(parole en marchant – 10 juin 2019 à 17h31)

—> 2. « petit chemin » :
—> durée : 54’06

Considérez un dialogue pendant une marche à travers les chemins magiques (ce qu’il en reste) de la forêt.

Que disiez-vous ?
Oh ! Vous savez, moi, je me satisfais de peu ! Il me faut peu pour vivre. Je ne souhaite pas accaparer (toutes choses) le plus possible pour exister, à quoi cela me servirait-il ? Sinon de prendre à celui qui en a réellement besoin ce que je m’octroie, quand je… quand moi-même je n’en ai pas besoin, c’est idiot cela ! Ne trouvez-vous pas ?
Oui, mais si vous combliez la question, répondez, je vous prie, sévèrement ! Répondez ! Répondez oui, mais, sévèrement, répondez !
Vous avez une drôle de manière de m’interroger, suis-je mis à la question ?
Ben, oui ! Effectivement…
1’30 (il change de sujet, à la vue du petit Hêtre mignon qu’il croisa souvent, il constate ce qu’il lui avait échappé auparavant…)
En fait ici trois souches sont occupées, peut-être une quatrième, mais il est mort (le rejet) ; trois souches, c’est bien trois, trois souches avec les petits Hêtres…
1’51
Ne détournez pas la question, nous parlions de quoi déjà ?
Euh ! Attendez, je relis mes notes ? Oui, nous parlions de nous contenter de peu, nous ou moi !
Oh ! Comme vous voulez. Oh ! Pour moi, le problème est réglé, je prendrai la part qui m’est suffisante, sans excès, à la mesure de mes moyens et de mes besoins, voilà ! Pourquoi prendre à l’autre ce qu’il lui serait plus bénéfique, quand moi j’en ai suffisamment…
Oui, mais vous l’avez déjà dit, ça !
Oui, mais je l’ai sûrement dit autrement ; alors maintenant, je vous le dis comme ça !
Bon, d’accord, passons à autre chose.
Ben ! J’ai à peu près tout dit… Vous vouliez que nous parlions encore des accaparements, ce que nous faisons incessamment ?
Comme vous voudrez !
Drôle de sévérité dans votre questionnement ? Vous ne me mettez pas à la torture ?
Non ! Mais sévère, dans le dit… c’est, c’est une vue de l’esprit !
Ah ! Donc si c’est comme ça, je vais me lâcher donc… Oui, du contentement de soi, n’en prenez que la mesure qui vous est nécessaire à vivre, je disais. Oui, mais, tout le souci est que le contentement de certains ne s’exprime que dans la démesure, eh, de là, implique des déséquilibres. Celui qui prend trop aux autres, il crée un déséquilibre, parce qu’il n’y a pas de partage, et quand bien même nous ne parlions que de nous, nous, les hominidés qui, à deux pattes, sévissent sur terre, nous oublierions les autres, qui pourtant sont là et nous permettent d’exister. Ils sont là en nous, partout, tout autour de nous et nous devons faire avec ! savez-vous ? Le partage, quand je parlais de partage, c’est avec tous pas qu’avec ceux de mon espèce, je ne prends que ma part, j’y ai droit, puisque je suis là ! Il n’y a même pas de droits ou de pas de droit, il est qu’il est nécessaire de partager pour que tout se passe bien du mieux possible. C’est cela l’aspect raisonnable de la chose ; vous me faites faire (exprimer) une philosophie moralisatrice qui m’exaspère, je ne sais pas quoi dire d’autre… J’y reviens encore, ce n’est que du bon sens, tout ça ! Si je raisonne bien, encore faudrait-il (définir) ce que cela veut dire « raisonner bien » ? Si je raisonne simplement, disons-le comme ça, je n’ai pas besoin de démesure si ma satisfaction se satisfait d’un contentement de peu. Le souci est que l’éducation que certains d’entre nous acquièrent ne se fait pas dans ce paradigme-là. On leur apprend pratiquement l’inverse ; accaparements, inflations, des mots comme le progrès, un autre que j’oublie, mais qui va me revenir où nous parlons… Je ne sais plus quoi ? Ah ! Le mot me vient plus, enfin vous voyez bien ce que je veux dire ?
Pas tout à fait ! Approfondissez, ça va revenir.
Ah oui ! D’accord bon… Oui, nous parlions de progrès…
C’est vous qui parliez !
Ben oui ! Vous ne discutez pas trop, vous me posez des questions, donc je vous réponds ! Vous avez qu’à causer vous-même et je vous répondrai peut-être ?
