(texte manuscrit – 19 juin 2019 à 1h30)

—> 1. « İl », peregrinatio, livre 4, 143.

se souvenir

Eh ! Puisque l’on se souvient des peurs enfantines, l’on voudrait bien les voir vous transfigurer l’esprit, le corps, le cœur et puis tout le reste ; nous ne sommes qu’un amas de chairs animées par on ne sait quoi et le temps vous fait une remontrance, il vous somme de ressasser tout ça encore une fois ou des millions de fois voire infiniment de fois, faite en une œuvre de tout ça ! Maintenant ! Tout de suite, sans attendre ! C’est facile ! Mais non justement, la mémoire n’est pas si docile, le temps vous fait de ces remontrances, comme une exubérance offerte dans d’éternels recommencements, jamais pareille et toujours en sommeil, ils vous guettent, vous êtes preneur ? Oui ! Alors, signez là, le pacte est scellé ! Quoi, vous n’êtes pas si preneur que ça ? Vous osez émettre des doutes, vous oseriez vous-même quelques reproches ! Mais à qui ? Le temps n’est plus pareil et voilà que tu divagues… tu dis « vague ! » et voilà la mère (perds les eaux, une expulsion ? ou d’une mer primitive, une simple eau), l’eau, les embruns, tu dis « vague » et cela reste flou ! Ton idée, elle vient d’où ? (Tu mélanges un peu tout) Ne crie pas misère, le monde ne s’est pas réalisé par un simple amour ! Ce mot ne représente qu’une vague idée d’une communion d’idées de corps et d’âme, mais où elle est ton âme, tu n’en as pas ! On l’a inventée pour toi, pour ta tranquillité, le petit gène régulateur de ta perception d’un inconnu qui restera toujours inconnu, sinon ce serait trop facile de tout comprendre, tout percevoir, plus aucun mystère dans l’univers ! Mais il n’y en a pas, puisque tu es fabriqué de ces mêmes briques (des particules de lui, cet univers te compose, tu as son âge, tu es remplie de son mystère à lui), de tous les fondements de toi, comme des autres et de tout le reste. Celui qui saurait serait Dieu ! Mais qui sait ? Ta petite mémoire qui se remémore quelques instants forts que vécurent (ces) quelques choses au fond de ta personne, rien de toi pourtant, ne subsista de ces instants passés (peut-être quelques marques), seule une information dans la mémoire qui te forme et te maintient encore en vie. Cette information s’en va et ton corps s’effondre tout de suite. Cette mémoire-là te maintient en vie et tu ne sais pourquoi ; pourquoi donc ? Hein ? Le sais-tu ce qui t’anime ? Juste une souvenance te le dit « souviens-toi ! » justement, le souvenir, cette remontrance du temps, il ne t’engueule pas, tu n’as pas compris ce mot au début, il te remontre un instant du passé ; il te le remet en scène et à ta manière, tu vas le refourguer (ce moment) aux premiers venus, des gens de la rue ou sur des papiers, des toiles, des pellicules, de l’acétate, des champs magnétiques, des états atomiques ; n’importe quoi, du moment que c’est une trace ajoutée à d’autres traces, imbriquées et même reliées. Tout ne fait qu’explorer tous les champs de ta vision du moment, tu ne peux faire autrement, il faut te taire maintenant !
(Après avoir vu une œuvre sans auteur)