(parole entre deux sommeils – 24 juin 2019 à 01h11)

—> 1. « İl », le détachement, 196. vos mots se rebelles
—> avant que les mots se fassent la malle !

On sent un léger état d’ébriété de part et d’autre mêlée de fatigue et d’un peu d’âges, disons-le tout net, ce sont des vieillards ! De plus, l’un des deux est peu sourd !

Alors Monsieur, vos mots se rebellent ?
Comment se fait-ce, que mes mots se rebellent ?
Oui, euh, vos derniers textes sont incompréhensibles ! Il y a des mots certes, mais… on ne comprend pas pourquoi ils sont disposés de cette manière, cela rend la compréhension totalement austère, difficile, ils ne sont pas mis dans le bon endroit probablement, ou certains se sont fait la malle !
Comment ? Mais, Monsieur, je mets des mots effectivement, mais quant à comprendre ce qu’ils veulent dire, c’est… c’est une autre affaire ! et je ne m’en soucie guère, il est vrai !
Aaah ! voilà, on comprend maintenant ! Vous ne souhaitez pas être intelligibles ?
Pas forcément…
C’est curieux, alors pourquoi écrire, si ce n’est pour rien dire ?
Mais je ne dis pas rien, puisqu’il y a les mots ! C’est (déjà) quelque chose. Si je disais rien, il n’y aurait pas de mots. Qu’ils se rebellent mes mots, c’est leur affaire, ils sont libres !
Ah ! ce sont des vers libres ?
Des vers… ce serait bien trop élogieux, il y a quelques rimes en effet, ce n’est qu’une vulgaire prose, vous savez, même si elle vous apparaît incompréhensible… Vous me dites que certains se sont fait la malle ?
Il se pourrait bien, Monsieur !
Mais c’est étrange, cela ? Pourtant ils étaient bons amis quand je les ai disposés sur le papier ; ils souhaitaient rester entre eux sans aucune animosité l’un envers l’autre. C’est curieux ce que vous me dîtes quand même ? Serait-ce que l’impression aurait capoté, où quelques parties du papier n’ont pas permis un encrage suffisant ; que les mots disparaissent, ça arrive parfois !
Non non non, on aurait vu des mots couper en deux.
Oh ! oui, ça aurait été dramatique…
Non… Non, c’est la disposition des mots, des virgules, euh, on dirait que quelqu’un est passé derrière vous pour les disposer différemment ?
Aaah ! vous me mettez la puce à l’oreille, on aurait… on aurait glissé des textes qui ne sont pas de moi ?
Ah assurément, si ! On le reconnaît votre style…
Oui, mais si mon style est incompréhensible, comment pouvez-vous le reconnaître ?
Si, si, si, il y a des expressions qui sont bien à vous, ça, c’est pas un problème, mais au bout d’un certain temps, comme au bout de quelques phrases, au milieu du paragraphe, il y a comme un… comment dire ? Euh, un manquement ou, ou une organisation des mots surprenante !
Ah ? Mais, pouvez-vous me citer des exemples ?
Ah oui, on peut vous citer des exemples, il faudrait que je retrouve mes papiers, mes notes, j’ai fait cela !
Ah ben, c’est bien alors !… Ce n’est pas des coquilles ? (il lui parle fort pour qu’il entende mieux)
Non, ça… c’est un problème de relecture, que vous aviez bâclé quelques racontements, euh, sans vous soucier de sa compréhension, euh…
Vous étiez fatigué ?
Non non non, toujours ces cohérences… que je mets pour moi, hein attention, houla !
Non ? Il est fort probable que votre intelligence ne soit pas à même de comprendre la pertinence du propos, je veux pas paraître péremptoire ni hautain, mais parfois le propos, il est vrai, ne veut pas dire grand-chose, mais c’est fait exprès !
Ah bon ?
Ben oui, pas toujours ! Parfois, il me vient des idées intéressantes, mais pas toujours… En général, quand l’oiseau ne passe pas auprès de moi, je dis beaucoup de bêtises ! Mais si l’oiseau est au loin, qu’il chantonne à travers des déplacements, là, parfois… essentiellement mon racontement sera plus riche…
Non ! Là, vous parliez bien d’oiseaux, on sent qu’ils sont là, toujours une petite allégation à propos d’eux, de leurs chants, ça, on est habitué, c’est un peu agaçant, mais bon… on s’y fait vite ! Non, mais, non, mais parfois y’a des mots qui, qui sont pas au bonne endroit, je suis désolé ! Mais même quand ça veut rien dire, ça mériterait d’être au bon endroit quand même !
Ah bon ? Mais j’attends que vous me montriez vos exemples parce que là… euh, si mes mots se font la malle, c’est embêtant…
Bon ! y’a y’a, y’a pas d’autres reproches ?
Non ! À part ça va, hein, mais bon, je dis bien que par moments euh, ben euh, je fatigue !
Ah oui oui, ça, c’est l’âge ! On en est tous au même point…