Enfin bon, nous parlions de… une société quand elle est organisée, construite, j’évite le mot « créer » ; ça veut pas encore dire grand-chose, quand on déclare une entreprise, on doit la faire progresser… Ah ! L’oiseau veut dire quelque chose…
8’49
(chant de l’oiseau, sans mot dire il se moque de nous !)
9’50
Monsieur, le vent s’en vient… Vous l’avez retrouvé votre mot ?
Non ! Mais je me le mettrais après que l’enregistrement se fera, quand nous retranscrirons, ce sera mieux. Ne fondez pas tout sur l’immédiateté des choses…
10’14
(chant de l’oiseau, il a beaucoup à dire !)
11’14
Ah ! Un Hêtre tout mort… tout debout, plus aucune branche qui vive, sauf ses rejetons autour tués par la foudre sûrement, ah ! tout en haut ? Même pas, non !
(il reprend sa marche)
Oui, les sociétés de notre espèce, les entreprenages de quelques groupes de financiers, qui organisent ce genre d’entreprise, ne conçoivent leur organisation qu’à travers une inflation permanente de leur organisation. Ils appellent cela du mot que j’oublie et que je me rappellerai à un moment ou un autre, que je mettrai (j’ajouterai)… Ils ne peuvent concevoir une entreprise que dans une progression, une inflation permanente de bénéfices, et sans que cela s’arrête, ils ne cherchent pas (à) de maintenir une forme d’équilibre momentané, où l’on ne chercherait qu’à équilibrer les comptes, pour susciter le contentement de tous ; et que l’on évolue de la sorte, non ! Les entreprises de type capitaliste ont tendance à vouloir aller vers une inflation de bénéfices et ont énormément de mal à s’adapter aux évolutions qui sont imposées par la nature ; d’une manière ou d’une autre, c’est elle qui rythme les avancées. Ce type d’organisation, disons-le, moderne, qui date de quelques siècles déjà, n’est pas pérenne ; nous sommes arrivées à une saturation de ce genre d’organisation, où le profit de certains ne peut pas se résorber toujours de la même manière, il faudra que les mentalités changent… De toute façon, les mentalités changeront, puisque ce système devra disparaître ou évoluer ! Donc la nature nous changera quoi que nous fassions, avec ou sans nous, donc, il faut raisonner dans cette intelligence-là, voyez ! Eh, que le phénomène vivant n’en soit pas à un siècle ou deux, même quelques millénaires, quelques millions d’années même, c’est pas grave (pour elle), si les individus ne s’adaptent pas, ben, on ne fait pas avec eux, c’est tout ! Si vous voulez, le questionnement dans l’évolution des espèces ne se fait pas de cette manière-là, étant donné que chacun est une expérience en cours, si cette expérience n’aboutit à aucun progrès, aucune progression, aucune évolution probante pouvant susciter un avenir quelconque, une évolution de l’espèce, eh ben, la branche meurt ; comme pour un arbre, nous sommes sur une branche, si nous ne la prolongeons pas dans notre progression, eh bien, nous disparaissons ; c’est une logique très très très très simple, il faut la comprendre à mon avis ainsi, c’est pas compliqué ! C’est nous qui n’arrivons pas encore à comprendre quel rôle nous jouons, quelle est notre part dans ce monde-là ? Alors, au début je vous disais oui, moi je me contente de peu, ben oui ! Cela sert à rien de prendre plus qu’il m’est nécessaire ? Quelle satisfaction va m’apporter cela, d’avoir des biens énormes, de m’approprier des territoires considérables ? Tout ça ne m’apporte rien, d’avoir des objets très luxueux (ou très nombreux), ou c’est encore (comme) de rechercher une gloire quelconque. Ce sont des tempéraments stériles qui n’apportent rien à l’espèce que nous sommes, s’ils sont stériles, ils sont un contentement d’un ego qui n’est pas… qui n’a pas d’avenir, ça n’a pas d’avenir tout ça, vous allez accaparer des par exemple, des territoires énormes qui vont susciter des convoitises, donc à moments ils vous seront repris par d’autres qui auront la même manie que vous, mais de toute façon, vous ne vivez qu’un temps, donc votre accaparement, il est lié à votre présence ; le jour où vous disparaissez, l’accaparement disparaît, il est repris de toute façon par d’autres, quels qu’ils soient ! Même la question n’est pas de reprendre, il est (sera toujours) occupé de toute façon, même quand