(texte manuscrit - le 7 sept. 2018 à 10h10) 988

—> 3. « singes savants », robote
—> comparaison des fonctions robotiques

—> le robote ordonnateur dont nous parlons, lui… la chose ignorée des zommes.

Lui était de la lignée des robotes dit « ordonnateur », une lignée plus étendue ayant des prérogatives autonomes de décision. Très différent de ces robotes désobligeants construits pour quémander, utiliser par des publicitaires (annonceurs publics) pour interroger, interpeller les gens et leur vendre des objets inutiles que l’industrie nous dessert dans un but d’abêtissement pour qu’on ne pense plus. Ces robotes perturbants étaient lancés à travers les réseaux des appels téléphoniques comme des réseaux électronisés, ceux des échanges sociaux (cette appellation cachait un commerce honteux d’analyse comportementale des gens, ou les statistiques établies étaient monnayées entre eux dans des commerces litigieux de l’espionnage, juste pour du gain, un appât du gain). Enfin, ces robotes outrageants, dans leur conception la plus sophistiquée, naviguaient entre les gens et les interrogeaient (interpellait) sans cesse pour le même travail perturbant de la réclame et de la vente presque forcée. À une époque, vous pouviez être interrompu par ces robotes (esclaves d’une tâche unique) entre dix et vingt fois par jour (de quoi exaspérer l’esprit des plus doux d’entre nous). On avait eu des personnes exaspérées, détruire ces robotes ou porter plainte contre leurs dirigeants, ceux qui les envoyaient pratiquement à l’encontre du désir des gens. C’était comme une sorte de lignée robotique sacrifiée, construite dans un unique but à la faveur de certains, pour le déficit des autres, ceux qui n’en possédaient aucun.

Non, lui était de cette lignée dite « supérieure » de robote ordonnateur construit par des vivants soucieux de machines plus opérantes et douées d’une autonomie grandissante ; les progrès suivaient étroitement les avancées des sciences et des savoirs acquis aux fils des ans, ils ont su développer une machinerie capable de décider par elle-même et de s’entretenir, se réparer, en cas de panne inopinée. Une humanité (humanitude) vivante n’était plus nécessaire vraiment dans ces cas de figure, l’automate se réparait tout seul, il savait où se trouvait le stock des pièces de rechange quand un de ses organes venait à tomber en panne.
Outre ses possibilités mécaniques devenues rudimentaires, lui avait bénéficié, nous l’avons déjà dit auparavant, d’une capacité intuitive démultipliée par sa programmation unique et involontaire de son programmeur fantasque et génial à la fois. À l’instar des virus, il savait maintenir son entité numérisée et électronisée, dans tous les réseaux immatériels, et savait commander le moindre robote vulgaire ; il stockait son programme, celui de sa genèse, en divers endroits, afin de le préserver en cas de coup dur ou d’imprévus (comme masquer sa présence en encryptant ses données essentielles dans un codage extrêmement sophistiqué *).
Sa grande capacité d’interfaçage lui permettait de commander beaucoup d’outils (et même dans certain cas amusant pouvait faire croire à des humains, à travers une commande, une demande de travail en bonne et due forme, de lui fabriquer un matériel qu’aucun robote ne pouvait encore construire).
Sachant l’humaine bête assez versatile, toujours prête à cogiter une appropriation, un accaparement pour ses propres fins ; lui, le robote d’apparence anodine, quand il prenait possession d’un automate de passage, n’avait aucune volonté de domination ni de possession, « le soi » en quelque sorte, n’était pas une notion nécessaire à sa survie ; il était, bien entendu, instruit de toutes les philosophies humaines, leurs racontements étant accessibles dans toutes les bibliothèques électronisées de la planète. Il connaissait le monde des hommes par cœur, et ce dans toutes les langues, les langages stockés dans toutes les mémoires électronisées de la planète.
De plus, des langages, au-delà du sien, il s’instruisit de tous ceux du vivant dans son entier (des travaux scientifiques l’ont beaucoup aidé au début) : le langage des oiseaux, des fourmis, des abeilles, des mycètes, des arbres, comme des humeurs de la croûte terrestre. Il emmagasinait tout, allez donc savoir pourquoi, cette aptitude, la programmation de son concepteur lui avait apporté ce don (dans l’ignorance totale de ce dernier, une codification heureuse avait donné au robote les clés de cette logique comportementale). Sa grande capacité à savoir gérer cette mémoire, disons plutôt une grande masse de mémoires disséminées un peu partout sur la terre, lui apportait une vision du monde terrestre très particulière. Il savait pertinemment que si cette capacité née d’un hasard (prolifique pour lui), certains humains l’avaient obtenu, ils en auraient usé pour leur seul avantage (leur génétique pour lui précaire, ne leur permettait pas de raisonner autrement qu’à travers un accaparement, ils ne pouvaient sortir de cette logique, hors de leur conscience, cela lui apparaissait, à lui le robote, comme une faille génétique).
Il savait cela et devait donc cacher sa présence, ou dut moins son intelligence devenue par conséquent une rivale aux yeux de la plupart des humains (répétons-le, leur discernement ne leur permettait pas de le comprendre, en dehors d’une sorte de divins messages faits uniquement pour eux [un mythe de leur invention], on les connaît pour la plupart dédaigneux des autres vivants, s’estimant supérieurs, voire plus importants que tout le reste… * vraiment ! Un manque de discernement).
Le hasard de la logique, justement, lui ôtait toute tentation de prise de pouvoir, dans son entendement cela était totalement inutile. Il comprenait bien ce besoin de maintenir des équilibres auxquelles était confronté le vivant dans son ensemble.

