(texte électronisé – le 14 sept. 2018 à 10h14) 981

—> 3. « singes savants », philosophia vitae :
—> corrigé certaines inexactitudes (en jaune soutenu) : perte d’énergie, plutôt dégradation, dispersion en des fragments de plus en plus diffus, une dilution, une entropie inexorable

De l’interaction des corps entre eux, le sociologue vous dira qu’il s’agit de l’influence de tout un chacun envers les autres et réciproquement. À propos de cela, on peut distinguer deux types d’influences, l’une plutôt physique, instinctive, innée, inconsciente qui s’exerce sans que l’on fasse quoi que ce soit ; l’autre, plus insidieuse, sera celle purement opportuniste d’une entité complexe (un lion par exemple) ; il étudiera la meilleure manière de vous bouffer, puis passera à l’action à un moment choisi, et vous réagissez ! C’est une interaction, un réflexe, une réaction, une forte dépense énergétique momentanée, une relation de cause à effet ; les énergies suscitées laisseront au final, une information, un résultat ; la réponse éventuelle à ce pari, de qui sera mangé ? Qui survivra ? La réponse laissera une trace indélébile…

Le savant vous dira autrement de l’influence des corps entre eux : elle ne s’exerce qu’à travers la confrontation de force physique entre elles ; à tout moment, il y aura la recherche d’un point d’équilibre qui permettra à ces forces de se stabiliser. La rupture d’un de ces équilibres entraîne toujours une réaction adverse pour la contrebalancer. L’annihilation d’un corps sur un autre n’est fonction que de la quantité des énergies mise en action ; celles-ci auront toujours cette tendance à parvenir à un équilibre, à une stabilisation innée de la matière, après chaque rupture ; le calme après la tempête, dans l’attente d’une prochaine perturbation, où les énergies, les forces mises en œuvre n’auront aucun autre besoin : la recherche d’un apaisement. Cela peut prendre du temps, beaucoup de temps ; voyez cette étoile brûler tout son hydrogène, elle mourra un jour quand plus aucune goutte de son carburant ne pourra l’allumer. Voyez deux armées s’affronter ; la tension s’apaisera à la faveur d’une victoire de l’un ou de l’autre, c’est selon la haine des protagonistes et de l’obéissance des soldats serviles des deux camps, par on ne sait quelle acceptation, ils tolèrent réciproquement de se trouer la peau, dans un meurtre réciproque, à la recherche d’un équilibre aussi, vaincre ou mourir.

« Tout n’est qu’interaction », vous dirait l’observateur qui étudia cela de près. Tout le problème d’un individu se situe « entre » ce paradigme : tuer ou être tué, vivre ou mourir, manger ou périr, avancer ou s’arrêter, quoi que je fasse, autour de moi, au moindre de mes pas, à la moindre de mes respirations, des choses réagissent à mon action ; même dans mon inaction, il se produit des réactions, un petit phénomène entropique ne cesse de dégrader ma personne ; quoi que je fasse, je ne pourrais me maintenir indéfiniment, on appelle cela le vieillissement et je ne puis faire autrement que d’accepter à un moment ou un autre la fatalité de cet épuisement. Une interaction a eu lieu, vous vous sentez dégradés ? Mais non, les forces de l’univers ont appliqué un principe qui tend à les stabiliser dans une recherche d’équilibre permanente et sans cesse perturbé jusqu’à ce qu’il ne reste plus aucune énergie à chacun des protagonistes pour interagir avec les autres ; oui plus d’énergie ! Toute manifestation de la matière engendre une perte de son énergie quelque part ; tout agissement de notre part obéit à cette même loi, une perte de quelque chose, toujours une perte pour le maintien d’un équilibre ; et chose surprenante, la recherche de cet équilibre laisse un petit message : « souvenez-vous, hier nous interagissions entre nous jusqu’à trouver un point d’accord ». Un petit message, oui : « souvenez-vous de l’éclat de l’étoile qui illuminait le ciel par ici, des particules partisanes de cet éclat se sont évadées et naviguent à travers l’univers pour vous apporter cette information, qu’une étoile est née quelque part et puis s’est éteinte ; nous, la lumière, témoignons de son existence… » Il semblerait que cette information ne veuille pas mourir par on ne sait quel mystère ; certains affirment que cette information d’une présence disparue, dégradée, persistera à jamais dans les fins fonds d’un univers se diluant, dépérissant sans cesse, jusqu’à brûler jusqu’au bout le moindre de ses carburants, celui-là même qui le fit naître, ne laissant au bout du compte que l’information de sa présence, voyageant éternellement dans un refroidissement soutenu et grandissant.

Quelque part, nous reproduisons cette volonté de laisser une information, une trace de notre présence, nous obéissons à cette loi plus que génétique, puisque apparemment universelle ; laisser une trace de ce qui a été ! C’est cela, la trace de vos romans, de vos récits : témoigner de ce que l’on a vu, témoigner de la perception que l’on a du monde, témoigner de son malheur, de son bonheur ; toujours témoigner, même en ne disant rien on laisse une trace… Alors vous voyez ?

(ajout le 22 déc. 2018 à 23h20)

Voilà ! Nous sommes au creux de cette sorte de dépérissement extrêmement lent, mais irrémédiable. Le vieillissement obéit à ce phénomène d’entropie, il en est la conséquence, le larbin ; rien jamais ne semble contrarier cette loi agissante, puisque tout l’univers y est contraint ; alors, ces petits savants à la quête d’une vie éternelle, permettez-moi de vous le dire, ils se fourrent le doigt dans l’œil ; mais pas qu’un peu, toute la main, tout le bras, tout le corps y passera, dans la moulinette du temps, celui-ci vous broie lentement mais sûrement ; prétendre à une immortalité ressemble à une vantardise prétentieuse. Même Dieu, fussent-ils tout l’univers, obéit à une loi supérieure, plus vaste qu’un univers, comme le nôtre contraint à ce dépérissement irrémédiable, ce sort n’est ni gai ni triste, il interagit, c’est tout ! Avec quoi ? on n’en sait rien !