(texte électronisé – 26 déc. 2019 à 0h53)
—> 1. « İl », vers 205. il, lui, du dédoublement
À une inconnue, il lui avoue un secret (le même récit pourrait s’être exprimé en s’adressant à tous, en disant vous au lieu de tutoyer).
Je dois t’avouer une chose, je ne suis pas de ta forme comme l’on pourrait comprendre un être de ta lignée, un deux-pattes ordinaire du genre très austère. En faisant cours, je ne suis pas une de ces sortes d’humanité, lignée du vivant multicellulaire dans ce monde, même si ma façon de dire peut s’avérer comique ; je n’ai fait qu’emprunter la forme avec qui je cohabite, et je vais bientôt la quitter ; la laisser là à l’abandon la redonner à ce sol dont elle est issue comme toute existence sur cette planète.
En fait, je fais un rapport, un compte rendu, une sorte de mémoire que l’on a répandu sur toutes sortes de supports et puis résumée dans ce récit qui vient à point nommé, contenu dans une multitude de pages dans un ouvrage d’écriture, vous pourrez le lire assurément. C’est en effet un double, une copie du compte rendu final, celui réservé aux mondes d’où je viens et dont je ne sais plus rien, ou si peu ; sachant toutefois au moins une chose, cette demande que l’on m’a faite, de l’écrire, ou plutôt de la transmettre dans une sorte de mémoire indéfinissable, située au creux de mon crâne ; elle s’évaporera juste après l’avoir quitté, ce corps qui dorénavant n’est plus un drame. Vous oublierez la forme que je représente, bien vite, elle ne représente aucun intérêt, elle est sans valeur, elle ne servit qu’à extirper de ce monde cette mémoire d’une existence qui me la fit conserver dans des containers inconnus de vous. Vous, vous n’aurez qu’une copie de l’original…