(parole en marchant – 20 mai 2019 à 18h01)

—> 2. « petit chemin » :

Que voulez-vous que je vous dise, voyez dans ce chemin la connerie s’approche, des roues béantes d’engins extravagants se déplaçant sur le chemin, font des trouées inappropriées pour transporter quelques bois qu’ils ont arrachés ou coupés, laissant à des machines qu’ils commandent le soin de tronçonner chaque espèce d’arbres qu’ils veulent collationner ; le rythme est outrancier, on ne s’occupe guère des choses environnantes, l’on abat sans se soucier d’une harmonie quelconque, on laisse les détritus ici en bas (sur le sol), et les tas de bois s’allongent, s’allongent sur des chemins dévastés ; au sol, ces véhicules extravagants peuvent passer dorénavant, la boue étant l’ultime rempart au simple promeneur qui n’ose s’aventurer sans un équipement approprié. C’est tout juste s’il ne doit pas escalader chaque tranchée que fit le pneu de la bête, la machine exubérante dont nous vous parlions tout à l’heure, au nom (à l’appellation) de plus en plus inquiétant. Ici, nous passons à côté de petits branchages insignifiants (alignés) sur quelques centaines de mètres, du bois de coupe des résidus qu’ils ont bien voulu associer (réunirent) ; ils ont fait des marques rouges fluorescentes en haut du bois au cas où certains leur piqueront ce bois (la marchandise de ce tas), le fruit de la sueur de la machine. Ils ont laissé une de celles-ci, un tracteur récupérant les abattements qu’ils firent précédemment, la machine découpeuse il la protège assidûment, objet de toutes les convoitises, c’est celle qui coûte le plus cher, on ne la voit guère, on ne la voit guère… (Au bout du chagrin) le bûcheronnage n’est plus élégant, il est forcené, il ponctionne ponctionne sans réfléchir, tout autant, sans réfléchir plus en avant, (comme) essayant d’avoir un traitement, une parcimonie, tenter un équilibre. Ah ! dans le chemin qu’ils avaient barricadé de barbelés (ils les ont enlevés), ils y passent maintenant pour pouvoir passer (traverser la futaie) ; il y a toujours les panneaux « chasse garder, propriété privée, défense d’entrée, tire à vu, abattage sur place, enterrement aussitôt ! » Ça y est, nous avons dépassé la zone des coupes, nous retrouvons le chemin ancien encore laisser intact, combien de temps, on ne sait, on ne sait ; le petit vallon où la lumière s’engouffre tant, avec des reflets (si radieux) propres au printemps, propre à l’été, à l’hiver ou à l’automne ; ici, ils n’ont pas encore touché ni leurs machines n’y sont passées, le chemin semble intact, quelques chasseurs l’ont outrepassé puisqu’on y chasse dans la propriété privée attenante à la forêt domaniale (des domaines de l’état). L’endroit est toujours seyant, encore heureux, mais insidieusement tout près maintenant, s’approche approche la bêtise la bêtise ! Combien de temps ce chemin ici restera intact, je ne sais je ne sais ? Les oiseaux sont prudents, ils me racontent en chuchotant, ils font des pronostics pas du tout élégants, on sent comme une angoisse, un cogitement de leur part, « devrais-je laisser mes pontes dans de tels endroits ? Ne devrais-je pas voyager un peu, trouver des lieux plus calmes, c’est qu’il n’y en a guère maintenant ! » Les formes qui me ressemblent occupent tous les lieux, par tous les temps, tant qu’ils se croiront les maîtres de ce temps, nous aurons cette angoisse au creux de la forêt (les oiseaux viennent plus près en chantant d’un drôle d’air). C’est pas drôle ce que vous nous dîtes ? Ben oui ! Parce que le temps n’est pas drôle, il est même inquiétant ; de se masquer la vue sur de tels agissements serait bien pire. Il faut avouer ouvertement ce que nous sommes, et comme dit l’oiseau à côté de moi, « avouer ses fautes, ou demander un pardon n’est pas suffisant, nous voulons des agis-se-ments ! », me dit-il.
Je vois dans ce temps brumeux, Les Genêts sont beaux cette année… Ah, une petite Taupe morte de vieillesse, d’empoisonnement, on ne sait, on ne sait, près du champ tout près, oh, « empoisonnement » je dirais, l’animal (alentour) va la manger, va la décomposer. Les châtaigniers sont naissants, pas prépondérants ici, la rocaille mêlée à des déchets d’ardoises dans des tas sous les Genêts, à côté du Hêtre, comme du Charme, les Ronces tentent un recouvrement, telles des gendarmes pour protéger les jeunes pousses, s’en venant, pour qu’on ne les voie. Elles leur laisseront le pas, quand ces mêmes pouces seront grands, elles s’effaceront peu à peu pour laisser la place, et se propageront plus loin, elles ont cette audace, les Ronces…