(à 16h26) [S] (??)

de 1’06 à 1’21 (??)

(à 16h30) [S] (??)

de 0’04 à 0’14 (??)

de 0’30 à 0’40 (??)

de 0’47 à 0’57 (??)

(à 16h33) [S] (??)

de 0’02 à 0’12, par dessus le cri du Geai, un autre chant ?

de 0’10 à 0’20, idem ?

(à 16h34) [S] (??)

de 0’02 à 0’09 (??)

de 0’09 à 0’16 (??)

(parole en marchant – 25 oct. 2019 à 17h00)

—> 2. « petit chemin » : découvertes, oiseaux et mycètes

Nous sommes à la veille de découvrir dans ce monde, sa réalité toute entière, mais cela est-ce possible ? Le milieu où nous vivons, à découvrir une symbiose possible sur cette planète, comme de la perception de ce qui pourrait l’affecter dans un avenir proche ou lointain, au-dedans d’elle ; à force de naviguer dans le cosmos, elle croisera bien quelques rayonnements insidieux, comètes délétères ou météorites extraordinaires, tous les superlatifs que vous voudrez, qui ne manqueront pas de la percuter à nouveau. Mais plus que tout, ah, la symbiose de notre moment, puisque nous arrivons à percevoir plus que nous, nous nous éveillons de notre enfance vivante telle que la vie nous a conçues ; dans son expérimentation globale de tous les êtres possibles, nous émergeons à travers nos machineries qui ne sont que des conceptions du vivant, pas de l’homme spécifiquement, du vivant dans son entier ; car tout… partout où nous puisons, ce sont des inspirations qui nous viennent ici ou là, des copies de ce qu’a déjà fait la nature*, comme inventé des modes de perception, de bruissements, d’évolution comme le vol de l’oiseau, ce n’est pas l’homme qui inventa le vol, c’est la vie qui élabora l’oiseau et nous ne faisons que copier l’oiseau ; comme j’aime à dire, il nous a appris celui-là, le chant et l’envolée, l’envolée lyrique, planer dans les airs, un des rêves les plus doux des hommes, tout cela nous est inspiré !

Mais dans les tracasseries que nous apportons dans notre imperfection à vouloir acquérir toutes parts du monde, nous ne percevons pas forcément complètement l’aspect délétère de nos comportements. Soit nous disparaissons, incapables de nous adapter au changement du monde, soit nous nous adaptons ! Et dans ce cas-là, nous devrons trouver nécessairement une symbiose, une entente entre tous les êtres, que cela dépasse le cadre humain, le cadre humain purement, mais dans une perception que quelque part le vivant nous demande.

Quelles sont nos machineries, sinon pour comprendre tout cela, en observant de part et d’autre, elles nous aident à mieux percevoir le monde, à travers les lunettes astronomiques, les microscopes électroniques, toutes les choses de l’infiniment grand à l’infiniment petit ? Nous avons une vision accrue qui ne cesse de se raffiner, nous sommes prêts à acquérir les concepts possibles d’une symbiose, celle qui se réalise parfois dans les forêts non dérangées, que l’on ne perturbe pas, qu’on laisse tranquille.

La nature n’a pas forcément besoin de nous, elle nous a conçus, mais elle peut très bien s’en passer de nous. Elle n’est qu’adaptation perpétuelle, de changements, et quand une espèce n’arrive pas à s’adapter, elle disparaît simplement, sans autre forme de procès. De toute façon, la vie a de quoi faire, pour la remplacer, l’espèce en question, et trouver au fil des milliers et des millions d’années, un équilibre, une symbiose possible ; elle n’est pas un état absolu, mais une tentation d’équilibre à perpétrer continûment ; comme un voyageur sur un fil tendu, il doit faire attention de ne pas tomber de droite ou de gauche et d’avancer sur ce fil ténu afin de ne pas rompre le fragile équilibre qui le maintient en vie, pour éviter de tomber dans l’abîme.

C’est cela, en quelque sorte une symbiose !

C’est très fragile et peut se rompre ; ah là, au moindre déséquilibre, il doit sans cesse le rétablir. Nous sommes à la veille de le percevoir dans son entier. Pour cela, nous devrions détruire, je dis bien détruire toutes ces conceptions au-dedans de nos têtes qui nous amoindrissent le monde, je veux parler de ces dictatures de l’esprit et du corps, de l’argent, de la monnaie, des religiosités de toutes parts nous engluent dans des perceptions du passé qui n’avancent plus. (Imaginez) si l’humanité croyait encore dans mille ans, c’est un non-sens. Si nous persévérons dans ce concept, dans mille ans nous ne serons plus depuis longtemps. Tout doit évoluer ! Même un concept, une pensée, quoi qu’elle soit, scientifique, religieuse, financière, etc.

