(parole en marchant – 10 mai 2018 à 16h26)
—> 2. « petit chemin » :
Ces traces rouges sur les arbres & racontements d’une colère aussi…
Sur la… dans la forêt, sur les arbres ces traces rouges, ces barres qui indique, soit rouge, soit jaune, soit blanche, soit bleue, la manière dont on coupera ou ne coupera pas cet arbre, ce que l’on autorise, ce que l’on interdit, on marque ces êtres comme du bétail (on a élagué tout autour d’eux pour facilité leur assassinat mercantile) ; l’indécence de nos comportements avec tout cet attirail, indécence des traces laissées, de (sur) celui qu’on abattra, de celui qu’on laissera un peu un temps (les arbres ici imposent un silence anthume lugubre, l’ambiance n’est pas à la fête) ; camp de concentration sur pied, la forêt que l’on s’est octroyée, un champ de bataille inerte ou le plus volubile le plus mobile emporte le tout ; qui, au bout du compte, aura raison sur l’autre, celui qui reste sur place ou celui qui bouge tant, je me pose cette question, au fil du temps ; cet endroit est intéressant (pour montrer cet usage d’une exploitation…), il montre de futurs cadavres encore sur pied, d’au moins (même pas) quelques siècles de ces êtres qu’on laissa tranquilles, tenter une harmonie locale que l’on verra (se) distendre, cela se voit, eh vous n’en avez pas le temps que déjà l’on vous abat, ou l’on vous abattra prochainement, je trouve stupide cet entendement et je n’y comprends rien à vos détournements… et le silence. Le silence… je vous entends murmurer (rouge) ou geindre sourdement lentement comme un grognement indistinct à nos oreilles dépourvues de ce sens que vous avez, de prendre racine au sol (pour) des nutriments, et vos informations (de ce sol) nous semblent inutiles, et pourtant, pourtant…
(parole en marchant – 10 mai 2018 à 16h30)
Ici, le chiffre trois sur le tronc d’un Chêne, couleur jaune fluo, tu es le troisième dans l’ordre qu’ils ont donné, mon pauvre ami, je te dis adieu… peux rien faire ; c’est curieux cet entendement, comme une fin du monde ou une fin d’un monde annoncé où je ne sais quels tourments viennent s’ajouter à mon entendement ; là sur l’arbre à côté, le même chiffre trois, mais en rouge ; il y a une guerre de trois qui s’annonce ici, entre deux êtres (entre des formes ligneuses et des formes qui me ressemblent) ; que veulent-ils dire ces signes cabalistiques, un bûcheron vous le dira ; je disais comme une fin du monde annoncé, curieux cet entendement que j’y trouve à travers le sein (de cette forêt menacée), l’essence des quelques sens qui me reste… (bruits de pas et chants d’oiseaux)…
(parole en marchant – 10 mai 2018 à 16h36)
C’est curieux, cet endroit est à la fois triste et beau, ces arbres que l’on a marqués tous, pas un sans une marque, sauf le petit malingre que l’on oubliera ou écrasera sans même le couper (aucune cérémonie d’un respect, d’un pacte bien entendu, aucun merci, après s’être servi, rien que du dédain…) ; cet endroit est triste et beau, un silence teinté des chants des oiseaux, une future hécatombe annoncée où le balancement des fougères le long des allées et entre les arbres, donnent un mouvement monotone à ce silence qui détonne ; ici le chiffre deux, couleur jaune fluo sur cet arbre, serait-ce la deuxième parcelle, le deuxième lot que l’on va découper… Cet endroit est triste et… je suis triste… Écoutez en silence ces êtres qui attendent leur fin ; c’est triste une forêt que l’on va couper, sans parcimonie autre que celles d’arrangements bien entendu, économiques, ils ne pensent qu’à ça les hommes ; cette coupe aura lieu dans une fin du monde, voilà ce que mon cœur me dit… ma raison me dit ; je ne sais pourquoi, quand le soleil vient recouvrir les ombres au loin, là je vois, il me dit « attendez donc ! Vous verrez bien qui aura le dernier mot dans cette hécatombe, celui qui coupe ou celui qui est coupé ! Celui qu’on abat ou l’assassin qui se débat, vous verrez bien… », bûcherons de merde !
(parole en marchant – 10 mai 2018 à 16h45)
(Ils ne cessent) d’abattre, certes, mais dans cet entendement ils ne songent même pas à la beauté d’un geste en harmonie et en respect avec le milieu, tous les décombres végétaux et de terre malmenée montre cette disgrâce faite au sol, rien n’est beau dans cette façon de faire, nous laisse des arbrisseaux découpés (malmenés) à moitié hurlants, à moitié découpés sans soins, tu te démerdes on te coupera dans cent ans si tu survis, démerde-toi… Au lieu d’être (de devenir) des jardiniers respectueux des êtres qui les entourent (vous allez) dévastant, en ignorant aux alentours, sans signe, sans relier un quelconque entendement, voilà ce que cette forêt que l’on va abattre me dit ; indirectement au loin le chant d’un coucou qui s’en fout… Je suis triste, triste, triste… là, je sais, au bout du chemin sur la droite un peu plus loin, une cabane de chasseurs qui vont s’amuser à tordre les boyaux à quelques pauvres mammifères de la forêt : chevreuils ou biches ou sangliers, ceux qui restent encore… Ah !… Que cet endroit est triste, la nature n’a pas encore pris le dessus, on sait qui l’a préparé, un… un désastre ici, rien n’est tranquille et on sent une tension nerveuse, les arbres qui attendent leur fin prochaine ; c’est en noir funèbre… (que je célèbre) cet endroit funèbre, me montre une réalité qui me dépasse… et vous croyez à des Bons Dieux, vous ? Où il est votre Bon Dieu dans tout ce marasme ? D’une part, ce moment n’est qu’éphémère dans la longue vie de la terre, ma mère, notre mère à tous. Certains diront de ces paroles imbéciles (larmoyantes), il prêche on ne sait quoi, une idolâtrie ? C’est du n’importe quoi ! Pas pour moi ! Les mots sont insuffisants de toute façon, à décrire ce que je ressens là ici à cet instant, sinon (affinant) ma tristesse, ma tristesse, ma tristesse à cet entendement.
(parole en marchant – 10 mai 2018 à 16h52)
Un papillon blanc, marron marbré de marron, m’a guidé quelques instants sur quelques centaines de mètres ou je le suivais ; il m’attendait, faisait une pause, revenait, puis soudain s’emmêla à travers mes jambes (comme pour me faire la fête), indistinctement se posa sur quelques fleurs succulentes à ses yeux qu’il avait remarqués pour les butiner assidûment ; alors, me retournant vers elles et lui, je leur dis adieu ; plus jamais je ne te reverrais, c’est certain, à moins de rebrousser chemin et de te chercher, mais à quoi bon, nos vies sont tellement différentes, quel en serait l’intérêt, de cette accoutumance à nos deux raisons ?
—> voir : variations papillons (du 05 mai 2018)