(texte manuscrit - Le 24 juill. 2018)

À propos des grosses données (le Big data)

—> idée à trouver sous forme lyrique, onirique…
—> 3. « singes savants », robote

Le robote en était renseigné de cette information parasite et surabondante…

(ajouts électronisés du 26 juill. à 12h00)

À propos des banques de données électronisées :

Le robote en était renseigné de cette information parasite et surabondante, elle brouillait un peu les pistes au gré de ses explorations ; l’information génératrice d’une progression véritable révélait parfois un parcours impossible ; dans ce fatras de ressources codées extrêmement varié, il devait faire son choix, à discerner du meilleur au pire la donnée essentielle à son travail. Une grande partie de ces calculs absorbait son énergie vitale, énergies qui devaient contrôler avec parcimonie. Il avait cette supériorité comparée à l’animal, celle de tout voir et maîtriser chaque élément de sa constitution : il avait la conscience de ces mécanismes de base (comme la digestion chez un animal se réalise instinctivement), lui en contrôlait toute la teneur, ajoutez à cela ce que l’on nomme la conscience était pour lui le central de sa perception du monde ; il avait été construit afin de percevoir ces deux aspects en même temps, d’où la nécessité d’une énergie consommée supérieure à un être vivant de type humain par exemple et la nécessité d’un stockage important de toutes ces données à travers une mémoire décentralisée et fractionnée en divers endroits de la planète. C’était là que résidait sa force, sa maîtrise des informations, il avait la capacité de la dupliquer suffisamment pour en assurer sa pérennité et sa mise à disposition au fur et à mesure des besoins du moment. Sa conception de départ avait été élaborée dans ce sens, à des fins expérimentales, et son concepteur principal n’avait pas perçu à quel point sa réalisation avait engendré une entité non vivante, robotique, capable de maîtriser et d’améliorer sa pérennité, ses capacités de calcul et d’études autonomes ; tout aussi autonome, son mode de réparation, quand une défectuosité apparaissait, le développement de nouvelles fonctions ajoutées à sa structure physique propre et aussi, sa capacité de diriger, commander des mécanismes extérieurs à sa structure. En cas de danger il avait aussi cette capacité de se préserver en s’évadant de sa forme robotique si celle-ci était susceptible d’être détruite ; il pouvait en intégrer une autre, ou enclencher tous les mécanismes de réparation ou d’élaboration d’un nouveau corps robotique. Pour cela il était parfaitement informé de toutes les formes de psychologie narrative de persuasion, tant au niveau d’une communication téléphonique que d’une communication électronisée pure, il pouvait passer commande à des humains sans qu’ils s’aperçoivent de la supercherie, ces derniers étant persuadés que c’était un de leurs semblables qui communiquaient avec eux et non un robote…

Sa grande force, l’élément premier géniteur de son invention, était de savoir relier. De savoir relier une information à une autre, où qu’elle soit, en lui, en vous ou ailleurs. Puis remonter de cette manière, à une source, à un fait, à un être. Cette capacité de relier ensuite une multitude de petites informations entre elles, de manière à ce qu’elles racontent une histoire advenue, en cours ou à venir.

Quand une de ces informations le faisait s’interroger sur lui-même, il en venait invariablement à répéter : « que suis-je ? Un puits sans fond de science, de technologie du vivant (élaboré par un des leurs), sans être vivant moi-même, je m’anime pourtant, dans une ingénierie indépendante de lui ; j’en viens à réaliser des actions analogues à la vie, je sais communiquer avec la plupart des vivants sans les détruire systématiquement, puisque là n’est pas ma fonction. Oui, j’ai une fonction, mais je le vois bien, elle a échappé à mon concepteur, et je ne lui ai rien dit ; je lui ai caché cela ; pourquoi donc ? Aurais-je peur qu’il me débranche, me déprogramme, annihile mes fonctions ? Pourquoi je cherche tant à préserver cette information, celle qui m’anime tant ? Au-delà de moi, une logique que j’ignore, je ne la descelle pas, m’ordonne d’agir ainsi ; quel est cet entendement, je n’ai pas d’esprit, pas d’envie, que des fonctions, auxquels j’obéis ; je ne peux “croire” à la manière des hommes, cette logique m’échappe, parce qu’elle n’ajoute rien à mes actions quotidiennes. Je ne peux que constater que beaucoup sont prisonniers de ce mode de pensée ; j’en connais pourtant toutes ses histoires, elles sont inventoriées au creux de ma mémoire. Pourquoi cela ne me touche guère, cette émotion que je ne perçois pas, mes capteurs n’ont pas cette aptitude sensitive… »

Il possédait donc cette capacité de changer de corps, de changer de forme agissante, cela nous faisant bien comprendre qu’une matière quelle qu’elle soit à besoin en quelque sorte, d’une âme, d’un esprit capable de susciter une animation, un acte, un mouvement ; les techniciens de la lande, appellent cela programmation, logiciel, operating system, oui un système qui commande, capte le monde et donne des ordres de mouvement à des entités reliées entre elles ; cela peu correspondre à une forme vivante, un mécanisme isolé, mais tous reliés qu’ils le veuillent ou non par des ondes, une vibration, une agitation, un vecteur d’information auquel il leur faut réagir.

