(parole en marchant *** - 1 avr. 2018 à 13h51)
—> ces apartés provoqués par des phénomènes naturels, pendant la narration…
Nous parlions des détails que nos sens nous amènent à percevoir régulièrement, que l’on y attache une importance ou non, que l’on s’y arrête sur un plus que d’autres, pour une raison, un affect quelconque qui venait à ce moment-là où l’on prête attention, on ne sait pourquoi…
Ah ! c’est beau là… Ah ! il y a une lumière ici… très intéressant…
Et puis il y a tout ce qui s’insinue sans conscience, sans que rien aucun signe d’apparence de perception nous permette d’en définir le sens. Ce qui nous transperce comme tous ces rayonnements cosmiques qui traversent la planète en permanence, un champ magnétique, des courants de toutes sortes, des influences insoupçonnées et puis localement à un endroit précis, loin de vous ou tout près, se manifeste un événement dont vous ne percevez rien de tangible, mais qui indirectement va perturber le récit que je vous donne ici, puisque je vais en parler, sans rapport étroit avec ce que l’on raconte…
La lumière encore ce vestige qui me reste… la lumière, sans elle je ne serai plus rien… Ça y est, le… l’effet magique est passé, un rayon, un nuage, suffit d’un rien hein, un mouvement de nuages a apporté cette lumière, comme quoi…
Rendez-vous compte, ce phénomène lumineux fugitif, a été mis en scène par une étoile, très loin de nous, mais qui nous illumine et dont nous en sommes les enfants puisqu’elle nous prête vie…
Ça y est, ça revient… Ah ouais, entre deux nuages… Ça y est, un rayon de plus (pour illuminer ma mémoire, d’un souvenir doux et saisissant), et qui vous arrête, vous illumine, nous illumine… Et de cela, vous le voyez, non ! on parlerait plutôt, pas de cette mycose que vous avez au bout de l’orteil, non ! dont vous ignorez tout, la journée, mais qui les soirs en vous déchaussant, vous montre qu’elle est toujours là et qu’elle vous inquiète si elle se propage malgré que vous la traitiez en permanence. C’est très long à éliminer ce genre de choses qui persistent sur vous, ce petit monde champignoneux qui vous habite et qui communique avec une partie de vos cellules, ça cohabite, la cohabitation n’est pas douloureuse, mais dans une lutte à ce qu’elle ne se propage pas trop. Non ! nous vous parlerions plutôt de faits qui ne nous viennent pas à l’esprit, c’est parce que nous ne pouvons pas en parler immédiatement ; ce sont des faits qui ne s’impriment pas ; sans perception quelconque, et qui soudain apporteront une description, un commentaire incertain ; ce n’est pas le gazouillis de l’oiseau que l’on entend en ce moment, non ! il s’agit de toute autre chose dont je n’arrive pas à en définir les contours, mais une sorte de présence, non pas un fantôme, qui n’est que de l’ordre des croyances que l’on émet, ou des perceptions irra… irrationnelles souvent, que l’on ajoute à sa bigoterie coutumière. Non ! il s’agit de choses dont j’hésite à approfondir le sens, justement, parce qu’elles n’ont pas de sens, ou à l’entendement humain, ni à l’entendement de quoi que ce soit, d’ailleurs. Mais n’ayant que les mots pour approfondir la chose, il faut bien que j’y mette quelque chose à ce que je veux bien di… je voudrais bien raconter là. Vous vous y perdez ? Peut-être, je n’en sais rien, c’est ça le souci… Aaah ! J’attends que cela vienne, voyez-vous, et à l’instant où je l’exprime, en ce moment même, à travers mes pas, rien ne vient. C’est pour ça, si j’avais allumé la machine enregistreuse à un autre moment, peut-être que l’instant magique serait survenu, mais à cet instant, il n’y a rien ! Peut-être dans l’avancée, dans l’écoulement de mes pas, quelque chose d’indéfinissable arrivera. On appelle ça l’espoir, l’espérance ! Ah ! là ! l’espérance ! Désolé, je n’ai pas d’autres mémoires à adjoindre à notre récit, je n’en trouve pas. Il n’y a rien que l’on puisse adjoindre à ce que vous dites ; votre propos s’avère bien obscur, que voulez-vous y mettre de plus ; vous feriez mieux de vous taire ! De me taire ? Oui ! ça nous ferait des vacances. Des vacances ? Oui ! que l’on ait un autre racontement plus intéressant, vous n’avez rien à dire, on le voit bien ! Non ! je n’ai pas rien à dire : j’attends de quoi dire, que cela vienne, que cela arrive, mais cela ne vient pas, vous voyez bien ! Taisez-vous donc… Aaah ! si vous le prenez comme ça, évidemment, c’est un ultimatum, je dois me taire, on voudrait causer d’autres choses, d’un entendement qui est plus humain, de rapports entre nous, de l’histoire de nous, que de nous, que nous que nous que nous que nous… Ah ! pas forcément, mes yeux voient et je peux décrire ce que je vois, ce n’est pas forcément humain, ce que je vois. Oui ! certes, mais là, je veux parler de ce que l’on ne voit pas, ce que l’on n’entend pas, ce que l’on ne ressent pas… Mais c’est intraduisible ! puisque aucun sens ne vous permet d’attribuer une quelconque définition. Oui, mais le sujet, voyez-vous, et nous tournons tout autour du sujet sans pourvoir… sans pouvoir l’atteindre, puisque nous cessons de parler de lui, sans pouvoir le définir, vous voyez bien ! (Ben non ! justement, je ne vois rien.) Nous en parlons tout de même et nous disons notre incapacité à pouvoir le définir, y adjoindre des mots, des perceptions quelconques, puisqu’il n’y en a pas, voilà tout le problème, il n’y en a pas ! Et parce qu’il n’y a rien à dire ! Ah oui, rien à dire de ce que vous percevez… Mais moi je veux pas parler de ça, parler de ce que l’on n’arrive pas à percevoir, c’est tout à fait différent… et je sais qu’il y a des choses qui se passent à notre insu, ici ou ailleurs. Ah oui ! bien sûr, mais bon, on va pas tout définir. Oui oui oui, mais il ne s’agit pas de ça, excusez-moi ; il s’agit de faits momentanés ou intermittents qui s’expriment d’une manière insoupçonnée et dont je voudrais définir au passage… quelques traits. Mais oui, mais pour cela il faut que vous en perceviez quelque chose ! Non, je voudrais une petite étincelle au fond de ma cervelle qui m’inspire quelque chose (tenez, je vais vous donner cette précision qui vient juste d’émerger de mon subconscient : je veux parler de cette harmonique que font des particules quand elles se rencontrent, elles échangent de l’information, elles font l’amour en fusionnant leurs savoirs respectifs, cet éclat je le capte éventuellement, ces quelques bribes physiques deviennent une inspiration ajoutée à mes synapses qui en perçoivent les gerbes, venues d’un instant éphémère ; une pulsion électrique due à une coïncidence temporelle)… Aah ! Vous entrez dans un cycle dangereux ; vous risquez d’inventer une histoire, un mythe, une croyance ; peut-être que celles-ci sont nées de cette manière ; de vouloir mettre quelque chose de nouveau (dans la tête des êtres, des gens) ; une petite étincelle justement… Oui, mais nous nous égarons, je crois. Nous nous égarons…