(parole entre deux sommeils – 16 janv. 2020 à 1h02)
—> à cause d’un geste, cette seconde d’éternité 152.
récit intemporel
(original)
À l’instant où il commença son geste, la seconde, juste avant qu’il lance… qu’il envisage de lancer cette ferraille presque par instinct, par représailles d’on ne sait trop quoi ; durant cette seconde, il vécut soixante ans de sa vie pour envisager toutes les conséquences que pareil geste pouvait amener. Eh, ayant vécu soixante ans, considéra que pareil geste ne lui apparaît… ne lui amènerai rien de bon, et que toute sa vie durant, s’il l’assumait, il s’estimera que sa vie ne valait rien (et) que lui-même, dans l’histoire (cette histoire), serait un vaurien.
(anticipation, uchronie, temporalité sans cesse mouvante)
Soixante ans plus tard écoulés dans cette seconde d’éternité, il comprit l’inutilité (l’absurdité) de cet agissement, reposa la ferraille à terre, s’avança vers la petite fille, tout aussi petite que lui, et déposa un petit bisou sur sa joue en lui demandant pardon d’avoir pu envisager (une) pareille instrumentation de sa vie et que jamais plus il ne recommencerait ; il ne savait pas quel instinct, quel réflexe imprévisible l’avait amené à envisager ce représaille (châtiment) innocent (à cause d’un refus de bouger), d’une ferraille lancée et qu’il l’aurait blessée, peut-être tuée ou crevée un œil. Cette seconde éternité, où il vécut soixante ans de sa vie pour envisager les perspectives d’un tel accomplissement, ne valait rien, rien de bon ! Alors, il recommença, après son petit bisou, une autre vie, et comprit que cette petite tendresse enfantine lui apporterait plus de réconfort qu’une ferraille lancée.
5’07
À peine que l’on commence à vivre, et il est déjà trop tard ; il lui fallut quant à lui, vivre soixante ans, les perdre toutes ces années, pour comprendre le pourquoi du comment d’un tel accomplissement et la déraison que cela apportait (apporterait), que sa vie (accomplie) ne valait rien, lui-même ne valait pas mieux (par conséquent), et qu’il était inutile de recommencer un accomplissement maintenant dépassé *.
Il retourna bien aux sources, soixante ans après, revi… revécu ce même geste à l’inst… à l’endroit exact, recommença tout ! À l’instant où il remit les pieds exactement à l’endroit où cela se passa (comme par magie), il oublia tout, il n’existait plus et son existence devint un néant, il n’était plus de ce monde (la vie en avait fini avec lui), (dorénavant) il n’avait jamais existé, il n’existera jamais ; et les perspectives d’un recommencement, même si parfois il l’envisagea, tout à l’heure, autrefois (dans ces voyages temporels), n’entraient plus en ligne de compte ; la matière en lui s’était décomposée, les particules élémentaires s’étaient dispersées (se) recomposant (dans) toutes les entités environnantes, à leur manière. Cette magie, cette magie des recommencements ou de l’oubli, ou de l’effacement, qui par des invraisemblances dans cet écrit, vous apporte une mémoire incertaine, un jugement, un éveil, on ne sait.