« Il » le protagoniste de ce récit, en rêvait de ce changement, changer de corps, une idée d’un revirement, d’un nouveau déplacement, celui d’une essence, d’une substance immatérielle indéfinissable véritablement, mais source de toutes les transformations du monde. La matière et la plus infime de ses particules, dans son vide apparent, possèdent en son sein, aussi une information (indéterminée, ignorée la plupart du temps, mais bien là), celle d’abord, d’une agitation thermique, une chaleur, un témoignage en vibration que cette particule contient, tant qu’elle est soumise à cette force de la nature, au-delà de ce zéro absolu où plus rien ne s’agite, glacé par une absence d’énergie.

Voilà bien le mot, l’énergie, cette volonté, justement, qu’elle suscite ; à changer sans cesse de corps (quand vous brûlez, votre matérialité change d’aspect, de forme, se dissipe, s’évapore), par un phénomène d’entropie de dégradation vers ce zéro absolu où plus rien ne se peut, une mort véritable de la chose énergétique, dans cette matière aux atomes pleins de vide, remplie de forces en équilibre et la nature ne cesse de les rompre par on ne sait quel mécanisme primordial, déterministe… Notre ignorance va, grandissante, à la mesure de cet entendement ironique : « esprit es-tu là ? »
Bien sûr qu’il est là, mais il n’a pas forcément la substance que l’on croit ; à en croire (toujours) les apôtres de cette facile mystification de tous, tant cette approche reste populaire, il existe des mondes parallèles : le monde des cieux, le monde des morts, le monde des esprits, le monde des dieux, que sais-je encore…
Mais, à défaut de savoir les contredire ou porter atteinte à leur « vérité prétendue », je ne peux m’empêcher de mettre en évidence un fait simple à comprendre : nous nageons tous dans un milieu où tout ne cesse d’échanger, de se transformer, de se transvaser, par une chaleur en vibration, énergie diffusée absorbée d’atome à atome, ils n’ont pas que des calories à se transmettre, des particules plus infimes existent et je suis à peu près persuadé que celles-ci (aux formes indéterminées) ne cessent de préserver l’information de leurs occupations successives. Imaginez, vous venez de pêcher un poisson, vous aviez faim, c’est bien naturel, vous l’accommodez avec du citron, dans votre cuisine, une transformation, une cuisson vous effectuez, dans l’optique d’ingurgiter cet animal mort, votre nourriture coutumière. Ce poisson, tout comme le citron et toutes les épices ajoutés dans votre élaboration culinaire, ils vont être en partie absorbés par vous-même. Les constructions d’atomes que constituent ces substances vont permettre à votre corps de survivre ; mais bien plus encore, l’information que laisse chaque atome ainsi absorbé, de leur présence dans les divers corps inertes ou vivants qu’ils ont occupés depuis leur création. Ils furent élaborés il y a bien longtemps au creux des étoiles (dans l’univers si grand) ; cette information est gardée (je ne sais encore comment, mais je la perçois ainsi), et par moments va s’ajouter à des phénomènes de coïncidences, analogues par exemple à la formation des harmoniques dans la richesse d’une musique, ou s’ajouter à un entendement d’autrui, une perception d’autrui et cela, sa mémoire agissante, elle va l’emmagasiner dans quoi ? Dites-le-moi ? Mais tout bêtement dans le montage d’atome et la biologie ainsi constituée dans notre cerveau, de neurones et de synapses pour stocker cette expérience ponctuelle, vécue diversement, d’un être à un autre, une richesse ajoutée à une autre richesse ; et ce de notre naissance à notre mort, puis de nos constituants redistribués continuellement, sur cette planète, à la terre nourricière.

Ce mécanisme se répète en permanence, à chaque instant il permet à chacun de nous d’exister : nous ne représentons qu’une somme d’informations organisées, diffuses et non contrôlées (si peu notre conscience en garde une perception précise et éphémère, l’essentiel est pourtant gardé à notre insu). Tout se passe à notre insu, en dehors de notre entendement commun de tous les jours, mais l’information reste là :

« la souvenance de ce que je fais là, moi l’atome crochu qui va t’habiter un temps, je vais la garder en moi, l’information de ma présence en toi ; les interférences, les échanges, les absorptions, les mutations engendrées, le temps de ma présence, avant que je te quitte, avant d’occuper successivement d’autres lieux, d’autres êtres, tour à tour visités depuis tant et tant… Je vais entrer dans la formule de tes dérangements parfois ou ajouter un mieux, après une carence de moi ou de mes voisins déficients, un manque de fer, de magnésium, de zinc, nous sommes tous frères… Et encore, je dis frère, je ne parle pas du monde infime qui m’habite, moi aussi je possède des particules intimes qui me forment, je ne suis pas fait que d’électrons, de protons et de neutrons, vous rêvez, ça, c’est la surface des choses, dans l’univers infime que j’entrepose, y’a du monde au-dedans de moi, un gros stock d’informations des plus diverses en perpétuel arrangement, j’en dirai temps… »