(parole en marchant – 9 sept. 2019 à 8h49)

—> 2. « petit chemin » :
—> durée : 73’54

trouver sa place et philosophie d’oiseau

Il faut être dans un temps, dans un camp ou un autre, on ne vous donne pas le choix, même pire, si vous n’êtes d’aucun camp, vous êtes l’ennemi de tous, vous ne prenez pas parti, c’est déjà être contre tous. Voilà comment fonctionne, d’une façon quelque peu primaire décrite, le fonctionnement des hommes, ou de toute vie des bilatériens mammifèrant que sont les hommes. C’est vrai, plus ou moins de toutes les espèces du même acabit, à mamelles, au sang chaud, ils sont construits sur un moule plus ou moins identique ; la génétique à ses débuts était encore balbutiante, elle devait faire des choix d’un opportunisme permettant la meilleure des survies. Aujourd’hui pour l’être debout que nous sommes, la logique évolue, nous prenons conscience de ce que nous sommes, c’est nouveau, pour nous ! Nous ne savons rien des autres, (de) comment ils appréhendent le monde, s’ils sont conscients d’eux-mêmes. Oh ! Grande diatribe des philosophes de chez nous à prétendre que nous sommes le seul être conscient de nous-mêmes, qu’en savons-nous ? Prétention encore, vanité ? Nous y sommes accoutumées à cette façon de voir, elle relève plus d’une ignorance, d’un inconnu et nous ne savons pas y voir. Vous n’évoluez qu’avec les éléments que vous donne (donnés par) la vie, vous n’avez que les capacités qui vous sont octroyées, vous ne pouvez guère en inventer d’autres, il faut faire avec !…
(un oiseau au loin lance des « tui tui tui ! » régulier)
3’59
Les animaux sont habitués aux attitudes de notre espèce qui veut dominer absolument ; cette notion du sans partage, (du) « tout pour moi, rien pour les autres ! » *, qu’ils se sont octroyés (les deux-pattes) sans parlementer, sans cette notion du partage raisonnable, entre tous. C’est, je dirais, ici, que se situe l’étendue de notre… drame ? Je dirais plutôt notre bêtise, nous n’arrivons pas à raisonner autrement que dans cette logique, la plupart n’arrivant pas à comprendre que pour survivre il faille partager (entre tous les êtres vivants). Oh, certains y arrivent, mais ils ne sont pas légion, ceux-là ! Regardez donc ce qu’il se passe. Et même, s’ils étaient légion, ceux qui veulent, souhaitent le partage, ils ne peuvent pas le faire, puisqu’on le leur interdit, les plus forts, ceux (les) dominants, s’octroyant les terres comme des rois qu’ils se prétendent être…
7’02
Me voilà encore, à parler comme un mécréant, un renégat, n’y trouvant rien de beau forcément dans cette espèce d’êtres que nous sommes. Il est vrai que nos conflits sont lassants, très lassants, et plus on vieillit, alors qu’avant on disait « ça va passer ! » Non, ça ne passe pas, c’est toujours pareil, on s’enferre dans des conflits à n’en plus finir, des politiques insalubres, à n’y rien comprendre, à cette manière de vivre, dans le conflit absolument ; être pour, alors qu’il y en a d’autres qui sont contre et contre, alors qu’il y en a d’autres qui sont pour. Hein ! pfft !… Eh, pendant ce temps, (chacun) s’occupant de nos affaires, nos chamailleries, ignorent les autres, où on les abat d’une boucherie satisfaisante pour nos mangements superflus, ces goinfreries, une richesse prétendue.
(version : Eh, pendant ce temps, chacun s’occupant de ses affaires, avec nos chamailleries, ignorent les autres, où on les abat d’une boucherie satisfaisante pour nos mangements superflus, ces goinfreries, une richesse prétendue.)
Pourtant, tout nous prépare à nous élever ; d’esprit, d’âme, de comportement, d’aller vers un émerveillement constant de la condition qui nous est donnée et des possibilités que nous avons dans la conscience de soi, par exemple, et de bien d’autres choses. Non, il faut toujours que nous retournions à des conflits primaires du contentement de soi, (l’expression) d’un ego démesuré toujours là à vouloir faire la guerre à plus égotique (exotique) que soit, c’est cela la gloire du vainqueur, et la misère du vaincu…
10’25 (un oiseau chante « tituite tituite ! » et s’envole…)
10’32
J’ai fait fuir l’oiseau, il en a assez de nos discours délétères, il a bien raison !…
10’57 (il se mouche)
11’14
Vous me parliez d’un… disez donc… (il se tait, l’oiseau l’interrompt)
11’18 (l’oiseau de tout à l’heure revient, et raconte… Croyait-il que l’on s’adressait à lui pour qu’il chante autant ? ; l’homme s’arrête et écoute un instant, puis repart à 11’28 ; il s’approche d’un autre oiseau au chant plus mélodieux, arrête sa marche aussitôt et écoute leurs chants entremêlés… ; une véritable partition musicale…)

de 11’38 à 11’49 (??)

