(parole en marchant – 14 juin 2019 à 19h25)

—> 2. « petit chemin » :
—> récit charnière entre une poésie du cheminement, des inspirations de narrations possibles, l’ajout d’un découpage narratif différent. Le petit chemin deviendrait un livre en lui-même ? (se sera le deuxièmement)
—> les (snif) donnent un rythme !
—> durée : 32’31

0’30
Chemin de terre avec quelques pierres
chemin de terre avec quelques pierres et des herbes au-dessus
chemin de terre quelques herbes au-dessus mêlées de roulements (extravagants) ces pneus de caoutchouc
de gros véhicule ont bouleversé d’empreintes (le)
chemin de terre avec quelques herbes au-dessus
vos roulements écroulèrent tout ce qui était au-dessus
chemin de terre auquel je marche au-dessus, j’évite ces roulements,
ces empreintes désagréables pour le cheminement
chemin de terre j’avance malgré tout goulument goulument (goût du vent !)
chemin de terre où j’avance en prenant mon temps toutefois toutefois…
chemin de terre et il pleut déjà, j’avance vite maintenant
ah, d’éviter toutes les gouttes
sur ce chemin de terre, me mettre à l’abri à l’abri
sous les feuillaisons des grands arbres tout autour tout autour
chemin de terre, j’avance au-dedans, très vite, très vite,
les oiseaux se cachent ne longent pas mon (le long) cheminement,
ils sont très loin, très loin de lui
chemin de terre au loin j’entends !
3’17
(bruits de pas, le vent, la pluie et les oiseaux au loin)
4’26
chemin de terre j’avance et dans mes piétinements,
je glisse sur la terre mouvante seulement
les gouttes commencent à s’amonceler doucement doucement
sur le chemin de terre, j’avance goulument
4’54
(bruits de pas, le vent, la pluie et les oiseaux arrivent au loin)
5’30
Ah ! j’arrive sous les feuillaisons
5’37
(idem)
5’53
Vite ! vite ! me mettre à l’abri
sous les feuillaisons des grands arbres au bord du chemin,
du chemin de terre, j’avance vite maintenant
et la boue déjà présente me fait glisser
sur le chemin de terre, maintenant !
Vais-je pouvoir finir mon tour gaillardement, je ne sais je ne sais ?
« Avance vite maintenant », me dis-je, avec le temps, avec le temps on y arrivera sûrement, sur ce chemin de terre, chemin de terre, je me mets, je me mets à l’abri sous les feuillaisons des grands arbres tout autour pour éviter les gouttes les gouttes !…
7’37
Ah ! Au loin, les oiseaux se rient de moi.
« Ah ! ce deux pattes qui avance si vite sur le chemin de terre, tonitruant ! »
J’écoute, j’écoute, mais que puis-je faire d’autre que d’avancer ; eh, dans mes évitements de la terre, ne pas y glisser quand elle est molle et que je m’y enfonce dedans, sur le chemin de terre, j’avance, j’avance, j’avance en piétinant…
8’46
(bruits de pas, le vent, la pluie inonde le sol et gonfle)
9’38
Eh !
Oui ?
Eh !
Oui ?
J’ai changé de chemin !
Ah ?
Maintenant !
Eh !
Oui ?
Sur quoi marches-tu ?
Sur de la petite caillasse toute fine, des morceaux de calcaire que l’on amena, il n’y a plus de terre molle ! Le sol est dur, entre les gouttes qui s’amoncellent dessus…
10’33
Aparté : me vient l’idée, dans le racontement du petit chemin et de tous les autres racontements, de mettre en parallèle les liens à chaque chapitre numéroté, vers les sources qui ont permis de le concocter, les liens vers la chronologie du récit où l’on retrouvera le texte original avant celui corrigé au final ; et puis des sources sonores, chants d’oiseaux (bruits de pas, du vent et de toutes vibrations), les décidements (décisions) de l’âge, textes manuscrits, tout ce qui permit de réaliser ceci…
Mais ?
Oui ?
Pourquoi veux-tu faire cela ?
Ah ! je ne sais ? Comme je vous l’avais déjà dit précédemment, quelque chose au-dedans de moi me dit « fait donc cela ! »
Ah ?
Oui !
Alors, eh bien ?
J’obéis !
Tu as donc un maître ?
Ah ! je n’en sais rien ? Qu’il soit mon maître ou non, à ce concept, j’y obéis, il me vient au-dedans de la tête, je ne me demande même pas pourquoi.
Vous appelez çaaa « l’inspiration ? »
Peut-être bien, mais ça vient comme ça, ne me demandez pas « pourquoi ? » Je n’en sais rien ? Alors, comme un esclave docile, je ferais bien une rime facile, mais je l’évite, celle d’un style (cil) docile que j’essuie…
On ne comprend pas ce que tu dis ?
C’est normal ! (celle d’un style [cil] docile que j’essuie…) Je ne fais que répéter ce qui me vient, et ce qui me vient n’est pas forcément cohérent. Ce sont des rythmes, des mots, des consonances. Le rythme joue un grand rôle au-delà du sens des mots, savez-vous, savez-vous ? Sur le chemin encaillassé, que je viens de prendre, où la terre est juste en dessous de la caillasse, entendez mon pas graveleux ? Je marche entre les loches pour les éviter et ne pas y glisser dessus ; ce qui aurait deux actions : celle de risquer de me faire tomber, et secondement, la plus déplorable, de la tuer cette pauvre Limace qui ne m’a rien fait. D’éprouver le sentiment de l’éviter juste pour ne pas la tuer, avant l’idée même que je puisse y glisser dessus et m’effondrer à terre et que l’on rit de moi, cette perspective, s’avère au final très secondaire à côté de l’idée de la tuer involontairement, celle-ci !
Oui et alors ?
Ah !
Eh bien, ça veut dire quoi ? Eh bien ?
Ben, que j’ai une conscience, quoi !
Et alors ?
Ben, c’est bien ! Non ?
Ah ? je n’en sais rien ! c’est l’idée que l’on a mis au-dedans de toi qui te fais comprendre que cela, ce serait bien, vois-tu ?
Ah ! je n’en sais rien ?
Je t’ai posé une question ?
Je n’ai pas compris !
Crois-tu ?
Dis-moi (à) quoi ?
Eh bien, dans tout ce qu’il y a à travers ce mot, « croire », à des choses ! (snif)
Je n’en sais rien ?
16’31
(chant de l’oiseau tout près)
16’49
Écoutez l’oiseau… le chant de la pluie, des oiseaux, ils disent leur mécontentement ou l’inverse, parfois, leur plaisir à ce chuintement de l’eau…
17’09 (un chant nouveau, vent et pluie mêlés)
17’26 (« tilédilé, tilédilé »)

