(parole en marchant – 12 juill. 2019 à 8h26)

—> 2. « petit chemin » :
—> au moins deux découvertes, une, pendant la marche, une après, en écoutant…

(Ce matin-là, il a l’esprit en compote, il ne veut guère parler des hommes, mais des autres surtout, son habitude au-delà de tout, et s’y reconnaitre dans leurs formes, sans doute, oublier la sienne et se fondre dans un corps qui ne serait pas le sien… Que va-t-il découvrir ?)

Notes : chicorée, les fleurs sont bien bleues, Teucrium, Teucrium, Germandrée… Vérifier ce que ma mémoire a retenu jadis de ces noms-là, de la forme de la plante en question*… (le Faucon crie une fois !)
2’35
Des fourmilières en aiguilles de Pin, Fourmis rousses à vérifier, spécialité du coin…
2’51 (l’oiseau s’envole et crie… un Faucon hobereau ? Le Faucon crécerelle de tout à l’heure ?)

le cri du Faucon, chaque harmonique forme comme un U à l’envers…

3’42 (il s’arrête)
Petite campanule… (il reprend sa marche et s’arrête aussitôt)
Digitale… Millepertuis ? Pas sûr ? (il s’approche de la plante)…
Lysimaque commune (Lysimachia vulgaris) ! Fleurs jaunes, feuilles alternent opposées par quatre, feuilles lancéolées…
(il reprend son parcours)
Deux variétés de Campanules, l’une grande, l’autre fine… Lysimaque, fleurs jaunes…
6’02 (il s’arrête, observe au loin un détail inconnu et reprend sa marche)
Grandes Campanules ici !
6’35 (au loin, une Pie bavarde assurément !)
7’33
La nature est calme ce matin, presque pas de bruit, on attend la chaleur qui va venir à midi, au midi du jour…
8’23 (un témoin invisible parle de lui)
« Il est pressé ce matin, l’homme, il marche vite, il ne goûte pas à son plaisir… »
(il s’arrête et s’offusque d’un manque de respect)
Des papiers sur une Fougère aigle, je les ai enlevés, ça la gênait…
(il reprend son chemin, les oiseaux sont de plus en plus présents)
10’00 (le témoin inconnu parle encore de lui)
« L’homme est pressé, lui turlupine des choses en tête, qu’il n’est pas bon de commenter, malgré ce que lui demande l’oiseau… »
10’22 (Le pinson dans les arbres consulte aujourd’hui, il écoute les paroles de l’homme et les commente avec un chant très sévère)
« … comme une psychanalyse qu’il ferait de lui, l’écoutant, le Pinson ; toujours lui ! »
11’11
« Tu vas le cracher, ton morceau ? »
« Non ! Il rumine encore, ce n’est pas à point ! il faut attendre, encore… »
12’31
Voyez, les Moucherons arrivent, dès les premiers rayons… Une biche une chevrette (chevreuil), j’ai surpris, elle s’en va… elle s’en va loin de moi, et devant aussi, traversant le chemin au loin… Une autre tranquille, celle-là, m’a-t-elle vu, je ne sais pas ?
14’05
Reviens au milieu du chemin… on dirait, un renard… (oui, c’est bien ça) il m’a vu et il se sauve (non), il reste au bord du chemin… ça y est, il s’enfuit ! Il a compris ! « Encore un deux-pattes ! », s’est-il dit, « sauvons notre vie ! » Il a compris…
15’30
… passe à côté du tas de bois où il y a marqué « danger ! ne pas monter sur les piles de bois », c’est marqué dessus, pour les idiots…
15’46 (l’oiseau lui répond, c’est un Accenteur mouchet)
… oui, qui n’auraient pas compris.
16’00 (l’oiseau entame un beau chant, lui s’arrête pour l’écouter : « turludi taleudi ! »)

à 16’27, variations de son chant pendant 47 s…

zoom à 17’54, pendant 17 s, le chant de la Tourterelle est tout en bas (les traits horizontaux)…

18’03 et 18’34 (un chant plus grave s’ajoute, une Tourterelle des bois [Streptopelia turtur])
18’41 (un autre Accenteur répond)
19’06 (encore la Tourterelle)
19’29 (il reprend sa marche)
Il me dit qu’il est bien seul aujourd’hui, il a une envie de causer lui, un autre oiseau à la voix plus sourd lui répondait, à peine qu’il l’entendît (la Tourterelle ?)
20’58
Je laisse des traces sur le chemin, sur la poussière, mon empreinte, ma trace, elle me trahira peut-être : que ce jour, à cette heure, je passai ici ; combien de temps elle va rester, peut-être des semaines, des mois, le temps d’une prochaine pluie, d’un prochain vent et tout s’effacera, il ne restera plus rien de mon passage par ici, tout dépend de l’ampleur du temps…
Vous ne voulez pas parler de vous, ici ?
Suffit ! Suffit ! Je ne parle qu’avec les oiseaux, fut-il ingrat son chant…
22’49 (il s’arrête et se mouche, puis reprend sa marche)
23’16 (un Faucon crécerelle cri, pas très loin)
23’25 (le Pinson lui répond et s’éloigne)
28’18 (le Pinson revient près de lui et chante aussi, un autre lui répond au loin)
28’51 (il se mouche encore)
30’07 (un oiseau chante très court « trui ! »*** plusieurs fois)
30’30 (snif)

31’05 (durant à peu près 2 s, la stridulation d’une Sauterelle entre 12 kHz à plus de 20 kHz, elle s’amplifie au fil du déplacement du microphone pendant la marche et disparaît soudain !)