de 12’13 à 12’24 (??)

de 12’20 à 12’31 (??)

12’42
Vous disiez quoi ?
Oui, lisez donc les grands philosophes, cela vous apaisera…
(snif) Mmm, eh, excusez-moi, de philosophes j’écoute les oiseaux, ceux que vous avez entendus avant que je reparle.
Ah ! « Vous idéalisez », dites-vous, ils ne font pas de philosophie, eux !
Qu’en savez-vous ? Être prétentieux que vous êtes, ils ont la leur ! (C’est) celle de l’oiseau, cette supériorité dans leur petitesse, de voler ! Vous, vous ne l’avez pas, c’est un grand apanage que leur a donné la vie, savez-vous ? Pour revenir à mes considérations fétiches, auparavant, la vie inventa, parce que cela était possible, des êtres immenses, des dinosaures, et puis s’apercevant que cette espèce était trop lourde, trop fragile, elle reconsidéra la chose, et dans (avec) les mêmes lignées, fit en sorte qu’ils puissent voler, et des êtres plus petits, beaucoup plus petits, purent s’envoler progressivement d’un vol de plus en plus gracieux, eh, même planer dans les airs, contempler les immensités (à relier avec les chapitres abordant le même sujet). La première chose que les hominiens que nous sommes virent en voyant (observant) les oiseaux, c’est cette considération qu’ils avaient, cette envie qu’ils avaient (éprouvaient) de voler, c’est de les copier, de faire comme l’oiseau, voler ! Ils en firent même (dans) certaines tribus, des dieux ! L’être qui vole, c’est mémorable.

de 15’10 à 15’14 (il croise l’oiseau qui fait « tuu tuu tuu ti tui tui ! » (??), autour de 5 kHz ; il arrête sa marche un instant et repart)

15’18
Moi, je dis, « écoutez l’oiseau ! », même si son cri, son chant vous semble rudimentaire, une analyse profonde des sonagrammes vous montrera, qu’à chaque cri, qu’à chaque chant, bien souvent, il y ait des diversités d’un langage insoupçonné.
(version : Moi, je dis, « écoutez l’oiseau ! », même si son cri, son chant vous semble rudimentaire, une analyse profonde des sonagrammes vous montrera, qu’à chaque cri, à chaque chant, bien souvent, il y a les diversités d’un langage insoupçonné.)
Il faudrait être dans la tête de chaque être, pour comprendre ce qu’ils sont, mais nous ne pouvons le faire sans les torturer, sans leur adjoindre quelques mécanismes voulant les mesurer ; ce n’est pas forcément la meilleure façon qui soit.

Pas très loin, la route m’apporte sa rumeur, le vent me l’apporte (l’amène)… l’automne arrive et j’ai croisé quelques oiseaux, eh, cela, savez-vous, m’enchante au-dessus de tout ! Plus qu’un amour envers une femme jalouse, par exemple… C’est sans condition, le chant d’un oiseau, il n’est pas un échange, « ton amour contre le mien » (il s’arrête de marcher), ce n’en est même pas à ce point (il reprend sa marche), même s’il rigole en nous voyant, « ah, essaye de m’attraper ! », je pense infiniment qu’ils entendent ce que nous disons, d’une certaine manière ; dans l’intonation de ma voix, ils sentent quelques appétits à exprimer la vie, comme eux l’expriment à travers leurs chants et cette nuance, cet arrière-plan, au-delà même des mots, mais dans la simple expression, ils la ressentent comme bien des êtres autres que nous, autres que nos formes. Ne croyez pas, puisque c’est une croyance, que les animaux sont bêtes, le plus bête des bêtes n’est pas la bête que l’on croit, la plus bête des bêtes n’est pas la bête que l’on croit. J’ai longtemps été cette bête-là… (la plus bête, mais je fais des efforts)