vous prétendez accaparer, vous vous êtes approprié quelque chose, il n’est pas… tous les êtres qui vivent sur ce territoire ne vous demandent pas la permission d’exister (dedans, ils seront là, avec ou sans vous, point !). C’est une vue de l’esprit ! (si) vous dites « ça, c’est à moi ! » ben oui ! Mais ce n’est que dans votre tête, c’est une satisfaction d’un ego de puissance dégénérée, voilà ! Cette dégénérescence n’a pas d’avenir alors, comment voulez-vous… Moi, je ne veux pas m’épuiser dans ce genre de truc, de toute façon j’ai pas l’esprit à ça, accaparer, accaparer des territoires immenses ne sert absolument à rien, je perds beaucoup d’énergie pour rien, pour une satisfaction personnelle et alors et après ? Quand vous l’avez accaparé, vous êtes satisfait ? Eh, ça, ce sont des comportements de personnes imbues de leurs personnes (position, pouvoir), qui sont dans un autre monde. Tous ceux qui ont une prétention de pouvoir, de dictature, quelle qu’elle soit… quoiqu’elle soit la dictature, sont dans cette logique-là, qui est véritablement d’une grande pauvreté, pauvreté d’âme, pauvreté d’esprit évidemment, pauvreté de cœur. Si vous mettez tout d’un côté, c’est au détriment du reste ; il y a des richesses, mais ces richesses ne sont que momentanées ; tant qu’on vous permet de vous octroyer certains biens, certaines choses, cela peut se passer très bien pour vous, mais le jour où l’on vous conteste ce que vous avez récemment accaparé, là ça commence à se compliquer pour vous, certains doivent filer, laisser tout sur place et s’enfuir, parce que l’on va accaparer leur corps et lui faire subir bien des misères… Voilà ! Que dire d’autre ?
Vous en avez déjà bien dit !
Ben oui, je crois, on peut s’arrêter là ?
Oh ben, c’est vous qui voyez, si vous voulez blablaterez indéfiniment ?
Moi je peux, mon esprit est fertile, ça sera pas forcément d’un intérêt… C’est-à-dire que, là oui, je suis un peu handicapé, j’ai pas les oiseaux autour de moi, ils se reposent, ils sont ailleurs, et ben je suis comme un pauvre con, je (ne) dis que des banalités, des choses apprises par cœur. Sans eux, je suis pas grand-chose !
Ah bon ?
Ben oui ! Ils m’inspirent, qu’est-ce que vous voulez ? Relisez, écoutez tout ce que vous avez déjà enregistré, là où j’excelle dans une parole, ben c’est pas la mienne, c’est celle des oiseaux que j’ai transcrits, c’est-à-dire l’inspiration qu’ils m’ont donnée dans leurs chants, par leur présence il m’a donné des choses…
21’23
Alors vous allez mettre toute la mystique que vous voulez, peu importe ! Mais moi ce que je vous raconte, c’est un fait ! La richesse sonore de leurs chuintements, de leurs chants, stimule ma propre personne ; au niveau du langage et toutes ces choses, elle m’élève vers des considérations très particulières et je ne cesse, quand j’entends les oiseaux, de (les) laisser parler, exprimer ce qu’ils sont, ce qu’ils font. C’est bien parce que le motif de la plupart de leurs chants, ils ne me parlent pas forcément directement, me dira le scientifique, l’ornithologue compétent ; évidemment, c’est une vue de l’esprit, c’est une poésie, l’esprit, une poésie, la nature, une communion, dans la nature d’un être hominidé, comme moi, passant auprès d’eux, eh, qu’il se trouve comme en communion avec eux, et exprime des choses qui sont plus belles que quand ils sont absents. Quand ils sont là, mon esprit s’éveille ! Vous voyez ? Eh quand ils ne sont pas là, je suis triste et c’est le cas en ce moment où je n’entends plus rien. Eh là, que par miracle, je n’entends plus guère que eux, alors qu’à mon âge, je ne devrais plus les entendre, c’est déjà un miracle, ça ! Mais alors, ne plus les entendre du tout, c’est presque se poser la question « à quoi bon vivre ? » Le jour où je n’entendrai plus les oiseaux, effectivement, il ne sera peut-être plus nécessaire de vivre, voilà !
C’est profond, ce que vous dîtes !
Oui oui je sais ! Vous voulez aller plus profondément, creuser le trou un peu plus pour que je puisse m’y installer si ça continue, parce que là c’est le silence…
24’00
Eh oui, le silence ! Écoutez le silence… même par un vent ou très léger… Ils sont très loin, très loin…
24’17
(écoutez le silence tout relatif de la forêt !)
