(parole en marchant – 31 août 2019 à 8h21)

—> 2. « petit chemin » :

Ils vous ont emportés, vous, (les) bois de la forêt, alignés le long de l’allée, il reste quelques reliques sur le chemin, quelques scories, des bribes de ce que vous fûtes… ait… Jeu de mots laid !
Oh, la forêt est calme, à la fin de l’été, elle attend les prochaines pluies…

(parole en marchant – 31 août 2019 à 8h43)

(notes pour la narration)

Dater l’événement, au début, dire « il y avait 10 ans, à peu près… il le rencontra… »

La coupe est fraîche (il parle de l’herbe du chemin)… On va croiser la machine (celle dont on entend le bruissement au loin)… Où est-elle ?… On approche, mais je ne la vois pas encore ?… Ah ! (des bruits de tronçonneuses)… Ah ! On va prendre (le chemin) l’opposé…

(parole en marchant – 31 août 2019 à 8h52) [S] (??)

—> titre possible « propos inutiles »

Avant la fin de l’été, remémorisez encore ces sonorités inaudibles à nos oreilles dépourvues, aux endroits où ils furent les plus intenses, sous les sonorités (bruits sévères) des coupes passagères, au loin, de deux-pattes ; se remémorer (ressourcer) quand même dans ce brouhaha inconsistant, d’une mémoire de la forêt, un instant !
1’00 (des bruits de machines, enflent progressivement, volantes, roulantes, on ne sait ?)
1’18
Oh ! Trop de mécanique autour…
1’53
Nous croyons y retrouver le calme et ce sont les bruits des hommes que nous obtenons, avec quelques défrichements en somme…

de 2’15 à 2’19, l’oiseau lance un « tchi tchi tchi ! » courtois, une Sittelle

(un autre plus loin répond par un « ti du li lu lu ! » répété deux fois ; des chuintements épars ; à 3’20, il s’arrête, un aboiement au loin ; à 3’31, il se mouche ; il balaie ensuite la machine enregistreuse pour tenter de capter les sonorités habituelles du lieu, qu’il avait déjà mémorisé précédemment ; à partir de 3’54, le chant d’un Grillon se fait entendre ; quelques gazouillis ; il repart à 4’03 ; deux secondes plus tard, le Grillon ne s’entend plus ; à 4’34, un oiseau émet un charmant « uii ! », comme un accent aigu ; encore des gazouillis par moments ; à partir de 5’25, un chant lointain, des « tui tui tui ! » pendant quelques secondes ; à 6’03, un chant discret, comme un « m » sonore, cela fait « uiui ! » ; au loin, l’ogre de forêts découpe toujours, on entend la chute des arbres…)

6’09 (ce sont des notes pour la finalisation du premier volume)
Je confirme pour les ajoutements : déplacer « son roman sans cesse médité », au-dedans, le dire au moment où cela sera déplacé, mettre à la place un texte l’expliquant d’une manière lyrique, faire pareil pour « rien à dire », et tous les textes rajoutés inutilement, raccourcir le plus possible, être le plus concis dans tous les prolégomènes du « premièrement » ; en arriver aux livres successifs, les énoncer dans l’ordre où ils ont été mis, sans se soucier forcément d’une cohérence, mais d’une intuition, le dire de cette façon…

Ah ! Nous allons avoir à faire à un deux-pattes, il y avait longtemps, c’était inévitable. Il semble avancer sur un vélocipède ?…
8’06 (des « tiui ! » d’oiseau, comme un « v » sonore ; il bute sur un branchage vers 8’14, deux fois de suite, et croise le vélocipédiste vers 8’18, il le salue vaguement ; des gazouillis amusés ; il se mouche à 8’46)
8’55
Si ça vous agacetantmieux (il marmonne)
Quoi donc ?
Mes moucheries !

(Faute de sonorités oiselières dignes d’intérêt, nous nous rabattons vers des artéfacts de bruissements biologiques à teneur presque médicale : à deux reprises, à 9’03 et 9’06, son inspiration émet deux harmoniques autour de 10 kHz, issus d’une vibration de la glotte probablement, la membrane mettant en évidence un début d’inflammation allergique, mais restant faible [comme un bavement en dessous du premier, vers 2 kHz] ; l’effet graphique de type asthmatique révélé sur le sonagramme est net et beau ! Il est amusant de noter que ces harmoniques se situant entre 10 kHz et 13 kHz sont pratiquement inaudibles ; de plus, l’on pourra apprécier la gerbe harmonique du mot « mouchage », le « ch » émet un souffle riche jusqu’à 16 kHz)

