(parole en marchant – 25 août 2019 à 20h04)
—> 2. « petit chemin » :
—> durée : 48’44
C’est marrant, eh !
Oh, je ne m’en étonne guère, « les choses se déroulent comme si elles étaient prévues d’enfance », comme c’est curieux ce lapsus ? Je répète, « les choses sont prévues (se déroulent) comme si elles étaient prévues d’avance », le lapsus de l’enfance est curieux ? Comme si une machine rodée depuis des milliards d’ans se répétait inlassablement à travers quelques (myriade d’êtres) êtres, les menant par le bout du nez à accomplir quelques travers incongrus de l’existence, les amener là où une inspiration furtive les inspire (aspire) et leur fait imaginer plutôt, une conception très attendue. « La vie ne repasse pas les plats », a priori c’est vrai, mais on pourrait y ajouter, « la vie ne repasse pas exactement les mêmes plats, et elle répète sans cesse en variant, sans excès, absolument ! » ; toutes choses vérifiées précédemment les reproduisent et l’amène diversement à quelques entendements, encore, pour voir comment ça fait cette manie de sans cesse varier, et puis aussi parce qu’on ne peut pas faire autrement, de sans cesse varier, même sur un même cheminement vous ne placez jamais absolument les mêmes pas (pieds) aux mêmes endroits.
Vous savez, vous savez où vous allez, c’est comme un rayonnement lumineux, on connaît sa direction, mais la particule qui l’anime, on ne sait pas exactement où elle va rebondir ; on sait qu’elle va se réfléchir à cet endroit approximativement globalement, mais quant à sa situation exacte envisagée, elle ne sera qu’approximative, c’est pareil pour le reste !
Cette problématique, les savants humains l’ont déterminée à travers une sorte de déterminisme impossible, à travers des théories quantiques. Eh bien, le vivant procède partout dans ce type de cheminement ou globalement des forces s’associent pour constituer quelques êtres, quelques animations, mais quant à leurs destinations exactes, les mouvements qu’elles produiront, l’histoire qu’elles raconteront, ces entités, elle n’est (ne sont) pas connue exactement, même si on se doute bien que probablement tel et tel individu feront ceci ou cela, approximativement, leur cheminement est à peu près certain, globalement !
à 4’38, une sonorité fugitive d’une demie seconde, inaudible pour les humains, quatre notes descendantes de 14 kHz à 19 kHz, mais suffisamment puissantes pour que le microphone les capte (ne ressemble pas aux harmoniques de respirations asthmatiques précédentes), un insecte, un oiseau ?
Il y aura toujours un impondérable à un moment ou un autre, qui fera que ce cheminement-là ne pourra pas se reproduire tout à fait comme avant, le passage, le chemin, même si la direction prise est la même, il y aura une déviation, un détournement, parfois plus important que les précédents, à cause d’un impondérable, un barrage inopiné, un incident de la nature qui interrompt le chemin prédestiné. Vous devrez contourner l’obstacle, établir un nouveau trajet, défricher à nouveau ce qui l’avait été auparavant (en déviant), reproduire le geste des anciens, ceux qui défrichèrent les premiers chemins. Inlassablement, notre entité est comme la Fourmi, l’Abeille, referont les mêmes gestes, les mêmes tourments (à) réalisés ce pour quoi ils ont été construits (autant) qu’a la forme qui nous compose, qui nous donne quelques capacités d’animation spécifique, est, quant à elle, prédéterminée momentanément pour l’expérience de ce que nous sommes.
Non ! Vous n’y êtes pas, vous n’êtes pas totalement libres, vous n’avez que la liberté de ce que vous percevez, l’essentiel de l’univers, vous ne le percevez pas, vous n’avez qu’une vision locale des choses, et votre monde, ses limites vous apparaissent floues, tout comme votre avenir. Mais au-dedans de vous, ça, nous ne pouvons en être certains, il y a quelque chose qui vous détermine à reproduire quelques gestes de l’instinct, et de la prétendue liberté que vous aurez.
Si vous prenez en exemple les hommes, de leur liberté, quand ils en usent, qu’en font-ils ? (il arrête sa marche, le temps d’une pose)
Des choses enfantines, assurément (puis reprends sa marche)…
Ils se chamaillent, ils se bataillent, ils veulent prendre le jouet de l’autre, ce qu’ils faisaient au moment de leur propre enfance, ils le reproduisent en grand, au niveau des peuplades où ils s’agglomèrent dans des cités toutes plus laides les unes que les autres. Leur beauté est industrielle (industrieuse), elle n’est pas belle, en rien comparable à ce qu’on appelle (attend d’une) une symbiose, même si parfois quelques villages, quelques villes, semblent vouloir acquérir ce mécanisme offert par la nature, de se fondre au paysage.