Ah ! La rumeur est trop vive, la rumeur des machines roulantes ; cela vous ennuie, mes beaux arbres, ici (il s’arrête quelques instants et repart)…

19’13
Je viens saluer l’ancêtre coupé, le vieux Chêne abattu ! On y vient, auprès de toi comme à un cérémoniel (il s’arrête près de la souche de l’ancêtre), les hommes y viennent (souvent). Et les arbres autour, le salut, l’entoure d’une haie de Houx, certains arbres tentent d’amener leurs branchages au-dessus comme pour le protéger d’on ne sait trop quoi, alors que ce n’est qu’un hommage à leur ancêtre, je crois ?
(version : Et les arbres autour, semblent le saluer en permanence, une haie de Houx l’entoure, certains arbres tentent d’amener leurs branchages au-dessus de sa souche, pour le protéger ou rendre hommage à l’ancêtre, peut-être ?)
En dessous, les racines de toi alimentent dans le sol, encore vivantes (cela est avéré), la mémoire, l’information petite ou grande, je ne sais, des êtres qui vivent encore autour de toi, les enfants de toi… L’immense respect que j’ai vis-à-vis de toi et ma honte absolue de t’avoir coupé, ou un de mes semblables l’ayant fait, à l’immense respect qui vaut mille amours humains. « Cette démesure serait dans un affect démuni, d’un être recherchant un amour absolu » diront les plus sensibles, il ne s’agit pas de cela ! Un vide, il faut toujours le combler et il est vrai, dans l’affect (il s’éloigne), le manque d’amour doit être comblé, certains y mettent de la haine, moi je fais l’inverse, je maudis mes semblables certes, mais sans les haïr absolument, je maudis, je maudis ! Je maudis leurs actes, ce qu’ils font, mais l’être au fond de lui-même, me trouvant dans la même situation à vivre sur cette terre, je ne peux le haïr véritablement, je mérite autant cette haine que l’on aurait de moi, envers eux…

La rumeur des machines roulantes est insupportable, aujourd’hui, le vent me l’apporte trop. Nous allons partir de l’endroit (ce sanctuaire de la forêt), c’est le matin, ils partent travailler (les zommes), dans leurs déplacements coutumiers (il s’arrête)… Au loin, je vois un animal brouter l’herbe, très loin, très loin de moi… Je vous salue mes frères d’âme **
(il reprend sa marche)
Oh ! Je me dis bien celui qui écoutera cette voix, quel imbécile est-il. Oh oh !
(il rit narquois)
Quelle mièvrerie dans ce propos, je sais bien… vos considérations imbéciles ! Je n’irai pas jusqu’à prétendre avoir tout compris, loin de là, mais un peu de sensiblerie vous irez mieux, vous apporterez quelques réconforts à aimer mieux ceux qui vous entourent, au-delà de vos propres formes, c’est ce que je dis toujours…
Je savais bien que ce matin, en partant dans la forêt, dans le petit chemin, j’allais encore tergiverser à travers maints propos qu’il faudra… qu’il faudra recopier…
24’54
Pourquoi y vais-je donc dans la forêt si ce n’est pour sans cesse y trouver un (long) travail de copiste (à rapporter), moi, pauvre scribe ne faisant qu’ajouter ce qui me vient à la longue liste des pages déjà reproduites, tous ces propos déjà énoncés, je ne sais même plus par où commencer ? Respecter une chronologie, me dit l’oiseau qui crie, « ui ui ! » (snif)
26’28
Vous voilà bien lyrique aujourd’hui ?
Oui, c’est une forme qui me vient souvent ; une forme, une façon de dire ! Cela survient quand une lassitude survient (arrive), après avoir écouté des propos pénibles de chamailleries d’hommes, sur les radios, les ondes, au matin ; des ondes qui m’apportent quelques informations de mes semblables, c’est toujours répété inlassablement les mêmes propos du même acabit, toujours… Ah ! Les mêmes chamailleries enfin, on n’en sort pas, c’est pénible ! Alors, si je m’en viens à aller dans une forêt pour décompresser, partir (m’éloigner) de ce que j’ai entendu, il est évident qu’une forme lyrique va s’exprimer à travers ma parole ; c’est la variation que m’apportera cette influence du dehors. Et si la forêt en plus m’amène quelques propos, mélangez tout ça et vous avez cette parole. Voilà comment ça marche, chez moi, ce que j’en comprends ! Probablement, vous éprouvez des mécanismes du même ordre au fond de vous, vous ne les décrivez pas forcément avec les mêmes mots comme moi, si vous aviez à les décrire, vous direz (diriez) comment ? Ben, c’est avec cette voix ! Cet amalgame de sonorités qui forment un langage, et quand on y comprend… quand on y raisonne bien, à ce sujet-là, comme une musique que nous permet la vie, parce que quelques cordes vocales nous permettent ces vibrations pour nous exprimer, au-delà des sens propres d’une caresse, d’un geste, d’un mouvement, apporte une sonorité supplémentaire à un entendement, à une vision, à un toucher, à un ressenti, à une sensation… Loin de moi, (l’idée) d’utiliser les propos du philosophe, les anciens ou (des) nouveaux ; je n’y comprends rien dans leur musique, elle est trop abstraite, trop intellectualiser, même si parfois je flirte avec cette vague, j’en deviens incompréhensible, mais je tente d’aller à l’essentiel sans jamais l’atteindre, cela ne se peut pas ! Il me fatigue, leur intellectualisme bidon flirte avec les miens, c’est fatigant. On n’arrive pas à en sortir. L’affect est toujours là pour vous dire, « mais que dis-tu, ta folie coutumière, ta folie courante, ta folie de maintenant que va-t-elle devenir demain, comme c’est ce qu’elle était hier toujours avec les mêmes mots, tenteras-tu une différence ? », mais bien sûr, que je tente une différence, je ne fais que ça, de varier tout le temps, on ne fait que ça ! À chaque pas, à chaque mouvement, à chaque avancement, l’on varie, même si les chemins empruntés semblent les mêmes, les pas ne se posent pas exactement aux mêmes endroits, c’est toujours en variant. Cette mécanique, disent les savants, relève d’une description quantique, comme (chaque particule d’un) un rayon lumineux, on sait dans quel sens il va, mais on ne sait jamais trop où il va se répandre…
(il monte la voix à cause du passage d’un véhicule bruyant).

