(parole en marchant – 23 janv. 2020 à 16h33)

—> 2. « petit chemin » : constat d’une pollution et déviations…
—> durée : 13’01

(Discours d’un vieux singe, le savant fou ? En forêt, au cours d’une ballade…)

Sur une allée de la forêt, des bobines de cuivre, de fils servant à électriser les fabrications électriques, fils de cuivre… Matériaux de métal servant à la conductivité des courants électriques, brûlés là sur le chemin, comme dans un incendie volontaire ou non, contenu fort probablement dans un véhicule enlevé récemment, il brûla lui aussi ; cela semblerait s’être déroulé ainsi, des traces en témoignent, on laissa les rouleaux de cuivre, quelques kilos par terre, comme si ce n’était pas des choses précieuses ; le cuivre… il devient rare sur cette planète, on le laisse là comme un détritus, et le véhicule, la machine roulante brûla certainement à cet endroit, par on ne sait quelle stratégie opportuniste, un vol, une corruption, un assassinat ou un hasard… ou encore le hasard d’un véhicule défaillant, on ne sait ? Il faudrait se renseigner auprès des gendarmes du coin. Ces détritus restent là abandonnés, anonymisés ; qui récupérera ce cuivre délaissé, il a une certaine valeur, je laisse là le métal embobiné, brûlé, cuit par terre, pour voir ce qu’ils en feront ? Je suis curieux de voir l’évolution de ce cheminement à travers la traversée du temps, il se passe des choses bizarres, les soirs, dans cette forêt ? Chaque passage représente un… un lot de découvertes incongrues laissées par les hommes (l’oiseau dit « ui ui ui ! ») par terre et ajoutées aux bouleversements des bas-côtés de l’allée, bouleversement venant des sangliers, ils cherchèrent quelques nutriments dans les résidus des tas de bois qui étaient à cet endroit, et dont il reste encore quelques éléments pourris (snif), que l’on emporta, du bois que l’on coupa plus tôt dans l’année (snif). De leur groin, ils ont tout fouillé, c’est tout bouleversé ; et à côté, ces tas de cuivre sur l’allée, quelques kilos (snif)… Chacun laisse sa trace dans l’allée ; un être comme moi, passant et constatant l’étendue de ces traces, de ces détritus pour les uns, moments de survie pour d’autres, déplacements de matières pour des groins affamés, certainement pendant ces grands froids de l’hiver, ajoutera à ces traces une mémoire, une souvenance. Voilà ce que nous amènent les incongruités de cette forêt ! (l’oiseau ajoute « ui ! ») De toute façon, je n’y vois rien de bon véritablement ; quelques parcelles restent intactes, quelques pourrissements d’arbres, tombés naguère sous l’assaut des vents, des tempêtes, nous les montrent dans cette parcelle ; à côté, là, je vois que l’on n’y a pas encore touché à celle-ci, mais elle est encore toute jeune, elle a quoi, vingt ans, trente ans, tout au plus quarante ans ; dans dix ans ou vingt ans, peut-être avant, ils commenceront à (y) couper le bois (l’oiseau se navre « ui ! »), le plus tôt possible dans leurs rendements aux abois qu’ils seront (feront) (snif) ; de retrouver des ressources premières, comme ce le fut aux temps anciens où le bois, justement, était une des premières ressources et les forêts étaient surexploitées ; ce n’est qu’avec la naissance des sociétés industrialisées où l’on trouva de nouvelles ressources, comme certains minerais, du charbon (snif), le pétrole et toutes ces matières permirent l’essor d’une énergie supplémentaire ; le bois peu à peu, s’en trouva délaissé pour le bienfait des forêts, elles purent se régénérer. Mais voilà, on en arrive au bout de ces nouvelles énergies ; du charbon on veut plus, du pétrole bientôt il n’y en aura plus (snif), on se rabat à nouveau sur les forêts que l’on exploite maintenant avec outrance et elles retrouvent leur dégénérescence des temps anciens (snif) ; avec une pollution supplémentaire, des bienfaits de la modernité, ces quelques plastiques qu’on laisse, ces matières polluantes que l’on trouve ici ou là dans les allées, partout au-dedans, ces huiles du découpement, celles des tronçonneuses (snif), plein de produits atypiques gangrènent les sols de cette forêt (snif), ils malmènent les substances issues des formes champignonneuses, cela pollue les sols comme l’on dit, en dessous de l’humus les mycètes souffrent eux aussi.
Oh ! Je ne m’inquiète pas, la forêt s’en remettra un jour ou l’autre, elle ne sera jamais détruite totalement, il lui faudra bien plus que le tremblement d’une espèce tonitruante telle que la nôtre, non, je ne m’inquiète pas de ce côté-là ! (snif)… Ce qui représente une véritable inquiétude, c’est plutôt notre pérennité, là où nous allons ; comment allons-nous terminer notre existence (snif), dans quelques incongruités allons-nous périr pour laisser la place à ce qui viendra après nous ? Le vivant en lui-même (snif) sera momentanément bouleversé, comme ça lui est toujours arrivé, puisque nous ne sommes qu’une de ses progénitures, et l’expérience qu’il aura faite de nous, comme cela arriva pour bien d’autres êtres, s’avérera non concluante, voilà tout ! N’allez pas voir plus loin (snif), les réalités de ce que nous sommes se situent dans cette expression… ces expressions, je viens de les énumérer, il y a quelque chose comme ça ! On pourrait utiliser d’autres termes, eh, nous ne sommes pas en dehors, nous sommes dedans le vivant et nous sommes partis du vivant ; l’expérience que nous faisons, les ratages, les incongruités, disais-je, elles correspondent à notre existence ; notre déclin est aussi un déclin d’une partie du vivant, une expérience malheureuse, pour l’instant ! Aurons-nous la capacité de changer les choses sur notre avenir, de changer les choses pour nous permettre de progresser et d’améliorer les conditions d’une existence devenant de plus en plus précaire, dans notre insouciance ? Notre éveil, en quelque sorte, je n’ai pas d’autres mots (snif), ce sera à la mesure de notre capacité à atteindre cette faculté de survie ; le permettra-t-il, ou est-ce qu’il cherche comme nous cherchons (défaut du langage, c’est idem), mais nous, faisant partie de lui, nous en sommes au même point ? Pfft ! Au même point, c’est-à-dire de trouver une issue à un quelconque avenir, c’est ça ! Peu importent les mots exprimés, derrière eux se situe le sens d’une réalité que l’on tente d’exprimer, n’attachez pas trop d’importance aux mots. Je pourrais parler bègue, maladroitement, comme l’inculte ou un analphabète, au creux de tous ces êtres que beaucoup considèrent comme idiots, on trouve toujours une intelligence, et parfois du « bon sens » ! Méfiez-vous des idées reçues et faites très attention au « bon sens », la chose innée donnée par le vivant ; le « bon sens » serait une part de notre génétique issue de notre plan de fabrique, un entendement commun à tout être, lui donner des clés à sa survie, ah ? Réfléchissez là-dessus…