(parole en marchant – 29 mai 2019 à 20h20)

—> 3. « singes savants », considérations philosophiques :

De la solitude. À propos de solitudes, choses que je connais bien, car moi-même, je suis un être solitaire, vous le voyez bien. De la solitude, approfondissons encore ; c’est une façon d’appréhender la vie dans les affinités qui nous a été donnée, les êtres sont faits pour vivre en groupe, en famille, en communauté, et d’autres appréhendent le monde à travers une solitude où le côtoiement avec l’autre se fait par petites touches successives, pour ce qui concerne l’être solitaire. Nous ne sommes pas tous faits sur le même moule. La vie nous élabore dans nos différences, et dans nos différences, elle expérimente, comme je vous le disais précédemment, des modes de vie d’existence possible à appréhender, à essayer ! Eh, chacun a un conditionnement qui s’élabore au fil de son évolution, qui vous prédestine comme une tête chercheuse, une manière indéterminée d’abord, et qui peu à peu, se façonne et s’affine pour vous faire vivre des aventures dont vous n’êtes pas l’inventeur, mais vous n’en êtes que l’acteur ; on vous met là, vous vivez tous les jours, alors, dans un groupe ou dans une solitude, dans toutes les variations entre ces deux extrêmes, votre existence s’organise dans cette tentative… la solitude ? Oui, dans des processus identiques, mais où l’être ne peut se recharger du monde, qu’en prenant une distance, pour essayer d’atteindre une profondeur parce qu’il n’y arrive pas autrement. Il a été construit (ainsi), évoluant de cette manière-là. À trop vivre dans l’immédiateté, dans la mouvance des semblables à vous-même, être sollicité en permanence, certains y arrivent très bien à vivre dans ce microcosme, et même tellement bien qu’ils ne peuvent concevoir une vie dans une grande solitude. Tout comme pour le solitaire, il ne se voit pas vivre dans une communauté ou dans une famille, tout comme celui qui vit dans une famille, ne peut élaborer l’inverse de son mode de fonctionnement, chacun, l’un comme l’autre, n’est pas destiné à expérimenter la vie de son propre opposé ; la liberté de l’un n’est pas la liberté de l’autre et vice versa. Il n’y a que des différences, et chacun a apporté à l’autre dans son expérience, évidemment ; c’est la mémoire la trace laissée, comme toujours, qui nous laissera dans cette expérimentation ; des traces que le vivant reprendra ou pas, selon que vous vivez quelque chose d’intéressant ou non.
4’51 (pause, chants d’oiseaux en fond)
5’57
Et de la solitude proprement dite, essayer d’en dire plus ?
Oh ! On pourrait dire des choses d’une très grande banalité, c’est comme pour tout être, il doit trouver son équilibre, satisfaire un fonctionnement inné, une recherche innée qui s’insinue au-dedans de lui, ce qu’on appelle une homéostasie…
6’38 (une Corneille ou un Corbeau Freux passe par là ; et autres oiseaux, à déterminer)

7’46 (à déterminer)

10’00 (le chant des oiseaux est toujours très présent…)

Je parlais d’homéostasie ; l’homéostasie, c’est tenter de réguler, de s’installer dans un confort minimum pour subsister et de se préserver des aléas de l’environnement, toute entité vivante est dans cette recherche, comme rechercher un nid, un abri, à manger, c’est en permanence la nécessité de satisfaire ce principe de vie fondamentale, un besoin générique ; sans homéostasie, vous ne trouverez pas de vie pouvant se réaliser de manière heureuse, idéale. Il faut un principe d’organisation satisfaisant, qui rend l’existence satisfaisante, et ce confort doit s’établir absolument, sinon pourrait-on dire « à quoi bon vivre », si ce n’est dans la douleur permanente. Non ! la douleur, je l’évite autant que possible ; ou si elle arrive, je dois m’en guérir, si c’est une blessure, quelle qu’elle soit, la blessure (j’ai ce réflexe instinctif de tenter de la soigner) ; et que vous viviez en groupe ou non, on obéit tous aux mêmes lois (naturelles), donc, le choix d’une vie solitaire n’est qu’une organisation différente, on est plus ou moins solitaire, on peut vivre en ermite, mais on est toujours dans la nature, quelles que soient nos conditions d’existence, elles devront se satisfaire toujours dans le même univers, la même planète, nous ne pouvons pas en sortir. Nous sommes dedans, ou dessus, si vous voulez.
Mais encore ?
Ah ! mais encore, mais encore, je ne sais pas, je n’ai pas d’inspiration, je n’ai pas de perception qui me vient.
Vous n’êtes pas sollicité ou rien ne vous vient ?
Oui ! Puisqu’il n’y a pas en ce moment un mécanisme quelconque s’élaborant pour m’apporter des notions pertinentes ; ici et maintenant ! Peut-être demain ? Ma perception aujourd’hui est fade et sans lendemain…
Sans lendemain ?
13’53 (chants intenses des oiseaux en fond)