Chaque particule de ce rayonnement ont (a) une tendance à ne pas être déterminée exactement à l’endroit où ils (elles) se poseront, ils se refléteront, ricocheront, si c’est un obstacle qu’ils ne peuvent traverser (ou seront absorbés). C’est pareil pour les pas dans un chemin coutumier (emprunté régulièrement), le chemin est le même, c’est le rayon… Ah ! Ces voitures, ces voitures, c’est pénible… (un autre véhicule passe)… Je sais même plus ce que je disais… (il traverse la route)

Cela n’a pas beaucoup d’importance, sauvons-nous vite de ces endroits bitumineux où l’on fait des roulements de voitures, dont le déplacement dans l’air est pénible…
Chut ! Tais-toi…
33’48
Eh ! Ce discours devient pauvre, quand je parle d’eux, mes semblables, eh, les formes qui me ressemblent. Ah ! J’y reviens !
Nous parlions de quoi auparavant ?
Ce qui nous élève un peu, (c’est) cette tentation que l’on a, d’élever le débat, de se sentir ailleurs, on ne sait même pas si l’on s’élève, on tente une variation pour ne pas répéter l’habituel moment (mouvement) des choses… On est sans cesse perturbée par ce qui est autour de nous, puisqu’il faut bien pour se mouvoir, faire attention aux alentours, de ce qui se passe, c’est inévitable ! Mais notre forme étant à une taille telle qu’elle ne discerne pas l’immédiateté de ceux qui nous composent (constituent), l’infime, le petit comme l’invisible, c’est du même acabit. Nous l’avons souvent répété, nous sommes habités euh… de plus infimes que nous, qui (ils) nous organisent, nous composent, nous font digérer, nous soignent, nous rendent malades, c’est selon ce que nous avons ingurgité…
(version : Mais notre forme étant à une taille telle, qu’elle ne discerne même pas l’immédiateté de ceux nous constituant, l’infime, le petit comme l’invisible, c’est du même acabit. Nous l’avons souvent répété, nous sommes habités euh… d’êtres plus infimes que nous, ils nous organisent, nous composent, nous font digérer, nous soignent, nous rendent malades, c’est selon ce que nous avons ingurgité…)
C’est quoi ce bruit ? Ah ! Un bourdon… (snif)
36’12
Je traverse une forêt malade, malade des hommes, défrichée (exploitée) en permanence, trop ! Trop traversée, la forêt, trop découpée, trop tout, on ne cesse de l’abuser, se défend-elle ? Sa réaction est lente, elle ne peut se déplacer, tous les arbres, toutes les plantes tentent une symbiose locale, mais elle est sans cesse perturbée par nos coutumes, celle de les couper inconsidérément, les arbres de la forêt, et de bouleverser tout le biotope local sans y faire attention, ou même si certains y prêtent quelques attentions, ce (ils) ne sont pas la majorité. Quand je vois quelques barbus aux religiosités douteuses venir couper ces arbres, je me doute bien que dans ce propos raciste, je vais déclencher quelques méchancetés, que l’on me couperait bien la gorge ? C’est à peu près ce… cette façon qu’ils ont de réagir, quand vous n’appréciez pas ce qu’ils sont, ou ne reproduisez pas ce qu’ils sont, ne faites pas allégeance à ce qu’ils sont, je les évite autant que possible, ces formes qui me ressemblent, il nous arrive à tous de les croiser, sans forcément savoir ce qu’ils sont *** (snif). Comment des êtres peuvent-ils être pollués par autant de bêtises, c’est ce que je me dis ; quand je vois même les mousses dépérir à cause du manque d’eau, je me dis que cette mousse ressemble à leur barbe, elle les fait dépérir. La source est à sec, véritablement à sec, plus une goutte d’eau… Nous avons tout pris, trop pompés de cette eau primordiale dont nous ne pouvons pas nous passer, dont nous sommes en principal constitué ; il faut (faudrait) que nous nous desséchions autant pour comprendre ce que c’est de manquer d’eau ; je n’ai jamais vu cette forêt manquer autant d’eau, il en restait toujours un peu au fond du ruisseau, de la source. Cette année, c’est fini ! Peu à peu vient un changement, il arrive, aux conséquences incertaines, nouvelles… On va aller voir l’autre source en contrebas, si elle est dans le même embarras. Celle-ci est profonde, si elle manquait d’eau aussi, ce serait inquiétant…

41’47 (il quitte le chemin et descend vers la mare en contrebas, les bruits de gravier sous ses pas laissent la place à des bruits de feuilles mortes…)
41’58
Plein de jeunes pousses de Chênes sur le sol, c’est fou comme elles sont denses, pour tenter de devenir grand comme l’ancêtre que j’ai vu tout à l’heure… je vous souhaite bien du courage, aurez-vous le temps de devenir grand ?
42’52 (il arrive près de la seconde source, plus vaste…)
La terre est à peine humide, dans la source, elle est sèche aussi ; (aux abords) des jeunes pousses de Châtaigniers tentent de rivaliser avec le Chêne…
43’35 (il s’interroge sur les arbustes du coin)
C’est quoi ça ?
Je dirais des Néfliers… ou des Saules ? (à vérifier) On sent une fraîcheur au fond, mais elle s’atténue (semble s’atténuer) de jour en jour… Quelques grattements de sangliers… Encore quelque humidité, eh, très précaire… Ah, oui les Châtaigniers (adultes) sont là, je vois (par terre) les bogues de l’année passée (il observe les branches des arbres), il semblerait que cette année, ils n’aient pas beaucoup de fruits aucuns ne sont encore tombés (il remonte vers l’allée délaissée)…
(version : Ah, oui les Châtaigniers adultes sont là, je vois par terre les bogues de l’année passée [il observe les branches des arbres], il semblerait que cette année ils n’ont pas beaucoup de fruits, aucun n’est encore tombé [il remonte vers l’allée délaissée]…)