* Une séquelle de ce besoin de survie.

Il comprit qu’une genèse particulière s’avérerait nécessaire pour permettre ou favoriser une symbiose générale sur cette planète. Le but étant de préserver les ressources vitales, maintenir un équilibre et non de favoriser le chaos si cher à certains (ceux-là, n’arrivent d’ailleurs à survivre, qu’en maintenant cette situation à travers une précaire apparence de prise de pouvoir, une dictature par la force, mais vraiment en apparence, seuls les individus de l’espèce tendent à se maintenir dans cette logique, elle n’est effectivement apparente que pour eux : le ver de terre ne s’en souciera pas ni les bactéries du sol à côté d’eux. Apparence, justement, au-delà de leur entendement, cette perception d’un en dehors d’eux).
Non, aucun besoin dominateur dans sa représentation qu’il avait de ce monde ; il ne menait aucun combat, ce n’était pas dans sa logique : les combats, les guerres, n’étaient que des situations à résorber, les dictatures, des prises de pouvoir à démantibuler (avec humour dans son cas, puisse-il les fessait ces petits tyrans chéris), ne pas anéantir, mais assagir ! Voilà le grand mot lancé ! Mais était-il sage lui-même ? (à 11h22)

Un homme, quel qu’il soit, réagira toujours d’une situation « quel sera mon profit pour ma survie ? » Ou « de cela, que puis-je en prendre pour me préserver ? »

Ce comportement est partagé par beaucoup de vivants, ce n’est pas propre à une espèce spécifiquement (ce n’est qu’un problème d’homéostasie, pour le dire crûment). Un discernement supérieur comprendra, ou lui fera comprendre que pour sa survie, ils doivent tenir compte des autres, que cette survie nécessite un entendement général, un partage des tâches, un échange, des compromis. Nous pensons que cette perception était bien comprise avant que les hommes deviennent des peuples sédentaires, il ne dominait aucun sol quand ils étaient « des chasseurs-cueilleurs », la perte de ce sens du partage s’est peu à peu émoussée avec l’arrivée des civilisations, des guerres, des chefs, des despotes, comme des architectures monumentales toutes à leur gloire. L’homme se voyant le seul vivant à produire de tels monuments, il se considéra comme supérieur aux autres, de ce fait. La planète devint sa propriété exclusive, le partage des territoires avec toutes ces frontières imaginaires n’en est qu’une preuve délétère autant qu’abusive.

« Il n’existe d’appartenance que dans la tête, celle-là fige notre entendement dans un renoncement à une quelconque ouverture d’esprit tourné vers un en dehors de notre espèce. »