31’35 (un Pouillot véloce au loin)
32’32 (snif)
33’07 (il croit avoir entendu un bruit d’ailes, il s’arrête et parle tout bas)
Je t’ai dérangé l’oiseau, excuse-moi, j’entendais ton vol d’ailes… ton bruit d’ailes (il reprend sa marche)
33’27 (il éternue, imperceptiblement, il réveille une nichée)
33’50 (snif)
34’22 (il se mouche)
34’26 (encore l’oiseau au chant très court « trui ! »*** jusqu’à 35’19)

pendant 15 s, l’oiseau lâche un « trui ! » toutes les deux à trois secondes, comme un accent aigu, cri d’alarme du Pouillot véloce ou fitis ?

35’23 (séquences de chants brefs)

à 35’37, séquences de chants brefs (dont celui du Bruant jaune à début) sur le bruits des pas…

36’54, chants du Bruant et montée du vent, bruits des pas…

37’26 (snif)
37’51 (snif)
38’29 (il s’arrête)
Joli arbre mort, je passe tout le temps auprès de toi, tes branches tournées vers le ciel, ton élégance, malgré ton allure mortifère, où tu abrites tous ceux qui te délitent peu à peu ; combien de temps encore vas-tu rester debout ?
(il reprend sa marche)
Beaux Millepertuis, des Camomilles sauvages… (snif)
Parleras-tu de ce que tu rumines, en grand ? Que fais-tu… (il s’arrête) face à ce qui te domine (ou ceux qui te dominent) ?… Une petite Musaraigne dévorée par les Fourmis, au milieu du chemin, morte on ne sait comment, la pourriture l’attaque, une fleur décalquée sur son corps comme un éclat (il reprend sa marche)
40’59 (l’onde inaudible réapparaît progressivement, s’amplifie pendant cinq secondes et régresse progressivement ; cinq secondes plus tard, elle a disparu, pourtant le vent souffle toujours constant ? Quelle est cette rumeur ?)
41’19
Une fleur de Hieracium, une Astéracée quelconque, jaune ? Il n’y a que ça ici, de cette couleur.
41’44 (l’onde réapparaît progressivement, elle se coupe net à 41’48, puis réapparaît à 41’50 et disparaît progressivement jusqu’à 41’52)
41’53  
Les autres sont violettes, blanches ou bleues (il s’arrête)… à moins que ce soit ce petit… mais non ce n’est que ça, une Alchémille, Filoselle, Filosella**, peut-être ? (il repense à la Musaraigne) Un petit soleil sur son corps démuni, faisait (imprégnait) cette fleur décalquée sur lui (elle), drôle d’image, qui me restera en tête.
42’56 (à cet instant, l’onde inaudible réapparaît et emplit l’espace, à son maximum à 43’05, puis elle décroît progressivement)
Devrais-je la prendre en photo… pour la garder encore plus dans ma mémoire ?

