(parole entre deux sommeils - le 4 déc. 2018 à 3h57)
—> 5. « ajoutements », tragicomédies, acouphènes
(établir un rythme avec les redites)
Ce fourmillement au creux de ma tête, incessant, ce que l’on appelle acouphènes ; j’essaye de le faire devenir mon ami, qu’il m’inspire même s’il me fatigue la vie.
Cette part de moi, ce nerf acoustique qui ne perçoit plus rien d’une oreille devenue absente, m’envoie ce souffle, infiniment, continûment. J’essaye de le rendre mon ami, ce souffle-là, de jouer avec lui, d’utiliser la grande fatigue qu’il me procura, (de) la détourner à des fins plus utiles, je ne sais trop comment faire… (ni) comment cela puisse se produire, que j’élabore des processus sans le savoir, qu’il n’en use, que ces particules de souffles, cette sorte de bruit blanc, qui n’en est pas un, qui est coloré…
Eh, c’est sa couleur, d’une auditivité que seul moi entends, que je ne peux extérioriser, sa couleur et ces « chuuuuiuuiouuu » me parlent en fait ; c’est une information qui me vient. Le nerf qui me compose, ce nerf acoustique interrompu, anormalement démuni de son oreille absente, que l’on m’enleva, toute sa mécanique biologique capte ce souffle ; qui (il) vient bien de quelque part ce souffle ? Il n’est peut-être pas extérieur… (non) intérieur à moi-même ? Il vient d’un extérieur qui me nourrit, je l’imagine ainsi.
Eh là en ce moment, peut-être en comprendrais-je mieux son fonctionnement et sa raison d’être ? De la fatigue qu’il m’apporte j’en use comme d’un transport, et je navigue dessus, je cherche à en comprendre la moindre nuance au fil du temps, qui sans cesse varie, comme (avec) tous ceux atteints de ce mal, qui n’en est peut-être pas un, mais peut-être, suis-je le seul à percevoir ainsi les sonorités qui n’en sont pas une, ce souffle au creux de mon cerveau, qui s’ingénie à me pourrir au début (de son règne), la vie…
Peut-être qu’il ne me la pourrit pas et qu’au début je ne le comprenais pas, ce souffle continu ? Maintenant je l’intègre, il me parle et c’est peut-être lui qui m’inspire tout ce que je dis là, tout ce que je fais là, tout cet écrit-là, cette information qu’il me communique, car il capte bien quelque chose, ce souffle… pour qu’il soit un souffle ? J’entends comme une sorte de sonorité certes, mais c’est bien plus que cela, c’est une information qui me vient, qui me va, je ne peux faire autrement, de le supporter et de l’écouter.
Il est continu et module en permanence « chuuuiuuoouuiiuuu », ce souffle ! Mais oui m’apporte peut-être toute une mythologie, je ne sais ? Mais il est là, il chuinte en permanence, c’est bien pour me dire des choses qu’il capte, ce nerf interrompu, il capte autre chose, un artefact du vivant, une défaillance, et je dois en user pour que cela devienne autre chose, (en faire) une nouvelle perception de ce qu’il capte ; ne serait-ce qu’une invention, je ne sais ? Oui dorénavant, maintenant, à ce jour, à cette heure, à cette date, je te comprends ainsi, souffle qui m’entête et qui naguère perturbait ma vie ; je t’accepte et je fais avec toi dorénavant, car il me semble bien que tu m’apportes ce que je n’aurais jamais entendu si j’avais encore cette oreille qui me manque. Je viens de découvrir cela, de mon entêtement que voilà. Est-ce aussi cela, l’infinie poésie du vivant, qui s’ingénie en moi, comme tout un chacun. Moi, j’ai cette particularité-là (au creux de moi) ce chuintement « chiiuuuuiiioouuu » continu, qui me dit, qui me raconte, je ne peux faire autrement…
Eh, maintenant que je pense à lui, il m’entête encore plus, vais-je pouvoir finir cette vie… mais pfff ! vais-je pouvoir finir cette nuit ? (pas cette vie !), tranquillement, et m’endormir ? Peut-être répète-t-il inlassablement le même message, immense message qui me fait écrire tout ce que j’écris là et que je capte par moments, peut-être est-ce lui qui m’inspire tant ? J’ose espérer que cet imaginaire qui me vient là vient bien de lui… Comment faire autrement ? Je me pose cette question. Me voilà donc dans un nouvel entendement de lui, ce souffle indéfinissable qui m’assaille tant et tant…