(parole entre deux sommeils – 14 août 2019 à 0h32)

Des moments d’intenses descriptions où tous les aspects de l’instant sont décrits, ce qui se passe à droite à gauche en haut en bas, sous la terre partout, dans un même lieu, « intenses descriptions ! »
Des descriptions détaillées ?
Je préfère « intenses descriptions ! »

(parole entre deux sommeils – 14 août 2019 à 01h02)

Que mets-tu au-dedans de ta boîte ?

Je n’ai pas qu’une boîte, j’en ai eu de multiples de toutes les formes, de toutes les sortes, de toutes les contenances…

Et qu’en fais-tu de tes boîtes, alors ?

Eh bien, je les emboîte et les déboîte et les ressorts d’une boîte, une autre boîte…
Mais au-dedans, qu’y fais-tu dedans tes boîtes, qu’y mets-tu dans tes boîtes, sinon d’autres boîtes ?
Eh bien, j’attrape les mots qui me viennent et les perceptions et je les mets dans chacune des boîtes, et j’empile cela, et le dedans des boîtes, je l’imprime sur des pages blanches pour les noircir un peu de mes mots. Enfin, je dis mes mots, des mots que j’attrape et que je mets dedans, dans les boîtes que j’emboîte et que je déboîte ; c’est comme des cases, c’est comme des rubriques, des catégories que je change sans cesse en fonction de l’humeur, cela bouge tout le temps, c’est pénible, c’est agaçant, cela change, change sans cesse ; et les mots varient sans cesse aussi… Tant que me viennent les choses, j’emboîte et déboîte, compose et décompose, assemble désassemble, triture mélange ; tout ce concert j’essaye de le rendre élégant à ma manière, il faut que cela raisonne bien, je le dis (lis) à haute voix tout le temps, ce qu’il y a au-dedans de mes boîtes que j’emboîte et déboîte au fil du temps… Le grand problème, c’est que cela vient tout le temps, je n’y suffis plus à la peine ! J’ajoute et y passe tout mon temps, je n’ai même plus guère de temps pour les autres, à m’occuper du reste, m’occuper de ma personne, de mes lavements, de mes mangements et de mes déplacements ! Cela n’y suffit plus, à peine vais-je dans cette forêt, que j’y attrape tout ce que je peux pour le mettre dans les boîtes ; des impressions, des sensations de toutes sortes, des vibrations… j’y ajoute dans mes boîtes tout cela, comprends-tu ?

Donc tes boîtes, c’est la façon dont tu ranges les mots que tu perçois ?

Ah non ! Ce que je perçois, j’y mets des mots, mais les mots sont dans toutes leurs imprécisions ou leurs exactitudes, approximatifs ! C’est une traduction, une transcription, comme les sonorités que je capte ; c’est après coup après les avoir mémorisés dans la petite machine enregistreuse que je les ressors, les réécoutes ; eh, dessus j’y ajoute mes mots, les sonorités que j’ai émises moi-même je les transcris en mots, et puis les sonorités des autres, évidemment ; surtout des autres, et des oiseaux… tout ce qui subsiste au-dedans de « l’énorme » boîte que représente la planète où je vis, une boîte toute ronde, une grande sphère qui tourne sur elle-même dans une « énorme boîte incommensurable », l’univers tout entier est lui-même contenu dans une boîte dont les bords dépassent le cadre même de tout horizon que l’on puisse observer, c’est au-delà ! Un même être ne suffit pas à tout percevoir. Sa perception n’est que locale, fugitive, momentanée, ne dure qu’un temps ; qu’on la mémorise ou non, elle se perd, elle se garde, elle se transmet, ce monde est réel, irréel, qui sait… toutes les fantaisies que j’y mets dans ces boîtes ? Ce sont des boîtes très particulières que l’on enfile les unes derrière les autres, que l’on relie, que l’on met en page ; des boîtes, ce n’est que l’esprit de mettre en boîte, sur des feuilles faites d’un papier, d’un papier boîte, lui aussi, tout imprégné d’inscriptions, de paraphes, de dessins, d’illustrations, tout ce que vous voudrez… Un livre c’est une boîte, un récit, une histoire, c’est une enveloppe, mais tout autant une boîte en quelque sorte, c’est du même acabit, du même ordre, un enrobage de quelque chose que l’on enveloppe, que l’on estampille d’une manière ou d’une autre. Voilà ce que sont mes boîtes que j’emboîte et déboîte au fil du temps qui me reste à vivre…