24’29
Le vent qui revient, même pas le bzzz d’un moucheron, vous vous rendez compte, serait-ce que l’on ait tout détruit ?
Ben ! On a déjà fait pas mal ! D’habitude à cette époque ça fait bzzz partout, là le bzzz j’en ai eu deux ou trois, il ne fait pas assez chaud, c’est tout le problème, Monsieur, c’est tout le problème !
À qui la faute ?
Oh ! Mais à beaucoup, beaucoup d’entre nous, évidemment ! Mais pas que, pas que, le monde change ! De toute façon, il changerait même avec nous, si nous étions restés bien sages, le temps n’aurait pas été le même, et il aurait été différent de toute façon. Les vieux proverbes très anciens nous disent « demain est un autre jour ! » Oui, « demain est un autre jour ! » ce n’est plus le même jour et nous devons le vivre dans sa différence, voilà !
Ben, vous arrivez quand même à dire des choses profondes. C’est, c’est émouvant ce que vous venez de dire !
Oui, quand les oiseaux sont là, c’est moins… c’est moins triste, voyez ! C’est triste quand il n’y a plus d’oiseaux. Le jour où il n’y en aura réellement plus, vous rendez compte, tous ces ancêtres (descendants) des dinosaures, disparus ? Les dinosaures auront vraiment disparu et nous y serions pour quelque chose, c’est ça le problème !
Je les entends au loin…
Oui, on va les rejoindre, j’espère ! Parce qu’est-ce que je suis con quand ils ne sont pas là ?
Mais non ! Mais non !
Mais si ! Si ! Vous savez, j’ai pas… Ma petite personne, vous savez, elle vaut pas grand-chose…
Meu non ! Mais non…
Mais si ! Mais si… Ben, laissez-moi dire, ça, j’aime bien, j’aime bien me flageller…
Ah bon ?
Oui ! oui oui oui, c’est… c’est une habitude.
Ah bon !
Oui bah oui ! On n’a pas que des qualités… Puis arrêtez de dire « ah bon » ça fait con !
Comment est-ce que vous voulez que je vous dise ?
Je sais pas… parlez mieux, avec plus de mots ?
Oh ! Je crois qu’on va vite se taire, parce que l’oiseau s’en ramène, ou plutôt nous nous approchons de l’oiseau…
On dirait qu’ils vous font la gueule ?
28’17
Non !
28’20
(chant de l’oiseau au nid, d’autres au loin…)
33h15
Les bruits des hommes au loin, sont trop présents, c’est agaçant ! l’avion, le véhicule roulant tout ferré en blanc…
Alors ça va mieux ?
Ah oui, ça va mieux !…
34’03
Ça vaut, ce chant, tous les contentements du monde, vous savez ! Quand les premiers hommes les entendirent le soir, quand ils se reposaient, ils s’en contentaient et ils l’imitèrent même, et ils chantèrent avec ! C’est comme ça que vint la musique ! La musique en nous ! Je vous l’ai déjà dit maintes fois, et cela se sait, ou certains n’osent l’admettre, ce sont eux qui ont inventé le chant ! Avec le grillon ? Le grillon, ce serait le rythme ! Oui, je sais, je me répète, mais la nature est très bruyante, quand ce ne sont pas les bruits de notre propre espèce, qui est une cacophonie pas forcément agréable. Écoutez dans la forêt, les sons sont très particuliers, on ne recouvre pas le son de l’autre. Regardez un homme quand il crie dans la forêt, on n’entend que lui ! L’oiseau, lui, émet dans des fréquences qui ne recouvrent pas le chant des autres, pour que son congénère puisse l’entendre dans la gamme de fréquences où il est habitué à l’entendre ; et quand ils parlent tous ensemble, c’est chacun dans sa gamme personnelle, eh, pas forcément d’une manière continue, des sons très brefs, par vague ! Allez dans des forêts tropicales, ou dans les zones tropicales, vous allez voir la nuit, le bruissement, vous n’arriverez même pas à dormir, au début ! C’est plutôt les insectes là, qui… qui bruissent de mille et une manières, avec une intensité remarquable. Vous vous étonneriez que les premiers hommes dans cette rythmique tonitruante de la nuit n’aient pas eu cette envie de les accompagner ? C’est carrément impossible de ne pas avoir eu envie de le faire, nous savons (c’est évident)… nos ancêtres, ils ont eux l’envie de le faire, et ils n’inventèrent pas ce qui a déjà été créé par d’autres espèces, par d’autres nécessités de la nature ; ils reproduisirent à leur manière les sons qu’ils entendirent et inventèrent… ah, j’aime pas ce mot, on n’invente rien, ils… (il s’arrête de parler à cause d’un beau chant !)
