(parole en marchant - 24 oct. 2018 à 17h06)
—> envisager des correspondances réelles ou en partie imaginaires ?
—> 5. « ajoutements », autour et sur le récit
Je profite… Je profite d’une balade, une de ces balades régulières que je fais souvent dans cette forêt à moitié dépecée, pour te répondre… À moitié dépecer parce que c’est bien vrai, il y a bien la moitié de celle-ci qui a été déjà coupée ; dans dix ans il n’en restera rien, s’ils continuent à ce rythme ! Depuis deux ans, ils coupent, ils coupent d’une manière effrénée ; le seul avantage que j’y ai trouvé c’est de m’inspirer des écritures nauséabondes vis-à-vis des bûcherons du coin. Je te réponds ainsi parce que j’ai de plus en plus de mal à dissocier mon travail de… J’ai de plus en plus de mal à dissocier mon travail du reste, cela fait un tout, il n’y a pas la part intime, la part pécuniaire, salariale, comme on voudra, qui n’est rien du tout, que j’exècre complètement. Il y a que je me dépêche d’en finir avec cette écriture qui m’assaille complètement, parce que je ne peux pas faire autrement, je n’y arrive pas tout bonnement ! Alors j’y mêle, à travers mon récit, mon discours (ici), pardonne cette intrusion. Et corrigé des textes, je ne fais que ça ! et dissocier mon travail à d’autres pensées, j’y arrive de moins en moins, pour ne pas dire plus, il faudra vous y faire, tout le monde est à la même enseigne, et ma petite personne est toujours étonnée qu’elle suscite un quelconque intérêt en la matière, vu que dans quelques années je rentrerai dans un monde de silence, occupé par des acouphènes persistants, pendant que je peux avoir encore une parole, je me dépêche et je vais à l’essentiel, de plus en plus, et cela n’ira pas en s’amenuisant. Eh, je comprendrais parfaitement que l’intérêt que tu sembles susciter à mon endroit s’émousse, je ne me trouve pas intéressant moi-même, alors que les autres aient le même avis ne m’étonne guère. La seule chose qui m’intéresse n’est pas moi-même, mais ce qui sort de ma tête, pour en finir une bonne fois pour toutes avec ce récit qui me vient ; alors j’y mêle celui-ci à ma réponse.
Tu me demandais des nouvelles d’İpanadrega, mais ils s’avèrent en fait, que ce n’est personne, ni moi détourné, transposé évidemment ni un quelconque personnage, je me trompais et je le dis dans le récit, dans les préambules, dans l’éventuel récit (terminé et long) que peut-être certains liront, si je le mets à disposition d’une manière ou d’une autre. Non, İpanadrega est un mot qui vient de langages très anciens plutôt océaniques, des zones asiatiques, mélanésiennes, avec beaucoup de « a » ; il vient des zones d’orient, mélanésiennes… Ah ! je sais pas… plus d’inspiration… c’est terrible ! ça vient pas ! Faut que sa sorte comme il faut, d’un seul jet, ça vient pas ; j’ai la pensée qui défaille… c’est terrible quand ça arrive, je sais même plus ce que je voulais dire ?
…
(parole en marchant - 24 oct. 2018 à 17h40)
La narration évoluant essentiellement à travers un affect, des perceptions, quand je pus en avoir, des choses qui m’entourent ; à l’instant où je dis ou raconte tout ceci, je suis dans un manque d’inspiration terrible et régulier, entraînant une dépression difficile à vivre, à la limite de l’inexorable, à chaque fois, mais plus je descends bas, Plus je remonte haut ! Donc je laisse faire la chose comme sur ce chemin qui descend à son plus bas où j’arrive en ce moment, je ne peux que remonter, ici très doucement. Ôtons-nous toute idée de larmoyer sur son sort, ce que je déteste. Je me retourne et regarde derrière moi ce paysage désolé d’une forêt dévastée ; pourquoi j’ai été ici où celle-ci est déprimante, ajoutant à ma propre dépression, c’est suicidaire ! Mais quelque intérêt que puisse avoir mon discours, je ne sais quoi dire, rien ici ne m’inspire ; mes pauvres arbres, que vous ont-ils fait ; le peu qu’il reste me semble désolé, ils sont marqués de signes kabbalistiques, des flèches, des traits, « on te coupera, on ne te coupera pas », c’est du n’importe quoi.
Alors pour te répondre, que puis-je dire, sinon ce que tu m’envoyas joint à ton courrier, des considérations logistiques, administratives et financières de la forêt, un récit soporifique que tu trouveras je ne sais où, absolument déprimant, où l’on parle avec chiffres à l’appui et graphiques, de considérations purement techniques, de termes tout aussi abscons pour décrire une forêt comme l’on décrirait une chose quelconque, sans aucune considération pour les êtres que l’on gère ainsi, se les appropriant en les coupant sans un merci d’abord, quand je vois tout ce bois désolé laissé à l’abandon, ces branches, ces cadavres (plus aucun nettoiement n’est réalisé) ; le texte que tu me joins exprime ce que je vois en ce moment.
