(d’après manuscrit graphique original –
des images pleines de rien, 4 mars 1995)

 

Beau Bateau sur l’eau
fait des ronds dans l’eau
quand ne sait où ?
où aller ?     
Beau Bateau sur l’eau
fait des ronds dans l’eau
quand ne sait où ?
patauger, le capt’ s’est noyé
c’est triste non

C’est fou comme les téléviseurs interdisent toutes pensées,
ils attisent les regards et occultent le dire,
je pensais à cela juste avant d’écrire ces quelques lignes…
Une autre façon d’occuper l’esprit.

Finalement, la pensée est trop vive, elle use le corps si l’on y prend garde, plus vite que toutes taches, plus vite que le hasard qui mène nos vies… C’est très dégueulasse,
c’est des forces qui demandent trop d’effort…
Ils appellent ça
« de la sagesse, de la conscience, de la profondeur d’esprit »,
ça rend très vaniteux aussi.

Quand je fais le point
je n’existe plus, ah !
Comment donc sortir de là
de ces travaillantes idées,
du boulot bien gagné et des rêves envolés
les miens parfois si beaux
le temps me les a emportés
je n’existe plus, ah !

Ces beaux messieurs encravatés
me soufflent dans le nez
des arranges morveuses,
ah ! l’esprit est bien faible
j’ai du dédain, du déplaisir, de la croupitude et
des vomissures de mots à dégueuler
sans paresse
c’est bien moi ça… ah lala !

Rien à dire
C’est terrible cet instant de la page absente au-dedans de soit
rien de rien ah lala, ben voyons voir où chercher quelques idées ?
Ah tiens voilà
c’est ça dodo tien
très bonne idée…

J’ai dessiné un jour des armes
la guerre, le combat… enfin
de toutes les formes de la haine et des violences
j’avais en ce temps-là, le dessin facile

L’homme historique m’a dit
comme ça ! un jour :

« j’ai vu mille fois s’embraser le monde de guerres inutiles et sans raison »
« sinon le pouvoir sans cesse à conquérir… »

Les hommes, moi, mon chien aveugle, ma femme d’hier, mes amis sans rien, la fille dans la rue, le sang des bouchers, les télés déboussolées, les bizness man, les contractuelles, les peuples idiots que l’on assiste pour un rien, la foule fanatique, la chouette du soir que j’ai tapé avec une auto, l’errance de mes nuits blanches, tous les massacres et notre histoire,
me font de la peine…

La rage
fait des carnages
et
casse tout
ouah ! ouah ! dit le vent
qui entre devant
quand pousse
la porte
l’errant venant
du dehors
et puis
encore des mots
des mots, des mots…

« Les hommes sont fous ! »
« il faut leur pardonner ! »

On a dit ça
et cela se dit depuis longtemps,
dans une certaine religion faite
que de pardons
et c’est à peu près tout ce qu’ils leur restent ici-bas

de ma fenêtre
En ces temps de bravoure
j’ai passé mes instants à m’user dans la réfléchissance
de mes maints propos
de mes mille et mille sornettes
de mes sacs et besaces trop lourdes pour voyager alerte et léger.
J’ai trop emporté, j’ai trop pris du savoir et des paperasses dans la grande ville.     

J’ai usé mes fesses et la rampe de mes pieds dans des livres et des papiers de presse. Entortillant les libraires dans mes recherches pour un p’tit bout d’texte, une belle page, un bon format, une orange bien nette, sur le dessin sans bavure ni de gras – une belle page bien nette ! où d’un coup d’œil j’entends me lire la voix d’un honnête…
s’t’homme qu’a écrit à l’imprimeur c’t’es mots que je pèse et repèse pour m’assurer d’leur bonne substance, des fois qu’y’aurai une erreur !

Faudrait la lire, puis la dire et puis lui écrire à c’t’homme qui l’ignore.

J’y pense savez-vous à c’te problème insignifiant de temps
        à certains temps…

Je voulais parler du doute, ce sujet était dans mes idées, à cette époque.

Que la perception du monde environnant et des idées des autres, mes semblables, aux avis très tranchés, à la critique facile — enfin — cette société, comme l’on dit ou le goût de l’ordre du règlement me semble des plus douteux.

Bref ! j’attends d’avoir l’esprit clair pour exprimer la chose moins confusément…

Il y a une distance
parfois énorme entre la
pensée et les actes.

Je voudrais écrire cette
histoire d’homme où
sans cesse une pensée
juge en conscience les
actes du corps.

À chaque instant de la
vie, une pensée s’élève,
se voile et passe…

› Rien à dire ? D’accord ! Un art qui n’a rien à dire !

› Mais est-ce de l’art, quand on n’a rien à dire ?

› Oh, laissez les zommes s’empêtrer dans ces prétentions, ils s’imaginent… en haut des cimes…