Tout doit évoluer, tout doit avancer, si nous voulons persévérer dans ce bas monde, c’est pas compliqué, c’est enfantin, c’est basique ! C’est savoir se remettre en cause, admettre ses erreurs et recommencer sans cesse, le fragile équilibre du moment à reproduire sans cesse, c’est un apprentissage de tous les jours, ce n’est pas une tranquillité débordante et permanente, mais l’exercice d’une vigilance accrue. Mais en permanence, vous devez le maintenir pour simplement… survivre ! Ce n’est pas très compliqué, le concept est très simple.

Par contre, le réaliser, a priori c’est très dur pour nous. Nous devons changer du tout au tout ! D’abord notre façon de nous percevoir au-dessus des autres, avoir une vision plus modeste (snif) ; ensuite, cesser d’accaparer, faire la paix entre nous, éliminer toutes les dictatures, nous le disions tout à l’heure ; les financiers (financières) sont du même ordre, dans une dictature de l’argent qui crée des pauvretés artificielles inutiles. Leurs richesses, elles aussi, sont inutiles, elles ne servent à rien ! Détruire ce système financier absurde, qui de toute façon mourra de sa propre logique, ils le sauront quand ils mourront. Il n’est pas viable ce système, impossible à concevoir un avenir à pareils engendrements, impossible !

Cela durera, quoi ? Cinquante ans, un siècle, deux siècles tout au plus, eh, d’hécatombe en hécatombe, il entraînera la perte de toute l’espèce, c’est tout ! C’est pas compliqué.

On ne peut pas vivre indéfiniment en oppressant les autres comme ils le font. Leur survie dépend des autres aussi, c’est ensemble que l’on survit et non par les uns contre les autres, les uns par-dessus les autres, l’exploitation des autres.

Que nous soyons hommes ou toute espèce autre que l’homme, c’est du pareil au même. Voilà ce que je dis moi ! Je ne suis pas très intelligent, mais je peux au moins prétendre avoir perçu cela, il ne me semble pas nécessaire de réaliser de très longues études pour le comprendre ; observez-la, cette nature telle qu’elle est ni bonne ni mauvaise, ce n’est pas son problème !

Je vous l’avais bien dit, son problème, je vous en ai déjà parlé à l’instant ; relisez, réécoutez, vous verrez, c’est très simple !

* (redite nécessaire) Le règne des hommes n’est pas un monde à part accolé au règne du vivant, en usant comme étant de sa propriété propre. Cette vision vaniteuse nous abuse, elle est colportée par des religiosités diverses et des politiques aveuglées par un égocentrisme outré, voyant l’homme comme l’ultime évolution. Non ! Ce serait plutôt l’inverse, nous appartenons au règne du vivant et notre évolution ne domine pas, elle accapare sans se soucier des autres espèces vivantes. Notre ego nous masque une réalité crue où aucun être ne domine véritablement ni n’est plus évolué ; tous les êtres évoluent en même temps, nous comme les autres.

(parole en marchant – 25 oct. 2019 à 17h15)

—> 2. « petit chemin » : découvertes, oiseaux et mycètes

Nous approchons du grand drame, la nature me le fait comprendre, d’année en année, au fur et à mesure que je m’y promène, les oiseaux me le disent, « Attention, attention, ne pas se méprendre ! »
(un oiseau chante à tue-tête des « tu tutu ! » réguliers)

de 0’26 à 0’38 (??)

de 0’30 à 0’43 (??)