—> (Vérifier les dits précédents sur le sujet, vérifier s’ils furent exprimés en passant dans les mêmes endroits : la concordance des lieux avec la parole dite ? Amusante serait cette concordance entre l’influence du lieu sur la pensée et sa substance…)
Non ! Les plus grandes cités veulent se dénaturer, sans toutefois pouvoir y arriver, on ne quitte pas le milieu où l’on naît, on y reste jusqu’à la fin des temps, c’est impossible de le quitter (de s’en isoler), impossible ! Mais ça, apparemment ils ne le comprennent pas, ou ne le savent plus, ou l’ont oublié. Alors on construit des cités toutes plus laides les unes que les autres, en tentant à (de) s’étendre vers le ciel, construisant des tours toujours de plus en plus hautes, et s’en glorifiant. Le jour où celles-ci irrémédiablement tomberont, ce sera avec leur propre défi, qu’ils tomberont (aussi), défi face à ce qui les construit. Ils veulent en effet bâtir le monde selon des concepts qu’ils ne perçoivent pas encore (tout à fait) comme délétères, à l’encontre des autres (ceux qui ne sont pas eux). La grande éducation que nous avons à faire est l’apprentissage d’une altérité, de ceux que nous ne sommes pas et qui pourtant vivent en nous et autour de nous. Cet apprentissage en grand (snif), devra se faire pour ne pas périr, « quelles drôles d’affaires vous amenez-vous là ? » pourriez-vous dire !
Mais non, il n’est pas besoin d’être un grand savant ni d’user d’une perspicacité exubérante, nous le savons au creux de nous, nous le savons, nous sommes prédéterminés à (pour) le savoir, à le comprendre, à le saisir…
Mais, que voulez-vous, une expérience contradictoire se produit au creux de ce qui nous anime, et présente (engendre) une lutte entre nous, nos guerres et nos accaparements incessants, ces richesses ne voulant plus rien dire, richesses de quoi ?
Oh ! « de quoi ? » dirait le chrétien (croyant), dirait… où l’on relie une quelconque religiosité, « oh, mon Dieu ! » diraient-ils, « que font-ils, les hommes ? » (enlevez le mot chrétien)…
14’44 (il s’arrête pour se moucher, et repart)
Première moucherie de la soirée… Eh voilà, encore ! Tu as bavardé plus qu’il n’en faut ; ajouté aux dires d’avants un peu les mêmes choses en variant…
Certes ! Vous n’avez pas tout à fait tort. Mais ce point de vue divers encore, diffère encore, comme je vous disais tout à l’heure, il ne sera pas exactement le même, il variera encore…
Ah ! Donc il varie, c’est que vous avez trouvé quelques autres accaparements ?
Non ! Ce n’est pas le mot, l’inspiration, c’est plus proche de ça…
Quelques aspérités ?
Pas exactement !
Quelques précisions ?
Voilà ! Ça serait plutôt, euh, quelque chose comme ça ?
17’00
Allons-nous nous arrêter là, sur ce débat, qu’il (ne) soit pas trop long cette fois ?
Ah ben voilà, des Scabieuses ! (snif)
Scabieuses, la Lavande…
Pas Lavande ! Qu’est-ce que tu racontes ? Bruyères ou Calendulas !…
Il broutait, broutait devant moi (snif), le petit chevreuil, soudain il me vit, prit peur et s’envola, de quelques pas, sans bruit devant moi… Que c’était joli cette embardée-là ! Il ne peut pas brouter de l’herbe tranquillement, il faut qu’un deux-pattes s’amène, « c’est terrible ! », dit-il, « ils sont partout (ces deux-pattes) ! », excuse-moi, je ne faisais que passer…
20’07 (il s’arrête à nouveau, se mouche encore et repart ; la rumeur de la grand-route toute proche…)
Deuxième mouchage, y en aura-t-il d’autres ?
Oh ! Sûrement un troisième ?
Cette annotation vocale, a-t-elle un intérêt ?
Absolument aucun !
Alors, pourquoi le dire ?
Pour occuper l’esprit !
Ah ! Bon ! Dans ce cas…
Ici, une petite fraîcheur survient ; apportée par le bois massif, la futaie massive, ayant depuis quelques heures interrompues, le rayonnement solaire qui se couche à son opposé, apportant cette petite fraîcheur salutaire (apportée par le vent la traversant)… Qui pourrait presque nous enrhumer !
À ce point ?
