(texte manuscrit – 12 févr. 2020 à 9h30)

—> 3. « singes savants », philosophia vitae :

Le vieux singe vitupère

Les prix, les honneurs, ce satisfecit que les hommes se donnent, pour leurs sommités respectives, pour leur recherche, leur science, leurs arts, un satisfecit entre eux, pour avoir découvert ce que la vie, l’existence, l’univers avait déjà inventé, ils l’ont redécouvert pour leurs beaux yeux à eux seuls (ou, le vivant dévoile à une de ses progénitures quelques-uns de ses secrets comme s’ils en étaient les inventeurs, un leurre fait pour tranquilliser leurs âmes fragiles soumises à un égo délétère). Mais toujours, en oubliant les autres, ceux qui permirent aux hommes de vivre, de découvrir, de trouver, le rat du laboratoire truffé de capteurs incongrus qui précipiteront sa mort prochaine à cause de l’expérience en cours ; ce poulet que l’on gave aux hormones de croissance pour faciliter des bénéfices plus précoces, il dégénère dans des dépiautages sidérants ; tout cela, pour survivre par-dessus les autres, comme cela était possible ? Mais non, ils se gourent, c’est impossible ! Nous n’existons « que » par les autres, à cause des autres, la « cosa nostra », la cause du vivant est autant la leur que la nôtre, nous sommes liés par le sang, par nos antécédents, nos descendances, nous venons du même moule, jusqu’à preuve du contraire.
Alors, qu’un savant soit honoré par ses découvertes, reste pour moi une insulte aux autres vivants, ceux-là mêmes qui lui permirent de « redécouvrir » ce que le vivant savait déjà, la plupart du temps. Ou si cela n’est pas le cas, c’est tout le vivant qui permit un individu d’atteindre cette découverte, toute la force du vivant permit cela, et non un seul être isolé (à améliorer). Non, cette découverte n’est pas celle d’un ou plusieurs hommes uniquement, elle est celle du vivant dans son entier ; soyez modestes et humbles, vous n’êtes que la tête chercheuse, l’outil ayant permis la trouvaille dernière ; il y a tout un arsenal pour le diriger, le commander, l’orienter à travers moult inspirations, l’amener à ce que le vivant recherche et trouve parfois ; de quoi alimenter le réceptacle des savoirs acquis, l’expérience de cette mémoire globale du vivant dont les gènes en sont une extrémité biologique et minérale. Le reste (sans assise matérielle palpable) immatériel par définition nous apparaît encore obscur, comme nos cogitements cérébraux, des mécanismes dont notre émergence hominidéenne commence à peine à percevoir.
Cette totalité qu’est la vie a eu quelques milliards d’ans sur cette planète pour acquérir ces savoirs, et son ingéniosité pour nous concevoir, nous et les multitudes d’autres êtres aux capacités innombrables, sans égales ; ils nous complètent, nous aident individuellement à exister. Sans les autres, je ne suis rien !
Non, la vie ne nous dit pas tout, elle garde en son sein de grands secrets, dont le principal, ce processus qui l’anime, son déplacement et cette mémoire qu’elle transmet tant bien que mal pour alimenter les développements de sa propre émergence dont nous faisons partie, une infime partie. Le reste appartient à un savoir encore plus grand, inclus au sein de l’univers ; celui-là même ayant permis, entre autres, l’émergence de la vie sur cette planète, dont toutes les particules élémentaires nous composant en sont l’expression.