à partir de 17’25, la machine enregistreuse entend « tulitilé tulitié tulitilé ! », mais la pluie masque un peu les sonorités du chant de l’oiseau (« quel est ton nom ? », se dit toujours l’homme)…

17’34
« tilédilé, tilédilé ! » a-t-il dit ! C’est qui, qui dit ça ? « tilédilé, tilédilé ! »
17’43 (chants tout près des oiseaux)

à 17’52, quelques oiseaux chantent sous la pluie (« et toujours pas de noms donnés aux oiseaux », se répète l’homme mouillé)

18’30
Se pourrait-il que l’écriture du petit chemin magique au fond des bois ou de la forêt devienne un livre à part entière ?
Par le nombre de pages qu’il contient déjà, c’est déjà le cas !
Mais en ferais-tu un racontement en dehors du récit initial ?
Non ! ce n’est pas possible (trop de choses sont liées)…
Ou alors…
Ou alors quoi ? (snif)
Serait-ce un énième racontement que tu ajouterais après les « deuxièmement » ? (snif)
C’est possible !
Alors, il y (en) aurait combien en tout ?
Il est vrai que séparer la chose, avec un nombre pair à travers quatre racontements (la situation du découpement à ce jour), ne me plaît guère (snif). J’éprouve de la sympathie pour le partitionnement en nombre impair, qui crée ce déséquilibre intéressant. D’un racontement, il peut y en avoir qu’un, trois, cinq ou sept !
Tu ferais cela ainsi ?
C’est possible ! Au final, je dois choisir, entre, trois, cinq ou sept ! (snif)
D’où te vient cette idée ?
Je ne sais, je te dis, je ne sais, c’est l’inspiration qui me vient ; alors, comment faire ? (snif)
Eh bien, tout change, de l’idée initiale elle s’affermit, elle devient de plus en plus subtile, il faut faire avec ! Le sais-tu ?
Tu mouilles !
Je mouille quoi ?
La petite machine enregistreuse, la voilà bien humide, il faudrait pas que tu l’abîmes !
Je sais, mais nous arrivons bientôt…
Protège-la ! Arrête-la ! Essuie-la !
Je ne peux pas ! Entends l’oiseau…
22’00
(l’oiseau semble l’ignorer, occupé qu’il est par la pluie…)
22’25
Il n’est pas bavard ?
C’est qu’il n’a rien à me dire… Je vais t’essuyer, cela va faire des bruits (en parlant à la petite machine enregistreuse)… je t’essuie doucement, petite machine… je t’essuie doucement, petite machine…
Tu es en train de sacraliser les objets que tu utilises ? (snif)
C’est bien parce que tu as dit que « j’utilise » et non « qui m’appartient »… Je préfère cela ! Tu hésitas toutefois !
C’est vrai ! (snif)
Pourquoi tu n’aimes pas que les choses t’appartiennent ?
Oh ! Je ne les possède qu’un temps, tu sais ; quand je ne serai plus là, d’autres les prendront, en useront comme ils voudront ; l’appartenance n’est que temporaire et de posséder relève de la même argutie, vois-tu ? (snif)
Tout à fait !
Ah, tiens ! Tu es d’accord avec moi pour une fois ?
C’est pas que je suis en désaccord, je t’apporte la contradiction (snif), pour que tu avances dans ton cheminement, enfin, que ce soit en marchant, je t’accompagne, puisque tu le voulus ainsi et puis je t’apporte (snif) en contradiction, les questionnements suffisants probablement, pour que tu t’interroges à bon escient, si nécessaire. Je te titille l’esprit, je t’embête, je suscite quelques éruditions de ta part pour que tu les émettes (snif), tu te contredis…