Des mûres pas tout à fait mûres, au mois d’octobre ; un petit oiseau passe au côté de moi sans chanter, il se méfie de moi !
(il attrape et mange une mûre)
Pas tout à fait mûre, en effet ! À peine rougit la mûre… à peine noircie, toute rouge encore, un mûrissement décalé de quelques mois.
1’22 (une Corneille crie trois fois, puis il arrête sa marche peu après)
Ces silences deviennent mystérieux, après nos agitations quotidiennes. Quand je passe dans la forêt, un murmure sourd me prévient de tout, je le perçois très bien ; mais idiot que je suis, tellement coupé du monde de la forêt ancestrale, je ne sais le discerner réellement pour en faire qu’un entendement. Pourtant ceux qui y vivent, au-dedans, le perçoivent tout autant que moi, nous vivons dans le même milieu, nous sommes au-dedans aussi, à côté dans nos cases qui nous isolent, elles sont pourtant dans la nature aussi, ces cases, ces boîtes ! Et ce doux murmure nous dit des choses.
(il reprend sa marche)
« Attention, je vais vomir ! »
Il me semble que c’est quelque chose comme ça ?
Mais qui va vomir ?
Oh ! L’ensemble des choses, une rupture, on me balance cela encore. D’autres parlent de fêlure ; une rupture, certainement !
Mais qu’est-ce cela ? Est-ce donc…
Je ne sais encore ? On voudrait m’apeurer, que l’on ne s’y prendrait pas autrement. Devrais-je entrer dans une religiosité pour me tranquilliser l’âme ? Certains esprits fragiles semblent se laisser corrompre par cette façon de concevoir ; mais moi, pas ! Je tiens à ma liberté d’esprit et je vous dis ça en cachette.
Pourquoi donc ?
Ben, si l’on m’entend trop, on me prendrait pour un fou qui parle tout seul dans la forêt ; on m’enfermerait dans une boîte avec des piquouses tout le long de la journée pour me calmer, pour que je ne rouspète plus ! On ne veut pas entendre ce que je raconte, ce ne… cela ne parle pas des hommes comme il faut. On rouspète tout le temps contre eux !
C’est pour ça ? Ah, voilà ! (il s’arrête de marcher)
Je vois au loin des deux-pattes, ils n’ont pas fini leurs cueillettes champignonnesques, ils sont là avec leurs machines roulantes…
4’58 (un oiseau s’interpose « titudii ! »)
5’03
Que vais-je faire ? (il reprend sa marche)
5’27
J’entre dans un territoire accolé à cette forêt…
5’51
On va vous…
On va me gourmander ! Si le prétendu propriétaire du lieu (de l’endroit) ne souhaite pas me voir traverser le lieu… Au loin, tout au loin, plus de deux-pattes ?
Si, là, ils s’en reviennent, ils s’éloignent… Avançons un petit peu à l’écart…
6’55
Les chemins ont été bouleversés ici, depuis un certain temps déjà, l’allée magnifique (magnifiquement ombragée) recouvrant le chemin de toutes parts a été saccagée du côté du champ, où l’on a coupé assidûment (pour gagner quelques mètres), pour augmenter les rendements, m’a-t-on dit !
Ah bon ?
Oui !
Curieuse façon, en effet ! (il arrête sa marche)
Le champ, c’est… tu vois ? De grandes étendues au bord de la forêt, tu vois les maisons du fermier au loin, où leurs chiens… où leurs chiens aboient quand tu t’approches un peu trop ; ils te voient peut-être d’ici ? La terre est empoisonnée, moi je vous le dis ! Et ce n’est pas médire, de dire cela, c’est une réalité. C’est d’une tristesse incommensurable. (il reprend sa marche)
Oh, le chemin est encore joli ?
Ah, il a perdu de son charme ! (il avance vers une trouée à l’opposé du champ)… Regarde ! Comme une prairie, c’est bien plus joli, on laisse un peu la nature tranquille ici. Mais non, ils veulent accaparer les sols, eux sont également accaparés par leurs finances, leur mode de survie, où tout y est délétère. Je ne vois rien de paisible dans leur mode de vie, absolument rien ! Je suis désolé, désolé… oui désolé ! Revenons vers le chemin de la forêt voir si les deux pattes y sont toujours.
Vous êtes un sauvage, Monsieur ?
Tout à fait ! De plus en plus sauvage, je retournerai bien me cacher dans les arbres, comme mes ancêtres lointains. Il faudrait que je me trouve une cahute dans cet ordre-là ; ou me la construire tant bien que mal, eh, pour subsister au froid qui ne manquera pas de venir…
Je semble les voir encore un peu au loin ?
10’48 (un oiseau répond « tui tui tui ! »)
On va se rapprocher tranquillement puisque je dois passer par là, pour rejoindre ma cahute à moi de maintenant ; celle un peu abandonnée… de mon existence, ici…
11’42 (il se mouche)

pendant le mouchage, cette petite vibration sans intérêt entre 8 kHz et 10 kHz ; le mouchement étant proche d’un « bruit blanc » de type souffle, vent, écoulement d’eau, où toutes les fréquences du spectre sonore s’agitent sans distinction harmonique, sauf, ici, cette petite oscillation amusante d’un corps résonnant…