45’56
Me revoilà sur le chemin… vais-je croiser un deux-pattes au loin ? (snif) (il observe tout autour de lui) Non ! Ils sont partis à leurs travaux réguliers, occupés dans leurs usines, dans leurs entrepôts, dans leurs administrations, tous ces endroits qu’ils occupent à travers des tâches répétées pour survivre et gagner quelques argents, leur permettant d’acquérir quelques monnaies (victuailles) pour cette subsistance organisée de cette manière, comme si l’on ne pouvait pas faire autrement, curieux… Curieuse façon de partager ? Eh, que voulez-vous, c’est ainsi, le monde des hommes ! Une petite voix intérieure (la) voix, me dit, « tu tournes en rond, tu te répètes ! » Bien sûr que l’on se répète, on ne fait que dire toujours les mêmes choses. « Quel est donc ce roman que tu nous amènes ? » Ah ! Voilà bien le mot, loin de moi, cette idée de vous apporter un roman, et j’y reviens à cette discussion (des précédents jours). Il ne s’agit pas de cela, ici ! On vide la mémoire de ce qui l’encombre, vous disais-je auparavant, vous vous souvenez ? On ne s’occupe en aucune manière de maintenant dorénavant, de la façon dont cela est amené, que ce soit pauvre, mièvre, étourdissant, extraordinaire, peu importe ; on l’amène le propos, on le déverse et puis on le laisse, voilà, on ne s’occupe pas du reste ! Euh, de toute façon, ce sera lu… à peine lu, mais délaissé par là, quelques entités relieront ces quelques passages d’une trace délaissée (snif), dans quelques mois, quelques ans, quelques siècles, quelques millénaires, parmi d’autres traces délaissées, tomberont sur celle-ci, qui témoignait d’un instant. Voilà comment cela se passe pour toute trace laissée ! La vie en nous, nous pousse à cela, « laisse ta trace, peu importe ce qu’elle est, laisse une trace ! » Quand tu te déplaces, tu en laisses toujours, la trace de tes pas, mais celle-là est fugitive, elle s’efface vite. Rares sont les traces de pas qui restent dans le temps. À moins qu’elle soit marquée dans une argile que l’on protège ensuite par des mouvements du temps et que l’on retrouve des millénaires plus tard, cela est très rare… (snif)
52’08
Vous n’avez plus rien à dire ?
Ben, cela ne vient plus ! J’ai craché tout mon venin, si venin, vous le comprenez ainsi, il n’est pas bien méchant, celui-là ; il annonce (prétend) quelques vérités, quelques réalités, à vous de les apprécier à travers votre humanité… Nous sommes drôlement fabriqués (malgré) de viles contradictions, nous arrivons à former une entité se mouvant…
53’28
Les oiseaux sont discrets, toujours dans la forêt, eh, si nous croisons quelques attroupements, leurs chants sont discrets… ici, le rossignol chantait, mais aujourd’hui, il se tait ! (il se mouche)…
54’21
Aujourd’hui, je tente une paix ! (snif)
Une paix ?
Oui !
Une paix… avec qui, avec quoi ?
Avec tout !
Y arriverez-vous ?
Je vous le dis tout net, je ne sais ? Où es-tu petit arbre ? Ah, si tu es là, un petit Hêtre dans la forêt (il s’arrête auprès de lui), tes feuilles sont petites cette année ; le petit Hêtre sur une souche trop près du chemin, des branches qui s’en rapprochent trop du chemin, sont un peu abîmées, aux abords c’est normal, je t’avais prévenu, tu ne devrais pas ? Que te disent tes frères, ils sont moins près de toi (moins près du chemin que toi) ; eh, tu pousses où tu peux, où ta graine se posa, tu tentes une envolée vers le ciel, dans un silence éclatant, tu prends ton temps, toi aussi, petit frère d’âmes ! Je maudis le temps où l’on vous coupera parce que vous gênerez la foule des hommes, leur contentement, leur (ce) chemin bouleversé par vos coupes ordinaires… Je vous souhaite bien du courage ! (il reprend sa marche)