Mouchages !
Oui, mais « moucherie », c’est mieux ! J’invente un mot, ben, vous l’ajoutez, vous êtes sage, vous vous documentez, donc ici on dit « moucherie », c’est local, comme connerie… Euh non ! La connerie, c’est universel, pardon !
Et les « snifs » ?
Ah ben, les « snifs », c’est une ponctuation, Monsieur, indispensable avant les mouchages…
Ah, vous dites « mouchages » (maintenant) ?
Oui ! Parce que le mouchage c’est rétroactif, c’est le passé ; une moucherie, c’est le moment, l’instant (présent), enfin, allons !
Ah oh, une nouvelle signification donc ? (répond-il peu convaincu de ces affirmations)
Une subtilité du langage, dirais-je… C’est comme ça qu’on invente les mots ! Et puis, on fait ce qu’on veut en fait, après, si cela amuse les autres, et s’ils reprennent le mot, l’expression, elle sera adoptée, on l’inscrira dans la langue, hein, c’est comme ça que ça commence ; c’est la pertinence du propos qui fait effet…

de 10’21 à 10’26, un Faucon crécerelle (peut-être un Pic-vert) s’amuse de ce bavardage hominien ; et mélange des genres, superposition de la respiration asthmatique du marcheur, au-dessus du cri de l’oiseau, oscillant de 9 kHz à 17 kHz…

Ce n’est pas l’usage du passé…
Eh, vous avez entendu l’oiseau, il dit « oui oui oui oui oui ! », il est d’accord avec moi (il s’arrête d’avancer)… N’est-ce pas l’oiseau ? Ah oui, ben, il attend que je cause, ben oui ! (il reprend sa marche)…
Il est poli, lui !
Vous sous-entendez que je ne suis pas poli en vous interpellant ? C’est limite hein ! J’étais dans mes réflexions, vous m’interpellez à un moment qui m’a coupé toutes (mes) pensées précédentes, de quoi parlais-je ? Ça y est, je bavardais, vous avez ajouté ma parlotte dans votre machine enregistreuse, c’est infernal ! Vous pouvez pas vous en empêcher, vous vous documentez sur le bougre, sur l’animal, ce deux-pattes local, c’est pas mal ! Vous avez de la chance, je suis un mâle !

de 11’54 à 11’57, un oiseau lance des « tuite tuite tuite ! » rapides, comme pour dire, « allons allons, filez, vous dérangez nos nichées ! », et puis s’envole, s’en va on ne sait où, se percher… la Sittelle ?

(l’homme arrête sa marche pour écouter et la reprend à 12’14 ; un gazouillis de trois notes très haut perchées à 12’23)

12’27
Vous faites le même coup aux autres ?
Ça m’arrive !
Vous tendez votre machine comme ça sous leur nez pour qu’ils causent, déblatère leurs sonorités du moment ?
Ben oui ! c’est comme ça que ça se passe, tout à fait !
(snif) Eh, on ne vous met pas un poing dans la figure, par moments ?
C’est rare quand même… On me dit « couper ça ! » parfois, mais souvent ils ne s’en aperçoivent pas. Vous savez, on est de plus en plus habitué aux bidules que l’on transporte avec soi, alors, qu’il mémorise des sonorités ou non, c’est un bidule comme un autre !
Ah oui ! (snif)… Qu’est-ce que vous allez en faire ? Vous allez analyser le petit message, le décortiquer, l’ajouter à la liste de ce qu’a déjà dit le bonhomme ?
C’est un peu ça ! (répond-il, amusé)… Dis d’une façon plus crue, mais c’est pas faux !
À moins que vous mémorisiez le plus possible cette mémoire de ma parlotte avant que je crève ?
C’est pas faux non plus, il faut bien l’avouer…
Même si un petit vent revigorant traverse et perturbe la sonorité ?
Nous sommes équipées d’une bonnette anti-vent, l’inconvénient sera minime, nous, nous entendrons toutefois parfaitement ce que vous dites !
Ah bon ! On n’arrête pas le progrès, alors ?
Oh oui ! C’est au point maintenant…
Ah oui… si vous le dites, c’est que ça doit être vrai, voilà !… Voyez, ils ont bien tondu de chaque côté des allées, sauf les morceaux de bois laissés, non encore ramassés…

