nous parler de la mort, du plaisir, de l’ego (parole entre deux sommeils – 28 juin 2019 à 01h18)

—> livre 4, 150.

De quoi allons-nous parler, cette nuit ?
Oh ! Je n’en sais trop rien ? Vous seriez le messager de la nuit, que je n’en saurais pas plus, rien ! Le monde est ce qu’il est, un monde de vauriens !
Vous me parliez, tout à l’heure, en regardant ce film extravagant où l’on trucide plus ou moins élégamment. Cette fascination, que vous avez à être maître de la mort et de la donnée à qui mieux mieux, sans aucune forme de regret ; d’y trouver la force, une gloire, un ego satisfait ! Eh, vous me posiez cette question, à propos du jour où je verrais mon ennemi, puisque paraît-il, il faut en avoir un ; lui, d’une arme, voudra m’éliminer, sachant très bien qu’il est plus fort que moi, dans l’usage de la force, que feriez-vous ?
Eh bien, je lui dirais « tue-moi ! » puisque c’est mon sort d’être tué, puisque je mourrai un jour, autant mourir aujourd’hui, cela m’est bien égal…
Mais, s’il t’empêche de parler ou te torture ?
À toutes vos questions, ma réponse sera tout aussi égale. Eh bien, il me torturera, il ira au bout de son principe, comme moi j’irai au bout du mien. Qui sera le vainqueur ? Celui qui élimine un corps, une forme animée semblable à lui-même, par dépit, par simple envie ? Je ne suis pas sûr qu’il soit véritablement gagnant. Par contre, les armes, celle de mes mots, si j’ai le temps de les dire, elles seront un poison au-dedans de sa tête, qu’il ruminera jusqu’à la fin de ses jours peut-être. De toute façon, il mourra aussi un jour ! Alors que voulez-vous me faire dire à propos de tuer ? D’en faire un art ? Il me semble que c’est perdre beaucoup son temps, d’être maître de cet art-là, justement. Je n’ai aucune vénération vers ces prédicateurs, ces formes d’usurpateurs ; ils mourront comme les autres, d’une manière plus sanglante somme toute, puisqu’ils sont voués à la cruauté. D’en faire son métier ? C’est un désœuvrement de l’âme et du corps, une incapacité de faire autrement, de ne trouver son salut que dans cette manière d’être, si salut, on doit trouver. Je n’ai aucune considération (disais-je), pour ce genre d’être ; elle correspond à une lignée obsolète d’avance, sans espoir d’avenir, ce principe-là ; que voulez-vous de plus de moi, que je vous dise à ce sujet-là ?
C’est déjà pas mal ! Ce que l’on a extirpé de vous, savez-vous ?
Ah ! J’ai compris ! Vous me mettez à la question, sans aucune menace, c’est adroit, vous me tirez les vers du nez à travers une certaine forme de séduction dans les questions posées. C’est adroit, mais je ne suis maître d’aucune solution, d’aucune manière, de quoi que ce soit. Vous n’extirperez que des mots, que des pensées ; des perceptions de quoi ? Quelle gloire devrait-on trouver dans ce que vous extirpiez de moi ? Oh, de moi ! Ce que je vous aurais dit ? Où tout cela nous mènera-t-il, quel intérêt, d’ailleurs ? C’est ce principe de la satisfaction de son ego qu’il faut combler, un réel problème aujourd’hui ; il est trop démesuré cet ego-là. Il est même aux abois, ne sait plus où aller, il cherche non pas une rédemption, mais une solution à sa satisfaction, à son édification, à sa fornication, aux mangements qu’il vous fait ingurgiter, à tout ce qu’il représente, et surtout, essentiellement, le leurre qu’il représente véritablement ; ce leurre qui nous anime tant, que la vie d’une manière générale, un jour, ce principe elle nous l’a introduit à travers sa génétique approximative, devra changer ce principe pour permettre une évolution possible ; mais à la fois, l’épreuve doit venir de tous, le changement ne se fera pas en quelques jours, instantanément ! Une grosse force (pas élégante du tout)… une sorte d’éveil abrupt et intransigeant devra transparaître à travers tout ça, un éveil de l’espèce ! Eh, il est loin d’être gagné, cet éveil-là, croyez-moi, croyez-moi…

du plaisir de la chair (parole entre deux sommeils – 28 juin 2019 à 01h35)