Oui ! (snif) J’en ai presque des frissons… car les nuits sont fraîches… et l’avion (la vision de), l’avion encore, qui passe…
22’41 (snif)
Est-ce le premier snif ?
Non ! Il y en a eu d’autres, mais ils se firent instinctivement et je ne les ai pas annotés encore ; la mémorisation de la petite machine le fera assurément !
Oui ! La rumeur que vous entendez est celle des machines roulantes, le vent ne fait que nous les apporter, il vient un peu de la route… de travers (il est le vent !)… (il tousse)…
25’13 (il se mouche)
25’46 (il repense au bruit de moteur dans le ciel).
C’était des avions à hélice ?
28’55 (il se mouche à nouveau)
33’11 (il se mouche encore)
36’03
Point de statues à ériger, si (à) l’idée vous (y) venez je vous maudirai encore une fois !
(Mais je ne m’inquiète guère de ce côté-là, je n’ai pas mérité des zommes, ni de leur gloire ni de leurs prouesses, je n’ai rien fait pour honorer leur espèce, ni vaincu un quelconque Dragon)…
Vous parlez de quoi ?
De l’éventuelle gloire qu’ils feraient de moi !
Encore ?
Oui (snif), je les sens venir ? S’ils veulent honorer un quelconque talent, qui n’est que le talent de la vie dans son ensemble, je ne fais pas exception à la règle, sauf que le talent est distribué, euh, d’une façon très désordonnée ou orientée, on ne sait…
37’05 (il se mouche)
Certains en ont plus que d’autres dans certains domaines (il marmonne)… Eh, ce qui m’agace un peu c’est cette façon d’honorer, comme si leurs talents étaient dus qu’a eux-mêmes… Eh ben non ! Ils l’omettent tous sans exception, à moins que je n’aie pas tout entendu et tout lu, c’est entendu aussi, mmm, c’est certain, mais ils oublient tous ce qui les inspira, ce qui leur est venu, et comment ils résonnèrent pour produire ce à quoi la vie les amène à produire (réaliser), quelques exploits, quelques découvertes, eh, ce n’est que cela ! (il expire, constate un lacet défait, revient un peu en arrière pour poser son pied sur une souche). Excusez-moi les Fétuques, je refais mon lacet ; que vos herbes coquines, voyez, ont délacées, eh !
39’14
Excusez-moi les Fétuques… de repasser sur vous ! (snif)… Je disais quoi ? Eh ben, dites-le-moi ?
Oui, des… des statues que l’on érige pour la gloire de certains !
Ah oui !… Je refuse les gloires, je refuse les honneurs, je refuse tout prix, je ne veux qu’une chose, que l’on oublie ! Eh, je dis ça, non pas uniquement, pour la ruine (de ma personne), mais pour affirmer une chose, de ne laisser que une écriture ; eh, pour ce qu’elle vaut que l’on ne parle que d’elle, et certainement pas de celui qui l’a reçue (conçue) et la dépose, moi, je ne suis qu’un scribe, eh, je me répète ! Je me répète ! J’ai beau tourner en rond… hein ? La forêt ! Je ne vois pas d’autres manières de le dire ? Et vous m’interviewez, j’accepte bien modestement ce genre de… comment dire ? De flatterie offerte à mon ego désuet, euh, d’un trait que je vais rayer, car ce dernier ne me satisfait guère…
Vous parliez de flatterie ? (ce refus, ne serait-ce pas une petite coquetterie de votre part, pour que l’on s’intéresse malgré tout à vous, prônez le froid, pour obtenir le chaud ?)
Oui ! On m’a dit un jour (après avoir lu quelques bribes des écrits que j’avais malencontreusement trop tôt présentés), « oh ! Vous avez du style ! » Encore un qui n’a rien compris, ce n’est pas de moi qu’il fallait parler, c’était du récit, de ce qu’il y avait dans le récit, alors que je ne veux pas parler de moi, je veux parler de ce que je dis, c’est cela qui m’intéresse ! Moi ? N’aie rien à faire là-dedans ; la flatterie de moi n’a rien à faire là-dedans (je me fous de moi ! Ne me parlez pas de ma manière d’écrire, ce n’est qu’une technique ; je n’écris pas pour que l’on se gausse de cela, mais pour exprimer des notions, des perceptions, des informations perçues et transvasées dans le récit : de cela uniquement, je consens à parler !).
C’est drôle avec les hommes, il faut sans cesse mettre les points sur les « İ », et justement, dans cette histoire qui commence par un İ normalement en majuscule, le point on le laisse, absolument !