Quant à l’autre pièce jointe où un extrait de ce document cite l’usage champignoneux des mycéliums de la forêt, d’ailleurs est comme tu dis « assez loufoque ! » ; quand on parcourt le reste du document, c’est des considérations pseudo-catholiques, une spiritualité qui mélange un peu tout, des prières en veux-tu en voilà, des notions d’éveil émises comme si c’était une chose acquise, je n’y vois aucun éveil là-dedans, il n’y a pas de formule dans l’éveil, il est unique et personnel (me voilà bien péremptoire !) ; personne ne peut t’éveiller à la place de toi ! Et les pseudo-éveillés qui auraient écrit quelques passages de ce document me semblent imbus de leur personne, même si quelques considérations semblent évidentes, par quelques idées d’un bon sens commun, et le bon sens, nous l’avons tous ! Ça ne s’apprend pas c’est inné, c’est la vie qui nous l’a donné le bon sens, ce n’est pas nous, encore moins eux !
Où as-tu trouvé pareils documents, tu t’en es émue apparemment et tu me les envoyas, c’est très aimable de ta part, mais cela conforte ce que je pensais déjà, d’un égarement de plus, en plus du mien probablement, de la plupart d’entre nous, nous allons droit dans le mur, c’est certain ; et je ne vois pas d’humanité au-delà d’un siècle, au point où nous en sommes, à conquérir à toute la planète, avec toutes ces choses qui nous assomment de part et d’autre…
L’information aujourd’hui, dans les radios et sur l’Internet était déplorable, misérable, rien à en tirer de positifs qui t’élève vers quelque chose de meilleur pour ta survivance ; rien !
Alors, aujourd’hui il fait moins beau qu’hier, hier encore un soleil resplendissant, aujourd’hui brumeux, mais sans plus, un sol sec comme jamais je n’ai vu ; les cultivateurs aux abois, bien mal leur en ont pris, de planter du maïs autour de ma cahute, un maïs tout rabougri en manque d’eau… Ah ! Excuse, je ne suis pas joyeux aujourd’hui, mais comment peut-on l’être à voir tout ceci, ah ! c’est pas possible ! Eh, ce soir, à cette heure, un silence complet de la forêt, ah si ! quelques oiseaux au loin, pas un bruit, pas un vent. Ah si, un oiseau vole là-bas… il n’y a qu’eux que je vois, pas un chevreuil, pas une biche, encore, il est vrai que la chasse a été tonitruante ces derniers jours, les animaux se méfient, c’est le moment des tiraillements à droite à gauche, tous les week-ends, au nord de la forêt au début de la semaine et au sud, à la fin ; ils mettent leur petit panneau (rouge sang) « attention tire à bal », « méfiez-vous, on tire à vue ! », une allusion à travers leurs panonceaux rouges « méfiez-vous, on pourrait vous prendre pour une biche, femme du coin ou un cerf, homme du coin, si vous êtes coiffé un peu trop haut, l’on vous abattrait bien ! » Il est vrai qu’un homme avec des bois sur la tête, ce serait amusant, qu’on le canarde en riant et lui courant, courant, « aaah ! pas moi, pas moi, pas moi ! » eh, c’est amusant, cette image…
Le sol est dur comme jamais, tu disais que ta santé va mieux ! et bien tant mieux, on finit toujours dans un drôle d’embarras, je le dis souvent, idem pour moi évidemment. Eh, cela ira en s’aggravant, il faut s’y faire… Ah ! je passe sur un passage torturé par les pauvres sangliers qui grignotent ce qu’ils peuvent ; en soulevant la terre, en essayant de rechercher à travers la maigre humidité qu’il reste quelque mangeaille, je ne sais s’ils la trouvent.
Ils ont coupé le maïs hier, avant les pluies qui s’annoncent très maigres, la météo indique « pluies éparses » à droite à gauche ; qui sera servie en premier, on ne sait, on ne sait ? Malgré tout, la semaine dernière, la forêt m’inspira beaucoup et ce fut le chant des oiseaux qui m’apportèrent quelques élans, quelques mots à mon histoire à mon racontement…
Tiens, il est beau cet arbre, c’est quoi ? Un hêtre ! aaah ! Il est magnifique, il y a quelques arbres qui ont des ports, celui-là a perdu presque toutes ses feuilles, mais il a une allure intéressante, il est élégant dans ses courbes, ses branches pas droites… Ah il veut déjà bourgeonner, ah oui il fait trop chaud ; faut pas qu’il refleurisse, il va se faire avoir, le froid arrive, il est déjà prêt pour le printemps ; oh ne te précipite pas ! (on entend, il marche sur les faines) effectivement je suis lasse d’écrire… ah ben là y’a beaucoup de faines, non des glands ! ben eh je comprends pas que les sangliers ne viennent pas là, ah y’a de quoi bouffer ! Y’a quelques marrons avec… ah non même pas, que des faines… Ça craque sous la chaussure !