12’20
Le lieu est très calme, il attend que l’on passe, ils attendent que l’on passe, plutôt…
Qui ça « ils » ?
Les habitants de la forêt !
Ne serait-ce pas des bêtes au loin que tu vois ?
Je ne le pense pas ? Mais en nous rapprochant, nous verrons bien ; eh, c’est un véhicule que je vois au loin…
(des formes indéterminées bougent)
Serait-ce des chiens ?
C’est bien possible ! C’est petit, du moins ?
Oh, regarde ! Tout plein de véhicules là-bas, tu vas être obligé de les croiser ?
Tu vas tourner un peu avant ?
Oui, pour les éviter !
Oui sur le chemin à droite…
Oui, il est plus tranquille, celui-là…
Peut-être ?
Ils sont partout !
Ah oui !
Disent-ils merci en cueillant leurs champignons ?
Oh, ils font comme les tueurs de sangliers, ils se saoulent la gueule après chaque tuerie.
Oh !
Oui, sauf que pour eux, c’est autour d’une poêlée d’un champignon récupéré dans la forêt, fut-il empoisonné, on ne sait ?
Vous êtes un mécréant, un mauvais disant !
Oui, je sais, je ne les supporte plus ! Quand je passerai, je vais voir leurs détritus qu’ils laisseront, ils ne les ramasseront pas la plupart du temps, ils les laisseront là, considérant que ce lieu est à eux et qu’ils en font ce qu’ils veulent. Moi, la forêt ne m’appartient pas, je la traverse, je pourrais y vivre, m’y cacher… Rien n’appartient à personne, ne reste que l’accaparement que vous faites dans votre tête ; les frontières que vous mettez à droite ou à gauche, elles ne sont que dans votre tête. Vous faites rigoler les autres êtres qui s’en foutent éperdument de ce que vous considérez (être à vous) ; même si votre émergence domine pour l’instant, eh, tranquillisez-vous, elle ne dominera pas éternellement…

(il marmonne en voyant la pelouse parsemée d’innombrables champignons)
onnapasauver, ah ! N’en sait rien ?
Vous disiez quoi ?
Je dis « est-ce bon, est-ce mauvais », je n’en sais rien, je m’intéresse guère aux champignons. Il y en a beaucoup en effet. Mais pfft ! C’est un monde à part…
(il s’arrête auprès d’un mycète)
Alors là tu vois, c’est plutôt une Amanite tue-mouche en fin de vie que ça ne m’étonnerait pas (il souffle), mais je peux me tromper ? Ils ont l’art de nous tromper, justement, les champignons ; ils se ressemblent souvent les uns les autres, et les nutriments qu’ils nous apportent sont parfois des poisons ! Ils savent plus que tout autres, créer les plus terribles poisons de la terre ; les substances hallucinogènes les plus sophistiquées, nous n’avons fait que les copier (les ramasser, les copier). Tout était déjà dans la nature bien avant que nous existions, savez-vous ?
Vous médisez encore de nous ?
Je ne ferai que ça, dorénavant !
Vous seriez méchants ?
Non, je ne tuerai guère plus qu’une mouche qui me dérangerait dans ma cahute toute pourrie…
Pourrie ! Elle l’est ?
Assez ! Je n’y fais qu’un entretien minimum… Ah là, voyez ! Alors là, vous avez des gros champipi !… c’est des gros gros champipi… Alors là, je sais pas ce que c’est ça, de gros Bolets ?
C’est vrai qu’il y en a beaucoup !
Ah, partout partout partout !
Ah ! Un rayon de soleil, il me dit « réjouis-toi un moment de mon éclairage tardif, c’est vrai ! » (il se mouche)… « Alors que ma lumière te rende joyeux, toi, progéniture du monde à qui je permets d’exister… à qui j’ai permis d’exister et de se propager sur cette planète ; mon rayonnement, source de toute vie, te permet de subsister, je m’éteins et tu disparais avec moi, le sais-tu ? Je rayonne trop fort, trop intensément et tu disparais tout autant, le sais-tu… le sais-tu ? »
Oh, que de champignons, que de champignons ! Je comprends cette razzia qu’ils font dans la forêt, à ramasser tous ces Bolets, ces Ceps, ces Girolles ; et je ne sais quoi d’autre ?
20’55
Apparemment, ils ne sont pas très expérimentés, là où je passe j’en vois partout ? Mais ce n’est pas le chemin accoutumé, ils ne savent pas où aller. Même moi n’étends pas un cueilleur assidu, j’en vois partout ! Mais que font-ils ? (ne dites rien !)
Certainement, je ne dirai rien du tout !
C’est à eux de chercher, de faire le petit effort, je ne dirai rien du tout, qu’ici il y en a partout de ces « mycètes »…