Eh euh ! Vous êtes toujours très pessimistes, à ce que j’entends… ce n’est pas bien gai ? (snif, aussi, de lui)
Ah si, par moments, on peut exprimer une quelconque gaîté. Comme ce rayon du soleil, qui vient maintenant, peut-être va-t-il m’amener un éblouissement merveilleux, malgré le calme dans la forêt et le cri du Geai au loin, l’avez-vous entendu ?
Vous commencez à connaître le nom des oiseaux ?
Peu à peu, j’apprends…
59’30
Alors la lumière ? (à relier aux récits sur le sujet)
Oh ! C’est un éblouissement fugitif qui dure (peut-être) une seconde, c’est une perception qui correspond à une réunion d’éléments concomitants, hasardeux, qui par hasard se percutent et créer un éblouissement, cette façon est aléatoire, peu reproductible, hasardeuse (disais-je)…
(version : Oh ! C’est un éblouissement fugitif, il dure peut-être une seconde, c’est une perception correspondant à une réunion d’éléments concomitants, se percutant par hasard, et créer un éblouissement, cette façon est aléatoire, peu reproductible, hasardeuse, disais-je…)
Eh ! Dans l’immensité de l’univers se reproduit suffisamment souvent pour que ces particules s’entrechoquant (snif), ressurgissent, fasse… se fasse, se produisent à travers l’esprit de quelques êtres locaux, et là, effectivement, c’est un éblouissement… (eh, plus loin, que voit-il ?)… Crottin de Cheval… L’homme monté sur sa monture, le cheval le promenant, se sent le maître, le roi sur cette bête acceptant d’être ainsi surmontée d’une entité désirant le dominer…
1h01’43 (un chant d’oiseau discret, « tiluite ! »)
(Snif) Il n’a pas le choix le Cheval, on lui dit, tu appartiens à celui-là, tu devras lui obéir et on le lui fait bien comprendre, il faut le domestiquer, l’accoutumer… (il s’arrête) à être ainsi surmonté (« tiluite ! » à nouveau)… Eh, les Pins, là, sont tranquilles… (« tilili ! » cette fois, de l’oiseau)… Quelques arbrisseaux (de feuillus, je crois, des Frênes, on dirait ?) tentent de les concurrencer là où ils sont, péniblement, dans quelques trouées… (« tilili ! » encore une fois, c’est l’oiseau)… Je pense qu’ils vont bientôt les couper, ceux-là, ils sont trop gros, trop hauts (ces Pins-là)… (« tilili ! » ajoute l’oiseau) (snif) et nous perdrons notre petite réjouissance, certains jours, ici où la lumière fut si réjouissante (il reprend sa marche) (snif)… Dans quel marchandage vont-ils les mettre, octroyés (il s’arrête) à travers quelques ventes aux enchères ?
1h03’26 (un autre chant d’oiseau familier au loin)
1h03’34 (il reprend sa marche)
La colombe au loin, j’entends… elle n’a pas ce souci, elle (snif), déjà qu’elle doit survivre à toutes les misères qu’on lui fait subir dans cette forêt blessée… Ah ! Je n’arrive pas à avoir une parole sereine, aujourd’hui, ce n’est pas possible, ce n’est pas possible (snif). Cet instant est comme une rémission face à de plus grands drames (snif), je n’y arrive pas. Je pressens comme la bête que je suis, l’éminence d’un sort terrible et le calme… (l’oiseau, il s’en rapproche, il va le rendre un temps heureux, « tititi ! ») nous l’amène peu à peu… (il lui dit « tititi ! » plusieurs fois, « ne t’en fais pas ! »)

