(parole en marchant – 14 avril 2019 à 14h39)
—> 2. « petit chemin » :
—> trop de « que », à corriger
Chemin fatigant ! Parce qu’il se prend toujours dans le sens opposé du vent, parce qu’il monte, parce qu’il est constitué d’aspérités (issues), de ces machines roulantes, ces tracteurs aux roues démesurées qui quand la terre est humide laissent (oppose) à chaque pas, des tranchées qu’il faut franchir, devenues pénible quand le sol est asséché et qu’il faut rebondir sur chacune de ces anfractuosités ; c’est pire que les reniflages des sangliers qui broutent une mangeaille dérisoire. Cela perturbe le pas, alors que le vent virevoltant vous pousse à l’envers de ce qu’il faudrait, quand vous arrivez au bout du chemin, vous êtes épuisé… Où à chaque pas, vous manquez de tomber, d’autant plus que votre âge est avancé, ce qui est un peu mon cas…
Ce chemin est fatigant et je ne l’emprunte que pour une usure volontaire, sans agrément ; me faire suer comme il m’est demandé, parce qu’aujourd’hui j’ai trop ingurgité de ces nourritures certes excellentes, mais trop nombreuses, comme d’habitude. On mange trop ici, on devrait être un peu plus affamé ! Deux fois moins se nourrir serait excellent ! On peut l’atteindre, vous êtes en lutte avec vous-même. « Mange donc, mange donc, c’est si bon, c’est si bon ! » Même si la nourriture est excellente. Chaque excellence devrait nécessiter une mangeaille dérisoire ; plus elle est excellente, plus elle devrait être dérisoire, mais cela ne se peut, la gourmandise vient par-dessus tout recouvrir ce souhait ; sans pouvoir l’atteindre, il faut lutter !
Vous voyez où nous en sommes dans nos autres pays où l’opulence sévit. Que chacun emprunte ce petit chemin désagréable serait salutaire ; mais à trop l’emprunter, le sol va en devenir plus lisse, avec moins d’anfractuosités, et cela ne serait pas bon ; il faudrait que chacun repère, trouve (près de chez soi), ce chemin désagréable à emprunter, pour le (se) faire suer, pour qu’il arrête ainsi de s’engluer de mets trop excellents qui vont l’engraisser. Oh ! Les bactéries nous constituant en seront plus aisément délectées, surtout celles qui s’occupent de nous faire digérer ; mais d’autres, je les entends déjà, disent, « c’est trop ! nous allons te faire digérer, certes ! mais nous allons réagir à travers une diarrhée sans commune mesure, pour que tu finisses par comprendre que ta nourriture certes excellente est surabondante ! », « Pour vivre longtemps, il faut se nourrir peu ! » Cette sagesse très ancienne semble évidente, tu ne l’as pas compris, alors tu empruntes ton chemin désagréable pour apaiser cette réprimande. Mais comment faire, comment faire autrement, après que tu as fauté, et mangé si goulûment ? C’est une question de volonté, une expérimentation de celle-ci, et un début d’éveil (de le comprendre ainsi). À moins que tu veuilles mourir précipitamment à travers une syncope, une crise cardiaque, une de ces défaillances impromptues du sort qui arrête ton existence immédiatement. À moins que tu veuilles faire cette expérience de mourir précipitamment, que tu le souhaites au creux de toi ; qu’un ordre se réalise dans l’expérience qui est faite de toi, on expérimente ce mangement-là, que tu effectues journellement pour voir comment ça fait, de mourir englué et engrossé de la sorte. Mais cette expérience a été faite des milliers de fois, pourquoi la recommence-t-on sur moi ? C’est que l’on te donne à la fois, la conscience de cela, de ce que tu es et de ce que tu fais, eh, que l’on expérimente ta propre contradiction, de savoirs qu’il ne faut point manger de trop, eh, que tu n’obtempères pas ! Il te faut vivre avec cette contradiction, dépenser la machine qui te compose à travers un dégagement d’énergie, à travers tes pas, ta sueur inutile qui ne fait que vider ce que tu ingurgitas, ces victuailles sans fard qui t’encombrent, oh ! l’esprit et le corps ! Tu peines, encore ! Tu peines, eh alors ? Que dois-tu en conclure de cette expérience-là ? Ah oui, tu as raison, toi qui parles au-dedans de moi, je sais bien, mais, quand l’on cuisine si délicatement des plats si succulents, même si on éprouve pratiquement plus le goût et les saveurs que l’on a perdues depuis bien longtemps, on force le trait pour les percevoir encore un petit peu, à travers cette perception même infime du mets ; un souvenir que l’on veut ressasser, celui de l’enfance, certainement, se souvenir de ce que l’on a été… c’est peut-être ça, c’est peut-être ça ?