(parole en marchant - 20 avril 2019 à 14h22)

—> 2. « petit chemin » : 20 avril 2019, ce vent constant balaye balaye l’instant…
—> venance du vent (relier les textes sur le vent)

Ce vent constant balaye balaye l’instant, comme si on ne voulait pas que je le reconnaisse, cet instant d’avant… balaye balaye, ce qui est décevant à cet endroit où s’élèvent devant moi de futurs cadavres, dans la forêt que l’on découpe ! Eh ! ça, les arbres ici le savent bien, ils sont en rémission, à leur échelle, dans quelques instants, à leur échelle du temps, dans quelques instants, ils seront coupés. C’est ce que me dit le petit papillon jaune qui virevolte, jaune citron, il m’a vu et s’éloigne hâtivement de moi ; je suis de l’espèce de ceux qui coupèrent tant ses amis, les arbres ; mais lui qui vit si peu de temps peut-il se faire des amis de ces grandes tiges s’élevant vers le ciel ? Je le vois au loin s’éloigner de moi, que cherche-t-il ? Et puis ce vent persistant, maintenant, nouveau ! Auparavant, il n’était pas à ce point constant, les temps changent… Eh, ce renouveau que l’on fait (accompli) ici ne me semble pas le meilleur des choix… (à suivre)

(parole en marchant - 20 avril 2019 à 14h41)

« Petit papillon jaune, guide-moi, je suis perdu ! » Il me dit « c’est par là, va tout droit, suit ton chemin, il est déjà tracé, vois-tu… Moi je vole, je vais où je veux, je virevolte de haut en bas, de droite à gauche, dans tous les endroits comme je veux, toi, tu n’as qu’un chemin à suivre et là, ici, il est tout droit ; prends-le ! » Je sens comme un dédain dans sa parole, il ne veut pas que je le suive, il ne désire pas que je sache ce qu’il fait de sa vie à lui ; petit papillon, tout de même, je te dis merci, tu m’as confirmé le sens de ma vie… Il revient vers moi, tournoi tournoi et ajoute, « c’est toi qui le dis ! moi je vais où je veux ; suis ton chemin, il est tout droit ! » Eh, je vois au loin plusieurs de ses semblables aller de droite à gauche de haut en bas, ils font (en effet) ce qu’ils veulent, ils suivent des senteurs (probablement), ils suivent ce qui au fond d’eux-mêmes semble les guider. Quelque part, ils me disent probablement « (ne) fait donc (pas) comme nous, tu n’es pas un papillon, tu es un homme ! Suit ton chemin, il est tout droit, droit devant toi, d’autres l’ont parcouru avant toi, suis-le ! » Même si mon chemin a un parcours sans destin, je dois le suivre ? Un autre (papillon) s’approche de moi, avance un peu, se pose, virevolte encore et rajoute, « c’est ton destin, ton chemin ! Pourquoi veux-tu en suivre un autre, tu n’es pas un oiseau ni un papillon, tu ne peux voler, virevolter comme nous ; nous, on fait ce que l’on veut, de bas en haut, de droite à gauche, revenant, repartant… nous faisons ce que nous voulons… suis ton chemin ! » Alors, je le suis, mais au bout, je vois une tâche marron bouger comme un espion, un autre être que je ne connais (pas) ; va-t-il s’approcher de moi et me répéter ce que ces papillons-là me racontèrent, je ne sais ? « Va ton chemin, suis-le ! Le tien est tout droit, tu vois ? Tout au bout, cela tourne, tu le peux à droite à gauche, comme tu veux ! Au bout, il y a cet arbre, un frêne, avec un écriteau où y’a marqué “ici, c’est beau !” » Ah ? dois-je exulter, dois-je admirer ce « c’est beau » ? Ah ! Le papillon renchérit et me dit « toi, tu fais comme tu veux ! suis ton chemin, ce que tu me demandas ! Tu me demandes, alors je te le dis, ce que je pense de ton chemin… » Eh, je vois une multitude, une nuée de papillons tournoyer autour de moi à me répéter sans cesse, lancinante, cette réponse, « suit ton chemin, il est tout droit, tout devant toi, il y a au bout, ce frêne élégant où y’a marqué dessus, sur un écriteau (blanc) “ici, c’est beau !” »

(parole en marchant - 20 avril 2019 à 14h43)

Sur le chemin, des cadavres, des cadavres, tout le long, que l’on a tronçonnés il y a peu. Tout le long du chemin tout droit, des cadavres, des cadavres que l’on coupa il y a peu. On sent derrière une petite finance ordurière, elle décime, décime les forêts de tous les mondes. Sur le chemin il y a des cadavres, des cadavres, tout le long, tout le long, que l’on coupa tantôt, je le vois bien, ils attendent leur destin, sur le chemin, tout le long, tout le long, il y a des cadavres, des cadavres, tout en long, qui attendent leur destin…

