(parole en marchant – 5 mai 2019 à 18h03)

—> 2. « petit chemin » :
—> à joindre avec les voix du même moment (arbre oua oua, aller vers l’ail des ours…)

C’est simplement pour tester le petit vent fripon qui sévit par ici… Hé, tu es bien poli aujourd’hui, que je sorte ma machine enregistreuse et tu te calmes, pour que ma voix puisse se poser, au-dedans, sans être perturbée par tes petits soufflètements… Ah ! tu arrives, et tu m’évites, c’est poli ! Vas-y, rentre-moi dans le chou, que l’on s’affronte, enfin !… Non, toujours, tu m’évites, c’est curieux, le vent est hautain, il me survole, il ne ratisse pas bas, aujourd’hui, à moins que ce soit le chemin, ou que les arbres sont trop près ? Il est vrai que je n’avance pas dans le sens du vent, je suis dans un de ces chemins transversaux qui créent comme une barrière à son enfilade ; le vent ne s’y engouffre pas comme ça… Nous reprendrons la discussion plus tard, nous ferons un (autre) essai, à moins que cette trouée ici me permette un nouvel essai… Encore quelques secondes, de ma marche hâtive… j’y arrive, pour voir comment ça fait, un éventement obnubilant ; nous allons dans le petit chemin, voir ce que l’ail des ours, au début du printemps, ce qu’il est devenu, pas le printemps, mais l’ail !… Je sais ! Le mois de mai c’est un peu tard, par ici ; mais j’y retourne, à cet endroit, et il a toujours été très riche de cette plante si particulière. Non, ce n’est pas le vent qui gêne, c’est la pluie s’en venant, nous y reviendrons (plus tard) à ce petit vent… (fripon fripon petit vent…)

(parole en marchant – 5 mai 2019 à 18h12)

—> 2. « petit chemin » : des descriptions détaillées

Je suis à côté de l’arbre oua oua, c’est ce que les oiseaux me disent, car on dirait au loin, quand on s’amène vers lui le long du chemin, on dirait un gros chien qui attend et qui jappe, un gros chien qui apparaît tout noir, tout marron foncé ; et quand on s’approche, ce n’est qu’au dernier moment que l’on s’aperçoit, malgré que sa forme ne bouge pas, que c’est véritablement un tronc d’arbre délaissé au bord du chemin. Eh ! les oiseaux très prolixes me disent, « c’est l’arbre oua oua, etc., etc. » Ah ! oui, et je ne dois pas le critiquer, cet arbre, je dois le laisser là ; il fut arraché comment déjà, je regarde, on dirait, oui (les oiseaux l’informent de l’infortune de cet arbre), on dirait que c’est la foudre qui le fit tomber ? Il est arraché, n’est point coupé, c’est étonnant dans cette forêt où l’on coupe tant ; oui (un oiseau déblatère tout un roman…), je vois de l’autre côté du chemin, l’endroit où il naquit, il semblerait… Oh ! il avait un siècle à tout casser ; alors, c’est ça l’arbre oua oua ! Nous avons appris quelque chose aujourd’hui et ce n’est pas moi qui l’inventai… ce nom, ce sont les oiseaux. Le ciel est lourd et des vagues de nuages de plus en plus noirs s’amoncellent, apportant une petite pluie délicate ; dans un calme maintenant, le vent a décidé de ne plus sévir à cet endroit. Il s’en écarte pour me laisser à ma voix, dire les choses qui m’interpellent ici, sans gêne aucune de quelque souffle que ce soit, je l’en remercie, certes ; mais je vois aux loin les nuages qui rient doucement ; il n’y a pas de vent, certes, mais il y a un écoulement, non pas de vent, mais, d’une substance bien plus tachante (mouillante), qui irrigue les rivières d’une eau tonitruante, ah ah ! On veut m’impressionner (l’oiseau de passage en rit lui aussi), mais je ne me laisse pas faire, bien que je sois tout seul à mon affaire, j’avance droit devant le nuage bien noir et je vois qu’au fond, à l’horizon, la lumière revient, il est donc heu… d’une longueur peu importante, il ne va pas enrober toute la plaine et il va passer bien vite ; déjà au loin une trouée s’annonce. On veut me faire peur, de cette peur ancestrale des temps anciens ! Nous sommes à un bout de la forêt un peu plus sauvage que les autres, dans des endroits relativement délaissés malgré des chemins, jusqu’au bout une avancée, à la limite du champ à côté ; on sent qu’il est peu emprunté depuis quelques années, sauf les cultures (toujours là) à côté. J’arrive dans la zone où sévissent ici d’innombrables Pervenches où (dont) la floraison est presque terminée, il ne reste que quelques fleurs finissantes mêlées aux Ronces, aux Euphorbes, aux Anémones Sylvie, des arbres, les Noisetiers, les Hêtres, les petits Chênes naissants ; c’est une futaie qui a été coupée il y a peu, elle est juste renaissante. Ici, je marche à côté de Sceaux de Salomon (Polygonatum odoratum) (note pour moi : ne donner que le nom latin, sans citer le nom de Salomon, évidemment) ; nous allons arriver près de ce cher Ail des ours… Ah ! des chiens (aboiements), j’arrête là pour l’instant…

