(parole du matin - 08 oct. 2018 à 7h55)

—> à rattacher au texte de : se balader en forêt

Cette forme étrange enterrée dans un coin de la forêt, que l’on vient voir sans oser la déterrer, que l’on touche un peu, parce qu’elle est molle et que l’on a vu au-dessus comme une blessure qu’on lui a faite, cette blessure est un de ses attraits.

(parole du matin - 08 oct. 2018 à 8h26)

Cette forme peu à peu (a) envahit les esprits. On venait la voir parce qu’on n’en comprenait pas sa provenance ni ce qu’elle était ; à son endroit persistait comme une force. On ne pourrait pas dire maléfique ni nauséabonde ; aucune manifestation (ne) se révéla néfaste, non, mais une énergie suspecte y régnait. L’instant de sa visite était toujours mélodramatique, on y allait avec prudence, on prenait des précautions, au cas où… il se passerait quelque chose d’imprévu. On apporta des éclairages, quelques instruments pour (la) déterrer un peu tout autour, mais pas trop ; la chose se révéla grande et enterrée profondément, ne laissant à la surface qu’un bourrelet à peine visible, une excroissance volontairement en dehors de la terre (semble-t-il). La blessure était peut-être un cisaillement que l’on essaya de produire (pour s’introduire au-dedans d’elle), on ne sait ? Du cisaillement, ne suppurait aucun liquide, aucun sang, aucune odeur fétide (ne) régnait alentour, comme celle d’un champignon immense sortant de la terre, ce qu’ils produisent parfois. C’était un grand mystère, ou peut-être y voyons-nous une chose qui nous interpelle et que nous n’arrivons pas à la reconnaître, d’où ce mystère de sa provenance, de sa raison d’être ici, elle était suspecte effectivement, mais personne n’osait trop la déterrer, la chose inspirait un respect, une prévenance, « attention ! quand vous venez ayez du respect ! », « oui certainement ! », « des fois qu’elle se réveille, on ne sait jamais ? » Serait-elle vivante cette chose molle qui dépasse légèrement de la terre, dont nous voyons qu’un petit (bout) de ses aspects… qu’un peu de son aspect général, tant elle nous paraît grande. Ce n’était pas un sac quelconque enterré (rempli de détritus), ni un tissu débordant de la terre, ni un cuir quelconque d’une bête ; cela ne semblait pas vivant, et pourtant elle faisait forte impression, cette mollesse débordante quelque peu… Dans cette forêt, dans ce coin isolé où personne ne va vraiment, sauf par hasard en passant, quelques-uns tombèrent sur la chose et s’en inquiétèrent. On la révéla peu à peu comme une messe basse offerte aux curieux, histoire de voir ce qu’il en pensait (penserait) celui qui viendrait auprès d’elle, dans le lieu où elle régnait par on ne sait quelle présence suspecte, disait-on. Peu à peu des sommités de disciplines diverses, vinrent la voir ; mais toujours en cachette, jamais officiellement, on avait peur de se rendre ridicule si la chose se révélait une farce faite à leur encontre, on avait peur du ridicule. Alors moi je vous dis, quand du coin de ma tête, elle naquit, cette chose informe et molle avec une blessure, je ne compris pas pourquoi cette chose venue d’un de mes rêves, dans ces instants paradoxaux, je ne comprends toujours pas pourquoi elle revient (sans cesse), cette présence au creux de ma tête, et qu’on y aille de ma tête à la forêt, à l’endroit qu’elle suggérait et qu’on l’y trouva bien cette chose (posée à cet endroit véritable). C’était un étrange mystère qui m’apportât une histoire pour que je l’écrive, que j’écrive à nouveau ce qui venait (arrivait) de ma mémoire, qui me répétait, à nouveau cette histoire. Plusieurs fois se révéla cet instant, à mon esprit ; il fallait bien que j’y aille au-dedans de la forêt, pour y retrouver cette chose molle qui dépassait. Était-ce un bourrelet de terre compacte, un bourrelet d’argile, mais il ne se fissurait pas malgré la blessure, il formait une forme compacte et molle ; une peau inconsistante semblait recouvrir un monde ignoré, et comme les hommes sont curieux par nature, un de leurs talents que la vie leur imprégna, ils veulent savoir ce qui se passe là dans cette terre familière, pourtant ; l’on n’y passe souvent, mais pas forcément à cet endroit, et c’est par hasard que l’on tombe dessus, un jour, quand