLUS RIEN
QUE DE SES AMANTS PLUS AUCUN NE VIENT
VOUS LA VERREZ ALORS S’EFFONDRER PEU A PEU
DANS LE DESORDRE ET L’INCERTAIN
VOUS LA VERRIEZ COURIR SANS SAVOIR OU ALLER
PERDANT TOUR A TOUR LE NORD ET LA VIE.

L’affreux sentiment de n’avoir
rien dit
seulement, seulement un long discours
de mots creux
creux comme le gouffre
creux d’un insoutenable vide noir
l’affreux sentiment éjecte autant
d’idées noires
la cervelle semble vide
elle possède
des fragments de rouge et de noir
les nuances du drame du sang et du deuil
la folie remonte vers les idées noires
et sans les atteindre
couche auprès
sans un râle sans murmure sans gêne
et puis quoi d’autre encore
tu nous laisses là stupide
ignorant
et ardent d’une copieuse envie de tout jeter
prendre et laisser tomber
saisir et tout lâcher
cela est très net dans ton regard
et la folie nous guette
et la folie c’est la peste
la peste des fiévreux des errants des souffrants
le crâne est en alerte
la soif nous monte
et prend de l’haleine
et le crâne oriente les yeux
et le crâne devient très capricieux
une machine sans silence qui frôle la musique
celle des cours de jadis où les rois en robe
vous montraient le chemin du devoir
et les droits du souverain
l’affreux sentiment que tout bouleverse
la houle studieuse des foules
les cris les rires
la honte ou alors tout le contraire ou alors
le très grand vide du gouffre
tout ce qui s’appelle rien !
le néant et l’esprit écorché vif
un soleil au-dedans
qui pète et s’enflamme
j’aurais dit :
sa couleur n’a pas d’âme
n’en faisons pas un drame,
mais c’est trop facile c’est trop emprunté de passer ça !
alors quoi donc faire d’autre il y en a qui construisent
des romans des édifices des histoires des machines
des ponts et des mémoires pour passer à l’abri
se souvenir aimer et fabriquer de drôles de choses
ah vraiment, j’ai l’esprit en redingote j’attends mon prix
parce que j’ai bien dit en un fouillis de mots quelques dérives  
de la langue…


écono tes larmo chou
y vont te mettre à la mou
dans les bras de l’amour vert michu
à demi nu
sur ont front comme l’automne…
arrosé avec une pomme
me sens-tu mal où
le sais-tu t’amour ma nue
est si venu pour toujours

les jours z’a bout mi nu
z’est donc toujours
les grands amours vert michu
qui seul au soleil s’éton
si beau ma nue
si ro ta vue
oh que u
en ce temps d’amour si beau si cru