(parole en marchant – 5 mai 2019 à 18h39)

—> 2. « petit chemin » : des descriptions détaillées

(Commentaires, avec traduction du chant des oiseaux, livrant leurs connaissances du lieu au promeneur du bois…)
Ici, l’ail des ours se situe un petit peu en haut de la petite allée (perpendiculaire au) du petit chemin, dans la montée juste avant le grand champ de céréales, dans le contrebas, dans un fossé vaguement agencé (chant persistant de l’oiseau), eh, ils sont au fond du ruissellement de ce dernier. C’est ce que m’ont indiqué les oiseaux pour trouver le chemin, c’est ce qu’ils me disent, entendez-les ! ils connaissent l’ail des ours (et s’en délectent) ; ils y vivent (les oiseaux) toujours tout le long de l’année tout auprès, alors ! Eh, dans ce chemin, dans ce petit renfoncement au creux du fossé, dans le ruissellement du fossé, il (l’ail) s’y trouve bien puisqu’il s’y aligne tout le long, et vous ne trouverez rien ailleurs, c’est dans tous les renfoncements que vous les verrez, un peu à l’abri, dans la mi-ombre… Ah ! c’est la dernière période, leurs feuillaisons vont s’atténuer peu à peu le printemps se finissant, les dernières fleurs ont déjà toutes éclos ; ce sont les derniers instants où je peux en goûter encore avant qu’il (ne) se flétrisse jusqu’à l’année prochaine, où de leurs bulbes, ils renaîtront de leurs feuillaisons si particulières, si épicées et sucrées à la fois.
Je suis passé à côté de petites stellaires (aux fleurs blanches) de la même couleur que l’ail des ours, ce sont des petites Stellaires graminées (Stellaria graminea) car elles sont toutes fines. On les confond parfois, quand elles ne sont pas encore en fleurs, à des herbes, à un Pâturin quelconque, alors que ce sont des Stellaires, genres Stellaria, toute fine, de la famille des Saponaires, une grande Stellaire qui a le mérite d’être remplie de saponine, une substance savonneuse servant (pouvant servir de substitut au savon) à fabriquer des savons, d’où leur nom.
Le ciel est complètement dégagé, un arbre… un nuage noir s’avance derrière, mais il sera comme les autres, tout-petits ; il veut me faire peur, je n’y crois plus. Il menace, menace, menace donc ! ton averse, c’est quelques gouttes… Nous, nous en revenons de la petite cachette où se trouvait cet ail des ours, et nous, nous allons repasser auprès du tronc (mort), cet « arbre oua oua » comme le disent les oiseaux. Oua oua, pourquoi donc ? parce qu’au loin, on dirait un chien qui attend debout, assis (plutôt !) (l’oiseau rectifie), attendant son maître, puisqu’on ne conçoit maintenant les chiens que comme ayant un maître ; ce n’est plus le temps des loups où le chien était véritablement un loup et sauvage (l’oiseau tout près explique), il n’aurait pas attendu, il aurait soit fui ou foncé sur moi avec sa meute, car ils ne sévissaient jamais tout seuls, ils ont cette tactique d’encercler leurs proies ; il y a bien longtemps qu’ils se méfient (eux) des hommes, (ces derniers) ils ne sont plus une proie facile, il faut qu’ils soient désarmés et fatigués ou blessés pour qu’ils attaquent (le loup) pour se nourrir, car c’est leur rôle de charogner… Hein ! arbre oua oua, je m’en vais… quelques pissenlits autour de toi, eh, la petite rivière de la forêt qui coule coule, des petites véroniques des bois. Il a plu ces derniers temps et l’eau est abondante, que de banalités je dis, aujourd’hui… Je revois l’instant, l’endroit, pardon ! où j’ai coupé (il y a peu) cet ail des ours, si charmant (auprès des sources), il en reste quelque pied à cet endroit près du petit ruissellement (l’oiseau me précise)…

de 6’54 à 6’59, l’oiseau, le Pouillot véloce du coin lui donne quelques précisions…