à 42’56, pendant 20 s, en marchant, il croise le chant d’une Sauterelle

43’09 (l’onde disparaît)
… en faire un objet emblématique ? Eh bien non ! Je le laisse occuper ma mémoire, seulement de l’image qu’il me laissa, ce petit être mort, dévoré par les Fourmis et je ne sais quoi encore, la pourriture ; comme nous, peu à peu elle s’occupera de notre corps, aussi, nous délitera peu à peu sans que l’on puisse y faire grand-chose à cet état, à cette manière qu’a la vie d’abandonner ceux qu’elle anima, ainsi ! Nous inventons un enfer, un paradis, et je ne sais quoi encore dans nos contrées. Je dirais bien « foutaise, tout cela ! C’est bien plus subtil que ça ! »
44’51 (le Pinson dans les arbres s’exclame et l’inspire encore !)
Eh ! Je ne sais quoi, je ne sais répondre à ces affirmations d’une réalité inconnue, qu’il existe peut-être des mondes parallèles, des gens de sciences croient les avoir découverts à travers le mouvement de quelques particules qui se comportent dans une altérité étonnante. Une particule, un petit neutron, passe d’un monde à un autre, sans que l’on sache pourquoi, « mais dans quel monde passe-t-elle cette particule, où va-t-elle, d’où revient-elle ? » Elle disparaît et réapparaît subrepticement sans que l’on sache pourquoi, même l’infime, plus que tout même, l’infime nous interroge !
46’23 (le Pinson, dans son arbre, rajoute, et l’homme, l’écoute !)
Il nous demande, « trouveras-tu une raison, à ce qui nous constitue ? » Eh ! La Reine-des-prés, elle s’en fout ! Même la Salicaire, elle est dans le même état, s’en foutre de nous, elle passe son été à fleurir…
47’05 (il se mouche)
47’11 (le Pinson ne cesse de dire ! Mais quoi ?)
Elles passent leurs étés à fleurir… Eh, moi, pauvre hère, ici je ne fais que passer, les voir quelques secondes, le temps de mon passage, eh, je ne sais rien de plus de leur vie. Ces quelques instants à les croiser, que sais-je d’autre, de plus ? Est-on au courant de ce qui se passe à travers leurs racines, dans le sol, là où elles trouvent tous leurs nutriments, tous les minéraux qui la constituent ; et puis cette énergie, qu’elles captent du soleil pour survivre, comme nous… N’être qu’un enfant de l’étoile, du soleil, rien que de le dire, c’est déjà beau ! C’est déjà grand ! Et à force de naître (n’être) qu’enfant, on s’éteint tout le temps…
48’42 (l’oiseau Pinson lui souffle les mots et un Faucon dispute un territoire de pacotille)
… de renaître incessamment, sous divers autour, sous divers atours, sous diverses formes, papillons, fleurs, microbes, terre minérale, fougère… (il décrit ce qu’il voit) papillon jaune et marron, beau papillon offrant un contraste élégant, ils sont partout sur les petits chardons, des petits Cirses (Cirsium arvense)…
49’28 (un bruit d’avion à moteur, au loin ?)
49’43
Comme une tête de mort sur cet arbre dessinait le Lierre, ce qu’il dessine encore… (il souffle) sur la marque au fond blanc, un numéro, la parcelle où je distingue un neuf, un chiffre, les autres sont recouverts ; c’est marrant ce dessin que fit le Lierre de ses feuilles par-dessus, on dirait (bien) une tête de mort !
Tu n’es pas gaie, aujourd’hui ? Nous diras-tu ce que tu rumines tant, tu ne sais encore, le temps te dépareille alors, il te disloque peu à peu jusqu’au jour où tu tomberas pour renaître à nouveau, tu le disais tantôt, tout à l’heure aussi… Comment feras-tu, tu ne cesses de venir ici, dans la forêt ; y reviendras-tu, renaître à nouveau, te ressourcer ?
(les oiseaux piaillent au loin)
52’13 (il se rapproche des oiseaux)
Les grandes Berces versent dans le chemin, et voilà que passe un Cousin (une Tipule) ****, ce petit insecte volant qui traverse le chemin devant moi, tranquillement…

à 52’41, en marchant, par dessus la voix de l’homme, l’oiseau ajoute « ui ui ui ui ui ui !… »

52’46 (les oiseaux sont tout près)
… se soulève dans l’air avec ses ailes, faisant aucun bruit, ou du moins, je ne l’entends pas, lui ! Si subtil…
53’08 (l’oiseau lui dit…)
Demain, ce soir, tout à l’heure, sera-t-il gobé par l’oiseau, écrasé par une auto, ou finira-t-il par vieillir, comme à son habitude, comme la nature a voulu que ce soit d’accomplir ce pour quoi il a été fait, dans l’expérimentation qu’elle a faite de lui, comme de moi ; toujours, ma petite rengaine elle revient, elle revient sans cesse, pourquoi ? Dites-le-moi pourquoi ? Le petit mystère entretenu, qui jamais ne nous sera dévoilé (il s’arrête et souffle)
54’20
Dans le fossé, l’eau stagne, elle ne coule plus, il ne pleut plus !
(il reprend son chemin sous le chant de l’oiseau [une Pie bavarde, semble-t-il])

* (ce n’était pas une Germandrée, mais une Bétoine ou Épiaire officinale [Stachys officinalis], elles sont toutes les deux toutefois, de la même famille des Labiées ou Lamiacées)

** Sa mémoire est confuse, il se trompe, à la place de Filoselle, il faut comprendre : La Piloselle (Pilosella officinarum) du genre des Hieracium (Épervières), de la famille des Astéracées. Les surnoms : « Épervière piloselle », « Oreille de souris », « Oreille de rat », « Piloselle de rat », « Herbe à l’épervier » ou Veluette.

*** L’oiseau au chant très court « trui ! » plusieurs fois, toutes les deux à trois secondes, le sonagramme montre comme un accent aigu, probablement cri d’alarme du Pouillot véloce ou fitis.

**** La Tipule des prairies (Tipula paludosa)

Sonagrammes audiométriques :