(parole en marchant - 22 déc. 2018 à 14h44)

—> 2. « petit chemin » :
—> le robote lui a suggéré d’améliorer la protection du microphone de la machine enregistreuse…

(à 14h44)

(Test du micro avec bonnette, est-ce que le vent, on l’entend toujours qui s’immisce dans sa petite membrane, est-ce que ça va faire « schrrprffree ! » encore ? Le vent n’est pas très fort, il n’y a pas de vent là, « ça va viendre ! »)
– Au loin, quelques tirs sporadiques ; journée de chasse, panneaux avertisseurs « Attention chasse ! Tir à balle, tir à vue ! » Si l’on vous voit dans la zone (chassée), vous serez abattu, comme l’on abat tous ces arbres qui gênent en fait toute vue au loin, que l’on abatte la forêt, que l’on brûle toutes ces carcasses, que cela devienne un désert, que l’on voie au loin des bêtes en face… « Chasse gardée ! Défense d’entrée ! Propriété privée ! (propriété de privilégiées !), propriété accaparée ! » (sermon) C’est à mouââ ! Le grand mouââ vertueux de l’homme qui se croââ ! Saloperies de mentalité ! Oh, je suis très énervé aujourd’hui, car le petit chemin magique où je passais naguère est complètement détruit, d’arbres abattus, de routes déformées par leurs engins meurtriers, c’est déplorable !
– Qu’il vienne le vent, qu’il vienne le vent et qu’il pousse repousse tout cela ; on ne distingue plus l’arbre abattu par le vent de l’arbre abattu par les hommes ; ceux-ci, ces derniers ont fait pires que lui, le vent. Ah ! Encore un panneau ! Tous les dix, vingt (tous les cent ou deux cents mètres) mètres, ce panneau en bordure de la forêt « chasse gardée, propriété accaparée, défense d’entrée, tir à vue ! Si vous rentrez, l’on vous abat à la moindre intrusion (entrevue) !… Pas de palabres, pas de discussions, ne moufte pas ! Défense d’entrée, domaine accaparé… », le temps de vie de celui qui le fait, cet accaparement (version : la durée d’une vie, celle de celui qui le réalise, cet accaparement) ; quand ses descendants mourront, la terre ne sera plus imaginairement accaparée par le prétendant, elle sera de nouveau laissée à elle-même, comme elle l’est toujours d’ailleurs, ces zones que l’on décrète nous appartenant et ces sols qui ne demandent rien !
– Dans ce bout de chemin encore à peu près intact, encore beau au printemps, quand les frondaisons des arbres deviennent rayonnantes, cette pente douce elle masque au loin le désastre du chemin et puis ce vent qui ne vient pas…

(à 15h01)

(autre test du microphone pendant un petit éventement… qui ne vient pas, c’est dommage…)
– Oui, rien ne se passe, pas de vent… ah ! là un petit peu…
– Qu’est-ce que tu me dis par si devant ? Ah, ça y est les animaux bipèdes sont là, ah, il avance par-devant, non ne vient pas, il ne semble pas m’avoir vu, venant par petits pas vers lui, petitement, farouchement, doucement… N’ébruitons pas notre avancement… Ah ! la personne, le bipède est lourd, il avance péniblement, englué dans son mangement, il a du mal à digérer sa nourriture nauséabonde sûrement… Ah ! J’arrive bientôt au contournement ; je vais quitter le petit chemin bitumé (bitumineux), la personne ne m’a pas encore vu, ça y est, je quitte le chemin, je crois qu’elle ne m’a pas vu… C’est fini, le bipède ne me verra plus, j’avance dans le chemin, tranquille cette fois-là encore, malgré tous ces dehors (snif), je snife, car je mouche encore…
– Ce qui reste vert, la lumière qui m’est renvoyée, ces mousses fluorescentes, presque, cet hiver… Je crois que je ne mettrai pas ces petites formes argileuses avec quelques écrits pour inspirer toute une poésie, ici, il n’y en a plus (de cette inspiration naguère), ce n’est plus possible !
(Ah ! Un petit éventement, sera-t-il repoussé par la petite mousse sur le microphone que l’on a protégé assidûment, on ne sait ? On ne sait pas plus si cet enregistrement va capter des dehors déventés, pour le confort de la machine enregistreuse ?)
– J’arrive vers cette petite futaie de pins d’Amérique (d’outre océan) dont je tairais le nom de celui qui les nomma. Ils sont, oh, quelques centaines, ici, ils commencent à être beaux ; mais tremblez tremblez, les hommes vont vous accaparer, vous êtes trop vous, ici !
– À tous les arbres, il conviendrait d’être laid pour les hommes, pour qu’ils ne vous coupent pas ; mais vous ne pouvez pas renier vos formes, si elles sont belles, c’est que la nature en vous l’a fait ainsi, il n’y a que les hommes qui vous découpent, qui sont laids.
– Eh puis là, de pauvres Hêtres aux branches cassées qui pourrissent dans les trous laissés… Aujourd’hui, ce monde me déplaît (me débecte) oui oui, j’ai traversé les trois quarts du chemin, dans un délabrement c’était tout autour de moi peu réjouissant ; comment cela se fait-il, autant de délabrements, je n’arrive plus à exprimer une quelconque beauté, une quelconque réjouissance, je peux plus, j’en peux plus, c’est fini… Ici, c’est encore intact, il n’y a que les débris du vent, les branches tombées par lui à cause d’un mauvais agencement, d’un de ces ventilements désagréables pour eux (les formes ligneuses de l’endroit) ; ici, on ne peut devenir amoureux, c’est terminé.
– Ils ont mis dans des zones quadrillées des petites étiquettes (avec) des chiffres un, deux, trois, jusqu’à des mille et des cents de parcelles répertoriées, des zones à découper… Ah ! Vous critiquez tant… Oui, eh il faudrait… c’est la vie tout de même qui découpe tant ! Oui ! Mais c’est de la vie qui déconne et j’en fais partie de cette vie-là ; c’est pour ça que mon discours détonne, ah ! ah !
– Alors, le petit caillou, il est toujours là, recouvert par les feuilles, du côté de la mousse de l’arbre…
– Ah ! Celui-là, courbé, il a fini sa vie trop vite poussée, une branche l’a assaillie et se courba tant qu’il en mourra, il forme une courbe même pas gracieuse, son bois va se disloquer peu à peu, il naquit à un endroit déplorable pour sa survie ; adieux donc toi…
(Ah ! Un petit éventement, le micro va-t-il l’entendre, le repousser par la petite mousse devant, l’on ne sait, l’on ne sait…)
– J’approche près de mon petit hêtre si joli, je le vois au loin, il garde encore sur lui quelques feuilles (flétries), hein ! (snif) tu pousses trop près du chemin, je te l’ai déjà dit, écarte-toi donc, ils vont t’embêter, ton avenir sur cette souche pleine de mousse elle n’est pas radieuse, ils vont t’emmerder jusqu’au bout ; et si tu pousses trop beau, tu seras coupé bien plus tôt, je n’ai pas de solution pour toi, comme à vous tous, autour, fait comme tu pourras, adieux (snif)…

(le robotique a transcrit les sons mémorisés par la machine enregistreuse : le snif, est un snif de nez « qui coule », pas un snif de tristesse, même si cela semble le laisser croire, malgré la morosité ambiante)