(texte manuscrit - le 25 août 2018 à 6h30)
Soudaines adaptations ou un centimètre devient une éternité.
Étrange adaptation où l’on change soudainement d’échelle…
(Non ! Je m’exprime mal, recommençons)
Étrange adaptation où la minute devient des siècles, ou un centimètre, un objet tout près, nécessite des siècles pour l’atteindre et pourtant tout semble si proche. Serait-ce un vieillissement ? Quelle est cette distanciation soudaine, dans mon entendement ; ma compréhension ne se réalise plus, un gouffre s’est installé et je ne peux plus l’atteindre, l’endroit où je souhaitais aller ! Quel est donc cette dilatation des dimensions malgré un regard inchangé, l’objet de mon désir est toujours à portée de main (semble toujours), mais une temporalité incertaine dilate l’instant d’un simple pas, devient des siècles pour que je n’y arrive pas, pourquoi cela ? Et pourquoi aussi ce soulagement devant cette soudaine dimension (ajouter) à mon éloignement. Je suis satisfait et inquiet à la fois, le temps protège l’objet, on ne peut le conquérir, il est dans une vitrine sans ouverture, on a oublié les clés de son atteingnement, une distanciation vous dilate exclusivement (pour vous seul, l’objet de cet endroit), on a beau faire, c’est un éternel recommencement offert à ma vue, pourquoi cet espacement ? Ai-je oublié une dimension, un aspect devenu indiscernable, le mot soudain me le rend indétectable, l’objet de mon désir n’est pas possible (son atteinte m’est impossible), j’entre en adoration ? Cela se peut-il, pourtant je le vois, le lieu est à portée de main, mais une force inconnue dilate mes pas, dix siècles ne suffiraient pas, même mille ans que je n’avancerai pas plus, l’espace et le temps deviennent une éternité. Pourquoi donc alors, je puis dire « je vois ! » L’objet de mon désir, mes sens cohabitent dans des dimensions différenciées, un monde sans frontières, sans lien, pourtant je vois bien, une lumière m’est apportée, elle illumine l’objet de mon désir. Et pourtant ce mot ne suffit pas, il n’y a pas qu’un désir, c’est bien plus que cela, un détachement pour un préservement, une protection me dit « chut ! Ne touche pas ! Tu ne le pourras pas ! »
Alors ce n’est pas un désir cela ! C’est plus que cela, où est sa réalité si elle n’est pas à deux pas de moi (puisque c’est comme ça que je le vois) ? À quelle échelle on accomplit chaque pas, l’avancée ne se fait pas et cela m’épuise ; mon âge n’y suffira pas, l’instant de mon existence est plus qu’éphémère, je crois bien que je n’existe pas, je ne suis qu’une supposition, une éventualité qu’on ne choisit pas, un possible non atteint, un irréalisable. Quel drôle de destin ?
Ce bruit au fond de moi est-il cette autre raison ?
Ah oui ! Mais quelle était donc que cet objet tant désiré ? Ma mémoire ne me le dit plus, elle a oublié cet instant où jadis m’arriva une pensée ; aujourd’hui, je ne peux plus l’exprimer, elle est dépassée, effacée, oubliée ou cachée ! Pour la préserver de mon accaparement. Ne serais-je qu’une prison ? Devrais-je inventer un renoncement, vivre sans désir ? Ou ne serait-ce que les premiers instants de ma mort et que je m’y prépare sans m’en rendre compte ? Suis-je déjà mort ou est-ce autre chose, un entre-deux des mondes et je ne fais que le franchir sans y prendre garde.
Tout cela me semble vain ! « Adaptation » telle est le mot…