(parole en marchant - 20 avril 2019 à 14h52)

Ah ! papillon blanc mêlé aux papillons jaunes, il me dit que le vent ici n’est pas content ! voui ! il souffle il souffle, parce qu’il n’est pas content de ce qu’il voit ici, alors il souffle il souffle ; au premier venant il l’évente, l’évente beaucoup pour lui affirmer ce pour quoi il n’est pas content, comprenne qui voudra ! comprenne qui entendra ! « Eh ! qu’entends-tu ? » me dis le vent, « qu’entends-tu ? » Ah ! moi, je ne suis qu’un homme, je ne comprends pas tout… « Aaah ! tu admets enfin que tu n’es pas au-dessus de tout ? » Oui, je sais bien, je l’ai toujours su, « tu admets donc ton sort modeste ? » Mais c’est évident ! Je ne suis pas un charlatan, je ne suis pas de ceux-là, moi ! Je t’admire toi le vent… « Aaah ! tu veux me flatter, tiens, prends cette bourrasque ! » Merci de m’éventer ainsi, « pourquoi tu n’es pas content », lui dis-je par-devant. « Aaah, c’est une longue histoire, il faut remonter le temps, aller jusqu’au bout de moi, de mon vent (de géant), élégant jadis j’étais, je soufflais par petit bond doucement pour effleurer la joue d’un venant, marchant tranquillement… Mais maintenant ce n’est plus possible ! vous coupâtes tant cette forêt que les trouées jadis élégantes ont perdue de leur attrait, je ne puis plus danser (dans cet) agrandissement, virevolter comme avant, je m’y engouffre et vous souffle peu à peu des rumeurs, des éventements soudains pour t’effleurer… plus que la joue et apporter quelques éraflures. Il est vrai que de toi, j’en joue, j’en joue plus qu’il n’en faudrait, je ballais donc ton entourage, de ce qu’il reste l’éventer aussi pour qu’il s’envole dans une poussière… » Malgré que le petit papillon jaune devant moi virevolte, j’entends ce qu’il pense « le vent a raison, sais-tu, sais-tu, le vent à raison ! » Il s’éloigne, s’éloigne le petit papillon jaune… Ce serait donc la fin des temps ? « Nonnn ! » me dit le vent, « Nonnn ! » Il soulève la poussière et me fait sentir quelque part quelques ornières. Eh ! que devrais-je y sentir au-dedans de ses grains de silice que j’ingurgitai dans ton vent, mécréant (tonitruant) ? « Oooh ! tu t’enhardis, tu as peur de ma tempête, tu n’as pas peur de ma tempête (tout de même), veux-tu que je t’édifie sur le sujet ? Veux-tu une bourrasque, une tornade, et t’envoler au-dedans… Veux-tu une autre histoire en son dedans, que veux-tu que je te raconte ? » Ah ! mon imagination n’est pas desservie comme je le voudrais, les papillons virevoltent pourtant autour de moi et j’envoie un qui rigole doucement « ah ah ah ! cet homme qui croyait tout savoir, ne sait rien du tout ! » Au loin, je vois une bête dans le champ (qui ne cesse de) m’observer, que suis-je, un ennemi, envisage-t-il que je veuille le tuer ? C’est un chevreuil, il broute l’herbe du printemps ; lui, curieusement, n’est pas dérangé par le vent et le papillon jaune revenant vers moi, me dit « c’est normal ! lui, on ne l’accuse pas ! lui, il n’a rien fait ! » Serais-je donc coupable, me dis-je ? Une bourrasque venant m’interroge et c’est moi maintenant qui dois raconter ce pour quoi il y a autant d’éventements ici ; eh, l’oiseau (navigant) autour de moi vient de confirmer exactement ce que je perçois, « la nature est votre maman ! » ajoute-t-il en piaillant. L’éventement est suprême et la parole ne peut plus se faire (s’introduire correctement) dans la petite machine enregistreuse, c’en est trop pour elle… (trop de vent à ingurgiter).

(parole en marchant - 20 avril 2019 à 15h01)

