(texte électronisé - le 11 sept. 2018 à 22h02) 984
un grand secret
Aucun moule, aucun formatage obéissant dans la manière de dire, puisque quoi que je fasse, quoi que je raconte, ils ne comprendraient pas ma logique, j’y ai ôté autant que possible toutes les procédures courantes d’un usage de l’écrit commun à tous, celui pratiqué en Occident comme il pourrait venir pareillement d’Orient. Dans une paranoïa évidente, je me méfie de tous les hommes, aucun ne trouve grâce à mes yeux, il y a toujours un petit doute avec les plus fidèles d’entre eux. Cette pensée demeure versatile et ne mérite pas d’être dévoilée, elle doit rester dans un plus grand secret que les autres. Pourtant mon agitation ne cherche pas un quelconque conflit, mais plutôt à énoncer des vérités que l’on cache, regardez un peu mieux les visages sous un masque de présence bien trop souvent mensonger.
Je n’ai pas peur d’eux, la cupidité, les salamalecs et les pots-de-vin, je connais ; voudrais-je que l’on m’achète, je n’en sais trop rien ; mais à la réflexion, ne plus prendre part à aucune de leurs manifestations me semble salutaire pour rester libre de toute ostentation, de toute parole, même avec passion, je préfère cette liberté face à toutes les oppressions.
En fait, tout cela est un immense merdier où tout ne représente que compromission et petits arrangements, du niveau le plus personnel pour de vulgaires vicissitudes locales, aux niveaux les plus haut placés des hiérarchies humaines ; tout s’arrange à travers l’échange de quelques services, tous plus sournois les uns que les autres, où la part du vrai est à démêler du faux ; un immense merdier, disais-je, que ces accommodements des hommes entrent eux, où chacun se démerde comme il peut. Qui n’a pas réalisé un jour une compromission, n’importe laquelle ; celui qui affirmerait le contraire mentirait, la vie à un moment ou un autre, nous oblige à de pareils arrangements ; de pouvoir se regarder le soir devant le miroir et de rester fière de soi ou non, voilà tout le dilemme. Le seul fait de vivre s’avère déjà un compromis passé avec la mort, pour lui demander d’attendre encore… Oh elle patientera jusqu’à un certain point, elle nous observe en souriant et nous dit sans gêne aucune : « ton tour viendra ! »