(parole en marchant – 7 déc. 2019 à 14h05)
—> 1. « İl », peregrinatio, le détachement, « le double de lui » : 205. [o i] dans les rêves nouveaux, (7 déc. 2019) parler du lui de la forêt
Il vivait comme cela d’arbre en arbre, dans une coucherie en plein mimétisme en haut des cimes, que nul ne voyait, car les couleurs de son abritance captaient les reflets des branchages mêlés au ciel environnant et vu d’en bas, on ne voyait guère qu’une vague forme ; elle pouvait ressembler à un branchage diffus ou un nuage particulier, ne provoquant aucune curiosité autre que le mouvement habituel des choses dans le ciel (snif). Il vivait là et changeait de lieu en fonction des abattages ; il trouvait toujours là où s’abriter là-haut, parmi ses amis, les formes ligneuses du lieu, de l’endroit. Dans sa solitude très grande, c’est à peine si l’on considérait qu’il puisse encore parler ? Peut-être s’adressait-il (à eux) à travers d’autres sens que la parole, à ses frères d’armes, les arbres de la forêt, on ne sait trop ? Certains disent l’avoir vu marauder par ici, par là, mais jamais cela ne put se vérifier que par de vagues descriptions. En effet, il prenait beaucoup de précautions afin qu’on ne puisse le voir trop longtemps (il arrête sa marche pour raconter en contemplant les arbres et leur cime, tout autour de lui). S’il apparaissait, c’était entre deux branchements (branchages), entre deux fagots déposés ici ou là. Le déplacement fugitif de son corps, qui, de (grâce à) son habit mimétique, était en parfaite liaison avec les couleurs environnantes, en fonction des saisons ; les reflets de la lumière sur son habillement, en effet, reproduisaient le paysage alentour comme un miroir, un reflet indescriptible qui fait qu’à dix mètres vous pouviez avoir les yeux droits devant… droits sur lui, vous ne voyez que quelques troncs défeuillés l’hiver, une forme diffuse entre ceux-là, elle ne vous inquiète pas. Vous pensez à une herbe, un bouquet de Houx, un placement de mousses ou un tas de feuilles mortes accumulées par le vent, des branchages bouleversés par la chute d’une branche (ou d’un arbre foudroyé) ; rien de bien exceptionnel dans une forêt où ces diversités de la nature ne sont qu’habituelles, coutumières, régulières, rien de quoi s’inquiéter. Ce n’est que quand il se mouvait ou bougeait subrepticement, que vous voyez la forme se transformer au rythme de la lumière et que vous soupçonnez peut-être une bête, mais il n’en prenait pas les formes ; son habillement si fugitif, si mimétique, ne montrait qu’une branche qui se déplaçait, un feuillage en mouvement, des brindilles virevoltant dans l’air, quelques mouvements d’une bête comme un sanglier, pouvait provoquer, et cela occasionnait une attention momentanée de votre regard ; mais vous, ne voyant rien de précis, lui, vous ayant déjà vu depuis longtemps, pouvait s’en amuser, de votre étonnement. Il reproduisait ce geste que vous n’arrivez pas à décrire ni de la forme ni de l’être dont il s’agissait. C’eût pu être une branche d’un Hêtre qui s’était écrasée (menaçait de s’écraser) au sol et qui soudain tombait après une bourrasque. La branche d’un arbre cassé par le vent, cela arrive bien souvent quand l’arbre a tenté une exubérance dans son avancée vers le ciel, un branchage un peu trop long, un peu trop en déséquilibre à cause de mille et une raisons, afin d’atteindre le ciel plus vite que les autres, ses compagnons, ses rivaux, s’ils existent. C’eût pu être cela, rien de bien étonnant ; et votre esprit ne va pas imaginer un être diffus tel que lui se propageant dans la forêt, vous n’entendez aucun bruit, vous ne voyez qu’un vague mouvement et lui vous observant peut se rire de vous, son amusement, c’est tout !