de 65’11 à 65’43 (??)

Je ne sais comment dire.
(un autre oiseau ajoute son « tuu ! » très court)
Toute la forêt me prévient, elle est déjà au courant !
(« tuu tuu tuu tuu ! »)
Elle le sait bien ! Elle qui a des siècles, des milliers d’années de mémoire au creux de la terre, de la présence des ancêtres… elle a cette mémoire du changement des temps, ce que nous, nous n’avons pas, nous sommes si fugitifs. Nous bougeons trop (trop turbulents pour elle) ; qu’est-ce que c’est quelques siècles pour une forêt (snif), un instant ? Une forêt, il lui faut des milliers d’années pour devenir une véritable forêt, voire des millions d’années. Cette mémoire est considérable, elle est une trace incommensurable, dont nous commençons à peine à en faire la lecture (snif), et nous y découvrons des choses considérables, c’est vrai ! Eh, nous arrivons à peine à les lire, ce n’est pas notre monde. Nous ne sommes que de la vie, qui, instrumenté, pourrait-on dire, par une idée qui lui dit d’aller y voir ce qu’il y a au-dedans de la forêt, ce que l’on peut y lire en dehors des moments où on la coupe, quand on la laisse tranquille…
(versions : Nous ne sommes que de la vie instrumentée, pourrait-on dire, par une idée qui lui dit d’aller y voir ce qu’il y a au-dedans de la forêt, ce que l’on peut y lire en dehors des moments où on la coupe, quand on la laisse tranquille…)
Cette mémoire vaut toutes les philosophies des hommes, elle est d’un autre aplomb, d’une autre logique…
1h08’52 (il s’arrête aux abords d’une ouverture)
Dans le champ, calme, aucune bête ne se voit, sauf moi (il reprend sa marche)… un petit vent frais s’amène, (il) me dit, « eh bien, voilà, tu as vu, rien ! », mais dans ce rien, il y avait une myriade de choses que mon esprit ne discerne pas tout de suite ; il y a eu le décor, le paysage, l’éventement et maintenant ce chant (de l’oiseau content)… il y a eu la respiration de quelques molécules d’air, de l’instant à cet endroit ; il s’est passé dans ce rien, une multitude de choses, que ton corps a ingurgité, ressenti, même si cela dura quelques secondes. Imaginez le spectacle, dans un endroit un peu plus extraordinaire (il s’arrête à nouveau), mieux présenté, où les hommes s’en émerveillent ; ici, ce n’est que la banalité d’un champ coupé en fin de saison ; une friche momentanée, traversée par une ligne électrique, où se sont posés quelques oiseaux, fugitivement (un petit oiseau cri « tchi tchi tchi ! »)…
1h11’14
Quelques sonorités m’apportent le vent, les (d’autres) oiseaux se posent sur la ligne, au loin une voiture avance sur la route que l’on distingue à peine à travers les arbres du fond, le soleil voilé par quelques nuages en altitude, apportant doucement sa chaleur et les plantes asséchées tout autour…
(un oiseau se rapproche, « tii tii tii ! »),
un chien au loin aboie (ouah ouah !), qu’est-ce qu’il voit ?
(l’oiseau continue « tii tii tii ! »)
le vent m’apporte tout cela