Oui ! Elle n’a pas d’avenir, cette perception ! Eh bien, j’ai déjà tout dit, je ne peux dire de plus, il faudrait que nous élaborions des questionnements plus inspirants, pour déclencher une perception, un hasard heureux ! C’est ça ! Le hasard joue énormément, il a un rôle important dans tout cela, car il est au centre de toute élaboration. Elles se font au hasard des faits, tant d’éléments se juxtaposent, les rencontres et les aléas de la vie sont la somme d’aspects hasardeux ; par exemple, vous rencontrez, comme je le disais à un moment, « les bonnes personnes », « les belles personnes » ; ah ! parfois, même souvent, certains ne rencontreront jamais ces belles personnes, ils ne tombent que sur des gens à l’esprit grégaire, pauvres ou sans intérêt pour lui ; ou qui ne correspondent pas à sa perception, cela arrive pour la majorité des êtres, hein, ne vous méprenez pas ; la plupart des êtres vivent des situations sans intérêt, et ils les vivent ! ils ne peuvent pas faire autrement, ils sont nés au mauvais endroit. D’autres sont plus chanceux, mais ces chanceux-là sont extrêmement minoritaires, ils sont aussi le résultat d’un hasard. Quant à ma propre personne, elle est dans une moyenne ni heureuse ni malheureuse. Ma situation propre me permet de m’exprimer, je ne suis pas roué de coups ni emprisonné, ou du moins pas encore, j’ai cette chance-là ; mais voilà, beaucoup sont roués de coups, exploités, débilisés, d’ailleurs leur pensée est tellement déficiente qu’ils sont dans un mode de survie, ils crèvent de faim… sont nés au mauvais endroit, pas de pot ! Ils n’ont pas eu de pot, voilà ! Ah ça ! Essayez de vous mettre à la place de celui-là, né à cet endroit, le mauvais endroit ? Alors, comment la comprenez-vous, cette attitude, de celui qui vit dans un confort presque innommable, presque indécent, voire indécent, disons-le carrément, là, ici, où nous avons tout de même suffisamment de place pour accueillir beaucoup d’entre eux, à vouloir refuser la venue de ces personnes dans nos sociétés, la plupart ne font que fuir les désastres et la guerre, de refuser l’asile à celui qui fuit l’horreur, c’est indécent ! Eh, que dire de ces hommes politiques qui jouent sur… qui flirte sur ce genre d’appréhension, la peur de l’étranger a tendance à répéter des mécanismes assez courants, anciens, qui se sont reproduits maintes fois dans les guerres précédentes ; ces étrangers-là seront le prétexte alors d’un conflit, ce sera le prétexte de les exterminer. On ne veut pas de l’étranger, on ne veut pas de sa manière de vivre, c’est une forme d’homéostasies égotique mêlée d’une peur qui n’accepte pas autrui, il y a ça aussi dans l’homéostasie, elle n’est pas forcément bienvenue pour tout le monde. Ma propre homéostasie est de satisfaire mon individu, mais aucunement l’autre à mon détriment, sinon ce n’est pas une homéostasie de ma structure ; cela devient son homéostasie propre, pas la mienne, mon homéostasie doit se réaliser pour moi. Si l’homéostasie se résorbe pour tous les êtres, là on parle de symbiose, c’est-à-dire une bonne entente entre tous les êtres, et là ça implique un dialogue, un minimum de discussions et d’acceptation de la différence de l’autre.
19’31 (chants intenses des oiseaux en fond)