… ils se plaisent au bord de l’eau, par les pieds dans l’eau, mais, au bord ! Comment ils arrivèrent là, par leurs graines, par les oiseaux ou les animaux amenés peu à peu, se déplaçant dans les chiures des oiseaux déversant ces quelques graines qui vont bientôt (se) former à la fin du printemps… Ici, c’est calme, on a coupé (la futaie) depuis quelques années et tout repousse, apaiser, après ces coupes persistantes (de naguère) ; le genêt pousse au bord du chemin, des petites futaies (nouvelles) se forment par petits amalgames… des grandes herbes comme dans les plaines, autrefois ; (ces zones de la dernière coupe) les coupes sont tranquilles maintenant, on va leur foutre la paix pendant quelques ans, des dizaines d’ans, peut-être dans trente ans, quarante ans, ils vont en remettre un coup (les zommes)… C’est calme ! Je vois les pieds de Digitales se former comme tous les ans, à côté des Ajuga reptans (Bugle rampante), ces petites fleurs violettes en grappes (montantes) et les coucous flétrissant, leur floraison est terminée, pareille, leurs feuilles vont s’atténuer ; ici (il cherche le nom d’une Sauge des bois [Teucrium scorodonia] dont il a oublié le nom)… des plantes que j’étudiai jadis et dont les noms ne me reviennent plus, c’est pénible d’oublier ! On voit guère de muguet… Ah si ! peut-être là, oui je vois des pieds de muguet, mmm ! petit le muguet cette année, ici !
« Tati tati tati tutiii ! » me dit la Mésange charbonnière, elle insiste ! « tutii, attention, un deux pattes passe par là, méfie-vous méfiez-vous ! », oh ! n’ayez crainte, je n’ai pas de fusils et vous n’êtes pas aux abois… Ah ! au loin, je regarde le vieux tronc (de tout à l’heure), on dirait bien un chien prêt à faire « oua oua » c’est marrant. Avançons encore un peu que le chemin nous charme encore un peu, les asphodèles au milieu de leur floraison sont petits à cet endroit, on (en) a vu de plus grand ailleurs, toujours du même côté de la forêt, comme par hasard ; s’en venant (des bords) de l’océan (à l’ouest d’ici), ne traverse pas la ligne droite s’en allant vers le nord que représente la route qui traverse la forêt, ils ne sont que d’un côté, on dirait qu’ils ne souhaitent pas aller de l’autre côté, rien ne les y pousse ; il (leur) faut encore une partie du vent de l’océan qui les évente, trop aller au creux des plaines n’est pas suffisant pour eux, il faut qu’ils soient dans un entre-deux ; (et) ils remontent progressivement vers le nord, de graine en graine…

(parole en marchant – 5 mai 2019 à 19h20)

—> 2. « petit chemin » :

Sur les papiers enterrés de la petite fille, (ceux) que j’ai trouvée hier, ceux que j’ai enfouis sous la terre ; je peux rajouter, qu’il y avait dessus écrit des secrets, des choses personnelles sur ce qu’elle exprimait (ressentait à ce moment-là) que je ne raconterais jamais. Donc j’ai enterré son secret pour qu’il ne soit pas mis à la vue de tous, et peut-être un jour, mais pas trop longtemps tout de même, si l’on découvre ces papiers légèrement enfouis sous la terre et si le (la texture du) papier n’a pas trop été désagrégé, vous pourrez les lire encore ; mais il faut faire vite, car dans un ou deux ans, peut-être même avant, on ne verra plus rien. Les petites bactéries du sol, toutes les petites bêtes en son dedans, vont découper, assimiler le papier, son encre, et tout faire disparaître à jamais… S’en souviendra-t-elle, cette petite fille, plus tard quand elle sera grande, de ces papiers, qu’elle abandonna ici ; s’en souviendra-t-elle de cela, et ce qu’elle marqua comme un bel entendement à son esprit jovial, je l’entends ainsi, s’en souviendra-t-elle de ce moment… Quelques jours plus tard, je découvris, de l’autre côté de l’allée, au moment… à l’endroit des croisements où je trouvai ces papiers, une petite coque de plastique avec la reproduction d’un petit animal imaginaire, genre pochette-surprise, était tombée ; c’était peut-être à elle, cet animal ? On dirait un petit chien, non, un petit… une sorte de cerf, avec des cornes… avec une gueule de toutou…

—> reprise pour liaison avec récit précédent (parole en marchant – 3 mai 2019 à 19h21)

Nous sommes à la croisée des chemins, au milieu du carrefour où quatre directions sont possibles : rebrousser chemin, aller devant soi, tourner à droite ou à gauche, que dois-je faire. Je médite je médite… (l’oiseau du coin répond), l’oiseau me renseigne, il dit « choisit donc ici ! », « Mais, soit plus clair, où est donc cet ici ? » (l’oiseau répète) Ah ! On insiste ! Je ne sais que choisir… Le soleil est encore haut, mon chemin peut encore se parcourir avant la nuit, pendant un certain temps, je peux z’y voir. À moins qu’une averse s’en vienne ? Tiens ! des papiers par terre…
(ajouts du 5 mai à 14h39)
Ce sont des gribouillis d’enfant, d’une petite, sûrement, elle y a inscrit son nom, c’était quoi déjà… (chut) Je les ai enterrés là où je les ai trouvés.

Sonagrammes audiométriques :