La réincarnation est permanente ! nous sommes composés d’êtres antérieurs, tout ce qui nous compose (chaque particule) a habité des formes très diversifiées, allant du ver de terre, de la simple bactérie (à toute sorte d’engeances), et si nous remontons (tout cela), fut composé, assemblé (à partir des) les atomes, les atomes essentiels ayant (eux-mêmes) composés au creux des étoiles, eh, souvent dans des explosions… formidables ! naquit l’atome qui un jour nous composa…
La réincarnation est permanente, elle n’arrive pas qu’aux hommes, elle s’exécute en permanence à travers toute forme, toute vie. Pourquoi voulez-vous que nous en ayons les attributs ultimes, par-dessus les autres ? Notre aventure est unif.rme. Elle se répète en permanence tout au-dedans de la nature, et des mondes, à tout moment, en tout lieu, dans tout l’univers se recomposent sans cesse des êtres, des formes, des particules élémentaires venues de pays lointains, dans des voyages cosmiques, au fond des météorites, des comètes, des galaxies et sur une planète, celle où nous habitons, qui recueillit toutes ces choses-là au fil de temps, au fil des milliards d’ans ; nous sommes assemblés de tous les composants d’un univers très ancien, très ancien ; dans l’infinie poésie du monde, nous fûmes créés. Ce n’est peut-être pas ce que l’univers conçut de plus beau, ce que nous sommes ; quelque chose quelque part nous demande « éveille-toi de ta condition ! » Quand je viens ici, le vent, c’est peut-être ça qu’il me dit « éveille-toi ! éveille-toi ! » Le papillon blanc, le moucheron, le moustique, la fleur du pissenlit, sa graine s’envolant au premier vent au bout de son petit plumet élégant… J’aime bien ce mot « élégant », peut-être parce que nous avons oublié ce qu’il y a au bout de celui-ci, l’élégance d’un geste, l’élégance de nos actes. Elle est toute une mémoire (cette forêt), une revitalisation de ce que je suis et tous les êtres qui virevoltent autour de moi, qui grouille sous mes pieds et ce vent qui m’apporte tant d’effluves, je les insuffle dans mes respirations régulières, ces particules élémentaires…

(parole en marchant - 20 avril 2019 à 15h32)

—> 2. « petit chemin » : en bas de la forêt, endroit lugubre (à relier avec les textes abordant le même sujet)

L’arbre se dit : « à quoi bon pousser puisqu’on va nous couper, pourquoi faire un effort, que notre bois devienne mauvais le plus mauvais possible à tout usage… » Ici, ce sont des cadavres debout, avant même la mort ultime du découpage. « Nous ne sommes plus ! En haut (de la forêt), ils verdissent déjà (alors) que nous, nous sommes à peine enfeuillés ; ils sont couverts de vert (alors) que nous, nous sommes encore noirs de bourgeonnements insignifiants ! (à quoi bon pousser puisqu’on va nous couper ?) » C’est éclatant cette différence que je vois, ils ont compris (ces arbres-là) ce que fait d’eux cette humanité intransigeante, accaparante. « À quoi bon pousser, puisque l’on va nous couper » disent-ils, ceux-là en bas de la forêt, dans une parcelle déjà en deuil…

(parole en marchant - 20 avril 2019 à 15h38)

—> 2. « petit chemin » : en bas de la forêt, endroit lugubre (à relier avec les textes abordant le même sujet)

À moins que ce soit un éclairage insidieux qui me confond (ici), la lumière ne brille pas, n’éclaire pas le verdissement encore profond. Eh, pourtant, au printemps, les feuilles vertes des arbres caducs sont éclatantes d’un vert léger, jaune printanier, si caractéristique ; ici, non ! le noir domine ; regardez donc, vous voyez bien que je ne vous mens pas, l’éclairage n’est pas (si) différent d’ailleurs (le soubassement du terrain accentuant l’effet austère). Ils savent (les arbres) leur sort prochain, les cadavres déjà autour d’eux, ceux que l’on a découpés tantôt, témoignent de ce sort funeste. Ici, la forêt est décimée, malheureuse ! Les économistes diront « mal gérer », non ! (il en rit) « optimisez ! » soumettra l’un d’entre eux, une forêt bien coupée est une forêt idéale, tout dépend de ce que l’on entend derrière les mots « bien » et « coupé » (et « idéal »). Cette histoire, une conception que l’on a du monde nous entourant et dont nous faisons partie malgré tout, quoique peu d’entre nous en disconviennent, ils se considèrent à côté, à la porte d’une nature, sans concevoir qu’ils lui appartiennent, et de là en établissent toute une villégiature irréaliste. En dehors des réalités, ils oublient que tout communique et que quand ils meurent, ce qu’ils représentent (leur matière) retourne à la terre… Ah ! j’entends déjà les donneurs de leçons me dire « pourquoi médis-tu tant des hommes, tu en es un aussi, en somme, alors ! tu devrais nous pardonner, nous excuser, nous défendre, c’est l’inverse que tu fais, tu médis de nous ! » Bah ! c’est que je n’arrive pas à faire autrement, je n’en éprouve aucune fierté de mon humanité, j’ai plus honte que fierté, savez-vous ? Mais ce qui me tranquillise, c’est qu’au bout du compte, la nature aura toujours raison de nous, nous finirons tous dans le trou ! Eh, ça, me rendre heureux me tranquillise enfin ! Enfin un bon côté des choses… « Vilain ! vilain, tu es, nous ne t’aimons pas, tu n’es plus des nôtres ! » Oh ! ça, je le sais depuis longtemps… « Alors, va-t’en ! » Ne vous inquiétez pas, je partirai un jour ou l’autre… « Va-t’en ! » Oui ! « Aller ! »