(texte - 2 janv. 2015 à 2h11)

(récit original)

Une contré (cité) sans nom

C’est une histoire pieuse des monts Ouljourech Matunamech, sur les rives australes du grand fleuve dépérit, vous savez, celui ne suintant qu’après les hivers, à la fonte des eaux gelées, ces glaces dépecées ajoutées à des poissons aussi malmenés qu’une coulée boueuse, leur traqua indéniable avant de périr attrapé par les hommes.

Sur les rives Attunamech, ainsi était un grand village où une peuplade incertaine vivait de ses offrandes et de cette pêche miraculeuse et très brève.

La vie y était rude et le désert tout proche faisait des ravages incongrus dans cette population miséreuse où les temps au soleil accru, évaporant toutes eaux au milieu des ans quand des souffles attiédis embrumais les habits d’une chaleur ocre, mêlant aux rôdeurs les relents d’une mort souvent inévitable, provoquant de grands embarras entre les murs couverts qu’on disait habitables. Les enterrement était une perte de temps, alors on les laissais, les morts, sur des abords appropriés, pour des charognards habitués à ce rituel particulier.

Fallait-il donc que ce fleuve amoindri soit si généreux les crues venues, pour que l’ont resta auprès de lui à souffrir tout le reste de l’année, là où il s’évapore presque totalement pour renaître à nouveau l’an suivant, et faire de ce miracle régulier des saisons une raison d’exister.

On crevait ici soit d’abondance, des orgies, de la curée, soit des brûlures ravageuses de la fournaise d’un astre intransigeant et sans pitié. Il n’y avait pas d’entre-deux, ce temps du répit avant chaque basculement, une sorte de printemps ou d’automne comme en occident, non rien de cela, c’était tout ou rien. Malgré tout, la plupart restaient, évitait toute transhumance qui aurait été souhaitable et peut-être raisonnable ? Mais non, la terre à ceci de terrible, qu’elle vous attache comme une ancre indéracinable. La quittée, vous faisait perdre un maigre patrimoine, mais oh combien essentiel à celui qui vie de ce peu, sur les rives Attunamech…

Parfois les voyageurs égarés qui se déroutaient vers les fumées des cases visibles au loin, espérant un repos pour se ressourcer après leur grande traversée du désert, étaient toujours surpris par l’accueil improbable des habitants. On les ignorait, soit trop occupé à avoir faim, soit trop occupé à pêcher enfin. C’était une drolatique farandole des occupations nécessiteuses de la survie où les égares vers autrui était évitable jusqu’à l’ennui, il n’y avait pas de repos possible. Oui ici tu es tout ou rien. Cette vie binaire avait ensorcelé les habitants et leur avait attaché des racines si profondes que seul un séisme très éprouvant pourrait entrainer un changement d’attitude, un réveil, un étourdissement et rompre ainsi le charme.

C’est peut-être pour cela que cette populace à part, semble prostrée dans un rituel qui n’est ni une croyance ni une évidence, changement improbable au fils des époques, mais toujours dérangeant pour celui qui les fréquenta et put s’en séparer sans dommages.