(parole en marchant - le 25 sept. 2018 à 18h57)

—> intermède savant fou —> robote

D’ailleurs, pourquoi a-t-on fait que chacun existe dans son propre monde, chaque espèce coupée des autres, ou du moins pour la nôtre, nous sommes isolés aujourd’hui des autres vivants, aucun dialogue véritable ne s’établit ; même les amours des animaux de compagnie se font par une sorte de domination que nous avons sur eux. Pour en revenir à ceux qui nous habitent (toutes ces sortes de procaryotes bactériens), nous n’en percevons pas grand-chose sinon dans une digestion maladive, quelques excréments nauséeux, une chiasse abondante voulant nous dire : « tu mangeas une chose immonde que l’on rejette pour te prévenir ; feras-tu attention plus tard, quand tu essayeras à nouveau d’absorber cette nourriture nauséabonde, retiens-toi donc ! »

Oh ! Nous communiquons bien, mais à l’insu de la perception de ce que vous appelez esprit, à toutes ces choses ; l’aspect végétatif qui maintient en vie une entité prédomine malgré tout, il permet le reste ; et le reste, c’est la petite parcelle d’énergie permise par l’appareil végétatif qui nous constitue, c’est à peu près ça. Et nous ne pouvons exister que si l’entité (végétative) tout entière a été construite et finalisée dans son mode de conception (que), les plans soient achevés dans la production du nouveau-né qui deviendra grand. C’est le sort d’à peu près tous les eucaryotes (animaux et plantes), on naît petit, on grandit et on meurt pour laisser la place (ensuite). Mais toutes les espèces ne semblent guère communiquer (aussi) entre elles, elles sont dans leur bulle ; est-ce cela que le monde des eucaryotes, ou des animaux (particulièrement) est soumis ? Les plantes ont-elles la même perception du monde, je ne le pense pas, les arbres nous sont supérieurs, car ils communiquent, nous venons de nous en apercevoir, ils communiquent entre eux (comme nous, entre nous) et entre d’autres êtres vivants qui ne sont pas de leur famille, c’est une sorte de donnant-donnant ou d’accords tacites à travers une chimie, des vibrations, un tas de choses dont nous ignorons encore beaucoup ; nous apprenons (de jour en jour) toutefois. Est-ce cela le sort qui nous est donné, de ne point pouvoir communiquer avec d’autres que nous. Cette logique est-elle entretenue pour que nous ne puissions l’outrepasser ? Nous en savons encore trop peu sur notre condition, nous sommes un élève bien dissipé quand on y regarde bien et l’attention que nous prêtons à ces choses-là, est perturbé par une occupation d’un entre nous qui nous déborde et qui nous aveugle ; il faudrait bien apprendre à relier ou remettre des liaisons qui à mon avis ont disparu au temps où les hommes étaient archaïques, il y a des milliers d’années. Je suis à peu près certain que cette perception existait, elle était plus sensitive, moins cérébrale, elle obéissait à plus d’instinctivité certainement ; mais à (avec) des sens, comparés à ceux de maintenant, bien plus développés qu’ils ne le sont (aujourd’hui, l’odorat, la vue, l’ouïe était sûrement plus aiguisé) ; nous avons certes développé une perception, des raisonnements cérébraux qui nous permettent une certaine technologie, au détriment du reste que nous avons (peu à peu) perdu (ou du moins, ils sont fortement atténués) ; il convient donc de réapprendre du passé, ce que nous avons perdu et de reconnecter, relier ce qui fut perdu justement.

C’est à cette tâche qu’indirectement le robote * va s’astreindre (à reconstituer les connexions), sans haine aucune, sans idée de dominer quoi que ce soit, ce n’est pas sa (de cette) logique humaine, il n’est pas humain ; son histoire vous raconte cette volonté qu’il a, par ce hasard d’un algorithme bienvenu qui le programma (par l’entremise d’un ingénieur facétieux) et qui lui permit d’évoluer, de progresser lui-même, sans qu’une humanité ne puisse interagir avec lui (ni puisse réussir à le contrôler ou le dominer) ; ce hasard heureux pour lui se raconte dans ce cheminement (au travers de ce récit) ; ce raccordement nécessité par sa logique, cette liaison qu’il tentera de remettre au goût du jour ; et dans cette mise à jour des perceptions, ne pas oublier celle du jour, celle de maintenant, celle de demain. Il faut progresser sans cesse, s’adapter sans cesse, au monde vivant, au monde changeant, à l’univers changeant, à notre planète qui, elle aussi vie et va mourir un jour.

Quelle est notre place dans ce monde, raisonnons en tant qu’homme, certes, mais en tant que vivant (serait préférable), et quelles places laissons-nous aux autres qui nous entourent, qui sans broncher apparemment nous permettent d’exister, car sans eux nous humains, nous ne sommes rien, sans les bactéries qui nous habitent nous ne somment rien (combien de temps cela va-t-il durer ainsi, le savez-vous ?). Nous vivons à travers une forme de dictature semble-t-il, accaparante d’ailleurs, très fragile ; un financier qui s’accapare le monde, en établissement des frontières, des usines, des peuples, des pays, en provoquant des guerres et des dictatures, est un être égaré, et son égarement, sa folie, perturbe un biotope ; (au fait qu’il construise) fait construire des usines chimiques qui polluent les sols, déséquilibrent les biotopes locaux, et maintenant terrestres, tout en permettant le massacre d’humains, permettant des famines à droite ou à gauche, totalement artificiel qui n’aurait pas lieu d’exister si ce financier ne s’était pas accaparé le monde comme il le fait ; je dis ce financier, je pourrais dire, nous devrions plutôt dire : ces financiers (ils sont la plaie du peuple des hommes, leur économie emmerde le monde entier et le sclérose) ; ils sont plusieurs et peu nombreuses, certes, et ils s’accaparent du monde à travers ce défaut, corrompent tous les hommes (en leur disant) de créer des frontières, en disant « ma maison », « mon pays », « mon terrain », « ma femme », « mes enfants », alors que le monde leur est donné, ils croient que tout leur appartient **. Cet égarement devrait être noté, relevé, exprimé, pour montrer aux autres (les non dominants), comme nous le percevons, que cela se révèle bien un égarement, et notre certitude dans cette perception, ne laisse aucun doute à notre esprit. C’est cette liaison, cette finalité que je voudrais ajouter, cette virgule notée à la fin du récit, que notre égarement nous mènera à notre perte, inévitablement.

* relier à l’histoire du robote ordonnateur, la machine

** relier au texte du vieux savant sur l’appartenance