Ah ! J’ai en souvenir quelqu’un qui discutait avec moi, d’un air malin, me fais dire le contraire de ce que j’exprimais auparavant ; cela, à travers un jeu où il consistait de me mettre dans une contradiction de ce type, je trouvai cela marrant (au début) (snif), mais rendu (rendis) suspecte, l’individu ; car ce genre d’attitude, de jouer avec les autres dans un jeu de la réalité, n’est pas honnête forcément. C’est un esprit de supériorité à mon sens, qui s’exprime (snif) : « je vais t’amener à tes propres contradictions » me disait-il, en me faisant cette remarque (à propos de ce que je lui affirmais, je sais plus quoi d’ailleurs) (26:35, le chant d’un Pouillot véloce), que je disais l’envers et l’endroit (snif) de manière inadéquate, à l’opposé l’une de l’autre… Mais tout n’est jamais blanc ni jamais noir ; selon les contextes, selon les avancements (snif) l’on peut dire blanc ou noir ou toutes les nuances entre les deux (snif), aurais-je dû (lui) rétorquer ; mais à cet âge, j’étais jeune, plus innocent que maintenant et de toutes ces manières de palabrer avec quiconque (snif), je n’en avais pas l’expérience. Maintenant que l’on devient vieux, je puis dire que j’ai déjà passé en revue (snif) une bonne partie de ces situations ; le rendant suspect, tout individu, tentant de me mettre dans de telles contradictions (snif). Le problème, voyez-vous, il est facile à discerner, c’est que je ne calcule pas, je laisse aller le dit de moi à l’instinct ; ce n’est plus vraiment moi qui parle, c’est la bête, le vieux singe, maintenant qui parle (snif) ! On ne lui apprend (plus) de moins en moins à faire des grimaces, il les fera avant vous et saura en démontrer (snif) toute l’argumentation nécessaire, (ce) qu’il faut avoir pour grimacer comme il se doit, en toutes situations, celle qu’il expérimenta (snif) à ses dépens ou à son avantage, c’est selon ! Voilà ce que nous apprend le vieillissement, d’avoir de l’âge (snif). Eh, de toutes ces manières, je puis vous dire qu’elles vous isolent, vous ne vous adressez qu’à quelques individus de confiance qui ne jouent pas avec vous (snif), vous qui détestez « jouer » à ce jeu où l’on souhaite avant tout être sincère, et exprimer quelques failles, vous montrez vos blessures, et vous décrivez l’endroit où quand on appuie cela fait « haïe ! »
Ah !… Hein ?
Elle est bonne, celle-là ?
Quoi donc ?
La rime !
Ah ! oui, oh ! (snif)
Ah oui, ben voilà, on essaye de faire de l’esprit, et Monsieur ignore !
J’étais ailleurs, j’écoutais quelques chants entre les omonomatotopé…
Les quoi ?
Les onomatopées ! Ah, j’y suis arrivé… de votre érudition (snif), j’écoutais l’oiseau !
Donc si vous écoutiez l’oiseau, c’est qu’il racontait des choses plus intéressantes que les miennes, c’est évident ! Je vous excuse, vous êtes tout pardonné !
Je vous remercie bien, je vois que nous arrivons et qu’il pleut de plus en plus… Je t’essuie encore, petite machine…
J’espère que tu ne vas pas l’abîmer ?
Nous le saurons bientôt, bientôt… Encore quelques secondes pour se mettre à l’abri…
(ils frôlent le fossé profond du ruisseau, bruits de l’eau…)
Ne tombe pas dans l’eau !
Oh ! J’évite !
C’est bien ! Voilà, nous arrivons sur le chemin de terre du début, il est plus mouillé que tout à l’heure, évidemment, puisqu’il pleut ! (snif)
Ah ! voilà, nous allons nous mettre à l’abri, au revoir !
32’31 (fin)

Sonagrammes audiométriques :