de 72’10 à 72’16 (??)


(l’oiseau ajoute « tii tii tii ! »)
… les isolateurs (en verre) des poteaux électriques en verre de cette ligne en (de) cuivre nu…
(version : les isolateurs en verre, des poteaux électriques de cette ligne en cuivre nu)
(l’oiseau rit « titititi di ! »)
… se reflètent (distinguent) dans le…
(l’oiseau lui souffle « tii tii tii ! »)…
le paysage, apportant cette couleur vert clair, très particulière (où ils brillent de quelques éclats)
(l’oiseau écoute « tii ! »)…
dans leur enfilade de poteaux plantés à travers le champ…
(l’oiseau, il patiente « tii !… tii !…”)
(cette ligne) apportant une énergie aux hommes…
(l’oiseau fait des papouilles à son voisin « titi ! »)
… qu’ils usent inconsidérément…
(l’oiseau se tait, il se gratouille)
Je vois quelques insectes…
(un oiseau voisin s’envole et cri « tidididi ! »)
… virevolter autour de moi, le mouvement des feuilles dans le vent, quelques senteurs que je perçois à peine…
(ah oui, effectivement, l’oiseau apprécie cette odeur, « tidididi ! » encore, et « tiduididé !)

de 73’17 à 73’20 (??)

Que peut-on dire d’autre pour l’instant ? Rien ! Le petit frémissement des branches dans le vent, des arbres au bord du chemin, c’est suffisant pour m’apporter un « léger » contentement !

de 73’50 à 73’54 (l’oiseau tout à son art, ajout « tiduluu ! » (??))

(Et c’est la fin… du chemin…)

* Qu’ont-ils enduré nos ancêtres, pour en arriver là ? Très certainement, pour survivre, cette notion du partage s’est distordue à tel point, qu’il nous fait perdre toute réalité des sols occupés, dans l’ignorance des nécessités d’une survie aboutie, à travers un partage avec les autres, ceux différents de nous… À la fin, toutes les fins, nous serons tous bouffés, en partage, une myriade de micro-organismes vont s’occuper de nous, c’est prévu dans les plans… du partage…

** Cette émotivité fera rire et moquer bien des zommes, quel manque de virilité a celui-là, pour un arbre coupé, vénérer cet endroit, pfft ! Que vénèrent-ils ces gens-là ? Quelle justice, quelle finance, quel monarque, quelle suffisance d’une croix à leurs édifices, une foi ? Un peu de respect, il leur est demandé, un peu de mesure, de clarté, du bon sens, cela leur manque si souvent…

*** Vous allez voir, ce court passage médisant faisant un amalgame entre certains coupeurs d’arbres et des prêcheurs ayant le même aspect, comment cela va être récupéré dans un camp ou un autre, pour médire de moi, pour justifier des actes, une politique souvent barbare. Barbares, nous l’avons toujours été ! L’habit ne fait pas le moine, dit-on, mais tout de même, que l’on coupe des arbres ou des têtes d’homme, quelle est la différence, ou coupe toujours de la vie ? Eh, où se trouve le discernement dans l’histoire ? Haïssez le propos si vous voulez, au point où nous en sommes, je ne m’étonne plus de rien…

Sonagrammes audiométriques :