(parole du soir - le 10 sept. 2018 à 0h00)
À propos de la renommée, ne t’illusionnes pas ! tu rentres pas dans la case ! tu ne contiens pas, dans tout ce que tu fais, les algorithmes de cette renommée qu’ils ingurgitent, qu’ils vénèrent, et qui les dénature (abrutis) ah ! ah ! ah !
(cette parole est issue d’un rire détestant)
…
(voix électronisée du matin - le 10 sept. 2018 à 9h36)
Si un jour il vient à l’idée de quelqu’un de mettre mon nom en haut d’un frontispice ou qu’on le cite dans une historiographie de ma mémoire, je veux qu’on l’efface tout de suite ! Aucune citation de moi n’a lieu d’être ! Je ne suis rien ! Et par ce fait, il n’y a rien à en dire ! Seule doit rester la trace laissée, mais absolument pas le nom !
La trace laissée, ce sont les idées, les petites histoires racontées, peu importe qui les a dits ; je m’en fous que ce soit moi qui les ai amenées ces éventuelles belles paroles, si elles font une mélodie attachante, la belle affaire !… Et bien ! Qu’elle reste attachante cette mélodie ; certes, mais ôtez le nom, ce n’est que des paroles, celles d’un de vos semblables, et c’est tout !
Cette gloriole de la renommée, usez-en pour vous si ça vous chante, mais pas pour moi, je refuse absolument ! Et d’ailleurs, je l’ai déjà dit, je n’ai pas (plus) de nom ! Ça suffirait bien comme édit, de copyright il n’y a rien à mettre, ces paroles sont libres comme sont libres les mots que l’on utilise. C’est toujours cette petite manie des hommes de s’approprier tout, même les mots, ils veulent qu’on sache qui les a inventés, qu’on sache quel est leur géniteur… C’est bien peu pour moi, de ça je n’en veux pas !
N’est important, à mes yeux, que le contenu de cette parole ou du dit, la petite histoire que je raconte malgré moi, parce qu’elle s’immisce au creux de ma tête et que je ne peux m’empêcher de la dire ; je n’en suis pas le propriétaire de cette parole-là ! Oh que non ! Elle vient au creux de moi, d’une matrice indéterminée, probablement une coïncidence des idées, un petit arrangement du vivant qui doit bien trouver un quelconque individu pour l’amener ce récit que je vous régurgite là ! Vous voyez bien, je n’en suis pas le propriétaire, cette parole est à tout le monde, faites-en ce que vous voudrez.
Je vois déjà des petits éditeurs mesquins, des petits profanateurs du mot, accaparer mon discours, et en plus de le profaner, affirmer haut et fort qu’ils en sont l’auteur de cette parole désarmée, puisque j’en refuse toute propriété (copyright, droit d’auteur) ; de ce commerce-là, je le dégueule, il m’apparait inique et sans attrait.
Mais voyant bien le méfait que cela produit au dedans de la tête des soucieux, je vais vous aider, parce qu’il me vient une idée : nous pourrions (oh ! cette petite contradiction au creux de moi) considérer que les paroles délaissées par les auteurs qui n’en désirent pas la paternité, que ces paroles-là aient un statut de non-propriété reconnue, pour éviter tout accaparement mercantile (cette manie de vouloir tout monétiser) en leur donnant un qualificatif précis, un terme, les identifiants comme tels, un classement leur ôtant toute paternité possible, une association de mots « libres ! » ; de mots « à tout le monde ». Je vous laisse vous occuper des détails ; dans ce pays, on aime tant les réglementations, que je ne me fais aucun souci quant à la genèse de celle-ci. Je m’égare peut-être, existe-t-elle déjà, cette loi ? (« Creative Commons », me dit-on… Ah ! encore de la paperasserie derrière tout ça, soyons libres de ces arrangements, quelle misère !)
Mais alors, vous me direz : « mais, vous ne pourrez pas en vivre, de votre écriture, si vous refusez d’en être l’auteur ? »
Moi je vous répète que je ne désire aucune monnaie, aucun marchandage pour un tel écrit. Ma petite vantardise vous raconte que cet écrit n’a pas d’âge, il vient du fin fond de la mémoire des hommes, il est à tout le monde, et bien plus au-delà des hommes même, il vient du vivant qui est en moi et de ça, je ne peux en être le propriétaire, je ne suis que la gueule qui l’a crachée cette mélodie des mots, cet entendement de ma langue familière ; ce n’est guère plus.
Aussi, probablement, s’il est ignoré ce récit-là dans toute sa totalité, puisqu’il n’a pas d’auteur, contrarié comme j’imagine que vous seriez, il ne sera pas compris et oublié, disséminé à travers le racontement d’autres personnes, puisque l’on fait que reprendre des paroles déjà entendues que l’on transforme et que l’on mêle à ce qui vient au dedans de vous. Eh bien, cette destinée me suffit amplement. La réalisation d’un mandala de l’esprit que l’on efface à la fin de sa réalisation me convient très bien. Merci de votre attention.