Il essaya, il avait essayé cette vie, cette existence, pour voir comment ça fait de vivre parmi eux ; il n’en éprouva aucune reconnaissance, aucun merci, aucune réjouissance, il avait perdu cette émotion, cette tendresse, cette compassion, un quelconque amour de quoi que ce soit dans ce monde incongru maintenant. Peu à peu, au creux des têtes de chacun, ceux qui le croisèrent, s’effacèrent tous les instants de sa présence, il n’existait plus, il n’a jamais existé, il n’existera jamais, dorénavant ! Par conséquent, il est tout à fait inutile de l’oublier, on n’oublie pas ce qui n’a jamais existé ! On laisse aux autres le temps de marquer de leur histoire, toutes les mémoires ; et lui n’a fait que les regarder, les imiter un temps, le temps d’apprendre et comprendre et de s’effacer, sans haine, sans tristesse, sans joie, indifférent à cette existence, à cette foi. Il ne prodigua rien de passionnel, n’envisageait rien. Dispersée, démultipliée, chacune des particules qui le composèrent ou l’habitèrent un temps garde malgré tout au creux d’elles-mêmes l’expérience de sa construction ; (version : dispersée, éparpillée, chacune des particules l’ayant composées ou habitées un temps, garde malgré tout au creux d’elles-mêmes l’expérience de leur construction). Mais comme cela fut décidé par on ne sait quelle magie, la mémoire de son existence ne fut jamais recombinée, réinventée, puisqu’il l’avait décidé… (puisque le sort l’avait décidé)
(version)
À l’instant où il commença son geste, la seconde juste avant qu’il envisage de lancer cette ferraille, se sentant guidé par des ressentiments indicibles, cette seconde de décision dura soixante ans de sa vie, comme s’il devait d’avance étudier toutes les conséquences d’un pareil acte ; eh, les ayant vécus, ces soixante ans, il considéra que cet acte ne lui amènerait rien de bon toute sa vie durant, s’il l’accomplissait, il estimait que par conséquent son existence en serait amoindrie dans cette histoire où il se verrait devenir un vaurien.
(anticipation, uchronie, temporalité sans cesse mouvante)
Soixante ans plus tard s’étant écoulés dans cette seconde d’éternité, il comprit l’absurdité de cet agissement, reposa la ferraille à terre, s’avança vers la petite fille, tout aussi petite que lui, et déposa un petit bisou sur sa joue en lui demandant pardon d’avoir pu envisager une pareille instrumentation de sa vie et que jamais plus il ne recommencerait ; il ne savait pas par quel instinct, quel réflexe imprévisible l’avait amené à explorer ces représailles absurdes, à cause d’un refus de bouger de sa camarade de jeu ? Cette ferraille lancée, il l’aurait blessée, peut-être tuée, ou lui crever un œil aurait amené un drame de plus. Cette seconde éternité, il la vécut soixante ans de sa vie pour expérimenter les perspectives d’un tel accomplissement, à comprendre qu’il ne valait rien, rien de bon ! Alors, il recommença, après son petit bisou, une autre vie, et comprit que cette petite tendresse enfantine lui apporterait plus de réconfort qu’une ferraille lancée.
5’07
« À peine que l’on commence à vivre, il est déjà trop tard » ; il fallut, quant à lui, vivre soixante ans durant, pour les perdre toutes ces années, pour comprendre le pourquoi du comment d’un tel accomplissement et la déraison que cela apporterait ; que cette vie ainsi accomplie ne valait rien, lui-même ne valait pas mieux par conséquent, qu’il était inutile de recommencer un agissement maintenant dépassé *.
Il retourna bien aux sources, soixante ans après, revécut ce même geste à l’endroit exact, renouvela tout ! À l’instant où il remit les pieds exactement à l’emplacement où cela se passa, comme par magie, il oublia tout, il n’existait plus et son existence devint un néant, il n’était plus de ce monde, la vie en avait-elle fini avec lui ? Dorénavant, il n’avait jamais existé, il n’existera jamais, et les perspectives d’un recommencement, même si parfois il l’envisagea, tout à l’heure ou autrefois dans ses voyages temporels, cela n’entrait plus en ligne de compte ; la matière en lui s’était décomposée, les particules élémentaires s’étaient dispersées, se recomposant dans toutes les entités environnantes, à leur manière. Cette magie, cette magie des recommencements ou de l’oubli, ou de l’effacement, qui par des invraisemblances dans cet écrit, vous apporte une mémoire incertaine, un jugement, un éveil, on ne sait.