37’30 (chants d’oiseaux nombreux ; bruits de fond, les hommes au loin, machines roulantes, aéronefs bruyants…)

à 39’15, le sonagramme montre sur une durée de 50 s, un dialogue entre au moins trois oiseaux, de belles vocalises par le même oiseau dans les notes graves, en bas (vers 2 kHz) « tuilu tuilu tuilu tuilu ! » un Rossignol philomèle  probablement ; on lui répond au loin par un « tidilu tidilu tidilu ! » ; un autre réplique avec plusieurs trilles, un Troglodyte mignon ?

à 41’48, pendant 29 s, en haut, vers 8 kHz de brefs cris continus à peine audibles à cause de l’éloignement, alerte d’un Roitelet triple-bandeau ? ; en bas, ce serait bien les intonations du Rossignol philomèle en mal d’inspiration, lui si bavard parfois ; le Troglodyte mignon entre les deux…

43’28
On sent que les nichées sont là, on sent un contentement, un gazouillement d’aise, chacun a trouvé sa chacune…
43’46
(idem)
45’01
Je n’ai pas voix au chapitre, le discours même, je dirais, est privé ! Cela ne nous regarde pas.
Nous disions quoi déjà ?
Oui, oh j’oublie ! Ce n’est pas bien grave ce que nous disions… voilà, je suis content et satisfait. Mon contentement, mon accaparement fut ce chant que la petite machine enregistreuse a savamment mémorisé, du moins je l’espère… On sent que les nichées sont… sont là ?
Vous disiez quoi ?
Oh, je ressentais une émotion, et zélizelu (m’illusionnais) d’aise, le reste (à comprendre parfaitement ce que j’entends), je suis comme vous, je n’en sais rien ! On dit que je parle le langage des oiseaux, c’est pas tout à fait exact, j’enlève (je casse) la légende, ah ! Non, je suis inspiré par les oiseaux, Monsieur !
Pourquoi, ce « Monsieur ? »
Regardez le chemin !… Dans le chemin et emprunté (le) doucement sans bouleversement tonitruant dessus, avec ses machines monstrueuses, coupeuses d’arbres, le chemin est gai ! Y reposent dessus des branchages, des feuilles, au fil du temps, sans bouleversements extravagants, ce chemin empierré au milieu par endroits ; et dans son creux où au moment des bouleversements du temps, on peut y voir des lumières et des couleurs magnifiques. Là, ici, c’est, ce sont des choses… Le simple fait de m’en souvenir et de les avoir vus me suffit à mon contentement, me ragaillardit pendant plusieurs jours, autant que ce chant d’oiseau, si je ne l’avais entendu, je serais revenu (au logis) triste ! Calomnieux de ma condition et de celle de notre espèce, ce que je ne cesse de faire d’ailleurs, vous l’avez sûrement remarqué, Monsieur ?
Oui, oui, je vois, n’insistez pas !
Voilà, c’est ça, « se contenter de peu ! » Aller aux choses essentielles, très simples, à la mesure de chacun ! Voilà que je parle comme un… un vieux sage, alors que je ne suis qu’un « vieux singe ! »
C’est drôle ?
Ah ben ! Vous trouvez ça drôle si vous voulez, moi je m’en fous ! Je casse l’effet, euh, du sage… Voyez le chemin quand je m’en retourne, il est tout aussi beau, vu par-derrière. Selon qu’on le prenne dans l’envers ou dans l’endroit, il y a cette petite courbe, ces petits renfoncements ; encore ici le chemin est petit et magique ! Comme autrefois. Ils n’ont pas bouleversé cet endroit-là, alors qu’ailleurs, il n’existe plus, elle n’existe plus la magie, c’est malheureux, et la plupart des hommes ne s’en sont même pas aperçus, et quand on leur dit, ils s’en foutent royalement, comme des rois sur un territoire qu’ils ne connaissent même pas. Je suis calomnieux, c’est vrai ! Et je marche sur le Plantain du chemin, c’est vrai ! Ainsi que sur les petites herbes, des petites graminées, eh, je les ignore chacune, on peut pas tout appréhender, c’est certain ! Mais d’avoir dans ce qui est auprès de nous, un peu plus d’attention, ne serait pas plus mal…
51’29 (chants d’oiseaux jusqu’à la fin)

à 53’09, un Pouillot véloce discute avec qui déjà, un Rougegorge ?

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