(original)
Du plaisir de la chair, j’y ai goûté et je n’y ai trouvé aucun goût ?
Mais de quelle chair parlez-vous, celle que l’on mange ou de celle que l’on jouit ?
Oh ! Somme toute, les deux ! De celle que l’on mange peut-être aussi, de celle que l’on jouit selon vos mœurs, selon la tribu et ses rites ! De cette protéine-là, je peux bien m’en passer maintenant, maintenant… Quant à la jouissance, comme je vous l’ai dit, de la chair, je n’y ai trouvé qu’un goût… sans avenir ; jouir ! Eh alors ? En dehors de perpétuer l’espèce, de ce besoin de pénétrer ou d’être pénétrer selon que vous êtes d’un sexe ou de l’autre, n’est qu’un mécanisme, un leurre, dont tout le vivant ne peut se passer, il appartient à cette sexualité, ce mode de reproduction qui vous rend quasiment obligatoire la nécessité de l’exprimer un moment ou un autre, d’une manière ou d’une autre, que voulez-vous, nous sommes faits ainsi ! Pour ce qui me concerne, puisque vous me posiez cette question, je ne vis pas ça comme un manque, puisque je n’en éprouve qu’une nécessité extrêmement secondaire, puisque de procréer je n’en aurais jamais l’initiative. Alors quoi, on peut trouver des petits plaisirs ailleurs ? Bien sûr, évidemment ! De forniquer, bon ! Vous allez jouir, d’accord, et après ? À part un contentement momentané que cela représentera, je n’y trouve aucun avenir, il ne m’apporte rien qu’un plaisir fugitif momentané, comme une drogue que l’on prend, certains, certaines en deviennent accros, ne peuvent s’en passer ! Ben, c’est facile pourtant, je n’ai pas de règles ni de morale à donner sur le sujet, c’est un choix d’existence que l’on fait.
Mais encore ?
Mais encore, quoi ? Quelque part, il faut en avoir le talent, de cette jouissance-là, et moi je n’en ai pas à ce sujet-là, je suis bien piètre… je suis un piètre amant, vous l’avez constaté, comment pourrais-je faire autrement ? Le vivant n’impose par comme un dieu, à tout être de se reproduire selon les mêmes mécanismes, et ne cesse d’expérimenter cette chose vivante (ce) qui nous anime. Donc, toutes les formes de jouissance, de plaisir, elle les exprime et c’est bien normal, mais de ce mécanisme-là, de la satisfaction, on n’en revient toujours à l’ego. Il devra un jour laisser la place, un moment ou un autre, au-dedans de vous, à des attitudes, des réactions, des agissements qui dépassent ce cadre somme toute très primaire de ce qui est nous (et notre désir de jouir par-dessus tout). La sophistication de l’être dépend de ces options, de ce qu’il peut réaliser véritablement, ou m’apporter tout un panel d’outils pouvant me servir dans mon expression. La finalité de l’entité que je représente, est d’exprimer non pas une jouissance absolument, mais une expression que la vie cherche à me faire régurgiter, explorer. Cela se produit à l’insu de moi, et dans mon éveil, si tant est qu’il en soit un, je devrais tenter d’atteindre un sommet où culmineront toutes les attentes d’une vie espérée. Cela n’est pas forcément facile, mais souhaitable ! Que le corps doive exulter n’est pas une priorité, si vous êtes capables de passer outre. Ceux qui vivent ça comme une tare de ne pouvoir l’exprimer, cette exultation, vont souffrir de leur illusion ! Là encore, il convient d’être lucide. Tout le problème est là (dans) la lucidité de ce que nous sommes…