à 21’41, ponctuation de l’oiseau… (??)

… coutumiers du fait !
Ah, oui, tout à fait !
Euh, écoutera-t-on un jour ce que vous dîtes ?
Oh ! Je m’en fous complètement, cela m’amuse, c’est une pirouette de l’esprit, c’est ce qu’il me reste encore, vous savez, de joyeusetés, à ma mémoire qui se souvient que l’on disait de cette manière autrefois, parfois… Moi je m’amène là et je reproduis ces tracas-là, au-delà de mon ennui à vivre ici, quelques réjouissances encore un peu…
Ah ! Tout rouge !
Quoi « tout rouge » ?
Un champignon tout rouge, ils sont comme nous, alertes, dans la forêt !
Ah ah, encore ?
(il arrête sa marche, un oiseau dit « uui ? »)
Ils disent « attention, nous sommes peut-être des poisons, nous sommes peut-être des poisons ? »
Ah ah, vous en êtes sûr ?
Aaah !… Regardez-moi ça…

de 23’25 à 23’30 (??)

zoom, vers 23’25, un oiseau (??) s’exclame précipitamment, « tididilui ! » juste avant que l’homme recause…

À peine ai-je commencé à traverser cette allée que j’en ai vu au moins une dizaine d’espèces, tous différentes ! Ah encore (il marmonne) oufatelleada…

La nature s’amuse à champignonner ! Elle tente peut-être des deux-pattes à en éliminer de la sorte, ceux qui cueillent assidûment, sans savoir quoi ils récupèrent, ils vont chercher le soir dans leur dictionnaire, « quelle est donc cette forme, cette champignonneuse construction que je souhaite absorber pour mon plaisir propre ? »
24’53
Vous croyez à cela ?
On sait pas où l’on va ! C’est un fait ! Beaucoup font comme cela, ils cueillent, ils cueillent tout ce qu’ils trouvent, et quand leur panier est plein, reviennent le soir et trient tant bien que mal.

(il reprend sa marche)
Oh ! D’autres sont plus fous, ils tentent la poêlée et l’ingurgitent, et meurent !
Est-ce souhaitable ?
Peuh ! M’en fous, ils z’avaient qu’à faire attention ! (il s’arrête d’avancer à nouveau) on ne mange pas tout ce que l’on trouve au-dedans de la nature sans se renseigner, sans consulter les mémoires ancestrales qui vous disent si cela est bon pour vous ou mauvais ; tous les savoirs existent déjà (il reprend sa marche), il suffit de les apprendre, de les réapprendre. rien n’est à inventer là-dedans, la nature a tout son temps !
(il s’arrête encore…)
26’24 (… se mouche, et cela réveil un oiseau « titi tui tui tui tui ! »)

à 26’27, l’oiseau réveillé… (??)