Que dire d’autre ? Oui, à propos de l’écrit, sa forme a beaucoup évolué et je ne sais si finalement il sera mis à la vue d’un quelconque public dans sa forme finale. Plus j’avance plus je vais vers une sorte de mandala, ces dessins que font les moines hindous, tibétains plutôt dans leur monastère pour détendre l’esprit à travers un imaginaire et comme tout mandala véritable, à la fin on efface tout, c’est le parcours d’esprit et la gestuelle de réalisation du mandala qui est important, ce que cela donne même si cela s’avère la plupart du temps magnifique, n’a pas vraiment d’intérêt ; on efface tout à la fin ! Eh bien, mon écriture aujourd’hui encore, et depuis quelque temps déjà, me semble aller vers ce sens, à la fin on efface tout ! Eh, il faudra que je me convaincs ou que l’on me convainc que c’est inutile, qu’il (vaudrait mieux garder cette trace) faille garder une trace, je n’en suis pas si sûr ? Cela me fait penser à un reportage vu sur une taloche quelconque où les moines de temple asiatique s’étonnaient que les Occidentaux, des archéologues divers veuillent préserver le délabrement de leur monastère en déliquescence, ils laissaient faire la nature. On ne pouvait l’en empêcher, la part momentanée des choses était parfaitement acceptée de leur part, s’il fallait reconstruire, on le ferait de nouveau, mais le bâtiment n’avait plus d’usage, donc on laissait la nature s’en occuper ; ils s’étonnaient que les Occidentaux veuillent préserver cette mémoire, il ne la comprenait pas, comme pour un mandala, ils ne se souviennent de l’usage qu’ils firent de cette réalisation, du monastère, ou du motif réalisé, mais après on laisse faire la nature qu’elle efface tout et eux-mêmes, le mandala ils l’effacent, sa forme, sa trace n’a pas d’importance, ce n’est pas cette trace-là qu’ils veulent préserver, c’est celle qui s’est imprimée au-dedans de leur tête, qui est plus importante, c’est celle-là qu’ils veulent préserver, c’est celle-là qui subsistera au-delà de tout, qui les amènera vers une réalisation de soi ou un quelconque éveil momentané et je suis de plus en plus convaincu de réaliser un travail idem à cela ; donc dans les préambules du récit, sinon le lien jour véritablement, je dirais pour ma tranquillité d’esprit, il n’y aura plus de copyrights ni de dépôt légal ni de quelconque forme administrative, peut être imprimé si je veux laisser quelques traces (tout de même), il faudra beaucoup m’en convaincre moi-même et les autres (aussi) ; je laisse quelques bribes sur le site web, des écrits qui me semblent les plus intéressants du moment, mais pour le reste toute sa cohésion, je vais l’accomplir comme un livre vierge de tout regard, pratiquement, puisque j’ai repris tout de la première édition du premier tome, le racontement en est complètement différent. Ce que j’appelais « İpanadrega » devient « il », un « il » qui est un peu nous tous, j’aurais pu très bien dire « Elle », mais de « elle » je ne connais moins les choses de cette perception (féminine), peut-être par moments, il y aura « elle », mais en toutes formes il y aura « il » à la place du nom « İpanadrega ». En fait, il ne sera véritablement cité pour la commodité du récit, qu’à la fin, quand « il » rencontrera l’objet de son parcours, ce peuple innomé et quelqu’un au cœur de ce peuple, lui dira d’une certaine manière ce qu’est « İpanadrega » ; j’ai les prémices d’une compréhension, mais elle n’est pas complète, elle sera acquise quand j’y serai à la mise en forme de ce passage déjà écrit, mais pas tout à fait fini, il faut aboutir à la narration précédente pour obtenir une complète compréhension de ce que veut dire ce mot, voilà où j’en suis et je ne sais plus quoi dire.
Cette journée a été triste. Le soleil me manque déjà, on va rentrer dans une période pluvieuse, brumeuse et déjà on se plaint de l’hiver prochain. Je te souhaite bien des choses dans ton nouveau travail et peut-être à bientôt, je ne sais comment je te répondrai, en fonction de l’humeur du moment, je ne sais.
Je t’embrasse, à bientôt !