Il essaya, il avait essayé cette vie, cette existence, pour voir comment ça fait de vivre parmi eux ; il n’en éprouva aucune reconnaissance, aucun merci, aucune réjouissance, il avait perdu cette émotion, cette tendresse, cette compassion, un quelconque amour de quoi que ce soit dans ce monde incongru maintenant. Peu à peu, au creux des têtes de chacun, ceux qui le croisèrent, s’effacèrent tous les instants de sa présence, il n’existait plus, il n’a jamais existé, il n’existera jamais, dorénavant ! Par conséquent, il est tout à fait inutile de l’oublier, on n’oublie pas ce qui n’a jamais existé ! On laisse aux autres le temps de marquer de leur histoire, toutes les mémoires ; et lui n’a fait que les regarder, les imiter un temps, le temps d’apprendre et comprendre et de s’effacer, sans haine, sans tristesse, sans joie, indifférent à cette existence, à cette foi. Il ne prodigua rien de passionnel, n’envisageait rien. Dispersée, éparpillée, chacune des particules l’ayant composées ou habitées un temps garde malgré tout au creux d’elles-mêmes l’expérience de sa construction. Mais comme cela fut décidé par on ne sait quelle magie, la mémoire de son existence ne fut jamais recombinée, réinventée, puisqu’il l’avait décidé… (puisque le coup du sort l’avait décidé pour lui)
* La vie avait expérimenté en lui cette perspective d’un pareil accomplissement ; un geste malheureux dès le commencement, que pouvait-il amener plus tard dans le déroulement de la vie de celui qui agit ainsi ? C’était ce questionnement-là, exactement, que la vie en lui avait envisagé, pour expérimenter probablement, une nouvelle fois de plus, la question. Elle devait ressasser encore cette fois-là le tourment d’un être pendant soixante ans, pour argument suprême, expérimenter oui, ou simplement, disons-le comme ça, voir comment ça fait de tourmenter ainsi un être ; la vie ajoute à sa mémoire considérable, cette expérience, comme on le ferait avec une machine électronisée douée pour le calcul et les algorithmes, comme à une pensée primaire, lui apprendre un fait nouveau ; à travers de petites variations d’existence, la vie ne cesse de s’ingénier au creux de nous.
…
(parole entre deux sommeils – 16 janv. 2020 à 1h20)
La seule chose qu’il laissa, ce fut cet écrit, qui à aucun moment ne parlait véritablement de lui ni ne laissa un quelconque nom à son endroit.
Pour les autres choses dont on parle au-dedans de cet ouvrage, ce sont les multiples variations d’une pensée, d’une compréhension de ce monde, de ce qu’il en absorbe et ce qu’il régurgite, sans haine, sans frontières, sans religiosité quelconque ni vanité de quoi que ce soit, il laisse une trace, puisqu’il semble qu’on lui a demandé. Il ne sait si c’est vrai, si c’est exact, peu importe, ça s’est imprimé au creux de sa tête et il réalisa ainsi cet ouvrage, du mieux qu’il put, seule trace laissée des instants de son passage, ce qu’il a remémoré au creux de cet ouvrage.
Ouvrage sans nom des hommes ; aucun nom (d’eux) n’y sera mis, jamais ! Sinon autres (par un autre) que lui. Mais celui-là qui le fera, d’y mettre un nom à cet ouvrage, accoler dessus comme une propriété (une étiquette à documenter), celui-là qui ne l’aura pas lu certainement n’aura rien compris du pourquoi, du comment, de l’absence d’un quelconque nom d’homme au-dedans ; celui-là ne fera qu’apporter un mythe de plus, là où il n’y en a pas, où tout est dit de ce qu’il a compris (l’auteur de ce récit)…
Je ne vois rien d’autre à dire, à ajouter ? L’ouvrage se termine, je n’ai plus qu’à tout mettre au propre, dorénavant, combler les quelques vides qu’il reste, pour combler chaque page blanche, c’est tout ce qu’il reste à faire ; et puis s’en aller, voilà !