26’41 (il reprend sa marche, ses chaussures font un « crouic » amusant)
27’09 (il fait un geste vers de possibles deux-pattes, en face, plus loin sur le chemin)…
S’il en voit au bout du chemin, l’oiseau me préviendra, j’en suis certain ; les bruits de la forêt me le diront !
Vous croyez être son ami à la forêt ? (il s’arrête à nouveau)
Pas forcément, mais ses alertes me préviendront. Il suffit d’être patient et d’être à l’écoute, à percevoir… (il reprend sa route) tout ce qu’elle émet, en vibrations, en senteurs, en silence (il cesse de marcher), en odeurs, en rayonnements de tous ordres… je me… je me poserai bien là (il reprend sa marche, on le sent essoufflé, le chemin monte un peu), au milieu du chemin. J’ai le tournis, je fatigue soudain ! Ai-je trop marché ? Ou (à) mes marches quotidiennes, je m’y suis déshabitué depuis un certain temps, je n’y retourne pas assidûment, je me déshabitue vite de mes marches inconsidérées. Je devrais reprendre cela plus assidûment, au moins tous les deux jours, comme avant ! (il peine)
Vous avez beaucoup de travail ?
Oui, mais je suis sans cesse perturbé par ce qu’il se passe autour de moi. Je devrais vivre en ermite, mais je ne sais faire autrement, je suis pauvre, mais cette pauvreté est suffisante pour ma survie. Je ne souhaite pas de plus ample acharnement à survivre dans une opulence qui ne m’intéresse pas.
Serait-ce des deux-pattes là, soudain ? (deux promeneurs semblent avancer vers lui)
On ne peut les éviter, ils sont là !
Oui… aïe… (il avance, essoufflé)
30’40 (il parle tout bas en se dirigeant vers eux)
Eh, ils ne vont pas fuir, ils restent à là à me regarder…
31’19 (il se mouche encore)
31’40
C’est un vieillard !
33’51 (il le croise, un véhicule blanc est garé à côté)
Bonjour !
B’jour !
34’24
Alors ?
… Bien un vieillard, il marche lentement, il m’a vu à peine ; sa gêne, je l’ai aperçue.
35’17 (il se mouche à nouveau)
35’32
Je vais médire encore un peu. Vous savez, les hommes, si l’on ne les flatte pas dans le sens du poil, ils vous maudissent, ils vous tuent (du regard ou avec l’aide d’un poignard). Ils ne supportent pas qu’on soit contre leur humanitude, qu’on la critique, ils veulent absolument une suprématie de leurs actes, de leurs pensées, de leurs philosophes, de leurs médecines, de leurs sciences, sur toutes les autres. Je dis cela en mécréant ; mais regardez bien, soyez adultes, observez, écoutez, lisez, entendez ! Vous verrez que je ne suis pas très loin d’une réalité des faits, des attitudes qu’ils ont à prendre le monde et oublier le reste. Ce n’est pas tout à fait leur faute ! Je l’ai déjà dit, la vie expérimente cette attitude en eux. Elle se dit « qu’est-ce que ce serait un être qui agirait de la sorte ? » pour voir comment ça fait ! Ah ah ! Ma phrase fétiche. Mais c’est un peu vrai quand même, quand on y regarde bien, et c’est valable pour tout être. (un véhicule arrive par-derrière lui)
Attention, le deux-pattes a pris sa machine roulante ; va-t-il m’écraser, je ne sais, je ne sais ?
38’04 (elle le dépasse)
38’10 (snif)
38’14
Ah, c’est un autre… pas la même machine que j’ai croisée tout à l’heure, elle est plus grosse, plus insolente ! Moi, la mienne est toute pourrie. Elle fonctionne comme elle veut. Un jour, elle me dit oui, un (autre) jour, elle me dit non, je l’appelle Titine, j’essaye de la tranquilliser, de lui dire « fais un petit effort ! » (il s’approche d’un oiseau au chant monotone et rythmé « ti tititi ti tititi ! »), « je n’ai pas beaucoup d’or pour t’entretenir (snif), je ferai comme je peux ; maintiens-toi jusqu’à ma fin si tu le peux ? » Voilà, ce que je lui dis à ma Titine, le tas de ferraille qui me transporte par moments, et que j’utilise…
39’34 (un autre oiseau le coupe, c’est un Faucon crécerelle. Il s’arrête et l’écoute)

de 39’34 à 39’51 (un Pic-vert ? Non, probablement un Faucon…)

39’38 (l’oiseau prend ensuite un chant monotone ; à 40’22, une mélodie supplémentaire, juste au-dessus de son chant, s’ajoute, il semblerait que ce soit un autre oiseau, puis un troisième, entre les deux, à la fin…)

de 40’18 à 40’38, le troisième chant (??) vers 40’31, à 7,5 kHz ; en dessous, très atténué, un quatrième chant (??) entre 2 kHz et 3 kHz, probalement une Sittelle au loin…