(variante corrigée)
Du plaisir de la chair, j’y ai goûté et je n’y ai trouvé aucun goût ?
Mais de quelle chair parlez-vous : celle que l’on mange ou celle dont on jouit ?
Oh ! Somme toute, les deux ! De celle que l’on mange peut-être aussi, de celle dont on jouit selon vos mœurs, selon la tribu et ses rites ! De cette protéine-là, je peux bien m’en passer maintenant, maintenant… Quant à la jouissance, comme je vous l’ai dit, de la chair, je n’y ai trouvé qu’un goût… sans avenir. Jouir ! Eh alors ? Quel avenir voyez-vous, en dehors de perpétuer votre espèce avec ce besoin de pénétrer ou d’être pénétré selon que vous êtes d’un sexe ou de l’autre n’est qu’un mécanisme, un leurre dont tout le vivant ne peut se passer ; il appartient à cette sexualité exacerbée, ce mode de reproduction rendant quasiment obligatoire la nécessité de l’exprimer, à un moment ou un autre, d’une manière ou d’une autre ; que voulez-vous, nous sommes faits ainsi ! Pour ce qui me concerne, puisque vous me posiez cette question, je ne vis pas ça comme un manque, puisque je n’en éprouve qu’une nécessité extrêmement secondaire, puisque de la procréation d’autrui je n’en aurais jamais l’initiative. Alors quoi, on peut trouver des petits plaisirs ailleurs ? Bien sûr, évidemment, forniquer, d’accord bon ! Vous allez jouir, d’accord, et après ? À part un contentement momentané que cela représentera, je n’y trouve aucun avenir, il m’apporte rien qu’un plaisir fugitif momentané, comme une drogue que l’on prend, certains, certaines en deviennent accros, ne peuvent s’en passer ! Ben, c’est facile pourtant, je n’ai pas de règles ni de morale à donner sur le sujet, c’est un choix d’existence que l’on fait.
Mais encore ?
Mais encore, quoi ? Quelque part, il faut en avoir le talent, de cette jouissance-là, et moi je n’en ai pas à ce sujet, sinon de n’être en la matière qu’un bien piètre amant ; vous l’avez constaté, comment pourrais-je faire autrement ? Le vivant n’impose pas comme un dieu, à tout être, de se reproduire selon les mêmes mécanismes, et ne cesse d’expérimenter cette chose vivante, ce qui nous anime. Donc, toutes les formes de jouissance, de plaisir, elle les exprime et c’est bien normal, mais de ce mécanisme-là, de la satisfaction, on en revient toujours à l’ego. Il devra un jour laisser la place, un moment ou un autre, au-dedans de vous, à des attitudes, des réactions, des agissements qui dépassent ce cadre somme toute très primaire de ce qui nous exprime et notre désir de jouir par-dessus tout. La sophistication de votre être dépend de ses options ; ce qu’elles peuvent permettre de réaliser véritablement, apporter tout un panel d’outils pouvant servir dans une expression ! La finalité de l’entité que je représente n’est pas de s’exprimer dans une jouissance absolument, ne serait-ce pas plutôt une expression que la vie cherche à me faire régurgiter, la raison de tant explorer. Cela se produit à l’insu de moi, et dans mon éveil, si tant est qu’il en soit un, je devrais tenter d’atteindre un sommet où culmineront toutes les attentes d’une vie espérée. Cela n’est pas forcément facile, mais souhaitable ! Que le corps doive exulter n’est pas une priorité, si vous êtes capables de passer outre. Ceux qui vivent ça comme une tare de ne pouvoir l’exprimer, cette exultation, vont souffrir de leur illusion ! Là encore, il convient d’être lucide. Tout le problème est là, dans la lucidité de percevoir ce que nous sommes…

ego à satisfaire (parole entre deux sommeils – 28 juin 2019 à 01h49)

(trouver, arriver, savoir, se contenter de peu…)

Je n’ai pas d’ego à satisfaire, voilà tout le problème de l’attrait de cette affaire ! Je n’en cherche aucune gloire, de quoi que ce soit ni de satisfaction autre que de m’émerveiller de la nature qui nous entoure ; de voir un bel arbre me suffit amplement ; m’y reposer auprès pendant quelques instants, entendre le chant d’un oiseau, cela est un satisfecit suffisant pour mon ego sans mesure, celui-là me suffit amplement…