(parole en marchant – 7 déc. 2019 à 13h24)

—> 2. « petit chemin » : drôle d’éveil
—> durée : 14’23

C’est quoi votre éveil dont vous nous parlez tant ?
Quel éveil ? Le terme est impropre, on pourrait en utiliser un autre ; mais je n’ai pas d’idée là-dessus, c’est le plus approchant de ce que l’on essaye d’esquisser, j’ai pas trouvé mieux, désolé ! Il y a toutes sortes d’éveils. L’éveil, c’est une perception accrue des choses de ce monde ; dans ma perception (c’est) ce que j’en comprends, ce qui me vient à l’esprit ! Il faut considérer la chose ainsi et pas autrement…

(des engins mobiles, du genre auto, froissent l’air en traversant la forêt)

de 0’57 à 1’04, par-dessus le bruissement des véhicules, la respiration asthmatique du promeneur envoie des gerbes harmoniques jusqu’à 20 kHz, belle prouesse des bronches ; quels allergènes ainsi le gênent ?

J’attends que les machines roulantes passent, dans leur sifflement dans l’air, désagréable moment…
Oui, je réponds d’avance à votre interrogation étonnée, je suis un sauvage et n’aime pas la promiscuité avec des individus usants de technologies exubérantes et se déplaçant avec des machines aux usages à prohiber (un autre véhicule honni passe)…
Pénibles engins !
Prohibés, pourquoi ?
Prohibés dans ma conception !
Pourtant vous vous déplacez dans une machine analogue, c’est une contradiction ?
Effectivement ! Mais j’en use avec parcimonie, je ne peux faire autrement… Eux aussi ne peuvent peut-être pas faire autrement ?
On peut peut-être faire autrement, c’est fort probable ?
Alors pourquoi ce questionnement, cette affirmation déplacée ?
Euh, je veux parler de véhicules aux puissances exubérantes, à quatre roues motrices, ces (véhicules) quatre-quatre (4x4 de ville, comme ils disent, des engins tous terrains pour l’usage courant sur des routes ordinaires) dont je n’ai pas envie de parler. Parlons d’autres choses si vous le voulez bien ?
Vous parliez de quoi précédemment, alors ?
Ah, je ne sais plus très bien ?
Vous parliez d’éveil à l’instant ?
Ah oui, ce mot imparfait qui définit vaguement une idée. Il y a l’éveil du guru, l’éveil autorisé par une sommité affirmée comme telle, à l’ego démesuré, c’est tout ce que je vois ; un ego s’affirme et il veut que l’on fasse comme une obédience à sa parole, une acceptation de celle-ci sans rechigner, car il détiendrait la vérité sacrée, alors laissez-vous convaincre, se laisser illuminer par la lumière prétendue de cet individu ; ah ça, je n’y crois pas ! Aucun être ne me convaincra par ce genre d’expression, je suis trop vindicatif, trop opposé à la proéminence d’une idée autoritaire, d’une posture imposée, d’un individu, quel qu’il soit, je serai toujours un opposant. Moi-même, avec ma parole dans l’air que l’on mémorise pour l’usage d’un récit, je ne cherche à imposer aucune idée précise ni de quoi que ce soit apportant une vérité définitive ; le travail reste une affaire personnelle propre à chacun de nous… pour chacun de nous. C’est à nous de trouver notre voie, notre domaine là où nous allons exulter. Mais, quand il s’agit d’exulter au désavantage des autres, dans un opportunisme où l’on accapare l’esprit des autres pour leur faire croire à vos idées, un subterfuge vieux de milliers d’années, qu’usent certains, abusés qu’ils sont par une sensation égotique qui apparaît au creux de leur esprit et les abuse perpétuellement. Ils en sont les premiers abusés, c’est un mécanisme insidieux, à s’ingénier au creux de vous, voyez-vous, et il se dérègle bien souvent, difficile pour un esprit non perspicace, ne désirant pas une certaine forme d’altruisme, ces attitudes vont toujours vers des formes de dictature, du corps, de l’esprit, des territoires accaparés ; accaparer sans cesse, peu importe quoi, comme s’il s’agissait d’une porte ouverte vers un salut possible, un idéal frelaté, voilà tout, malgré tout, comme vous voudrez, on ne se moque pas de vous. La monnaie… la monétisation des choses (de la vie courante) y est pour beaucoup, on acquiert des richesses ; on confond la richesse d’esprit et la richesse du pouvoir, de la finance ; comportements délétères dans toutes ses formes. Je ne trouve rien, rien de bon, à tout ce qui relève d’une quelconque finance, rien ! C’est un mécanisme d’un monde moderne sans avenir, je n’en vois aucun ? Sinon des crises perpétuelles, l’exploitation de certains, toujours au désavantage de ceux qui sont exploités (version : Sinon des crises perpétuelles, avec l’exploitation que réalisent certains, toujours au désavantage des plus nombreux qu’on abuse, la chanson est connue)…