zoom de 40’25 à 40’32, le deuxième chant au-dessus, entre 8 kHz et 10 kHz

40’35 (il reprend sa marche)
Vous avez entendu ? Je n’ai pas voulu le déranger dans sa conversation, eh, il était de bonne humeur ! Eh, je suis trop à la vue des deux-pattes (snif), je ne veux pas rester en tendant ma perche où se situe la machine enregistreuse. Ce harnachement incongru va leur sembler bizarre, ils vont dire quelle chasse il effectue celui-là, à défaut d’avoir un fusil, sa tige n’est pas de la même forme (matière), ne contient pas véritablement de ferraille ; mais quelques éléments électronisés, du plastique autour, au bout d’un bâton de bois.
42’07
Ah ! Les deux-pattes de tout à l’heure sont partis, ils ont amassé suffisamment pour leur festin du soir, leur fête champignonneuse : « voyez ce que j’ai récupéré ce soir ! » De quoi assassiner tout le quartier ; ils ne le savent pas encore ? (il s’arrête à nouveau)
Vous avez encore des humeurs assassines ?
Oui, ça m’amuse… aah…
43’00 (il se mouche et repart aussitôt)
43’23 (il souffle et snif)
44’14
Vous devriez effacer ce que vous dîtes, cela va vous nuire ?
C’est trop tard !
44’30 (il s’arrête pour écouter un oiseau, « ui ui ! »)
44’42 (il reprend sa marche)
L’oiseau s’en va, je ne m’intéresse pas ? C’est vrai que mon humeur acariâtre ne suscite pas un grand intérêt, il est vrai, il est vrai !
(il marche sur le gravier du chemin, ses pas sont bruyants ; un autre oiseau semble le suivre de son « ui » discret et bien présent, sur deux harmoniques très hautes [entre 7 et 9 kHz])
46’30 (il s’arrête et chuinte pour tenter de dialoguer avec l’oiseau)
Chu chu chu ! Chu chu chu !… Eh…
(mais cet oiseau-là est parti, il reprend sa marche ; quelques gazouillis)
47’28 (il s’exprime à nouveau et but sur les mots, il est essoufflé)
Alors quoi, cela va faire à son… faire… en quoi cela va… faire avancer le schmilblick ? Ah, tiens, il y a longtemps que l’on n’a pas utilisé ce mot ; teint, c’est marrant ?
48’12 (il se mouche)
48’25
Alors ?
Alors quoi ?
Vous ne me répondez pas ?
Je ne sais trop quoi répondre.
La solitude vous pèse ?
Non ! Écoutez l’oiseau ! (il s’arrête)
48’52 (cela ressemble au chant d’un Accenteur mouchet, avec un léger écho ajouté par la forêt, c’est beau !)
51’01 (il reprend sa marche)
Vous avez entendu son chant discret ? Il a répondu pour vous !
Mais nous ne parlons pas oiseau ?
Ah ben, vous devrez traduire !
Vous savez, vous ?
Ah, moi j’ai tout compris !
Prétention !
Mais ce ne sont pas les mots, ce sont des sensations, Monsieur ; il vous le dit en ce moment, des sensations ! Eh lui, il les vocalise. Vous faites la même chose avec vos mots, sauf que les perceptions que vous y mettez sont imagées, elles contiennent l’histoire de nous ; lui, c’est d’un autre ordre, elles contiennent l’histoire de ce qu’il est, tout comme vous, son chant est à la mesure de sa personne, tout comme votre parole…
52’30 (il arrête sa marche pour l’entendre à nouveau ; à 52’50, il avance lentement ; s’arrête à 53’13)
53’24 (il marche à nouveau)
Nous sommes auprès d’une coupe en cours de réalisation stoppée le temps d’une nuit, les bûcherons sont partis, ils ont coupé à tort et à travers. Un arbre est tombé coincé sur un autre arbre, sa coupe fut malencontreuse (snif), cela va leur apporter bien du tracas, une dangerosité (il s’arrête pour observer la scène). Les arbres semblent petits (amoindris), ils font triste mine pour qu’on ne les coupe pas (il avance à nouveau), ils veulent survivre, mais-on-ne-les-entend-pas ! Que reste-t-il de cette forêt, quelques arbres solitaires il restera et attendre la fin des hommes, pour qu’elle se régénère, c’est terrible !
(il marche un moment et s’arrête pour écouter l’oiseau à 54’53 ; son chant est sévère et très varié, il raconte ce qu’il a vu, il dialogue avec ses semblables, on entend leurs réponses au loin… ; à 56’11, il reprend sa marche jusqu’à la fin, sans mot dire, écoutant de beaux chants, malgré le massacre alentour. Ces chants l’ont réconforté, même s’ils maudissaient les hommes…)

Sonagrammes audiométriques :