il y a une lumière particulière qui la révèle à tous, cette chose peu coutumière. Faut-il que mon rêve devienne énorme, pour autant m’imprégner et que cela devienne un nouveau mythe qui déborde de mon esprit, mon imagination trop fertile et qui m’entête, et qui parfois me fait la fête, ou qui me rend bête, je ne sais ? Dites-le-moi, que dois-je en faire de cette histoire qui m’amène un enfer, d’où je ne sais quelle partie me défaire, sinon la raconter. Oui, je voudrais bien faire, ne rien omettre, tout en raconter de cet imaginaire qui m’est rapporté ; alors, lisez écoutez, fait-en ce que vous voulez, de mon racontement sur cette chose molle qui dépasse un peu de la terre, dans un coin de la forêt, elle a une force certaine, celle de susciter bien des imaginations, de l’ignorance de ce qu’elle est, nous en imaginons des portraits incroyables, fantastiques, jamais banals et pourtant comme un interdit, cela ne doit pas être maléfique, cela ne doit pas être terrible, mais seulement d’une énergie… oh oui, peut-être fantastique, mais (ne) suscitant aucune peur véritable, à la limite de devenir banal qu’une forme molle blessée (ne) suintant même pas au-dedans de la forêt, et qui s’ingénie à nous faire s’interroger, à cause de sa manière d’être, une forme molle dans un coin de forêt, et que l’on ignore sa provenance, ce qu’elle est. C’est cela notre imaginaire ! Je me souviens petit enfant que j’étais, d’avoir souvent eu de ces histoires venants au creux de ma tête, après avoir vu une chose indéfinissable, blanche, au détour d’un chemin, qui s’avançait vers moi et que j’eus peur à cet instant, moi rebroussant chemin, à peine criant d’une sueur, courant pour l’évitement de la chose… Presque soixante ans plus tard me revient cette mémoire imprégnée, indélébile ; une frayeur de petit enfant d’une chose, qui ne devait pas être grand-chose, un véhicule quelconque, une charrette avec une bâche blanche, le coin d’une maison ignorée, un angle tout aussi clair et blanc… C’est drôle ces frayeurs que l’on s’imagine et qui nous font peur, à peine née, et déjà une première frayeur ; eh puis, après que l’on vive tant et tant, on s’étonne à nouveau de la même manière, sans effroi, pourtant, d’une chose molle dans un coin de forêt, et qui nous interpelle et nous disent (des voix indistinctes) « qui es-tu donc, toi qui surgis de la terre et nous interroges ; devons-nous avoir peur de toi, devons-nous nous inquiéter ? » « Quelle cérémonie devons-nous transporter ici pour t’examiner, pour en faire ta découverte » ; « dans ce sol où tu es imprégné, tu parais immense et tu nous apportes au-dedans de notre tête, tant de questionnements, tant d’ignorance que l’on voudrait savoir ! » Ce réflexe du vivant qui nous imprègne tant, comprendre ce que tu es et ne pas se méprendre, puisque rien ne nous dit de ta présence, ce qu’elle fait là, pourquoi tu es là, sauras-tu nous le dire, toi qui ne sembles pas vivant, toi qui ne sembles pas vivante, toute molle au-dessus, comme au-dedans, dirait-on ? Alors on s’interroge, on s’interroge et l’on vient précautionneusement, et l’on vient précautionneusement inspecter, des fois que tu serais suspecte d’un quelconque méfait ; mais rien de tout cela n’apparaît, tu es inerte ! Et de nos transports vers toi, tu ne défais aucun de tes mystères, il faut sans cesse revenir petitement, pas à pas, doucement, auprès de toi pour que l’on sache enfin, quoi habite au-dedans de toi ? On ose à peine te déflorer ni de te déterrer de trop, de peur (on s’inquiète tout de même un peu), de te blesser, de te réveiller ; alors on fait beaucoup de prêchi-prêcha, de, « attention ! ne l’ébranler pas ! » Des déterrements ne sont pratiqués qu’avec parcimonie, sans empressement, où l’on déterre a un endroit et l’on recouvre aussitôt, « rien, non rien ici, non pas là, de l’autre côté ! », on essaye à nouveau, et l’on recouvre aussitôt. Aujourd’hui, je m’arrête, car ma parole a été prolifique, à cause de cette chose sortant de mon rêve, un matin ; très certainement, cette histoire reprendra un autre jour et je la dirais, j’en saurai un peu plus certainement, elle apportera d’autres mots à ma mémoire, pour que je les dise, que je rapporte à nouveau cette histoire.