Beaucoup d’hommes ne sont pas capables d’appréhender le monde ainsi ; d’autant plus, quand ils vivent dans un confort plus ou moins précaire qui leur coûte un travail souvent appétissant, qu’ils doivent exprimer tout le jour, ils doivent travailler pour avoir une maison, une voiture, quelques objets que la société lui permet d’acquérir pour son contentement et dans cette forme d’organisation, il en est un petit peu le pion, et l’être que l’on exploite, qu’on entretient dans un confort tout relatif, où on lui dit « si tu ne travailles pas, tu perds ce confort-là, tu auras des ennuis », tu dois obéir à un mode de vie particulier. Celui qui fuit la guerre, il n’est même pas dans ces considérations-là, il fuit la guerre, il veut aller à un endroit où il n’y a pas de guerres, où il semblerait que l’on vive mieux, c’est tout ce qu’il demande ! Mais pour la plupart, le jour où le conflit s’arrêtera dans son pays d’origine, il n’aura qu’une envie, c’est d’y revenir, puisque toute son histoire se situe là-bas. La plupart du temps, c’est ça qui se passe, et ce qui s’est passé quand les guerres s’arrêtent, qu’il faille tout reconstruire là où l’on a tout détruit à cause de ces guerres souvent (toujours) stupides, fomentées par des dictateurs locaux sans envergure, des expériences sans intérêt ! Mais que voulez-vous, la vie doit les expérimenter. La connerie doit être expérimentée !
Jusqu’à quand ?
Ah ! Je ne suis pas à même de répondre, n’étant pas Dieu, et je n’en sais rien ? (À propos de) Toutes ces organisations du vivant (que je vous décris), on pourrait comprendre que ce que je prétends, comme l’existence d’un être suprême, une entité sous-jacente suprême, une sorte de Dieu global qui domine tout ça. Ça, c’est le dieu (des croyants), c’est le leur. Ce n’est qu’un leurre de l’esprit qui nous porte à « croire » parce que ça fait partie de notre mécanisme, qui, je pense, est en grande partie génétique nécessaire à l’équilibre d’un certain mode de fonctionnement. Non ! Je parle d’un déterminisme initial, qui existe dans le vivant, et qui s’exprime de différentes manières à travers tous les êtres, de manière différente. Mais ce déterminisme-là est toujours le même, il revient à ce que je disais précédemment, c’est-à-dire l’expérience que la vie fait de nous.
Et ce déterminisme est né comment ?
On n’en sait rien, mais il semble expérimenter la différenciation et l’information qui implique cette différenciation. C’est à mon avis, une information sous-jacente, de vouloir à tout prix noter cette différence et de répliquer un processus comme les dédoublements cellulaires au départ, et des doublements sexués plus tard ; et puis bien d’autres mécanismes qui ne cessent de varier entre les deux modes de reproduction que je viens de citer. La vie est très diverse et expérimente tout le temps, de toute façon. Eh, cette volonté d’expérimenter, de se diversifier, ben c’est un… c’est un constat ! On le constate, on ne peut pas le nier ! Si vous le niez, c’est que vous êtes aveugle, vous ne le voyez pas ! La vie est diverse et elle a commencé sous une forme beaucoup moins diverse, mais très unicellulaire, très simplette, et elle n’a cessé de se complexifier en transmettant toujours avec le même mécanisme de base, une information d’une identité existentielle à une autre ; ça, c’est inhérent à la vie, cette information qui se transvase, qui passe d’une cellule vivante à une autre à travers un petit codage et un certain nombre de traces qui sont des repères… La trace d’un passage, la forme d’un corail, toutes les extravagances que la vie exprima et qui laissent des traces vont servir de support aux suivants. Voilà où nous nous situons !
Eh, pour en revenir à l’aspect de la solitude. C’est une expérimentation de s’isoler des autres, afin de permettre à l’être qui est dans cette situation, d’appréhender le monde d’une manière plus approfondie, sans être perturbé par l’immédiateté de ses semblables ; généralement, toutes communications avec ses semblables impliquent un mode d’échange d’information basé sur un dialogue permanent et relativement ininterrompu, souvent sans répit ni pause (ou si peu) ; le processus du solitaire, dans ce qui est d’écouter les autres, serait d’absorber l’information à son rythme propre et de le régurgiter à travers ce genre de discours, « je vous entends, je vous écoute sans intervenir, et puis j’en retire certaines perceptions, certaines élaborations qui me font avancer » ; comme une sorte de psychanalyse ou d’autopsychanalyse, en permanence, de soi, comme du monde, tenter une vision globale. Voilà où on peut se situer, dans une particularité telle que la solitude ; mais il est mille et une solitudes ; on peut être seule le soir et dans la journée, on ne cesse de croiser des individus différents, si l’on va à un travail, on va perpétuellement croiser des gens, échanger des informations, leur en donner comme ils vont m’en donner et avancer à travers ça. Je garderai toujours une part d’une information, d’une discussion, d’un travail, qui va me faire appréhender le monde avec une expérience, l’addition chaque jour d’une expérience !
Mais enfin, tout ce que vous me faites dire là, est d’une banalité confondante, ce discours n’apporte rien, sinon à ne rien dire de forcément pertinent, sinon à se tromper moi-même, ou s’égarer, à laisser une information mièvre et inutile, voilà ! Rien d’autre à ajouter…