(Voix électronisée – le 20 oct. 2018 à 15h46) (corrigé le 23 oct. à 23h43)

familia, ritualis familia

Le robote, dans sa manie de répertorier tous les rituels du vivant, avait remarqué au moment de certains rassemblements humains, un cérémonial très particulier au moment des deuils, ajoutait une force à la cohésion du groupe familial pour mieux le souder.

À l’appel de la famille quand un des leurs mourait et qu’on devait l’enterrer après la cérémonie mortuaire, il avait remarqué dans les groupes familiaux où une religiosité était instaurée, celle-ci les aidait à supporter ces moments dans une union de soutien et de partage à travers le souvenir de celui qui venait de mourir, afin de communier, se remémorer les instants passés ensemble autour de celui qui était parti. Il y avait d’abord ce cérémoniel établi de siècle en siècle fait pour unir les familles à travers l’aide d’une religion établie tout aussi longtemps dans les lieux dont nous vous parlons. Il y avait ensuite, par-dessus ce rite ancestral, un autre, plus subtil, plus étonnant, qu’il avait remarqué, lui qui ne cessait de rassembler toutes les mémoires de ces instants, un rituel ajouté au moment du rassemblement de la famille après la messe, après l’enterrement, dans la maison d’un des leurs ; ce rituel attachant où les maîtres du lieu bavardaient avec chacun des invités avec une égale solennité, passant de l’un à l’autre, dans un partage des bavardages du souvenir ou de toute autre chose, dans une égale émotivité, rejetant d’avance l’excès d’une vérité dérangeante, devenue inappropriée en de tels instants. Ce rituel semblait exigeant et nécessaire à la cohésion du groupe, de la famille et de tous ces embranchements, une force sous-jacente soudait les personnes dans une union très humaine du soutien réciproque, refusant l’excès d’un tourment qui annihilerait le groupe très certainement. Une politesse même dans ce regroupement familial s’insinuait pour parfaire la cohésion de l’ensemble, une éthique de la famille, comme un principe : « ce que l’on devait faire au nom de la famille, pour qu’elle reste unie » était sous-entendu, toujours dans ces moments-là. Cela représentait certes une force, une morale, probablement, mais elle masquait tous les agissements divergents, les faisait taire pendant ces instants mortuaires où ils étaient proscrits.