(texte (??) - 4 sept. 2015 à 0h53)

Une vague contrée au bord d’un fleuve innommé ou du moins au nom improbable. Un peuple sans nom, une cité sans nom, du plus loin qu’on se souvienne, ce peuple fut toujours innommé, loin des autres, loin de tout…
Car ici le nommer aurait été impardonnable, un sacrilège, une faute, un présage de mauvais augure.
Sur les rives Attunamech, maigre nom prononcé, ne définissant rien de précis, sinon l’aube des matins plébiscités, quand dans le mirage du bout du jour, déverse le fleuve, ses ubuesques offrandes si subites qu’un étourdi n’aurait aucun temps à y mettre, pour contrecarré l’oubli des perches et des paniers, quand passe la marée frétillante de poissons à peine nés !
Puis s’en vient :
— un errant écharpé
— un mécréant
— un prophète
— puis deux ; l’un priait à l’endroit, l’autre, à l’envers.
Ils disaient tous « je vais vous sauver ! »

Un errant écharpé par des inconnus qui poussait là sont arrogance désuète à vouloir se poser un instant et rompre fatigue et sang, sa bave inconvenante.
Le voyez-vous là, gémissant sa plainte comme un chien maltraité léchant sa plaie béante ?

Voyez donc ce prophète, arrivant, fier, sur le dos d’une ânesse, avec sa baguette qui la blesse et lui très pressé de vous convertir vous arrange déjà, sévèrement, pour vous punir de ne point être à la botte de ses idées… Comment ? vous n’êtes pas encore endoctrinez, c’est indécent !
Il montre un livre pieux, le levant bien haut dans le ciel pour que chacun voie là où « tout » était écrit, comme un ultimatum, décrit des lois « essentielles » à sont idée.
Ici, ils viennent de partout, la rumeur s’est propagée comme la foudre et les ont frappés des idées folles en tête.

Quand le mécréant rencontre un prophète, il y a du meurtre à venir…

Nous n’avons aucune tradition aucun folklore aucun partage,
mais curieux de nous, tous les peuples de la terre sont venus nous voir,
sur cette terre que l’on dit ronde,
ils nous ont montré chacun, leurs rites, leur folklore, leurs habitudes,
nous avons regardés et souris, mais n’avons rien gardé,
ni des rites, ni des actes, et de leurs lois.
On a voulu nous convaincre, nous dire que nous étions dans l’erreur, il a même fallu combattre cela, les donneurs de leçons, les mises en demeure, les actes de foi, les ultimatums, et la guerre !
Mais qu’avions-nous à garder, nous qui avons si peu vu du monde tout autour et si peu d’histoire,
malgré ce temps infini dans nos mémoires, de notre présence ici, sur les rives Attunamech ?
Malgré notre manque d’habitude et de rites, nous avons beaucoup appris des autres et de leur passage en avons gardé mémoire. Ils nous ont fait rire ou pleurer, émus ou adorés, toutes sortes de bravaches comme sauter nu pied au-dessus de la tête, des braises en dessous pour faire la fête et te dire ta manière d’être.
Mais de tout cela qu’avions-nous à garder ? Leur histoire n’est pas la nôtre, et puis ils viennent d’autres contrées où les allures du temps du vent sont toutes autres, nous, nous avons des crues dithyrambiques et inoubliables que l’on nous envie, c’est notre seul souvenir, notre seul rite, cyclique et coutumier de la nature environnante, elle impose ses lois que nous avons faites nôtre, par la force des choses, pour survivre, être encore demain là où nous sommes. Et puis c’est notre destin enfin, disons-le notre résignation.

(comparaison du verre de terre et de l’homme : qui est le plus utile à la vie ?)