15’25 (une légère brise survient)
Le vent enfle…
16’07
Un plein soleil… Nous remontons la route et nous attendons ce que le vieil homme va nous dire, pour effectivement mémoriser sa parlotte, ce qu’il dit. Nous passions par là comme à l’accoutumée, il fallait bien que nous le croisions, c’est fait, alors nous l’accompagnons ; il ne dit pas non, il s’agace un peu et nous lâche quelques diatribes de son cru. Nous y sommes habitués, toutefois, nous ne nous en étonnons plus !
Vous causez bien vous ?
Ah, nous sommes habitués au direct de la mémorisation des sonorités, que l’on diffuse un peu partout…
Aaah, voilà !
Oui !
C’est un métier, dites-vous ?
Effectivement, il s’apparente à quelques comédies fortes en usage par ici…
Excusez-moi, je vais engager une moucherie !
Faite donc !
18’22 (il se mouche)
18’57
Vous allez avoir assez de mouchoirs avant la fin ?
La fin de quoi ?
Ben, du trajet !
Lequel, le mien ? Mon trajet final ?
Non ! Le trajet d’aujourd’hui !
Ah bon !… Oh, ce ne sont que de vulgaires morceaux de papier à usage unique, pour des raisons de santé je n’use plus de ces tissus qu’il faut laver en permanence, je mouche trop ; et de garder plusieurs jours en poche de tels tissus et de les laver régulièrement, je ne suis pas sûr que ce soit la meilleure manière… à comparer l’effort énergétique des deux cas de figure… et du résultat obtenu, j’opte pour le mouchage dans un papier !
Ah ! Vous dites « mouchage » ?
Oui, parce que c’est d’une manière générale, ce n’est pas l’instant présent, la raison de ma moucherie, je parle d’une moucherie, c’est maintenant ! Aah, en dehors de cet instant, ce sont des moussages…
Des moussages ?
Des mouchages ! (snif) Ne vous faites pas plus bête que vous ne l’êtes, Monsieur !
La pente est raide ?
Oh, ça va !… Nous y sommes habitués, nous avons eu pire (snif)…
Elle va activer (accentuée) vos mouchages ?
C’est certain, la sueur va être plus importante, le déséquilibre des effluves nasal va s’accentuer, eh, on n’y est habité… (il prend une voix haute perchée) euh, vous trouvez que c’est passionnant ce que vous mémorisez… vous mémoriser là ?
Non, mais nous attendons que… un éclat de lucidité vous traverse et que vous l’exprimiez !
Ce n’est pas totalement inexact ce que vous dites, ça se passe toujours un peu comme ça, au moment où l’on ne s’y attend pas. Tien, paf ! Ça arrive ! Alors quand on traduit instantanément la sensation, l’idée, ou tout ce que vous voudrez, ben, c’est du direct, c’est une moucherie du moment, en quelque sorte, sauf qu’elle ne s’exprime pas à travers un soufflement dans un morceau de papier de vos effluves nasal, cela sort autrement…
23’20 (il se mouche ! Moucherie, donc !)
23’31
Toutefois, l’information transmise dans cette moucherie du moment est tout aussi riche ; s’il fallait prendre les effluves et les mesurer, les analyser (il ravale sa salive, snif), vous aurez toute une partie de vous-même qui sera montrée, une partie du code, de l’information vous fabricant (ayant permis votre fabrication), sa particularité, sa merveille comme ses inconvénients, ce qui est défectueux, ce qui est optimum, tout y sera mis (il essuie une goutte au nez)… même vos maladies ! Ah, celle-là, je pouvais pas la louper !

Oui, effectivement (il reste circonspect) ? Vous aimez bien… vous aimez bien faire des rimes ?
Ben pfft ! Elle donne un peu de gaîté à l’ennui, surtout quand le discours est pauvre, une information pouvant amener un débat, une élévation de l’esprit, enfin, quoi, toutes ces choses sont des banalités de la vie…
Ah, le chemin est moins raide, il devient plat… Ça va encore monter un peu tout à l’heure, meu… c’est pas très méchant non plus…
Vous aimez bien quand ça descend ?
Ben pfft ! Quand ça descend trop, c’est inquiétant, car vous savez qu’après, vous devrez remonter…

26’01 (un oiseau gai dit « uit uit uit uit ! » ; il arrête sa marche pour l’entendre ; le sonagramme montre une véritable partition musicale, la forme du « uit » de l’oiseau est très proche du signe graphique du bémol, en écriture musicale… alors, qui a copié l’autre ? L’oiseau ou l’hominien ?)