Refaites votre phrase, elle est incompréhensible !
Oui, l’avantage de certains au désavantage d’autres, qui sont sous la coupe d’une finance qui les dirige, qui les malmène dans des travaux absurdes et imbéciles, où le rendement vaut plus que la qualité du travail. On jette celui qui n’est pas rentable, même si son travail est de qualité. Voilà la politique actuelle, le client vous devez le faire débourser un maximum, qu’il dégorge la monnaie qu’il possède, à l’avantage de ceux qui lui quémandent ses (maigres) sous, pour qu’ils s’enrichissent encore plus. Ce sont des malades, je vous le dis ! Je ne vois pas autre chose… des malades ! Eh, vous devez vivre avec ces gens-là, que voulez-vous !
Oui, mais pourquoi vous restez dans votre coin, ne clamez pas comme les autres, l’absurdité de ce système ?
Euh, j’y verrai une perte de temps considérable. Je n’ai aucune volonté de prendre le pouvoir en quoi que ce soit, ni sur les esprits, ni sur une attitude politique ; je n’en ai ni la qualité ni la capacité. Je vais là où les choses me permettent d’exister à un niveau suffisamment tolérable pour la forme que je représente. La reconnaissance, la célébrité est loin, loin de mes perspectives, je n’en recherche rien, c’est superflu, sans intérêt !
Alors, pourquoi écrivez-vous tout ceci (à travers cette parole) ?
Ah, je vous l’ai déjà dit ! Cela vient, je dois bien le marquer quelque part, c’est une nécessité du vivant qui s’opère en moi, comme à des millions d’êtres, laisser une trace, une information, peu importe laquelle, petite, grande, tout ce que vous voudrez ; la valeur que vous y accorderez est tout à fait subjective, vous y prendrez ce que vous voudrez, moi, ce n’est pas mon problème, cela…

(Il croise les vieux Chênes du coin et s’arrête un instant auprès d’eux)
Bonjour aux grands arbres du lieu ! Ici, je vous salue ! Salut à l’ancêtre, vous voyez, là au fond (il montre du doigt), ces racines, ce tronc coupé, celui que l’on découpa par opportunisme ; histoire de monétiser son découpage, opportunisme pour une raison totalement délétère, on coupa cet être qui était dans la force de l’âge, un demi-millénaire, vous vous en rendez compte, on aurait pu le laisser vivre jusqu’à sa fin ? Eh bien non ! Oh, on l’a affublé d’un nom et l’on s’enorgueillit d’avoir un bout de son bois, à cet arbre, à cet ancêtre, et l’on s’en glorifie ; cinq cents ans, cela suffit ! C’est une gloire suffisante ! Eh, d’après ce que l’on me dit, on fit de son bois quelques fûts de Chêne, pour les remplir d’un vin probablement médiocre, qui se fout pas mal de l’âge du bois qui le conserve, le vin n’a pas d’âme ! A priori ? Méchants propos pour le vigneron qui s’enorgueillit d’avoir pu acquérir ce bois à un prix issu d’une magouille momentanée, très probablement ? C’est coutumier ce genre d’attitude !
Mais ces propos-là ne sont pas intéressants, il vaut mieux rompre la discussion, attendre que cela vienne, la parole d’où qu’elle soit, d’aborder des choses d’un autre intérêt, voyez-vous. C’est le lieu qui me prêta à ce discours, je ne pouvais m’empêcher de parler de lui, ce vieil ancêtre découpé… Alors on va s’arrêter, puis peut-être reprendre tout à l’heure, si vous le voulez bien ?

Sonagramme audiométrique :