Je dis (une) histoire, mais c’est une multitude d’histoires qui s’entrecoupent, c’est un récit qui raconte des histoires, celles d’une mémoire qui se déverse au fil du temps et qui vous laisse ce récit, voilà ! Ensuite, qui l’a bâti, ce récit, n’a pas d’importance ! Alors, vous allez me dire, « de vouloir procéder ainsi, vous tentez le mythe, de… de faire comme un quelconque ouvrage biblique dont on ne connaît pas les auteurs (exactement, sauf quelques-uns ajoutés au fil du temps) »…
Vous, vous voulez bâtir un récit de cet acabit ?
Même si au premier abord, cela semble correspondre à ce que vous me dîtes, le propos derrière le récit, tout ce qu’il y a dans ce récit, est plutôt à l’opposé, il tente de déconstruire (snif) les mythes. À savoir s’il y arrive ou pas, ça, c’est à vous de le dire ! Mais, en y regardant de près, l’on est bien conscient que la tentation va être vite prise quant à définir ce même récit et (de) vouloir le comparer aux plus anciens (vieux), plus vastes, des temps très anciens, qui se construisirent sur plusieurs siècles et dont les auteurs sont inconnus, en effet ; car dans tous récits essentiels, l’auteur n’a pas d’importance (c’est une mémoire de l’espèce qui se préserve et se transmet, ce n’est pas une mémoire d’auteurs, les auteurs ne sont que l’expression langagière du vivant qui s’exprime dans une mémoire commune, le nommage égotique d’un auteur n’a rien à voir là-dedans, puisqu’il fut, avec les autres, qu’un passeur de savoirs acquits de l’espèce, la lignée des hommes. Chez les fourmis, c’est du même acabit !). C’est l’histoire qui (elle) se répète, qui (elle) devient une légende, mais (dans) ce récit, s’affrontent les mythes, les légendes, les histoires, et tente non pas de s’y opposer, mais de les contourner, et de voir si par hasard on ne pourrait pas appréhender les choses différemment ? L’histoire, on la déconstruit, le récit, le mythe évidemment, on tourne (tout) autour, on dit la manière de mettre, on cite des exemples, on crée soi-même, quelques mythes anodins, des mythes momentanés, locaux, pour dire quand il s’agit d’un peuple et d’une histoire millénaire, il se produit à peu près les mêmes rites à travers ses mythes. Chaque histoire, oui, est un mythe basé sur des faits, des réalités toujours transformées, romancées, déformées volontairement pour rendre la chose enviable, séduisante ! (il arrête sa marche). Un mythe tente de vous séduire, c’est le principe des religiosités, même si la volonté est parfois un peu trop forcée…
47’37 (il se mouche et reprend sa marche ; une stridulation de Criquet pendant quelques secondes)
à partir de 47’39, pendant 5 s, une stridulation pulsée à 3 kHz d’un Grillon transparent (Oecanthus pellucens) très probable (c’est le soir), alors que le Grillon champêtre chante autour de 5 kHz…
… on accepte le mythe ou (on) crève ! Il faut s’y conformer pour survivre… Il y en a qui en sont encore à ce stade, ce qui prouve que nous n’avons pas évolué de grand-chose. Nous n’avons pratiquement pas évolué de ce côté-là (il cesse de marcher), la bêtise est la même que depuis le début où l’on força (les populaces) à croire à ces mythes. L’esprit des hommes s’obstine, « ce n’est pas sa moindre tare » disais-je précédemment. Non, ce n’en est qu’une parmi d’autres !
…
(texte manuscrit – 26 août 2019 vers 10h50)
(Pendant la transcription des récits précédents me vint cette inspiration soudaine)
Un jour, on a rattrapé le scribe par le bout de la chemise pour l’interroger. En dehors du fait de s’être fait engueuler comme jamais, nous avons pu en extirper quelques propos atténués, sur sa raison d’avoir écrit tout ceci, bien que nous en sachions déjà beaucoup sur ceci (ce qui était déjà écrit). Il nous exprima (formula) quelques propos irrévérencieux comme à son habitude, sembla-t-il, à l’encontre de son clan, de son espèce, mais aussi la raison de son courroux, il s’exprimait (à travers) un dégoût imprévu ?
Comme pour dire qu’il fallait tout remettre à plat, repartir sur de nouvelles bases, renier une grande partie du passé, ce qu’il conservait de plus délétère en nous, presque à vouloir refonder une nouvelle espèce, avec un ego plus mesuré, avoir une attitude plus modeste, de notre lignée, ne plus la prétendre au-dessus des autres ; un gros travail sur nous-mêmes, une immense tâche qui ne se fera pas sans dégâts…
(à terminer)
…
Sonagrammes audiométriques :