à 26’28, pendant 8 s, une Sittelle torchepot

zoom de 26’32 à 26’36

26’54 (il reprend sa marche)
Vous avez entendu l’oiseau qui fait « uit uit ! » ? Quand vous analysez sa sonorité, ça fait (fera sûrement) un « v »…
27’04 (un Geai cri, il semble mécontent ; l’homme arrête sa marche ; l’oiseau faisant « uit uit ! » revient, s’en amuse-t-il ?)
Là, on a dérangé le Geai, lui, ça fait pas un « v » ! (il reprend sa marche ; le Geai réplique, le traite-t-il de sale type ?)
27’26
J’aime beaucoup le « uit uit ! »
Ça serait plutôt un accent (aigu, sa forme, non ?)…
Ben, on verra ! On verra quand vous relierez la mémorisation ?
Un accent aigu, moi je dirais ?
Eh bien, nous verrons, ça fait « uit uit uit ! »…
28’29
Nous passons en partie à côté de la machine coupable !
Coupable ?
Oui, celle qui a tondu les abords des allées, on passe à côté, ça sent la mécanique… et les huiles techniques…
29’15 (il se mouche)
29’26
Si je mouche beaucoup, c’est la faute au temps ! Il fait trop chaud, tout le temps ! (il marmonne)
30’23 (snif)
(quelques gazouillis après)
32’01 (le « tuu tuu tuu tuu ! » d’un oiseau, au loin)
32’14 (un autre oiseau lance trois fois un « tchi ! » bref ; il arrête sa marche à 32’22 ; se mouche à 32’34 ; reprend sa marche à 32’36 ; le Geai par moment cri)

(parole en marchant – 31 août 2019 à 09h28)

Tuer le temps comme autrui
(une sonorité par moments, en arrière-plan, tout le long du trajet, un sifflement autour de 8 kHz d’une durée de moins d’une seconde)

Vous tuez le temps, c’est une vue de l’esprit, on ne tue pas le temps, on s’ennuie ! C’est moi, c’est ce que je vous dis… Tout dépend de ce que vous tuez. Je pensais à cela tout à l’heure ; vous êtes un meurtrier, vu des autres (du point de vue des autres), quand vos massacres concernent vos propres semblables, des formes de grosseur analogue à vous-même, quand il s’agit d’un vulgaire gibier, c’est autorisé, les petites bêtes comme une souris attrapée avec une tapette, on ne vous en tient pas rigueur, à la limite même on vous applaudit. Non, le crime apparaît, quand ceux que vous massacrez commencent (à hurler, commence) à partir de vos formes ; et d’autant plus que la forme (la bête) vous dépasse en masse, en corpulence, l’on s’inquiète tout de même. Tuer trop d’Éléphants cela vous attira quelques problèmes, tuer quelques enfants d’êtres semblables à vous-même, cela peut encore passer s’ils sont oubliés, sont quelque peu immigrés, leurs recensements étaient aléatoires, cela s’est déjà pratiqué. Il suffit de ne pas vous faire prendre ! Par contre, vous tuez une personne référencée, connue de toute autorité, ça commence à devenir plus dur ! Tout le souci se trouve dans cette opportunité que vous aurez de tuer incessamment. On s’inquiète si vous le faites assidûment tous les jours, en tentant un petit massacre quotidien. Il est à peu près certain que l’on vous arrêtera, vous condamnera, vous pendra dans certaines contrées, ou l’on vous électrocutera (ailleurs), saignera, eh, tous les « rats » aux alentours que l’on peut y mettre, car ils vous boufferont la cervelle, un jour, les rats ! Dire qu’ils feront ça avec amour (snif), ce n’est pas très sûr, ce n’est pas si sûr…

de 3’45 à 3’49, un chant discret (??), vers 8,5 kHz…

… ils se foutront de vous, comme ils se foutent de tous les autres qu’ils absorbèrent, comme vous-même vous le faites quand l’on vous offre un bœuf, une gazelle, une cigale, une salade, un radis, vous ne vous souciez pas de la vie qu’ils ont vécue avant d’être ingurgités, c’est le moindre de vos soucis.

à 4’28, sonorité vers 8,5 kHz pendant une demi-seconde ; une autre, deux secondes plus tard sur les premiers mots de la phrase qui suit…

Tout dépend donc de l’ampleur (du geste) l’assiduité que vous mettrez à perpétuer ce… perpétrés, pardon, cette manière, cette manie de tuer à l’emporte-pièce toute entité ne vous ressemblant pas. Il arrive même que certains esprits s’égarent, ils se tuent eux-mêmes. Oh, ceux-là, même s’ils se mangent un bras, c’est qu’ils n’ont pas conscience d’eux-mêmes. Oh, ils sont multiples, ils ne le savent pas toujours, donc, par haine, absorber une partie de soi n’est pas tout à fait soi, puisque c’est un prolongement de soi, fait de particules (cellulaires) ajoutées à votre corpulence, qui vous complète, et le soit dans l’histoire, il est à un endroit indéfini, on ne sait plus trop, on réfléchit, c’est ce que diront les philosophes. Moi, je vous dis que je n’en sais rien !

Sonagrammes audiométriques :